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Lettre aux chanceux et aux risque-tout

Publié le par modimodi

BAL AP

Faites vos jeux !

Vous le savez fort bien !

Un jour, le premier, vous faites votre entrée sur le grand circuit de la matérialité ! Vous sortez de la main du destin pour rouler sur la piste des jours. Au grand bonneteau de l'existence, en un tour de passe-passe, votre avenir se joue sur un coup de dé !

Il vous faut bien jouer le jeu ! La Sainte-Touche vous est promise. A la Saint-Frusquin ou à la Saint-Glinglin, mais elle va arriver. La vie est un sanctuaire. Son temple bâti repose sur trois piliers : le jeu, le hasard, le jeu du hasard ! Petit saint innocent, petite Sainte Nitouche aux mains pleines, allez donc faire vos dévotions. Au casino de la destinée, le jackpot vous attend !

Ô frères et sœurs de fortune, petits frères des pauvres ou petits faux-jetons, je vous fiche mon billet que la vie vous rend toujours la monnaie de votre pièce. Elle vous joue à pile ou face ! Mais ce n'est pas tout de se lancer, il faut savoir retomber ! Les espèces sonnantes sont aussi trébuchantes, même très très bûchantes !

S'il est vrai que la fortune sourit aux audacieux, vous risquez d'aller, de-ci, de-là au petit bonheur la chance ! Pour l'homme, il n'y a aucune certitude, hormis la foi aveugle en sa bonne étoile ! Il peut bien rêver et habiter sur une autre planète. Il a Pluton en Balance. Son avenir est constellé de comètes radieuses. L'auréole de son céleste destin clignote et scintille.

Mais la course du héros galactique va croiser quelques nébuleuses. Car pour vous aussi, le ciel de votre thème zodiacal est traversé d'étoiles filantes. Sa constellation planétaire n'est qu'une immense conjonction d'astres qui s'apparentent à des désastres maison ! Ah ! Il va tomber de la lune, le bélier ! Il va devoir prendre le taureau par les cornes, le lion ! Il a déjà la guigne en abondance.

Faites tourner les rouleaux : des oranges, des cloches et des cerises ! La guigne ! Pourtant, à la tombola de la providence, il paraît qu'à tous les coups, l'on gagne... Parfois simplement à être connu, parfois à passer inaperçu auprès des bandits-manchots ! Surtout si vous êtes déjà en butte à l'adversité !...

Faites vos jeux, les jeux sont faits, rien ne va plus ! il y a gros à parier que l'autre qui vous observe d'un mauvais œil, un peu faux-jeton, ne veut pas que vous soyez avec lui, gagnant-gagnant. Car au baccara de la prédestination, chacun croit avoir la baraka et être certain de faire sauter la banque ! Alors banco !

Ainsi, votre bonheur quotidien se joue également parfois à la roulette. Il convient mieux d'être fair-play et prêt à entrer dans le jeu surtout si votre entourage professionnel annonce qu'il va vous dérouler le tapis vert. Alors qu'en fait, il ne veut que vous filer les boules en vous faisant sauter et rebondir de case en case. Il pourrait même prendre un malin plaisir à vous voir tourner en rond sur un projet !

En amour, pour décrocher le gros lot, mieux vaut tomber sur un bon numéro et avoir la main heureuse, surtout si vous vous avisez de la demander ! Mais ne soyez pas trop vite affirmatifs dans vos déclarations enflammées, vous mettriez la main au feu ! L'amour n'est jamais une évidence. Quand il vous saute aux yeux, il vous aveugle.

Plus vous êtes sûrs et certains, plus votre désillusion sera flagrante ! Pour tirer son épingle du jeu, autant chercher une aiguille dans une botte de foin. Ah ! Le ballot va se faire tirer à la courte paille. Comme il se l'est fourrée dans l’œil, par amour, il se fait aussi faucher son blé. Il va en plus finir sur la paille, se prendre un râteau parmi les éteules et rester sur le champ ! Il espérait du grain, il a reçu la poutre.

Vos semblables sont si méfiants que le doute étend sur eux son ombre. De quelqu'un qui est verni et à qui tout sourit, on dit qu'il a une veine de cocu ! Car, s'il est heureux au jeu, il sera malheureux en amour ! Bon sang de superstition ! A croire que l'humain préfère l'infortune. Au point qu'il attribue un effet bénéfique à la corde de pendu après avoir cru, peut-être un peu trop vite à la vertu de la jarretière et de la mariée !

Souriez, vous ne serez pas toujours à la noce !

 

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Lettre aux serruriers du bonheur - La clé

Publié le par modimodi

BAL CONF

Mes bons amis, tout le monde parle d'ouverture et veut la pratiquer. Mais l'ambivalence est l'idéologie dominante de la société.

Il conviendrait à la fois d’ouvrir son cœur à son prochain et de fermer le robinet des aides sociales ; il serait utile d’ouvrir des perspectives d'accueil ou d'intégration et de fermer les frontières.

En général, il faut même à la fois ouvrir les yeux et fermer sa gueu... D'autant plus facile, si vous possédez le grand catalogue du serrurier de l'existence… Même les esprits obtus cherchent à ouvrir les angles ! 

Pour toutes ces situations paradoxales, vous aurez deviné qu'il est un mot quasi-magique de notre vocabulaire courant, un mot passe-partout pour notre existence, c'est la clé ! "Cherchez et vous trouverez !"

La vie est une énigme. La science cherche rationnellement à la percer et à l'expliquer tandis que la religion la magnifie par le miracle de la foi dans le mystère divin. Une même obsession, trouver la clé du mystère qui ouvrira la compréhension de l'univers. Comme si la réponse était bouclée à double tour dans la grande conscience cosmique !

Vous êtes, peut-être comme moi, ce gentil rêveur qui passe sur cette terre, la tête dans les nuages voire même, certains jours de grand bonheur, la tête dans les étoiles ! Vous êtes, sans doute, un de ces oiseaux qui jouent avec le ciel et que le vent rabat vers les plaines des humains. Nous y sommes ensemble à semer nos descendances, à faire fructifier nos réussites, à cueillir les fleurs du plaisir pour en faire des bouquets champêtres. Nous courons tous, épris de liberté, après le bonheur et nous cherchons inlassablement à prendre la clé des champs étoilés qui font briller les yeux des belles ténébreuses.

