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Lettre aux rieurs : L'humour avec un grand A

Publié le par modimodi

 CDC 12

Quelle épique époque opaque ! Amis, soyez drôles et fantaisistes, riez ou souriez !

Sensationnel à la une, tragédie ou comédie sur fond de drame ou de romance, notre petit monde s'étale et se ramasse au grand jour ! Le sérieux côtoie le futile et, le meilleur, le pire ! L'esprit étant la chose au monde la mieux partagée, voilà pourquoi, sans doute, en avons-nous, en avez-vous si peu ! Tous égaux dans le rationnement. Nous faisons tous le poids mais c'est un poids chiche.

L'entendement est source de malentendus ! L'intelligence n'est pas forcément au service de sa majesté, la Pensée, confondue avec l'opinion ! Celle-ci est creuse et de plus en plus creuse, échancrée par d'incessants sondages, rendus publics avec des mots, des mots pour rire ou ne pas dire grand-chose. Rien à se mettre sous la dent ! Ce ne sont que des paroles en l'air, en l'air du temps et des points de vue sans points de vue ! Donnant, donnant, la bien-pensance est au comptant, content.

D'ailleurs, sauf à dire "au bon vieux temps", généralement, vous et moi ne savons pas tirer les leçons du passé. Mais le présent sait nous faire la leçon avec clinquant et suffisance. La jeunesse a seule, la fraîcheur et l'insolence de la nouveauté, au bénéfice du goût du jour et de la couleur du temps ! Avec elle, l'humour se fait tout sucre et tout miel, il prend un humour bon enfant de cœur, pour toutes les petites pommes d'amour, rouges de plaisir sur le grand manège de la vie. Pour le tour gratuit, chacun a le pompon et pour le joyeux festin comique, chacun a table ouverte ! De la farce à chaque plat !

C'est ainsi ! Pour échapper au catastrophisme, au pathétique et au tragique de la vie, on l'a rendue dérisoire et théâtrale, sauvée par l'humour. Place aux fous du roi, aux bouffons des médias, à l'ironie et la satire, aux hebdos et aux caricatures ! Histrions, amuseurs publics aux heures de grande écoute, spectacles, pochades et billets d'humeur ou d'humour, ont un même objectif : faire rire sans prêter à rire. Le spectacle est permanent et l'hilarité générale.

Et si, comme l'affirme Rabelais (Gargantua, -Aux Lecteurs-) " le rire est le propre de l'homme", la vie est une série continue de sketches... pour un jour, en mourir de rire ! Faute d'avoir l'esprit dans tous ses états, c'est l'état d'esprit dominant. Qu'il soit de bon ou mauvais goût, l'humour est indiscutablement roi. Les blagueurs font un tabac quand l'ironiste nous pince sans rire !

La croyance est peut-être malicieuse. Serait-il possible de guérir de tous les maux par les mots d'esprit et d'engendrer la bonne humeur par la saillie ?... Allons enfants de la patrie ! Comme chez J.Tati, c'est jour de fête ! Pour la gaieté de l'escadron, l'esprit cocardier fait dans le cocasse du comique troupier ! Le grognard est goguenard. On se fend la pipe avant de se la casser. Le poilu se poile, se dilate la rate, se bidonne la bonbonne, se boyaute, se paye une pinte de bon sang et rigole dans la tranchée des jours avant de mourir ou au mieux d'éclater de rire, au champ d'honneur de l'humour patriotique, chauviniste et franchouillard.

Chaque rieur est un transformiste contorsionniste. Il rit comme une baleine à bosse et se gondole. Ayant mis du cœur au ventre, il se tord à ventre déboutonné et se marre à se décrocher la mâchoire. Il se fend la pêche et la poire pour s'en payer une tranche !... Petite et fraîche salade de fruits pour des amants qui croient quand ils s'aiment, être aux anges et au verger du paradis. 

Dans les situations plaisantes et désopilantes, le rire étant contagieux, le peuple hystérique et braillard rit à gorge déployée et à perdre haleine. Il est convulsé par la gaieté populaire et populiste, à en devenir bossu. La chance, peut-être !... sauf chez Scarron dont seul le "Roman est comique" !

Quand l'actualité passe et repasse les plats, une pointe de sel lui donne du piquant et un hilarant gag, moutarde la boutade qui monte au nez. Sans atteindre le plus haut comique, le brio ne brille pas plus haut ! Le drôle a toujours le beau rôle et invite le naïf à se rallier ailleurs, du bon côté des railleurs !

Bien sûr, le spirituel existe et l'esprit est toujours vivace. Heureusement, qu'il existe pour les dindons gloussants de la littérature, autre chose que la farce ou la gaudriole ! Mais dans ce cas, faisons attention ! En effet, même, si l'étude des Bucoliques emprunte, au ras des pâquerettes, les fleurs de la rhétorique, l'humour lui, ne peut plus désormais se pratiquer, au premier degré mais définitivement au second degré !

Vous le savez ! Il n'est d'ailleurs pas coton de filer le parfait humour ! A force d'être trop subtil, l'esprit ne parvient pas toujours à distiller des propos capiteux et enivrants et le spiritueux n'est pas la garantie du spirituel. Un trait d'humour narquois décoché par une flèche peut même provoquer une blessure d'amour propre et mener jusqu'aux larmes, le rire et l'amour.

D'ailleurs, si le rire est communicatif, l'amour ne l'est, hélas, pas forcément. Quand une histoire est amusante et prête parfois, sans intérêt, à rire, on dit qu'elle est impayable mais l'amour, tarifé ou pas, a toujours un prix.

