Le rossignol
On te prend pour une babiole,
On t'a eu pour une pistole,
On dit que t'es de la bricole,
T'es mal foutu et tout d'traviole!
Passé de mode et sans gloriole,
T'as la cote qui dégringole.
On te traite de rossignol!
T'es bon qu'pour la cambriole
Des as de la rocambole,
D'la "mélodie en sous-sol"
Qui veulent piquer les oboles
Des rupins d'la mégapole.
Ils finiront dans une geôle
Et te laisseront rossignol!
Pourtant, t'es un beau symbole,
Un p'tit passereau croquignol,
Au chant d'amour qui affole,
Les amants d'humeur frivole,
Qui ont le cœur qui flageole
Et se prennent par les épaules,
Qui, dans le soir batifolent
Et dans la nuit, se cajolent,
La tête dans les lucioles!
Ils n'ont plus de self-control,
Ils ont chopé la rougeole,
Ils se content fariboles,
Prêts à fair' des cabrioles
A tricoter des guibolles
Ou d'passer à la casserole!
Ton chant d'amour les enjôle.
Leurs petits cœurs tournesols
Ont déployé leur corolle.
Ils ont perdu la boussole,
Ils ont gagné le pactole!
Ils s'achètent bijoux, étoles,
Se prenent pour des sex-symbols!
Ils se promettent la gondole,
Venise et ses barcarolles,
Le Parthénon, l'Acropole
Et les pensées les plus folles.
De tes lieds, moi, je raffole!
Ton bel canto, rossignol
N'a pas besoin de paroles.
Tu es devenu mon idole.
C'est bien mieux qu'au music-hall,
Où vocalisent des guignols,
Criards, dignes de torgnoles
Qui espèrent la gloriole!
Pour ton talent rossignol,
Tu mériterais l'auréole,
Une place, sous la Coupole.
Si demain, moi, je convole,
Je mettrai sur le bristol,
Que t'es dev'nu rock and roll,
Que c'est toi, qui caracoles,
En tête de la farandole!
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