Quand la nuit s'étend, nous cherchons sur notre trousseau la clé des songes qui ouvrira la serrure de nos rêves et qui, dans la lumière du petit matin, décodera notre inconscient. Je ne sais pas si vous y voyez clair mais moi, j'ai dû égarer la clé et la perdre quand j'étais dans la lune.

A l'hôtel du "croissant d'or", j'ai pris l'habitude de partager ma clé avec mon colocataire Morphée et de la mettre sous le paillasson. J. Prévert m'avait rencardé : "La clé des songes est sous le paillasson. Un petit dieu bien propre surnommé Cupidon fait le garçon d'hôtel et l'agent de liaison."  Tiré de : "Volets ouverts volets fermés"

Comme je trouve cette perspective nocturne drôlement réjouissante, me voilà sitôt prêt à entreprendre le premier parcours fléché qui m'offre la promesse d'une belle et grande ascension au Septième ciel !

Suivez-moi ! Mais attention ne cherchez pas à acquérir la clé des ceintures de chasteté. Non ! Parmi toutes les clés scintillantes du royaume des cieux délicieux, j'espère trouver au plus vite le sésame paradisiaque. Je n'imagine pas autrement la promesse de vie éternelle faite par ma déesse ou le grand Portier !

Mais rien ne vous presse ! Il faut déjà avoir des portes à ouvrir et à fermer, des portes d'entrée et des portes de sortie et ne pas rester entre deux portes ou gaspiller son temps à enfoncer des portes ouvertes.

Sans doute, avez-vous acquis quelques clés qui cliquettent dans votre petite vie terrestre : une clé de contacts pour vos relations, une clé magnétique pour rapidement débloquer les opportunités de l'existence, un passe-partout pour les banalités de chaque jour, une clé de sûreté pour garantir votre vie privée, trois clés de musique et des chants pour la partition harmonique de votre quotidien et enfin, une clé de douze pour chaque mois.

Les avez-vous toutes ? Savez-vous que la plus précieuse, celle qu'il ne faut pas perdre, c'est la clé de voûte de votre existence. La mienne soutient la pression de chaque jour et élève mes pensées au sommet de la cathédrale, dans une conquête infinie de lumière.

Pour les tempêtes sous mon crâne, il me faudrait un ouvre-boîte. Dans mes prétentions d'écrivain, je cherche inlassablement le mot-clé qui ouvrira la serrure de la porte-double de l'exactitude et de l'émotion. C'est là, ma seule garantie d'être original et de ne pas craindre qu'un faussaire ne puisse en faire un double.

Toutefois, détrompez-vous amis, la clé merveilleuse et indispensable, n'est pas celle de Saint-Pierre qui ouvre la porte du paradis de la sagesse céleste… Ce n'est pas celle de l'accordeur de piano qui met en concordance les jours blancs et les jours noirs. Ce n'est pas la fragile et rare clé du succès, par essence éphémère. Pour vous comme pour moi, la plus importante, c'est la clé universelle du cœur. Elle vous prend à la gorge et vous ouvre la porte étroite du Bonheur.

Pour en conserver la joie et les plaisirs, il vous faut avoir du cran, la bonne combinaison et le sens de l'engagement. Quand par chance, vous l'avez trouvé, mettez-y vite un cadenas et évitez d'en casser la clé dans la serrure.

Mais hélas, comme rien n'est jamais définitivement acquis, j'ignore et vous ignorez, quand s'ouvrira la grande porte du paradis et si l’on vous imposera de passer par le chas d'une aiguille. Peut-être même trouverez-vous porte close ?

Notre clé a définitivement pris la forme d'un point d'interrogation, tel un sillage de comète et l'envol d'un cheveu d'ange… Je suis et vous avec moi, déjà aux nues !

 

 

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Lettre aux va-t-en guerre 2/2

Publié le par modimodi

BAL CDC

Révélation

Chaque 11 novembre est le jour de commémoration des atrocités de la première guerre mondiale. Saluez l’héroïsme des soldats mais abhorrez la violence des combats et l'abomination des charniers.

Sans tomber dans l'angélisme, ne convient-il pas de se demander pourquoi, il y a tant de haine dans le cœur de l'homme et tant de sang qui coule des plaies de notre monde.

Parole biblique ! Fiat lux ! Déflagrante incantation !  La violence est à l'origine de la lumière et de la vie ! Dès la genèse, le cosmos jaillit d'un trou noir. L'humanité, naît d'une explosion, de la frénésie d'éruptions solaires, de fusions jaillissantes d'étoiles et de planètes propulsées dans la galaxie. Dès la première seconde, tout est déjà, chaos et violence, en expansion afin d'infiniment se perpétuer, dans les éléments déchaînés de la nature.

La violence est comme la vie, originelle. Tous les grands mythes fondateurs s'accompagnent de violence... Pensez au démembrement d'Osiris pour que puisse s'accomplir la fécondation d'Isis et le règne des esprits immortels. Souvenez-vous des mystères d’Éleusis : de l'enlèvement de Perséphone, fille de Déméter et de la création du cycle des saisons, par son passage obligé des enfers à la lumière. Rapprochez le sacrifice d'Osiris de celui de la passion de Jésus. Sans eux, pas de vie éternelle ! Unissez enfin la résurrection du Christ, trois jours, après son ensevelissement au retour à la vie de Perséphone, six mois après son passage dans les Enfers.

Tout ce qui advient et qui naît se fonde par le crime rituel. Souvenez-vous des meurtres fratricides : Abel est tué par le jaloux Caïn. La naissance et la fondation de Rome s'accomplissent sous les mauvais auspices de l'assassinat de Remus par le colérique et visionnaire Romulus.

La bible vous livre de nombreux exemples de violence : la persécution des premiers nés et les sept plaies d’Égypte, la fuite du peuple juif, le massacre des innocents, le sacrifice d'Isaac par Abraham, le besoin d'un bouc émissaire... L'iconographie chrétienne expose ses martyrs. St Jean-Baptiste est décapité, St-André est crucifié la tête en bas, Blandine est jetée aux lions, St-Sébastien par deux fois, est criblé de flèches puis roué de coups, St-Laurent est cuit sur le gril... L'apocalypse est terrifiante de monstruosités.