Nous pouvons nous pâmer de rire et d'amour, au point d'en mourir. Nous sommes capables de rire du bout des dents, aimer du bout du cœur, connaître le fou-rire et l'amour fou. Nous sommes enclins à avoir l'humeur et l'humour "canaille- can i love you". Nous avons des mots pour rire mais nous avons souvent, après les petits mots d'amour, de grands maux pour aimer. Maladie d'amour, fièvre d'esprit et du corps, Doux Jésus, n'est-ce pas la Passion ?

Pas un jour sans Amour, pas un jour, sans Humour. L'humour est le mot pour rire de l'amour, il est de bon ton qu'il prenne non pas un R inspiré mais un H aspiré. Car c'est un fait d'égalité, l'amour et l'humour sont, pour ne faire qu'un, alter ego. D'ailleurs, puisque l'Amour de Soi conduit souvent à l'Humour des Autres, l'Amour des Autres ne devrait-il pas conduire à l'Humour de Soi ? Amis, riez de tout, surtout de vous ! Faites l'amour à l'humour !

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Lettre à mon frangin, mon poteau, 3/3

Publié le par modimodi

 CDC15

On s'en bat les couettes des bonimenteurs ! On s'en beurre les noisettes d'la fin du monde !

C'est vraiment bonnard, dans ton p'tit monde, car l'malheur, c'est pas pour demain ! Toi, tu fais plus envie qu'pitié ! T'as l'palpitant dans les grandes largeurs, l'corps comac, d'ailleurs, ta guitare a des poignées d'amour.

T'as pas l'disque dur qu'est bloqué, tu bugues pas et y'a de la lumière au plafond ! Alors, peinardos, calmos ! Te bile pas, mon p'tit père, ni t'monte le bourrichon, ta vie, elle est pépère ! Top cool !

Tu sens pas la fin d'saison et tu n'lâches pas la rampe ! Tu march's pas à côté d'tes pompes ! Ça branle pas dans l'manche ! Tu tiens encore la route ! T'es en roue libre, tout peinard ! T'as pas à vendre ta salade et t'es plus d'corvée d’pluches !

Si un jour, t'es en rade, te bile pas mon poteau, un coup de bigophone et j'rapplique ! Si t'es dans la dèche, raide comme un passe-lacet, qu't'en as gros sur la patate, qu't'es sans radis et sans oseille, avec moi, tu pourras rouler sur l'or, frère ! T'as l'trésor de mon amitié ! Pas besoin d'faire la manche, je t'sors illico de la mouise.

J'ai pas un gros matelas, même pas d'éconocroques, juste un peu d'thunes, des biftons, d'la mitraille, pas d'quoi s'taper la cloche mais assez pour s'en jeter un, sans s'poivrer le nez.

Pareil ! Si t'es dans le potage, que l'garde-manger est vide, qu'tu bouffes de la vache enragée et qu't'as la dent et les crocs, j't'offrirai un casse-dalle et on cassera la croûte. C'est quand même mieux qu'casser la graine, quand la vie part en cacahuètes !

Frérot, c'est pas du baratin ou d'la tarte à la crème, avec moi, pas d'galère ! Tu n'crèveras pas la gueule ouverte... Même si on peut pas bouffer à tous les râteliers, tu n'boufferas pas non plus, les pissenlits par la racine. Tant qu'on en a dans le chou, on n'est pas dans les choux !

Aujourd'hui, on pédale, dans la semoule, demain, on pédalera dans le beurre ! On s'ra d'la crème triple épaisseur pour la crèmerie ! Si on ne fait pas partie du gratin, purée de nous aut', on n'est pas non plus dans la purée !

Frérot, tant qu'on n'est pas dans la voiture balai, faut s'manier, mettre la sauce, mouliner les jambons, affermir le gigot et enrouler, pour pas être à la ramasse ! Tu feras chou blanc, si t'as du sang de navet, du mou de veau et un petit pois dans la tête. Si bobonne est un boudin, tu s'ras servi aux petits oignons mais évite, si tu l'peux de boire le bouillon !

Tu sais, la vie, c'est une course à l'échalote qui t'file une avoine, une soupe à la grimace, t'envoie aux fraises avant d'te les faire sucrer. Petit à petit, elle part en brioche et t'laisse sur ta faim ! Au final, t'casse pas le trognon, c'est toujours pour ta pomme ! Même les fayots sont promis à la fin des haricots !

Si t'as résisté à l'argot, j't'offre en prime, ct'poème de Jehan Rictus (Gabriel Randon, 1867-1933) qu'il déclamait, dans les cabarets d'l'époque. Grave ! Toujours d'actualité !

L'Hiver :

Merd ! V'là l'Hiver et ses dur'tés,

V'là l'moment de n'pus s'mettre à poils :

V'là qu'ceuss' qui tienn'nt la queue d'la poêle

Dans l'Midi vont s'carapater !

V'là l'temps ousque jusqu'en Hanovre

Et d'Gibraltar au cap Gris-Nez,

Les Borgeois, l'soir, vont plaind' les Pauvres

Au coin du feu...après dîner !

Et v'là l'temps ousque dans la Presse,

Entre un ou deux lanc'ments d'putains,

On va r'découvrir la Détresse,

La Purée et les Purotains !

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Lettre à mon frangin, mon poteau, 2/3

Publié le par modimodi

 CDC 14

Affirmatif, y'a pas de blème ! T'as la banane, tu lances des vannes et tu te marres en lisant San Antonio. En bon vivant, tu casses la baraque quand tu débagoules ta beuglante carabinée : "les roustons du père Platon".

