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Lettre à mes frères humains : Mortel ennui 3/3

Publié le par modimodi

 

 PROV

Mes frères en humanité,

Qui médite en son cœur ne connaît pas l'ennui ! Tout y est imprimé : les mystères de l'espérance, de l'amour et de la folie.

Heureux qui entend les paroles de l'appel intérieur ! Malheureux qui se rêve et se fait fugitif dans un temps immuable !

Qui se sent incertain est promis au mortel ennui ! Oui ! La mort est inscrite au testament de la vie. 

Chacun est sûr de sa fin, perdu dans la chimère métaphysique de la fin des temps et l'aveugle espoir d'une vie meilleure. Dans la nuit eschatologique, l'homme qui marche dans les ténèbres aspire toujours à la lumière. Sa course est une course à l'étoile !

Moi, je sais comme vous tous que je suis jour après jour, précaire dans un temps immobile. Rien ne dure... Les idées s'éclipsent, les pensées se dispersent. L'esprit est volatile. Il court comme un amant volage le jupon, au vent fripon de la déraison. Il joue comme un parfum volage la fille de l'air et des sillages.

Personne ne saurait y échapper. Ainsi la beauté n'est elle-même qu'une illusion éphémère dont seul le mystère est perpétuel. Il faut être solaire comme un tournesol pour se croire éternellement belle comme le jour qui luit.

Le balancier des jours fait contrepoids aux nuits. Du jour au lendemain, la journée s'étire dans un camaïeu de clair-obscur. L'existence fait pénitence, dans les cendres du passé. Chacun rêve d'en renaître mais le cœur peine à garder vivace la petite flamme intérieure. Les ténèbres masquent les rides, estompent les chagrins et tamisent les joies. A chaque jour suffit sa peine, à chaque nuit, sa part d'ombre au tableau des contre-jours.

Bien sûr, la vie est haute en couleurs, elle éclate dans un bouquet de fleurs de chair et de sang. L'amour n'est fécond que dans le don total de soi !  Dans cet élan vital, chacun est source, chacun est graine, chacun est racine et sève, chacun est la fleur et le fruit !

Le sommeil lui-même n'est pas un temps mort, mais un temps de vie. Il prend le voile pour draper nos rêves tandis que s'active notre cerveau. L’animation nocturne, plus ou moins consciente au réveil, influence les humeurs de la vie diurne que nos songes ont ajourées. L'esprit ressuscite la beauté de chaque heure rêvée comme le cœur garde la griffure de chaque jour sacrifié.

La pureté virginale, la chasteté mariale sont données aux candides de la foi. L'innocence de la vertu dans l'âme, l'idéal d'une immaculée conception sont laissés à l'homme dans la folle espérance d'engendrer un monde nouveau. Chercher et cheminer sur la voie dans l'exaltation de l'amour, vers la perfection des idées est la vocation de l'humanité. C'est aussi votre mission, vous, mes frères universels ! Dans le sommeil de votre conscience nitescente, la nuit en trace la trajectoire au milieu des comètes qui constellent vos pensées.

Si les saisons immuablement se succèdent, les nuits comme les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Quant à la nuit tombante, sonne l'heure du contre-temps, que vos quatre temps cessent de battre en plein milieu de la mesure, personne ne sait ni la date ni l'heure ultime où la réalité transcendera la peur...

Sera-ce, le jour ou bien la nuit que votre existence sera définitivement ajournée, faisant de vous, à tout jamais, des noctambules de l'infini ? Dans l'insondable éternité, le jour et la nuit, en temps d'arrêt, seront enfin confondus aux étoiles.

Homme, mon frère, au front fuyant, debout ! Relève-toi ! Il te faut lever la tête ! Marche le front haut à l'assaut du grand Mystère !

 

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