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Lettre aux insomniaques et aux gros dormeurs : Qui dort dîne 1/3

Publié le par modimodi

 PROV

Mes amis, vous qui essayez, chaque nuit, de dormir du sommeil du juste, comme des petits anges, je dois vous dire que j'en ai soupé des marchands de soupe et des donneurs de leçons ! J'en ai ras le bol des sentencieux scrogneugneu qui ont un dicton en toute occasion ! Je rejette les gaveurs de mots, les bourreurs de mou ! Je régurgite les prêcheurs bouffis de leurs quatre vérités.

Vous partagerez mon avis car je peux prouver sur le champ leur bêtise par cette ineptie proverbiale : "Qui dort dîne " à laquelle répondent deux autres adages dont je ne sais que penser :  "Ventre affamé, n'a pas d'oreilles" et ce troisième : "Heureux qui peut dormir sur ses deux oreilles." Alors je m'interroge ! Vaut-il mieux entendre ça que d'être sourd, rester éveillé ou dormir comme une souche ?

Je ne saurais m'étendre ici sur le curieux spécimen humain qui, en plus de labourer son oreiller, à grands coups de tête d'un sommeil agité, parviendrait à dormir à poings fermés. Car sans en faire toute une tartine, rien ne nous est précisé. Dans quelle position et en quel état d'esprit, notre phénomène est-il parvenu à s'endormir ? Mystère ! Par contre moi je vous le dis, tous ces proverbes me donneraient plutôt l'envie de me recoucher tout habillé. Je les tiens comme des histoires à dormir debout, qui me font bâiller et tomber de sommeil !

La sagesse populaire est narcoleptique ! Elle voudrait vous endormir, elle ne s'y prendrait pas autrement. Elle peut sûrement influencer les songe-creux aux mains pleines de fermer leurs petits yeux, avec le ventre creux. Moi, elle me gonfle et me gave tant que j'en ai déjà soupé !

Une chose est sûre, personne ne risque ici la fringale avec ces maximes dans lesquelles il y a autant à boire qu'à manger ! Par contre, l'examen critique auquel vous devriez procéder va chercher à savoir si le menu proposé par Morphée est plus ou moins consistant et digeste !

Le premier constat à opérer serait celui du bon sens. Dans la logique, celui qui parvient à dormir sur ses deux oreilles n'est sûrement pas allé au lit en ayant faim. Probablement même, s'en est-il mis avant, dans le tuyau de l'oreille ou par-dessus les oreilles ! Sûrement n'a-t-il pas hésité à s'en fourrer au fond des trous de nez et jusqu'à la dernière extrémité afin repus, d'aller au lit chercher à trouver le repos. Son éducation populaire l'ayant auparavant convaincu qu’ « un ventre affamé n'a pas d'oreilles ».

Si tenir lit ouvert équivaut à tenir table ouverte, personne ne sait non plus, s'il s'agit d'y prendre un repas bien lourd ou plutôt léger. Les bouffis de suffisance et les forts en gueule ne se contenteraient sûrement pas de quelques amuse-gueules. Mais la diététique, qui souvent vous en bouche un coin, n'entre pas ici, en ligne... de compte pour notre compréhension.

Pour rester à l'écoute des fées qui se penchent sur son berceau et pour bien dormir du sommeil de l'innocence, bébé ne doit pas sauter de repas. Incapable de parler, en réflexes goulus de succion, il ne peut donc pas vous dire si : "l'appétit vient en mangeant."

Par contre, je crains fort que celui qui a la faiblesse de croire qu'il dîne en dormant participe à un somptueux dîner de cons ! Imaginez qu'il y croie et qu'il s'endorme le ventre vide. Au réveil, il saura bien s'il a encore faim ou pas ! Dans les deux cas, on pourra dire que le proverbe le lui a fait à l'estomac !...

Alors peut-être apprendrez-vous, un jour, que la nuit qui s'avance à pas de loup ne donne pas de faim de loup et que l'allumeur de réverbère n'a nulle nécessité de s'en mettre plein la lampe.

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