Adieu Berthe et au parler ringardos de ton instit et de tes études chez les jèses ! Ça fait vioque ! T'en as rien à cirer que tes tartines et tes jactances n'aient pas la cote, qu'tu parles la langue des oiseaux, qu'tes paroles soient des rossignols. A la brocante des mots, tu fourgues de la came de seconde main mais t'es pas un caillera, j't'ai à la chouette, mon pote ! Rien à cirer de ceux qui font la soupe à la grimace, moi, j'biche comme tu causes ! Cézig et mézig, c'est pas kif-kif !

T'es le bricolo du dico. Tu bidouilles ton langage et même si ça casse pas toujours trois pattes à un canard, c'est pas du pipi de chat ou de la crotte de bique ! T'as un talent gros comme une maison. T'es poilant, ça marche et c'est le pied ! T'es fute-fute camarade, t'atomise du neutron ! Comme mon pote de Menton, toi, t'en as dans le citron ! N'écoute pas les pisse-froid ! T'inquiète, même en verlan, le céfran, c'est du français, c'est classe et pas de la daube !

Pas besoin d'être affranchi ! N'esgourde pas ceux qui t'pompent l'air ou qui t'débinent ! C'est des boloss, des blablateurs, des flambeurs de la haute qui s'la pètent, s'la racontent et t'prennent pour un plouc, un pedzouille ! Ils disent qu't'as pas volé le Saint-Esprit et qu'tu fréquentes pas les couteaux les plus affûtés du tiroir. Comme de juste, ils n'y entravent que pouic, ces blaireaux, ces briseurs de nougats ! Bonjour la frime ! Fais pas la tronche ! "Laisse béton", mec, comme dit l'renard Renaud ! Pas de quoi en être tout retourné !

Mon poteau, un savoureux hommage doit être rendu à Frédéric Dard, plus connu sous le pseudo de commissaire San Antonio, ami du truculent Bérurier ! Un pratiquant, comme toi, de l'argot traditionnel et un inventeur illimité !

<< Natacha, malgré son prénom enchanteur qui évoque la steppe, les troïkas sur la piste blanche et les amours du docteur Jivaty- JyvaGigot, Natacha, c'est un vrai boudin, croyez-moi, Russe ! Un boudin Russe ! Elle ressemble à la plus grosse des poupées gigognes qu'on vous vend dans les bazars de Moscou. Dodue, cuissue, ventrue, mafflue, les joues peintes en vermillon, la moustache drue, le cou couleur de saindoux, le sein doux parce que mahousse comme un oreiller, le cheveu blond filasse, la bouche en étreinte de limaces, le front bas, la cuisse jambonnière, le mollet en tronc de palmier sous les bas de coton grisâtre, l’œil aussi pétillant qu'une rondelle de truffe sur une tranche de foie gras, cette aimable jeune fille de trente deux ans est à la volupté ce que Franco est à la démocratie. Elle a un dargif à tromper un éléphant myope et en rut, des mains comme des gants de baise-bol et sa toilette flanquerait le cafard à un fabriquant de serpillères.>> En avant la moujik ! Fleuve noir, 1969.

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Lettre à mon frangin, mon poteau, 1/3

Publié le par modimodi

 CDC 13

Bruant, Céline, Queneau, Pérec, Desnos, Boudard, Dard et Audiard, tu connais ? C'est du lourd ! Des intellos, des poètes que j'kiffe grave et qui ont avant toi, pratiqué un langage qui déchire ta mère, un argot pas piqué des hannetons, en vrai, de la bombe atomique qui t'décoiffe !

Ce patois encanaillé et urbain, c'est le français des boulevards branchés de Pantruche et du Titi de Paname. C'est vachement bonnard, sur la rive droite, pour Mimile de Ménilmuche et pour Prosper du Sébasto, c'est le bonheur franchouillard du populo ! Mais c'est plus branché et plus bling bling, coté rive gauche, au boul'Mich et aux Invaloches !

Sans faire d'épate ou de cinoche, l'argot bien accepté ne s'est pas mis en veilleuse mais répandu à toutes berzingues. C'est l'éponge de notre époque, en création constante qui transforme la langue classique en langage courant ! C'est du vulgaire parce que vulgarisé ! Tu le sais toi, hier t'avais un bol, aujourd'hui t'as du bol ! Mais tu peux aussi en avoir ras la casquette ou ras le bol ou ras le cul !

Ce langage franc et relâché, c'est notre ami, un familier, il va partout, la fierté au front, populaire, fécond, à la ville, à la campagne et dans les cités. On l'appelle : argot, javanais, pataouète, verlan...Il se parle, se chante, se tchatche, se rappe, se slame ! ...

Les jargons professionnels, spécialistes des usines à gaz, ne l'ont pas mis au placard et les publicitaires au sourire Ultrabrite ne l'ont pas jeté comme un Kleenex. Ils l'ont incorporé, à donf, à leurs carabistouilles !

Boris Vian, dans : La Complainte du Progrès, offrait à sa chère Gudule, en échange d'un baiser, "un Frigidaire et du Dunlopilo" ! Aujourd'hui, tu vérifies tes mots dans le Robert, tu roules en Mercedes, tu t'habilles en H et M ou en DG et tu te parfumes au numéro 5, tu te rajeunis au Botox, tu bois du Coca, t'es capitaine de Pédalo et tu manges du Président ! Maintenant, t'as plus de coup de Calgon, t'es même scotché quand la politique te fait gratos, le grand nettoyage au Kärcher ! Tout joice, le journaleux ! Clic ! Clac, c'est dans le torchon et la boite, merci Kodak !