L'histoire s'écrit dans la cruauté et la violence. Au nom des dieux et d'une vérité universelle, la foi aveugle, crée les croisades ou l'inquisition. Hérétiques ou fidèles, qu'importe ! " Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens. " Au nom de l'ambition civilisatrice, on conquiert et colonise, on torture et réduit en esclavage, le bon sauvage. Au nom de l'idéologie totalitaire de la supériorité des races, les doctrinaires, les fanatiques accomplissent d'abominables barbaries. La violence brûle les cœurs et les corps et le monde patauge dans de grandes flaques de sang.

L'avènement d'un monde nouveau se réalise dans la violence, même la plus douce. Le brin d'herbe d'apparence si fragile perce la croûte terrestre pour venir au jour. Le grain de blé, accomplit aux entrailles de la terre sa mutation végétale. Il pourrit dans l'obscurité pour que germe le grain, qui deviendra épi. Parole d'évangile ! " Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il demeure seul ; mais s'il meurt, il porte beaucoup de fruit. " (Jean 12,24).

Ce symbole est au cœur de l'initiation du myste antique. Il est sagesse et symbolisme ésotérique, immémorial. Il faut comme le grain de blé, mourir à soi-même et ses passions pour renaître. Il faudra de même, donner par amour divin, sa vie sur la croix pour racheter l'humanité. Transcendance et subconscience...

La violence est dans le déchirement et la révélation, dans la déchirure. Pour que les écritures s'accomplissent, le voile du temple de Jérusalem se déchire en deux dans les ténèbres et le fracas. La feuille éclate le bourgeon, le poussin brise sa coquille. La vierge déchire le voile de l'hyménée pour accéder à la féminité créatrice. La religieuse qui s'y refuse prend, d'ailleurs le voile, pour se réfugier dans la piété mariale.

L'amour lui-même est une douce ou terrible violence dans ses sentiments. Il est passion ardente ou souffrance destructrice. Il peut dans ses excès, conduire au désespoir et à la folie. Il peut dans un dernier baiser faire mourir Roméo et Juliette. Il peut hisser la voile noire et réunir dans la mort, Tristan et Yseult.

Alors, si le lion dévore l'antilope, que le chat croque la souris et que l'homme est un loup pour l'homme, est-ce que tout serait voulu et inéluctable ? Et si au commencement, était le Verbe, le Verbe n'était-il pas ambivalent, à la fois amour et à la fois haine ?...

Alors, que pouvons-nous faire, à notre tour, en toute conscience et impuissance, sinon que reprocher au cruel démiurge, violemment et sans aucune indulgence plénière, ce à quoi, il nous a condamnés, vous autant que moi, en nous faisant don de la malédiction du tout premier péché originel !... Tous coupables en pleine innocence !

 

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Lettre aux va-t-en guerre 1/2

Publié le par modimodi

BAL CDC

Violence !

Oh ! Vous les belliqueux, les va-t-en guerre, cette lettre est pour vous !

La violence est partout, bien installée au cœur de l'homme, dans la cité, à la maison, à l'école, à l'hôpital, dans les prisons, sur les stades... La violence est là, près de nous et en vous. Elle est sournoise, elle se glisse avec perfidie et traîtrise, dans votre quotidien. Elle s'insinue en douce pour brutalement, mieux éclater ensuite.

Elle est force de mots, elle est vinaigre, aigreur et amertume. Elle est venin, elle est fiel et pas miel, elle est loup pour l'agneau ! Elle impose, elle contraint, elle asservit la liberté, elle muselle la vérité !

Elle casse, elle brise les objets et les Hommes. Elle viole et violente. Elle bafoue éhontément la loi. Elle profane le sacré. Elle ne respecte aucune valeur, elle est transgression ou violation des droits. Elle attaque le faible, elle détruit les empires. Elle est outrage, elle est sévices. Elle est chaude, elle est froide, elle est colère. Elle est blanche et rouge de sang.

Elle est imprévisible ou fomentée, fulgurante ou ourdie, elle est entretenue dans l'effroi. Elle est tapie dans l'ombre des cœurs sombres. Elle rampe et se faufile, elle est insidieuse. Elle emprunte les souterrains des médisances, les sentiers secrets de la calomnie, elle saute les ornières des coups tordus, elle patauge dans les marécages de la fourbe propagande, elle se déverse en torrents de boue dans l'encre des médias.

Elle est caricature de la réalité, elle choque et impressionne, elle influence en toute arrogance. Elle manipule. Elle truque pour attiser, elle est moquerie, médisance et méchanceté. Elle truande, elle contrefait et falsifie. Elle défigure l'honnête et le sincère. Elle est menace proférée. Elle est glaive d'injustice toujours dressé.

Elle bat le pavé et progresse dans les idées conservatrices et réactionnaires. Elle brandit ses slogans racoleurs et sectaires. Elle agite les esprits, elle amplifie sa voix dans la montée des discours extrémistes. Elle est embrigadement et intégrisme religieux. Elle fait s'affronter les dieux !

Elle est régression d'humanisme, elle lamine les tendances progressistes, elle est hostile aux minorités. Elle le clame et s'affiche en toute décomplexion, sur les réseaux sociaux du petit n'importe qui aux grands n'importe quoi. Elle est infamie banalisée et légalisée, elle est surmédiatisée.

Elle est permanente et déborde, à flots continus. Elle est hostilité et détestation, agressivité et répulsion. Elle a le visage de la haine, elle s'exprime avec force d'injures et de coups. Elle prend les armes. Elle brutalise et elle torture. Elle est incontrôlable, elle est furie et rage. Elle embrigade et elle fascine. Elle est vindicative, elle crie à la vengeance. Elle est déchaînement de terreur. Elle est véhémente et démente.

Elle est noirceur et corruption, elle corrode et elle souille, elle mine et contamine. Elle donne la peur de l'autre, elle le rejette. Elle est repli. Elle l'insulte, elle stigmatise ses différences, elle les amplifie dans l'intolérance. "Sus aux immigrés, aux musulmans, aux chômeurs"...Elle est révélatrice des profondes crises identitaires, religieuses ou économiques. Elle se vautre dans le lit du dénuement, de la misère sociale et morale.

Elle est perte d'esprit collectif, elle est négation de l'altérité. Elle est refus de solidarité. Elle anéantit toute empathie citoyenne, elle refuse toute compassion la plus élémentaire. Elle piétine et elle écrase, elle broie tout espoir de mieux être. Elle harcèle, elle oppresse. Elle menace et déferle en hordes sauvages. Elle emporte tout sur son passage, elle pille toute confiance, elle écrase toute résistance.

