Plaisirs fous

Je voudrais cette nuit, m'endormir contre vous,
Tendrement enlacé, vos lèvres à mon cou
Et ranimer les braises à nos cœurs d'amadou.
Vous faisant murmurer les aveux les plus doux
Vous me diriez : "Amour, je brûle, je suis à vous,
Entre vos tendres bras, tout mon cœur se dissout."
Mais quand à vos genoux, je vous crie archifou :
"Votre nom, je tatoue; votre corps, je m'y cloue !"
En haussant les épaules, votre moue me rabroue.
Étant bien plus têtu qu'un âne du Poitou,
Et bien moins onctueux qu'un petit chabichou,
Je braierais mon bagout, fût-il de mauvais goût !
Mes milliers de "je t'aime" sont mon meilleur atout
Pour apaiser d'amour, votre furieux courroux,
Votre mauvaise humeur, vos propos aigres-doux,
Chaque fois qu'emporté, je me rue vent debout,
En rouge fantassin, en joyeux tourlourou,
Affolant votre pouls, vos sens aux quat' cents coups.
Je me ferais marabout, sorcier, grand manitou,
Papou, zazou, zoulou, s'il le faut loup-garou.
Je jouerais du biniou, pousserais des youyous
Pour chasser les grigous, les jaloux andalous
Afin de m'adonner aux délices de Capoue,
Vous couvrant d'or, de soie, de parfums, de bijoux.
Conquistador fiévreux de tout l'or du Pérou,
Je me ruerais sur vous, risque-tout, touche-à-tout ;
Vous gémirez pâmée : "Mon bel ami, tout doux !"
Je braverais les dangers, courrais le guilledou,
Baiserais vos paupières, souple cuir de Cordoue,
Ferais battre vos cils, souple soie de Trévoux.
Je boirais à vos lèvres tous les vins de l'Anjou.
De mille chattemites, montrant patte de loup,
Grappillerais vos seins, raisins mûrs de Corfou.
Accrochant de vos ongles notre lit d'acajou,
J'embraserai vos désirs comme fusée à Kourou,
Et ferais jaillir la vie comme or noir de Bakou !
Je vous ferais clamer les serments les plus fous,
Vous mènerais goûter aux voies de Katmandou
De somptueux délires, pleins de sagesse hindoue.
Après m'être adonné aux rituels vaudous,
Consulté les oracles et le grand roudoudou,
J'invoquerais alors, Jéhovah ou Vishnou,
Prierais dévotement, Saint-Antoine de Padoue,
Pour m'avoir fait trouver les trésors, je l'avoue,
Dans le soyeux froufrou de vos légers dessous.
Si, à bout de raison et le corps sans verrous,
Vous me laissiez cueillir, en haut de vos genoux,
L'épi de thermidor doré au soleil d'août !
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