Pour rendre hommage aux argotiers, tu as l'embarras du choix. J't'ai choisi un classique de Raymond Queneau qui a su rendre populaire la langue verte, par son personnage espiègle et terriblement sympathique !

<< - Alors, pourquoi tu veux l'être, institutrice ?

- Pour faire chier les mômes, répondit Zazie. Ceux qu'auront mon âge dans dix ans, dans vingt ans, dans cinquante ans, dans cent ans, dans mille ans, toujours des gosses à emmerder...Je serai vache comme tout avec elles. Je leur ferai lécher le parquet. Je leur ferai manger l'éponge du tableau noir. Je leur enfoncerai des compas dans le derrière. Je leur botterai les fesses. Parce que je porterai des bottes. En hiver. Hautes comme ça (geste). Avec des grands éperons pour leur larder la chair du derche... (Ou)... continua Zazie, je serai astronaute pour aller faire chier les Martiens. >> Zazie dans le métro. Gallimard, 1959.

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Lettre aux gentils - Euphémisme et Édulcoration

Publié le par modimodi

BAL CDC

Edulcoration

Oui, mon ami, le monde est ainsi !  Plein de fausse pudeur, il n'ose plus faire face à sa réalité ! Il trouve des formules édulcorées pour éviter d'exprimer l’évidence. Il ne veut pas choquer, blesser, ajouter une contrariété supplémentaire à ce qui est difficile à vivre ou à supporter au quotidien.

Hier, ça tournait au vinaigre, c'était fort de café ou tout sucre et tout miel, aujourd'hui, suivant notre degré de sincérité, c'est aspartam chimique ou stévia naturelle, à toute heure.

L'amour de la vie est tellement fort qu'on ne dit plus : un tel est décédé d'un cancer mais, à la suite d'une longue maladie, il nous a quittés, arraché à l'affection des siens et rappelé par le Seigneur, afin que son âme s'envole pour rejoindre les étoiles du Paradis ! Le poète André Chénier dans "Les Bucoliques", avait écrit : " Elle a vécu Myrto, la jeune Tarentine... "

Pauvre cher disparu, pensera l'homme de la rue ! Tandis que l'humoriste provocateur, à l'humour noir pour la circonstance, parlera lui, d'un dernier raide au manque fatal de savoir vivre. Il lui souhaitera le repos éternel dans sa dernière demeure, au fond de l'impasse, près du boulevard des allongés.

Alors, toi et moi, si nous pouvons choisir, décidons de donner à nos semblables, du baume au cœur et un peu de douceur, dans ce monde de brutes ! Faisons la guerre à l'indifférence ou à la méchanceté. Pacifions nos propos, faisons munition de formules agréables !

Il n'y a plus d'handicapés, il n'y a que des personnes temporairement diminuées, en mobilité réduite, en situation de handicap. La nuance est subtile, elle fait évoluer le constat d'un handicap, figé dans son état vers l'espoir d'une transformation positive de l'infirmité ou de l'invalidité, de la maladie ou de la déficience.

Elle cherche à l'alléger en l'écourtant. Elle apaise le désespoir d'une inéluctable fatalité. Elle soulage le mal être plus que le mal lui-même ! La rose fait oublier ses épines en exhalant ses parfums.

En ce domaine, la conversion de notre regard fait autant que les thérapies et les rééducations. Les progrès de la science comme nos mentalités portent tous les espoirs, d'un monde meilleur pour les victimes tombées du mauvais côté de la vie. Lénifions donc la souffrance ! Ainsi la sympathie triomphera afin de croire et laisser croire qu'on peut souffrir ensemble ! Notre humanité estompera la rigueur du sort et mettra du baume sur les blessures de la vie, adoucissant leurs cicatrices.

Ainsi on ne dira plus un sourd mais un malentendant, un aveugle mais un malvoyant. Le point faible de la personne trouve doucement écho dans une expression plus faible, atténuant la cruauté de la situation exacte. Elle introduit ainsi au sens de l’OMS des notions d’échelles ou de degrés à gravir, pour ceux qui souffrent le calvaire ! Dans la classification des symptômes, codification et étalonnage quantifient la douleur ou l'impotence pour l'atténuer. Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois.

Ainsi l'imagination la plus optimiste nous offre à souhait, notre consolation et notre part de rêves. La magie du cinéma opère et la plume du destin peut ainsi s'envoler au vent de l'histoire d'une vie, d'un pays, l'Amérique et de belles et célèbres rencontres. Oui ! Tout devient possible : Forrest Gump, handicapé mental et physique, devient tour à tour, champion de football, héros décoré du Vietnam, champion de ping-pong, exceptionnel marathonien, inattendu capitaine de crevettier et milliardaire. "Cours, Forrest, cours !"

Et toi ? Dans tes difficultés d'écriture, tu n'as sans doute, pas cette agilité, tu te sens toi-même assez souvent empoté et handicapé, bras cassé sur le clavier, doigt paralysé sur la touche ! Tu portes un handicap, heureusement pas congénital ni permanent, à la fois une incapacité partielle et une déficience acquise, au sens étymologique d'imbécile (imbecillus), faible d'esprit ! Âne bâté et stupide, tes idées restent bloquées dans le même sabot !

L'euphémisme est donc, ton salut ! C'est l'arche de Noé pour les gens bêtes, de sommes littéraires, comme toi. Mieux encore, elle est l'arche d'alliance de tous les possibles. Tu n'es pas un expulsé de l'intelligence, tu es un reconduit à la frontière de l'imagination. Comme pour Vincent à Arles, le ciel étoilé n'est plus un asile de nuit mais la structure d’accueil de l'art affolé.

