Corps d'artichaut
Un peu, beaucoup, passionnément,
Tu t'es offerte à ton amant.
D'à la folie à pas du tout,
Tu as mis mon cœur à genoux,
Tu m'as envoyé dans les choux,
J'ai la tête dessus-dessous.
Mon petit trèfle à quatre feuilles
T'as mis mes désirs en mille-feuille.
En complicité de clins d’œil,
Je t'ai confié, empli d’orgueil :
"Je voudrais bien que tu t'effeuilles,
Dès que tu franchis mon seuil.
Dans un jeté éblouissant,
Enlève-moi tes sous-vêtements,
Que le désir soit grandissant !
Ne va ni trop vite, ni trop lent,
Je suis sur des charbons ardents,
Mets mon corps à feu et à sang !"
Avec la Pucelle d'Orléans,
J'aurais été chaud et bouillant,
Je m'serais embrasé en rien d'temps
De mill' plaisirs neufs et flambants,
Mais toi, tu as mis trop de temps,
J'm'suis endormi entre temps.
Pour mes désirs, c'est l'hécatombe !
De trop languir, moi, je succombe.
Si te dessaper prend des plombes,
Vaut mieux qu'j'attende les palombes,
Que je plum' la premièr' colombe,
Car j'ai ma vigueur qui retombe !
De t'aimer, je ne suis plus chaud !
Que tu te dépouilles, peu me chaut !
Il me faut un corps d'artichaut
Que j'épluche de bas en haut,
Sans tomber dans les mille embûches
Du froufrou de tes fanfreluches !
Je n'vais pas attendr' le dégel
Pour goûter à la bagatelle !
Je te veux à la croque au sel,
J'te monte à cru, au septième ciel,
Pas pour l'extase spirituelle
Mais pour les délices charnels !
Oh ! Je m'rappelle de Marguerite !
J'y pense encore et ça m'excite.
J'arrachais ses bas, sa chemise
A chacun de ses strip-teases.
Moi, j'veux t'farcir jusqu'à la goule !
On appelle ça la barigoule !
Je t'aime comme un meurt-de-faim,
Je veux bien plus qu'un baise-main,
Je veux du sexe et tout l' tintouin !
Je veux monter au paradis,
Comme un conscrit ragaillardi,
La fleur d'artichaut au fusil !
Mais j'suis bête à manger du foin,
J'n'ai qu'ton aigrette entre les mains...
La relation s'est vinaigrée !
Tu as pris ton air détaché,
Et tu es restée habillée...
Pas question de capitules ! Hé !
Adieu, plaisirs d'effeuillaison,
Adieu, bonheur des floraisons,
Car si dans ton cœur, tout est bon,
Avec toi, j'ai touché le fond !
Valait mieux toucher le pompon
D'un marsouin breton du Léon !
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