Feux d'amour

Hier, j'étais sans feu ni lieu.
Mon cœur était aventureux,
Aimer n'était plus qu'un jeu,
Pour amoureux ténébreux,
Moyenâgeux, malchanceux,
Aux désirs piteux et fumeux.
Puis le grand miracle a eu lieu.
Je n'en croyais pas mes yeux,
Tu m'as donné de doux aveux.
Tu m'as murmuré : "oui, tu peux !"
Je n'ai plus rien de langoureux,
Je suis prêt au voluptueux.
Tu es l'éclair, tu es la foudre,
Ton corps a fait parler la poudre.
Les doutes peuvent se dissoudre.
Je suis décidé d'en découdre
Avec ces tristes inquiétudes
Qui m'obligent à la solitude.
Mais désormais je suis heureux,
Mes désirs incendient les cieux.
Les anges, eux-mêmes sont fiévreux,
Devant Marie et le Bon Dieu,
Ils mènent la danse du feu.
Vois ! Je prends mes bott' de sept lieues
Pour convaincre les amoureux,
Les timides et les vertueux,
Qu'en amour, il n'est pas dangereux
De se montrer impétueux,
D'oser jouer avec le feu.
Amants d'un jour ou pour toujours
Ne craignez pas les feux d'amour !
Montrez bravoure pour vos mamours.
Aimez-vous donc à petit feu
Ou embrasez-vous, vertubleu
Comme une bigote à son prie-Dieu !
Ne clamez pas à qui mieux mieux :
"Au feu ! Au feu ! Sauve-qui-peut !
Couvrez le feu ou cessez le feu !
Amoureux, fougueux et joyeux,
Clamez plutôt ce fol aveu :
"Viv'les coups d'feu qui font long feu !"
Jeunes naïfs, boutonneux,
Apprentis d'amour, boutefeux
Ou vieux noceurs au coin du feu,
De souvenirs déjà cendreux,
Ne laissez pas jouer le temps
Qui veut calciner vos serments !
Brûlez aux feux de la Saint-Jean
Vos cœurs de blé, vos corps ardents
Sur le grand bûcher des amants.
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