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Godillots ! 3/4

Publié le par modimodi

 

 TQP  34   Juin 2016

La grève s'étend un peu partout et encombre les trottoirs. Les ordures ménagères ne sont plus ramassées pour mieux faire la grève sur le tas !

Les fonctionnaires dysfonctionnent et les aiguilleurs du ciel sont en pelote. Les têtes et les pieds s'échauffent. Personne ne veut être à la botte d'un autre. Le bon peuple fait sa révolution à gros sabots et sa tête de mule ! Pas question de claquer des talons ou du bec ! Pas le temps de pantoufler ! Comme on dit à la S.N.C.F. : "Une grève peut en cacher une autre !"

En attendant le train de mesures et le bout du tunnel, les trains de marchandises et de voyageurs sont à l'arrêt. Le prisme parisien médiatique nous montre des Parisiens qui prennent la mouche à force de se faire monter en bateau.

A marche forcée, la capitale trotte, trottine, boitille. L'esprit de clocher est à cloche-pied. C'est le temps des claque-galoches, des va-nu-pieds et traîne-savates ! Chemineaux ou cheminots, chacun est mis à pied ou mis au pas. On peste, on rage, on fulmine et on fume ! Pour le calumet de la paix, il faut encore attendre ! ... Chacun espère bien quand-même, avant l'été indien ! Les camarades écoutent le grand sachem Martinez, l'oreille collée sur les rails !

Moi, je vous fiche mon billet de seconde classe, qu'au bout du tunnel du conflit, chacun qui clopine n'aura que des clopinettes ! C'est couru... Il est cocu, le chef de gare ! Pourtant il avait bien cru, lui aussi, trouver chaussure à son pied.

Moi, le poète aux pieds déchaussés, aux rimes plates comme des semelles percées, j'ai envie de crier : "France, terre des arts, des armes et des lois", ménage-toi des correspondances. La Lorraine en sabots n'a pas bonne mine. La Charentaise est à la réforme ! A Bordeaux, ça bouchonne ! Marseille est en plein pastis ! A Rouen, on s'enflamme, des vagues de mécontentements déferlent à Nantes et à Rennes.

Tout va de mal en pis, au grand pays des labourages et des pâturages. Par monts et par vaux, c'est bien connu, les Français sont tous des veaux dont le grand vacher-fromager cherche à se payer la tête.

Comme l'herbe leur a été coupée sous les pieds, les moutons de Panurge broutent l'asphalte. Bien sûr, quelques bêlants leaders syndicaux annoncent qu'ils ont pris le taureau gouvernemental par les cornes. Ils rêvent même de tenir tous les toréadors aux joyeuses ou aux valseuses pour une dernière danse ! Une Carmagnole, peut-être !

Mais le peuple danse devant le buffet de la gare aux illusions et pas perdus ! Gouvernement et syndicats promettent tous la même soupe populaire au chou blanc. L'un la sale, les autres la poivrent.

Mais quand une partie de la population court après la carotte, qu'une autre lui raconte des salades, la France qui n'a plus un radis se retrouve dans le potage et fait la soupe à la grimace en défilant avec l'estomac dans les talons. Le drapeau noir flotte sur la marmite et le gréviste met d'autant mieux les pieds dans le plat, qu'il est vide !

Bisque, bisque, dans les gares, l'espoir est à quai et tous attendent en rêvant un train qui sifflerait trois fois ! Pendant que les uns et les autres remâchent leurs désillusions, dans les prés, les vaches ruminent leur mélancolie, au grand désespoir de n'avoir plus rien à regarder passer, hormis quelques protestataires occupant les voies ferrées.

S'il ne faut pas mettre la charrue devant les bœufs, il ne faudrait pas non plus mettre les wagons devant la loco ! Vivement que le pays retrouve un peu d'entrain ! Car pour l'heure avec cette loi, "quelle connerie", il ne nous reste que les transports au cerveau. Et pour moi, la grève du zèle de ma plume !

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