 

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Lettre aux gentils - : Euphémisme et Edulcoration

Publié le par Modimodi

BAL CDC

Euphémisme

Dans ce monde d'exagération où tout est souvent grandiloquent et surestimé, à grands renforts de : " méga ou hyper, vachement super ! ", l'humaine attitude prend parfois le dessus.

Elle choisit alors d'employer une figure de style moins hyperbolique, lui préférant l'euphémisme, méthode douce de la bienséance et de la relation à l'autre.

L'appel à la générosité publique voile ainsi sa réalité. Il n'y a plus au tiers monde, de pays sous-développés mais des pays émergents, en voie de développement ! Il n'y a plus de pauvres mais des défavorisés, les vagabonds et les clochards sont des S.D.F, des sans-domicile fixe ! Ironie sociale, d'une imagination qui rame, la misère n'est plus qu'une galère !

Une mince espérance, pour tous les gratte-papiers, de paraître peut-être, un peu moins bêtes de traits et de ratures ! Un léger mieux pour leur crampe d’écrivain ! Un progrès pour tous les empêtrés de la pensée. Une bonne mesure et une meilleure image pour les emphatiques de l'expression et du style ! Une pommade amincissante pour les empâtés de la plume, en surcharge pondérale comme pour les petits gros, obèses pléthoriques, qui ne sont plus par miracle, que de gentils Obélix, un peu enveloppés, forts et costauds !

Euphémisme des apparences ! Ici, on habille les rondes et les grandes tailles ! Ici, on laisse une lueur d'espoir au plumassier à l’imagination éteinte, qui peut euphémiser son état, en pensant qu'il n'est plus que l'ombre de lui-même mais une ombre partielle, une ancienne lumière ! Litote de bienveillance pour exprimer, au moins pire, le désespoir du plumitif déchu ! ... Le succès n'est pas pour demain mais tous les lauriers ne sont pas coupés.

Sursum corda ! L'altruisme porte à l'altérité, à l'identification généreuse et désintéressée. L'autre est ainsi un autre moi-même, égal à moi, dans la reconnaissance réciproque de nos différences, physiques, culturelles ou religieuses.

Alors, plus d'attitude de rejet ! L'empathie est la conduite positive adoptée, pour les gens de couleur et les minorités. Le racisme est de la discrimination positive. Loin de nous, les attitudes et les discours de la sujétion et de la colonisation. L'assimilation est préférée à l'intégration pour favoriser la mixité sociale ! United colors of Benetton ! Vive la génération Smarties !

L'heure est même aux regrets des dommages collatéraux des frappes chirurgicales ou à la repentance. Dans une vision irénique, le conflit a remplacé la guerre, l'intervention humanitaire a pris la place de l'intervention militaire. Des tensions et des accrochages ont remplacé l'insurrection. L'horreur du génocide, des massacres, de l'extermination massive se présente désormais comme une solution finale, une barbarie sans nom, pudiquement appelée purification ethnique. Il ne faut ni choquer, ni déplaire !

La diplomatie, c'est l'art de transformer la mémoire. Les ennemis d'hier sont nos amis de demain et nos alliés aujourd'hui ! Tous frères, même les faux frères, voilà le nouvel ordre mondial, de la finance et des profits, dans le politiquement correct des marchands d'armes et du libéralisme policé.

Amodiation permanente des événements dramatiques pour soulager la conscience collective ! Masque des idées et de la réalité ! Économiquement, l'entreprise se restructure, les ressources humaines sont ajustées et les effectifs du plan social sont lissés. Les salaires ne sont pas baissés mais harmonisés. Les chômeurs licenciés, qui ont été remerciés hier, ont vu leur mission interrompue. Ce sont les nouveaux demandeurs d'emploi, en assez grande précarité pour ne pas dire, sans le sou et en extrême détresse. Plus de créanciers et de corvée, d'impôts ou de taxes, plus que des prélèvements sociaux, de solidarité ! Plus de dettes, de surendettement, des difficultés de trésorerie !

Ironie de la vie ! Les vieux, qui ne sont plus jeunes, ne sont plus vieux, ce sont des seniors qui ont un troisième âge avant de vivre un quatrième âge et plus, si affinités avec le ciel !

En attendant, il s'agit de prendre du bon temps ! Tout est permis ! Plaisirs et désirs s'étalent au grand jour ! Plus de photos obscènes mais de charme, plus de drague en douce, des rencontres sur des sites officiels, plus de coucheries, des aventures partagées, plus de sexe graveleux, des relations intimes, sans tabous ! Les libertins sont des personnes libérées aimant les cougars ou de jeunes nubiles ! Si la nuit, tous les chats sont gris, faut-il appeler un chat, un chat et une chatte, une chatte ?

Le monde doit être joyeux et gentil ! La présentation des événements s'oblige à être optimiste et non péjorative. Les travaux ne sont plus gênants, ils fleurissent dans la ville au milieu des bouchons et des ralentissements. Les pauvres sont des personnes modestes, des économiquement faibles ou d'anciens et de futurs riches, disons des personnes aisées en devenir. La crise économique n'est qu'un ralentissement, demain la courbe va s'inverser, la nouvelle orientation va l'infléchir ! Ne conviendrait-il pas alors prendre la tangente ?

Au royaume de la bien-pensance, les banlieues ghettoïsées sont des quartiers sensibles. La grève n'est plus qu'un mouvement social. L'extrême droite est une droite dure et l'extrême gauche, la gauche de la gauche ! Les insultes sont de petites incivilités, les mensonges des contre-vérités, les échecs des contre-performances. Le travail à temps partiel une conséquence de la flexibilité.