Elle est déchaînée et irrépressible. Elle vous emporte dans sa vague comme cette lettre dans ses vagues ! Elle s'écoule dans les larmes amères du silence. Elle désespère et elle résigne. A bout de détresse et de résistance, elle est douleur de vivre et douceur de mourir. Elle est la faux tranchante, qui anéantit et tue tout rêve et tout désir. Elle est papillon noir sur la rose des vents. Elle est mise à mort de l'amour. Elle est le déclin de l'humanité, la déliquescence de ce monde et pourtant... Elle est éternelle et inhérente à l'homme... Hélas !

 

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Lettre aux volubiles et aux baratineurs : Parler pour ne rien dire 3/3

Publié le par modimodi

PROV

Les mots du cœur et du corps

Ceux qui ont la langue bien pendue, ne savent pas assez la garder dans la poche... Le drame du volubile, c'est qu'il parle et débite ses propos intéressants ou ses fadaises sur le même mode. Il croit naïvement être entendu. Mais souvent l'autre reste sourd et lui sourit complaisamment en pensant : "Cause toujours, tu m'intéresses !"

Le chameau qui déblatère ne donne pas envie de prendre langue avec lui ! Inutile d'en baver davantage ! Faites comme moi, avec un lèche-babine, moi, vite je m'débine ! Car le bavardage finit toujours par lasser l'auditoire. En effet, celui qui ne dit mot, ne consent pas toujours à vous écouter. Il ne faut converser qu'avec celui qui veut vous entendre ou parler... à votre bonnet !

Qui comprendra, ceux qui lassés de parler à leur miroir, à leur page blanche, à leur tablette graphique, au ciel toujours vide et muet font, en total espoir de cause, de la parlote ininterrompue ? Dans un ailleurs, en apartés, avec les ombres, avec les mouches, avec les muses ... le front collé aux vitres, en dialogue avec le silence... Alors surtout, quand vous les croisez, n'allez pas penser qu'ils divaguent, réduits aux errances d'idées sans queue ni tête ! Ils parlent !... Oui, pour ne rien vous dire, réservant leurs murmures ou leurs cris d'amour, de peur ou de joie, aux anges et aux étoiles qui passent dans les nues, en leurs têtes !

Vous pratiquez parfois d'instinct cette étrange attitude de communication !...  Ainsi pour intriguer votre interlocuteur, vous lui parlez à demi-mots, vous laissez planer le doute, vous entretenez mystérieusement l'allusion en l'exprimant à mots couverts ou par images.... Le poète ou l'écrivain procède ainsi ! Il sait bien qu'il lui faut toujours mâcher ses mots en ruminant d'un air inspiré les fleurs de la rhétorique... Oui, mes amis, mes compagnons de panache, vos paroles s'envolent comme des plumes mais vos cris vains et lourds de mots et d'amour comme tous vos écrits restent comme des pierres sur le chemin de la pensée...

La parole qui s'élabore, d'abord dans le silence, y demeure. Ainsi, quand deux êtres se comprennent et fusionnent, sans mot dire, le silence du cœur est suffisamment éloquent. Si la parole appartient à l'éphémère du temps, à l'évanescence de la pensée, le silence appartient au mystère, à ce qui est à naître, à l'éternité. C'est l'or du temps.

Oh ! Oui, soyez volubiles mes amis, si c'est pour murmurer ou crier votre amour. Moi, je l'ose et je m'exclame : Ô mon amour ! Parlez-moi d'amour !... Je vous crois sur l'aphonie de vos paroles !...

Pourtant, l'amour, le seul, l'unique, le vrai, peut se passer de mots, surtout s'il est démonstratif. Vos yeux, vos soupirs, votre pâleur ou votre empourprement sont parlants. Ils disent non pas ce que vous avez sur le cœur mais dans le cœur...

Déjà, avec pudeur, vous vous dévoilez ! Votre âme impalpable se met à nu. Inutiles sont tous vos aveux. Jamais, vous ne parviendrez aussi bien à dire l'ineffable saisissement, l'indicible trouble et l'inexprimable choc, dans tout votre corps, des frissons et des tremblements !

Oui ! Aimer pleinement, ce n'est vraiment pas, peu dire ! Alors, heureux amants, ne vous le faites pas dire deux fois ! Parlez bien vite avec les mains ! Mettez-les vite au feu ! A voix haute comme à voix basse, soyez éloquents ! Parlez vrai ! Confiez-vous ! Abandonnez-vous ! Au rapport ! Vite et que ça saute !

Exclamez-vous ! Murmurez votre tendresse ou hurlez votre bonheur ! Jubilez votre liesse ! Déclamez à pleine puissance votre jouissance et vos extases ! Vous pouvez balbutier, bafouiller et tâtonner, vous pouvez bredouiller, palabrer, vous y reprendre à deux, trois fois et plus... si affinités et résistance.

Vous êtes assignés aux plaisirs. Prenez votre temps. Ne tarissez pas de mots tendres et de preuves de douceur. Soyez à fleur de peaux, de lèvres et de mots toujours touchants et caressants. Vivez si m'en croyez toujours en plénitude. La passion vous déliera la langue. Ayez de l'amour comme de l'eau fraîche, plein la bouche. Épanchez-vous en libations enivrantes.

Ne récitez pas les mots des autres, fussent-ils ceux des poètes ! Vous êtes libres de sens, d'émois et de licences. Soyez naturels, vous serez créatifs. Laissez-vous bouleverser par le bouillonnement de vos sentiments, soulever et perturber par l'affolement de vos sensations. Vous ne pouvez mettre fin au désordre. Nulle résistance ! Vive le silence ! "un ami qui ne trahit jamais", comme l'a dit Confucius dans "le livre des sentences".

Il suffit de lâcher prise, de vous laisser emporter par le torrent des émotions, submerger et envahir par le tumulte de la passion. Vous roulez comme un galet dans le chant cristallin de l'eau... En perdant la raison et la volonté, vous perdez toute notion du temps. Vous êtes un instant, un souffle, un envol !

Votre amour est extraordinaire et original de délicatesse et de grâce. Il vous élève, il vous emporte. Il vous rend irréels. Vos cœurs se gonflent et se dilatent. Vous êtes uniques, expressifs, expansifs, généreux, légers et aériens ! Vous triomphez de la pesanteur... Vous êtes éternels, l'éther vous appartient !

