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Lettre aux mamans - La tétine 2/2

Publié le par modimodi

BAL CONF

Le petit ange

Avant d'aimer sein ou tétine, tous mes souvenirs de tendresse maternelle comme d'énigme de la vie sont rattachés par ce cordon ombilical.

Première embrasse, première attache, première amarre, premier lien, premier filin, premier nœud du problème, première chaîne jusqu'à l'heure épanouie de la délivrance...

Tirez sur la chevillette et là beau, binette cherra ! Déchirure des accords d'âge et prime dés-accordage, première coupure de la tresse, premier cri et premier stress. Expulsé du chaud confort maternel au froid de la réalité, bébé expérimente la quête et le racket d'amour. Chaud-froid de vols ! Aie ! En planant et en passant de mains en mains, de bras en bras, de baisers en bisous !

Mais maman le reprend, l'accole, le dorlote, le masse, le tripote, l'enlace, le bécote. Bises et risettes charnues et charnelles, corps à corps frôlés, serrés, caressés.

Maman est servie, bébé asservi. Elle accourt et s'empresse. Plus de repos, plus de répit pour son bébé cas d'homme, pour son bébé, colle, guette aux moindres signes : premier sourire, première larme, première mamelle, première prise en paume.

Première rougeur, première odeur. Maman répond du talc au talc et colle aux quintes sitôt qu'il tousse. Pipi, caca, popot ! Maman, papa espèrent un son ! Bébé ventriloque, bébé soliloque. Emmailloté, démailloté, maman colle loques de cet amour-colle au sale. Le chérubin est chair à bains car dans le temple maternel l'amour propre est une colle au net.

Première dépendance sociale, première passion pression, première tendre répression des plaisirs polissons du nourrisson. Amour sangsue pas sans succion ! Amour pansu pas sans sucette ! Ô Saint amour pas sans blanc sein. Amour entêtant pas sans tétée. Amour de tette pas sans téton. Amour têtu pas sans tétine ! Amour alléchant pas sans lait à lécher. Bébé allaité halète et baby imbibé babille.

Mimis sucrés, mamours guimauves, cœur de satin, cocon de soie, layette bleue et chaussons roses, bébé barbote dans sa barboteuse. Caprices, frissons, dentelles froissées, Petit Cœur est dans ses peluches et Mignonne dans ses fanfreluches.

Porté, léché, couvé, ventousé de baisers, le petit ange dans ses langes n'a plus le temps de sourire aux anges...

C'est ainsi que l'amour est colle au nid pour toute petite mère-veille, universelle et colle porteuse de toutes les Julie, pots de colle.

Pour que son oiseau, sa colombe devienne colonel, maman est la première maîtresse des colles maternelles qui prépare sans retenue sa bonne pâte d'amendes à l'école-matage future tout en chantonnant à son lutin buissonnier : L'École, chic dans les prés !...

A l'école de la vie, moi, j'ai conservé tous ces plaisirs de l'enfance. Bien sûr, bien après les pouces, les crayons suçotés, les têtes-à-têtes ont remplacé les tétines. Je m'adonne toujours aux plaisirs raffinés et délicats de fine bouche. Je n'avale ni n'enfourne. Je consomme modérément et je suçote mes sucettes plus que je ne suis pompette. Je ne biberonne pas et n'ai pas de prise de bec verseur.

Jolies mamans de par le monde, je préfère encore et toujours les bouche-à-bouche que veux-tu aux bouches à oreille et les bouches en cœur tendre aux bouches en cul de poule, serré. J'évite le pis pour le meilleur. Pour vous aussi, mes lecteurs, frères et sœurs de lait, je m'abreuve d'une seule traite à la mamelle de la littérature qui généreusement me met le mot à la bouche. L'écriture est ma voie lactée. Les phrases sont le poudroiement des étoiles et les sons, des comètes au sein de l'univers.

 

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