Dans ce monde du paraître, l'atténuation des discours dore la pilule au citoyen. Quand lui cherche à se donner de l'importance, grossit et exagère le trait, les faits et les effets, quand la grenouille cherche à se faire plus grosse que le bœuf, la société réduit l'importance des réalités pour laisser une plus grande place à l'illusion ! Il faut optimiser, rassurer voire anesthésier l'opinion. La croissance est négative mais la révision est à la hausse. Dans cette période de sortie d'austérité, la situation est saine et nous nous en sortons mieux que tel voisin européen !

Dormez braves gens ! La crise n'est qu'une crise de confiance ! Les marchés ont le moral. Tout ne va pas si mal et tout ira mieux demain ! Petits enfants de la génération Woodstock : Peace and love ! On vous le dit, avec des fleurs...de rhétorique !

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Lettre à un ami, un frère - Petits bonheurs

Publié le par modimodi

BAL CDC
Mon ami, mon semblable, pour toi, pour moi, le temps passe tranquillement dans la satisfaction du devoir accompli comme dans les besoins et les désirs, moteurs de notre énergie. Le bonheur est là, palpable et fragile. Sérénité, ouverture aux autres, rectitude et intériorité donnent du sens à notre accomplissement.

Bien sûr, le temps veille sur nous. Toujours jeunes de cœur et d'illusions, nous allons de l'avant même si, sans que nous en ayons conscience, la vie s'enfuit à reculons. Loin si possible des aveugles destins et des malheurs inévitables, nous œuvrons sérieusement, sans jamais perdre le sens de la fête. Nous avons compris que ce qu'on appelle bonheur, c'est ce que l'on vit dans l'amour des siens et la relation aux autres.

Nous allons ainsi, notre petit bonhomme de chemin, sans bottes de sept lieues mais avançons contents, d'un pas ferme, dans la simplicité joyeuse ou la banalité triomphante des jours. Nous avons nos moments d'euphorie, où nous sommes échevelés et fous, émouvants, sensibles et originaux. Nous ne coupons jamais les ailes au vent de notre fantaisie et de notre imagination.

L'amitié nous garde en son écrin. Toi et moi, nous irons au bout de la route, nous prendrons tous les chemins : celui de la vérité du cœur, de l'émotion sincère, de l'exactitude des promesses et des actes. Nous prendrons dans la curiosité et l'enthousiasme, la voie de la Connaissance, celle de notre ouverture au mystère de la beauté du monde.

Nous ne sommes peut-être pas, toi et moi, des Bob Morane ou Spider-Man, de flamboyants aventuriers, des héros des grands espaces. Nos rêves sont souvent trop grands pour nos moyens d'actions. Les équipées sauvages, les exploits acrobatiques, le sensationnel ne sont pas faits pour nous. Mais nos têtes sont des bateaux aux cales pleines d'entrevues passionnées, de décors improvisés, d'inédits et de complicités. Nous demeurons de modestes mais rayonnants citoyens, de simples mais de réjouis bons vivants, acteurs de nos plaisirs et de notre propre bien être.

Rien ne vient jamais compromettre l'équilibre ou l'harmonie de notre vie heureuse, organisée et rangée, hormis parfois quelques petits contretemps, grains de sable glissés du sablier. Car nous savons nous dérober au dérisoire de futiles désillusions. Nous passons au milieu des rumeurs et de la désinvolture du destin. Le désir de vivre l'emporte toujours sur la nostalgie. Même nos souvenirs sont des tarots avec lesquels nous faisons nos réussites.

Dans les petits bonheurs quotidiens, nous avons fait l'échappée belle à la lumière. Nos yeux brillent de feu et de fièvre, de vie et d'amour ! Un jour, le plus lointain possible, dans les ombres de la nuit, il nous faudra hélas, faire escale au hasard et amarrer nos âmes. Mais nous le ferons au chant d'une sirène, près d'une source claire, d'eau de vie éternelle ! En attendant cet au-delà, buvons ensemble le vin d'ici.

 

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Appel à Pénélope : Retours.

Publié le par modimodi

 CONF 21

La vie est, selon la sagesse populaire, à la fois, un éternel recommencement et un aller simple, sans billet de retour !

Mes pensées font tapisserie dans ma têt qui vagabonde. Ce jour, je peux dialoguer avec l’au-delà et plonger dans la mythologie. je ferme les yeux. Me voici à Ithaque... Je converse et me confie;

Ô Pénélope,  quelle curieuse évocation affleure en mes pensées pour tisser la toile de mes songeuses espérances ! Entendra-tu mes soupirs dans cette confidence intemporelle ?

Que dois-je et que devons-nous croire à présent, nous, les pauvres mortels ? Nos impressions peut-être, mais elles sont si fugaces !...  " Et rose, elle a vécu ce que vivent les roses, l'espace d'un matin..." Amère consolation !

Ah ! Faut-il donc, croire que nos regrets et les désillusions se ressourcent dans nos souhaits et dans l'espoir ? Avais-tu en toi, Pénélope, cette secrète conviction qui tirait inlassablement le fil de tes pensées intimes ?

Est-ce ainsi que nous-mêmes attendons, quand l'hiver se fait trop long, le réveil de la nature engourdie, le retour des jours cléments, des oiseaux libres du printemps ? Est-ce ainsi que nous aspirons au renouveau, et au regain de la sève et des désirs ? Est-ce ainsi que, dans un long engourdissement puis dans les premiers frissons, le germe et le bourgeon attendent patiemment le retour en force de la vie, frémissante de fièvre.