Oh ! Oui amour ! Pour nous aimer, passons encore par les nuages !

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Lettre aux volubiles et aux baratineurs : Parler pour ne rien dire 2/3

Publié le par modimodi

PROV

Parler peu mais bien

Messieurs les volubiles et les baratineurs, l'homme est un animal pensant. Ce qui le caractérise et le différencie d'un animal sauvage, c'est qu'il est doué de paroles. A quelques différences près, bien sûr, car Noé a dû emporter sur son arche, quelques-uns de vos amis !

Je pense ici à quelque humain avec un QI de bulot ou à quelque âne sachant braire pour avoir du son ! J'imagine bien la fureur cacophonique du déluge et le bruit infernal de la ménagerie donnant à flots continus, de la voix sur tous les tons !... J'ai bien peur de faire partie moi aussi, des survivants qui braillent leurs cris vains dans des déluges de reproches de lecteurs ou d'internautes.

Depuis l'époque diluvienne, les quelques rescapés qui ne se noient pas dans une goutte d'eau, parlent de la pluie et du beau temps. En effet, il ne suffit pas de parler, il faut savoir quand parler, à bon escient ! Parfois mieux vaut se taire que de parler pour ne rien dire.

Celui qui brasse du vent parle comme un moulin, donnant souvent peu de grain à moudre à la réflexion. Cervantès, fer de lance des Don Quichotte s'y connaissait en moulins à paroles des chevaliers autoproclamés ! Il vous a laissé cette phrase à méditer : "Parler sans penser, c'est tirer sans viser !"

Savoir bien parler fait partie des bonnes manières de la bienséance et de la bien jactance ! Il est par trop facile de se débarrasser d'un langage approximatif et relâché en déclarant : " Bah ! C'est une façon de parler !" Mieux vaut un usage pondéré de la parole et honorer l'adage de nos anciens : "Parlons peu mais parlons bien !"

Moi, je fais sûrement le poids mort avec ma tare littéraire mais je préfère laisser aux publicitaires "le poids des mots et le choc des photos !" Ce ne sont trop souvent pour le sensationnel que le poids des mots morts, réservés au commun des mortels !

Heureux, êtes-vous si vous faites partie de ceux dont la parole coule de source ! En effet, le trop disert, fût-il Jean-Baptiste, prêche souvent dans le désert. Encore bien, croirait-il naïvement, que le message de vérité qu'il diffuse est déjà parole d’Évangile ! A moins que ... Ô prodige, les assoiffés de Vérité ne boivent ses paroles remontant du puits de sagesse ! Mais il est si difficile de dire le juste et de faire le juste, qu'on donne généralement toute sa chance aux mystères ! Chacun peut bien sûr y croire et crier au miracle, surtout quand il parvient à la fin de sa traversée du désert !

Parfois, la parole vaut plus que son pesant de cacahuètes, elle vaut de l'or ! Celui qui vous a donné sa parole d'honneur et qui tient parole, vous pouvez dire de lui que c'est un ami, rare et précieux. Il mérite qu'à votre tour, vous teniez vos engagements, que vous soyez fidèle à vos promesses, que vous n'ayez vis-à-vis de lui, qu'une parole, ferme et fiable, celle des quatre vérités que votre cœur saura exprimer avec des mots justes. Si ce qui est dit, est dit avec tact et respect, vous gagnerez sa confiance. Tenez parole, il tiendra à vous !

Mais ne soyez jamais prisonnier sur parole. Dans tous les cas, il vaut mieux bien faire et laisser dire, sauf du mal de vous ou d'un autre ! Si l'on appliquait ce principe, autant dire que d'un coup, le monde deviendrait un peu plus silencieux. Vive le motus et bouche cousue ! Car quoi qu'on dise, une langue de vipère comme une parole innocente blessent parfois. Si vous êtes limité en vocabulaire ou en capacité de compréhension, une parole pourrait même, par mégarde, dépasser votre pensée de débile verbeux.

Mieux vaut tenir sa langue mais, à ce qu'on dit, il est quand même indispensable d'avoir du temps et de l'agilité pour la tourner sept fois dans sa bouche avant de parler ! L'avantage que vous offre ce patient exercice, c'est qu'alors vous avez tout le temps de vous préoccuper du "qu'en dira-t-on ?"...

Comme vous, je n'omets pas, bien sûr, l'infortune des bègues ou des spécialistes du raisonnement boiteux qui parlent comme ils marchent ! Ceux-là, en deux temps et trois mouvements désordonnés sont tenus de prendre le temps comme il vient ! Un peu comme votre serviteur qui fait trop souvent, les cents pas dans la salle des cas perdus de la littérature !

Car vous avez beau dire, car vous avez beau faire, la manière de parler, votre expression langagière vous révèlent autant que votre mode de vie. Le contenu de vos phrases, les mots choisis, votre code linguistique vous identifient. C'est votre ADN social, votre empreinte sur votre passeport citoyen du vivre à côté des autres ou ensemble. Il serait utile d'en avoir conscience, surtout quand on joue les tribuns ou qu'on s'écoute parler.

Mieux vaut donc se taire que de dire n'importe quoi ! Voltaire qui n'était pas toujours le Candide de service et qui savait combattre 'l'infâme" a laissé cette réflexion qui pourrait être proverbiale : "On parle toujours mal quand on n'a rien à dire !"

Bien sûr, qu'il y a les paroles et qu'il y a les actes ! Mais il n'y a pas à dire, les politiques sont des bonimenteurs, leurs promesses ne sont pas souvent suivies de réalisations. Vous avez tort de leur donner voix au chapitre. Ne feriez-vous pas mieux de les abandonner au silence des urnes ?

Comme le disait Térence :" Les actes font croire les paroles." Certains comiques troupiers de la stratégie électoraliste feraient bien de méditer la pensée de celui qui avait un vrai talent comique. En effet, il ne suffit pas de dire d'aimables paroles, pour être aimé. De même, il ne suffit pas de prononcer des paroles crédibles, pour être cru !

Un proverbe hollandais que j'affectionne dit : "Les paroles d'or sont souvent suivies d'actes de plomb." Mes amis, à moins de connaître le secret de Nicolas Flamel, les paroles en l'air prennent rarement une telle valeur ! Tout au plus, le sommeil de plomb de quelques écrivains dormant sur leurs lauriers, produit peut-être l'or du silence de l'édition !