Trahis maintes fois par nos illusions, nous intériorisons nos déconvenues et nous tentons toujours de nous réenchanter. Au final, n'attendrions-nous rien d'autre que le réveil de notre conscience primitive et le retour aux sources originelles ?

Le retour ne serait-il qu'un mythe primordial, si bien décrit par les philosophes et les poètes nostalgiques ? Un âge d'or ou de raison, une fleur de l'âge ou de retour d'âge, une recherche éperdue d'un absolu et d'une unité perdue ! De la perfection physique jusqu'aux désastres du temps, de l'idéal exalté à la déperdition de la jeunesse et de la beauté, l'homme n'espère-t-il pas, infiniment plus, la renaissance que les recommencements !

Aujourd’hui, ne vois-tu pas, chère Pénélope, que notre semblable n'en finit pas de regarder autant vers l'avant qu'en arrière ! Il est préoccupé de son présent mais plus encore soucieux, à la lumière ou aux lueurs du passé, d'éclairer son avenir. Il a souvent l’œil humide, dans le rétroviseur de ses émois ! Il s'emploie, il s'active, c'est un rétro actif !

Quand il se fait du cinéma et qu'il se repasse le film, on dit qu'il est en rétrospective. Quand un grand bonheur ou un petit malheur n'arrive jamais seul, on dit que l'histoire se répète et que le temps de vivre ou d'aimer se mire dans ses reflets ! Quand contemplatif du passé, il recule bien plus qu'il n'avance, on le dit rétrograde ! Quand il mouline en sens inverse, on dit qu'il fait du rétropédalage ! Car c'est dans le yaourt ou dans la semoule, qu'il nourrit ses hésitations et sustente sa nostalgie ! Dirais-tu qu'il file un mauvais coton ?

Pendant ce temps qui s'étire, l'humanité entière patiente. Oui ! Comme toi, douce et constante Pénélope, l'épouse vertueuse attend sur le quai désespérément vide, le retour du navire et de son marin, au long cours. La fiancée et la marraine de guerre attendent, en gare, le retour du héros et du bonheur promis ! L'amoureux éconduit attend, à la porte de son château de cartes, en précaire équilibre, un retour d'affection ! L'amer destin a écoulé ses rêves au sablier des jours ! Mais quand le refus catégorique arrive par retour du courrier, l'infortuné qui comptait sur un retour de flamme, se prend un retour de manivelle qui met fin à sa passion comme à ses doux transports !

Que dirais-tu à mes compagnons de route et d'Odyssée, qui vivent leurs existences en incessants allers et retours, à la manière d'un métronome. Ils rythment obstinément leur vie, à la mesure de leur volonté avec toute la puissance de leur énergie physique et mentale. Au canevas de la vie, ils alternent pensées et souvenirs, actions et réflexions en dévidant, pleins d'espérances malgré les obstacles, la bobine du bonheur.

Le tissu de l'existence a parfois des jours mités et ils ont grand-peine à ravauder. Alors, ils tissent à nouveau la toile pour que la joie et les plaisirs filtrent à travers l'étamine. A la grande question du sens existentiel, du fond du temps, l'écho leur répond en retour que c'est eux et eux seuls, qui donnent la solidité à la trame et qu'ils prennent ainsi, en agissant de la sorte, sens dans le tissage !

Avec les idées fixes, ici ou là, des obsessionnels font du larsen, des radoteurs du feed-back, des cœurs de pierre des ricochets, des vieux cabots du come-back, des bonimenteurs du boomerang, des idéalistes du saut à l'élastique, des zozos du yoyo ! Bis repetita, la vie ! Les douleurs et les joies, la ritournelle des doux aveux, les leitmotivs de la discorde et la rengaine de tant de jours et tant de nuits ! ... Et toi, persévérante Pénélope, tu remets patiemment, sur le canevas, tes espoirs à l'endroit et tes peines à l'envers, en attendant le retour de ton bel Ulysse.

Oh ! Je t'admire d'avoir beaucoup brodé et dû pendant vingt ans, en découdre avec le temps et le découragement. Tu aurais pu tomber en quenouille ! Et tandis que lui, loin de toi, insouciant, attendait peut-être le dégel ou le retour d'âge, toi, prisonnière d'un amour fil à fil, avec constance, tu faisais tapisserie !

L'aventurier semblait en tout cas, avoir renoncé à sa ceinture de chasteté, avoir perdu la route du droit chemin et n'avoir plus l'esprit de retour, préférant être de mèche avec quelques sirènes enchanteresses ! Mais peut-être que toi, Pénélope si fidèle, qui avait repoussé cent quatorze prétendants et dont le parfum de tes vertus s’exhalait dans les nuits d'Ithaque, n'avais-tu pas assez pour lui, ce petit goût de "Revenez-y" !

 

 

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Ciel voilé

Publié le par modimodi

PTQP
A tous les prêcheurs de morale,

Comme au bien pensant doctrinal,

A la une de ce journal

Qui met à valeur égale 

Intégrisme et nu intégral,

Offensé caricatural

Et assassin fondamental,

Je crie : N'cassez pas mon moral,

Laissez-moi mon élan vital !

 

Arrêtez d'me parler du voile,

D'en faire un sujet principal !

Quand Sœur Thérèse a pris le voile,

Y'a pas eu d'offense papale :

Permission du Transcendantal 

Acclamée dans la cathédrale.

Quand d'amour notre cœur s'emballe

De roses et de voile nuptial,

Chanter, danser, c'n'est pas faire mal.