Moi, je cherche à tout prix, à parler et à écrire d'or, mais ma plume a du plomb dans l'aile ! Pourtant voyez-vous, là où certains péteraient les plombs, moi, je laisse aller ma plume au vent ! En effet, grâce à mon expression amphibologique, je suis devenu riche d'illusions littéraires tout en étant pauvre d'esprit. Le cœur léger et l'esprit lourd, je me console. J'ébouriffe mes plumes au souffle de l'inspiration et je tente d'en donner au lecteur pour son argent. Je sais désormais que le talent ne s'achète pas à prix d'or !

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Lettre aux volubiles et aux baratineurs : Parler pour ne rien dire 1/3

Publié le par modimodi

PROV

Le vide de la pensée

La vie a besoin d'expression. Le cri et le son en sont les premières et audibles manifestations. D'une bête, vivante, drôle, touchante, on se plaît d'ailleurs à dire : "Il ne lui manque que la parole !"

Au risque de surprendre ou de choquer, l'homme est aussi un animal sonore. Il a en commun avec le perroquet, des mots qu'on appelle la parole. Si l'un s'exprime sur un mode itératif, l'autre pense en principe sans se répéter...

Messieurs les volubiles et les baratineurs, qui vous contera les subtilités de notre belle langue française dont il faut pour l'apprécier, en comprendre les subtiles nuances ? Ainsi êtes-vous certains de parvenir vraiment à distinguer les sens de "parler" et "dire", quand il s'agit de s'exprimer ?...

Parler se concrétise par l'acte d'ouvrir la bouche pour causer et prendre la parole afin d'être entendu pour dialoguer. Dire suppose l'énonciation d'un son, d'un verbe, d'une émission de la voix pour formuler ou annoncer, sans qu'il y ait obligation d'échange. Pour communiquer avec un interlocuteur ou à la cantonade, est-il utile ou illusoire de saisir leurs différences afin de savoir ce que parler veut dire ?

A moins d'être béat, stupéfait et de vouloir gober les mouches, je vois peu de vos amis, sauf quelques grandes gueules, rester bouche ouverte sans prononcer ou préférer un bruit qui soit perceptible. Sans doute, n'avez-vous pas non plus appris à écouter les poissons rouges et n'avez-vous pas trouvé le moyen de dialoguer avec eux, hormis peut-être quelques bienheureux agités du bocal !

Celui qui parle vocalise, murmure ou articule pour être entendu alors que celui qui dit, renvoie à l'acte conscient, à l'intention d'émettre un message, une pensée à l'attention de quelqu'un. La différence est mince ! Beaucoup emploient donc les termes comme des synonymes. Tentons de sonder un peu cette belle cacophonie verbale et sémantique.

En effet, les deux termes portent avec eux et en eux, suivant leurs différents emplois, l’ambiguïté du son et du sens ! D'ailleurs, si on utilise l'expression "parler pour ne rien dire", on ne dira jamais "dire pour ne rien parler." Mais on sourira, avec le génial Pierre Dac de son célèbre : "Ne rien dire pour parler" ! Pourquoi ?... Parce que le terme le plus important n'est pas "parler" ou "dire" mais "Rien" !

Notre langue maternelle est constituée d'un ensemble d'expressions toutes faites, de constructions idiomatiques, spécifiques à un milieu, une ambiance, une époque, quasi intraduisibles pour un étranger. C'est le passionnant domaine de la phraséologie !... Un mot bien savant pour décrire " l'emploi de formules qui, sous des apparences profondes cachent le vide de la pensée."

Dans notre grand pays du : "Tu l'as dit, bouffi !" et du : "Tu parles, Charles !", vous en connaissez tous, de ces beaux parleurs, de ces grands phraseurs qui prennent de grands airs pour exprimer banalités ou incongruités. Ce qui leur importe, c'est de débiter des phrases, de parler avec un air inspiré et affecté. Ce que vous en retenez, c'est le bruit d'émissions sonores, de grands discours vides de sens et de pensées. Certains sont même si creux qu'ils pensent avoir de la profondeur !

De telles phrases ont beau commencer par une majuscule, s'achever par un point et comporter, sujet, verbe et complément, elles sont "sans queue ni tête". La vanité se paye ainsi souvent de phrases, parfois grandiloquentes. Ceux qui tiennent ce mode de communication pour argent comptant devraient pourtant savoir que le proverbe a raison : "le silence est d'or" !

D'ailleurs, moi-même, je m'en contente ! Oh ! Pour quelques braves lecteurs, c'est sans doute là, leur consolation de tant de cris et d'écrits vains ? Pauvre de moi, maladroit scribouillard, pauvre et vain écrivain de phrases sans queue ni tête, indigent gâte-papier, si riche d'illusions !

Ceux qui parlent haut, s'abaissent à parler fort. Ceux qui parlent au pif ne parlent pas du nez, mais parlent près de leur nez en ayant courte vue ! Ceux qui parlent d'abondance sont souvent pauvres d'esprit et ceux qui parlent gras ont souvent vulgairement maigre pensée. Ceux-là qui vous en disent des vertes et des pas mûres, ne sont pas de première fraîcheur intellectuelle. Ceux qui vous en racontent de bien belles sont peut-être de sympathiques complices mais d'affreux jojos qui se tordent en vous en contant de bien raides.

Devant vos écrans-télé, sur vos tablettes, en réunion, restez aux écoutes afin d'entendre battre le monde. Mais demeurez en bonne entente. Ne vous laissez proférer ni insultes ou menaces. Tenez-vous à l'écart des racontars, soyez sourds aux bobards. Tous ceux qui parlent à tort et à travers méritent un zéro de conduite, confondant d'une voie détournée les sens et d'une contre-voix, le sens.

N'oubliez jamais que certains sens sont interdits et qu'ils ne participent pas du sens commun... sauf de celui des mortels, dont la dernière loi et l'unique vertu est encore le silence !

 

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Lettre aux prétentieux : Ridicule 2/2

Publié le par modimodi

 

 CDC 29

Il ne faut pas juger les gens sur leur mine ou leur dégaine, sur leur expression ou leurs paroles ! Mais il est des provocateurs qui poussent les bizarreries et le ridicule jusqu'à se faire remarquer.