 

Qu'tu mettes ta kippa ou ton voile,

Moi, mon jean et toi, ton saroual,

Y'a pas de scandale national,

Si c'est ta décision finale.

Quand le soleil a mis les voiles,

Peintre et poète tendent leurs toiles

Pour qu'amour et paix s'y dévoilent.

Quand les nues hissent la grand voile,

Le ciel voilé chante aux étoiles .

 

 

 

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Lettre aux marins d'eau douce :( l'eau de la mer à boire ) titre seul

Publié le par modimodi

 CDC 16

Gentils marins d'eau douce, pas de vie sans eau, sans eau-de-vie distillée par l'alambic du bonheur. Qu'elle soit vive et courante, fontaine de jouvence ! Source pure et limpide, fraîche et désaltérante, à boire au creux des paumes. Ce n'est ni de l'eau plate, ni de l'amer à boire, c'est la rosée des jours, le puits sans fond, d'où jaillit la belle eau nourricière, l'hydromel de tant de douceurs distillées. Soyez convaincus que l'eau d'ici bas vaut bien mieux que celle de l'au delà !

Souvenirs ! Souvenirs ! Tu la revois dans la lumière... Elle est là, devant toi, résurgence de jeunesse et d'amour, éclatante de spontanéité, naturelle, perlée de beauté diaprée, pure offrande de tes vacances. Elle t'a fait venir l'eau à la bouche et tu t'es jeté sur cette ondine comme on se jette à l'eau. Elle a jailli en ta vie, elle est eau vive, belle, pure et fraîche, à la voix cristalline. Elle a ruisselé en toi. Ton cœur déshydraté a bu chacune de ses paroles. Tes élans, tes désirs en cascade ont éclaboussé de soleil ses yeux irisés de bonheur.

Coulez, glissez, ruisseau, torrent des jours heureux pour les amants en confluence ! Personne ne peut résister au fort courant qui vous emporte. Laissez rompre les digues. Cédez et laissez vous submerger. Inutile de résister ! Vous vous êtes depuis longtemps déjà noyés dans son regard. Amoureux éternels, gardez votre insouciance !... Car, petit estivant, toi, tu sais bien, et ce, depuis l'enfance, que tu n'as pu retenir en tes mains l'eau courante comme pas plus aujourd'hui, tu ne sais retenir celle de l'amour sourcier.

La fin des vacances approche. Elle a dérivé vers toi, mais déjà, tu le pressens, elle pense à retourner à sa source. Elle t'a donné son aval, elle repart en amont. L'amour, hier en crue, s'écoule au fil de l'eau des jours d'été, déclinant en lumière, paressant dans les boucles du temps. Tu as le vague à l'âme mais ce n'est pas l'amer à boire, tu as la vague à l'âme mais ce n'est pas la mer à boire ! Tes larmes marines auront le sel du large et ton cœur, la houle des marées.

Mes amis, vous que j'ai croisés sur ma route, au cours des vacances ou dans le torrent des événements qui nous ont agités, écoutez ce conseil ! Avant de prendre le dernier bac qui vous conduira de vie à trépas, buvez tant et plus, l'eau de vie. Faites en une cure de jouvence. Dégustez et enivrez-vous ! Les jours heureux fermentent dans le bonheur, les plaisirs distillent les délices.

Gardez-vous de la complication des gens alambiqués. Évitez de vous noyer dans un verre d'eau, pire encore, redoutez la goutte d'eau qui fait déborder le vase de la patience et vous met dans la vase. Tenez-vous à l'écart des bouilleurs de crues. Elles font rompre les digues, inonder à grande eau, vos yeux devenus tristes.

Que l'amour clair, comme de l'eau de roche coule de sa plus belle eau. Qu'il mette l'eau à la bouche des amants assoiffés. Riez prudemment des histoires à l'eau de rose. Elles finissent toujours en eau de boudin surtout avec une oie, qui n'a pas inventé l'eau chaude et qui boit l'eau des nouilles. Préférez les ondines, les nymphes et les naïades.

Fuyez donc la poule d'eau qui jouerait les cocottes et aurait des vapeurs. N'écoutez pas la voix de quelque sirène, qui ferait que la relation finisse en queue de poisson. Évitez de frétiller, de faire des sauts carpés ! Pour sûr, voletez, soyez légers, préférez la brasse-papillon !

Au fil de l'eau, apprenez à nager et à pécher, même en eau trouble. Tenez-vous au courant ! Dans les jours de ressac, ne vous mettez pas en nage et ne faites pas de vagues. Restez en rade et ne vous laissez conduire en bateau, que si la mer est calme. N'oubliez jamais que vous n'êtes qu'un marin d'eau douce, qu'il vaut mieux se jeter dans le bain qu'on a soi-même préparé. Surtout si on veut vivre comme un poisson dans l'eau ou comme une savonnette dans les mains d'Archimède !

Ne dites pas, je m'en fish ! Si vous ne voulez pas vous retrouver, au bout de la ligne ou dans la friture. Personne ne veut la mort du pêcheur ni noyer le poisson ... Mais un accident est si vite arrivé ! Pensez un peu ! Je suis du signe du poisson mais je ne mets pas de cailloux dans mes poches, au cas où, il me prendrait l'envie de me noyer. Rien dans les mains, rien dans les poches, je suis libre comme l'air, lisse et vif comme l'eau de ma vie qui ondule et coule sans cesse à flots dans l’océan des jours. Chaque goutte est création pour le feu et la lumière dansant en mes pensées. Avec elle, j'invente le monde et je me fonds dans l'harmonie de l'univers.

 

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