Accoutrés, affublés, parfois à la mode, celle du cocasse, ils se croient au goût du jour. Ils veulent être chics, ils provoquent le choc ! Holà ! Ils sont au dernier cri ! A celui que pousse le bourgeois effaré quand on le prend à rebrousse-poil !... Bizarre ! Étrange ! Comme c'est étrange ! A faire dresser les cheveux sur la tête de ceux qui à tout crin, aiment se poiler !

Parfois, ceux qui ne sont pas tués par le ridicule risquent de vous faire mourir de rire. Leur aspect peut même vous filer des boutons. Sans le vouloir, ils vous donnent de l'urticaire en poussant un peu trop mémère dans les orties ! Mais que voulez-vous, faute d'avoir su vous farcer, il faut bien se les farcir comme des moineaux sans tête !

Le savez-vous ? En faites-vous partie ? Les snobs se reconnaissent entre eux. Les fats font leur gamme dans le grand monde des loufoques. Les cuistres sortis de la cuisse de Jupiter se vantent et s'éventent dans l'air du temps. Tout le monde se fait la nique dans la surenchère ! Les pigeons gonflent le jabot et roucoulent devant de naïves tourterelles. Les dindons attirent les dindes pour glouglouter sous les sarcasmes ! Oui ! La nouveauté se moque de celui qui la suit !

Comme en carnaval, ils sont en mascarade. Le prêt-à-porter va les porter au ridicule de l'inélégance et déclencher l'hilarité générale sur leur passage. La dernière mode fera d'eux, le dernier des Mohicans !

La comédie, les grands rôles de l'opéra-comique utilisent les ressorts des extravagances des excentriques. Les outrances des coquettes, les ronds de jambes des minets, les grimages excessifs, le jargon de charretier ou d'épicier parvenu, les expressions langagières typiques et répétées, les exclamations de bouches tordues, lancées aux gobe- mouches, les grimaces, les mimiques, les tics, les quiproquos, les cocufiages et couillonnades, les placards propices aux infidèles et les portes qui claquent, renforcent le plaisir du spectateur. Au patrimoine national, les grandes figures des personnages, nos héros et héroïnes du théâtre de Molière, des vaudevilles de Feydeau ou de Labiche y excellent à nous faire rire et sourire...

L'objectif poursuivi est toujours cathartiquement d'amuser et de faire rire le spectateur. L'effet est thérapeutique... Aujourd'hui, "Précieuses ridicules" est un terme quasi-générique pour les people maniérés, les mijaurées ou les ringards, ces éternels faux gandins et ces vrais vieux beaux qui nous font leur chiqué médiatique avec de grands airs de jeunisme ou de cucul la praline !

Le terme d'Ubuesque" traduit ainsi la démesure de l'absurde et du cocasse d'une situation tragi-comique. Le talent bien évidemment en moins, il leur convient dans les péripéties de leurs faux exploits et de leurs risibles amours !

"Cornegidouille" ! Ionesco avait raison : où il y a de l'Eugène, il y a du plaisir... surtout dans l'absurde ! L'insolite n'est pas non-sens ! La baliverne peut être truculente. La dérision n'est que la réponse parodique face à la déraison du monde ! Ma raison est décousue, si ça continue on verra le trou de ma pensée. Vive l'avant-gardiste surtout quand il a le talent de l'iconoclastie et la facétie de la pataphysique !

Le chansonnier de cabaret persifle, l'imitateur exacerbe les traits, accentue les travers de la vedette ou de l'homme politique ! A force d'être brocardé, le ridicule de vos défauts physique vous rendra peut-être même célèbre ! Par Pinocchio, par la bosse de Quasimodo, vive l’œil du Cyclope, le grand pied de Berthe et le nez des Bourbons ! Le trublion politique, le faux penseur, le philosophe populiste cherchent parfois à amuser la galerie et l'étrange lucarne.

La vie est un grand cirque pour les rigolos qui vous font tout gober dans l'arène des conventions et de la bien-pensance ! La logorrhée est une non-communication, bien loin du talent des didascalies d'Ionesco. La bêtise se concurrence elle-même. Et la réalité dépasse sans cesse la fiction ! Seul l'esprit critique et subversif peut encore nous sauver de nos croyances et nous éviter d'être des naïfs ridicules !

Le métier de clown pousse à son sommet les grandes figures caricaturales de l'Auguste ou du Pierrot. La pantomime est un art ! Un maquillage appuyé, quelques accessoires colorés et démesurément trop grands suffisent à faire rire dès la première apparition. De gaffes en catastrophes, le rire appelle le rire et le farceur est farcé !

Dans le fond, nous avons besoin de rire de nous et des autres ! Laurel et Hardy, les frères Groucho Marx, Buster Keaton, Charlie Chaplin ont interprété leurs rôles avec burlesque et émotion ! Ils nous ont offert à travers leurs bourdes feintes et fausses bêtises l'image de notre réalité et de nos peurs. La loufoquerie est un gué pour traverser notre image et ses reflets dans notre propre miroir.

A ce point, le ridicule peut être sublime, tragique, émouvant et profond ! Le bouffon est un prince ! Vous êtes, nous sommes ses sujets !

 

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Lettre aux prétentieux : Ridicule 1/2

Publié le par modimodi

CDC 28

Messieurs les maniérés et petits prétentieux,

Si "le ridicule ne tue pas", il n'est pas besoin d'être perruqué, poudré et permanenté pour friser le ridicule !

Dans la multitude et variée des humains, nous offrons tous, chers semblables, en permanence le spectacle. Nous nous exposons, nous sommes l'illustration parfaite de l'éternelle friction entre l'objectivité et la subjectivité... De la perception vécue à l'opinion répandue, de l'apparence offerte à la réalité dévoilée, de la présence affirmée à l'impact reçu, nous n'en finissons pas de graver des empreintes visuelles, d'estamper des souvenirs émotionnels, de laisser à penser ou à rêver !

Nous ne maîtrisons pas notre image. Nous pouvons impressionner en grandeur comme en petitesse. Ce qui sera estimé par les superlatifs d'extraordinaire, grandiose, génial de la part d'un inconditionnel de l'admiration court le risque d'être jugé, minuscule, prétentieux, vulgaire et affreux par un esprit chagrin !

La nouveauté créatrice qu'on appellera peut-être, un jour génie, encourt pour l'instant le ridicule ! L'imagination produit ainsi des œuvres qui à leur parution sont parfois rangées dans l'art incompris ! Inventer c'est toujours risquer, avec plus ou moins la volonté de braver l'opinion ! De toutes façons, à partir du moment où vous tombez dans le domaine public, vous n'évitez pas l'avis général qui veut vous classer et vous étiqueter !

Vous n'échappez pas au jugement qui vous est réservé et que vous pouvez à votre tour cataloguer de risible et d'incompris ! Quel beau métier que celui de critique qui consiste parfois à apprécier ou dénigrer, ce qu'il n'a pas compris ! L'un vous trouve doué et inventif tandis que l'autre vous qualifie de grotesque et d'absurde ! Qui a raison ? Qui est excessif ?

Parfois le temps apporte la vraie réponse... celle du dérisoire. car l'oubli fait également partie du vain et ridicule espoir ! De temps perdus en temps morts, vous êtes ainsi disparu en deux temps et trois mouvements d'une mode éphémère, d'un tourbillon du temps versatile, des préférences d'une époque capricieuse...Vous aviez un style indéfinissable, un mérite impayable, vous ne serez pas payé en retour ! Sinon de l'éternel retour de l'indifférence qui ridiculise allègrement les petits marquis ambitieux.

Vous vouliez vous faire remarquer et percer, vous n'avez pu faire votre trou, hormis celui de la mémoire. Vous vous pensiez extra, vous n'êtes pas sorti de l'ordinaire. Vous étiez plat, la gloire n'a pu rebondir. En vous laissant aller, au fil de l'eau du caniveau, vos prétentions de bas niveau sont tombées plus bas encore. Vos négligences vous ont rendu négligeable. En résumé, votre œuvre est réduite à néant.

Dans l'art surtout, on est toujours le ridicule ou le nain de quelqu'un ! Certains mêmes par effet de snobisme ou de mode brûlent allègrement aujourd'hui ce qu'ils adoraient encore hier ! Ah ! Quelle cruauté et quelles amères désillusions pour celui qui ne vit qu'au niveau des faux-semblants ! La vie ne nous dote-t-elle pas d'assez de chimères et d'espoirs, de mirages et d'erreurs pour ne pas avoir besoin de rajouter masques ou trompe-l’œil ?

Qui ne se souvient du film "Ridicule". Le dindon gonfle du jabot, les chevilles qui enflent, gonflent les bas de soie. L'ampoulé veut toujours briller davantage pour faire pouffer la marquise. Mais si un bon mot d'esprit réjouit la cour des courtisans jaloux, un croc-en-jambe peut aussi vous faire trébucher et ruiner votre réputation. Entre deux courbettes, trois révérences, vous badinez et l'on vous raille. Même un raseur, en vous narguant est capable de vous écorcher vif !

N'en jetez plus, la cour est pleine ! Dans la rivalité des pédants m'as-tu-vu, le ridicule vous abat en vous humiliant !... D'ailleurs, qui peut dire qu'il n'a jamais été la risée de quelqu'un !... Heureusement d'ailleurs que le ridicule ne tue pas ! Par St Louis ! C'est ainsi que nous survivons dans la cour des grands et des glands ! Nous ne sommes pas là de briser nos chênes !

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Lettre à ma belle endormeuse 3/3

Publié le par modimodi

BAL PROV

Au chant du coq

Suivant le proverbe, peut-être que la nuit est une bonne conseillère… Le précepte antique, bien connu : " Hâte-toi, lentement ! " a peut-être été murmuré du haut des cieux par la déesse Nyx ou d'une voix d'outre-tombe par son frère Erèbe !

La sagesse populaire a pu ainsi faire dire au proverbe qu'il vaut mieux réfléchir longtemps pour passer plus vite à l'action. Moi, je connais bon nombre de lymphatiques qui sont passés maîtres dans l'art de temporiser et qui croient vivre plus longtemps en multipliant les temps morts !

Maintenant, si pour finir, c'est le sommeil qui porte conseil et pas la nuit, est-ce que l'inquiet crépusculaire, celui qui transforme toutes ces longues nuits noires en interminables nuits blanches, y voit plus clair au petit jour ? Un mauvais sommeil lui offre-t-il de mauvaises idées ? L'inverse peut-il lumineusement l'inspirer ? L'idéaliste poursuit-il des chimères miroitantes d'illusions qui le guident et colorent ses songes ? Supporte-t-il mieux la vie quand elle lui en fait voir de toutes les couleurs ?

Au petit matin, l'apothicaire fait-il mieux ses comptes ? Après avoir passé les heures dangereuses entre chien et loups, le berger bien conseillé a-t-il obtenu la bonne méthode pour dénombrer plus rapidement son troupeau de moutons ? Le boulimique de grasses matinées se met-il au régime du sommeil léger ? Le révolutionnaire qui a passé tant de temps à rêver du grand soir a-t-il enfin trouvé la date du grand chambardement ?

Surgi des ténèbres épaisses de la nuit des temps, Morphée hypnotise-t-il ceux qui sourient comme des bienheureux aux anges ? Comme le suggère le proverbe, en dormant, nos pensées conscientes s'arrêtent-elles et deviennent-elles muettes ? Notre inconscient prend-il le relais pour suggérer des réponses, des conseils et dans le meilleur des cas, des solutions ? 

Mystère ! Depuis la nuit des temps, une très grande question métaphysique demeure. Dieu dort-il du sommeil du juste ? Ne ferme-t-il jamais l’œil de sa conscience ou est-il plutôt inconscient ? Quel motif plausible expliquerait les hallucinations auditives données à Jeanne d'Arc ?  En dehors de toutes voix de la raison divine, comment expliquer son abandon céleste et son sacrifice suprême ? Dieu aurait-il des pensées de derrière les fagots, aimerait-il jouer avec le feu et l'attiser ?

Insondable silence ! Que penser et qu'en dire ? Moi, qui dors entre tes bras, mon ange, ma déesse, dans le parfum de tes lèvres pavot, cœur ouvert et à poings fermés, je ne peux à présent qu'humblement témoigner ! Car la nuit m'a tout donné, sauf le sommeil ! Vois ! Je suis prêt à me dresser au chant du coq !

Mon petit cadeau vespéral, je te célèbre dans le demi-jour. Tu es venue à moi, à la nuit tombante pour tomber contre moi. Tu t'es offerte dans la pénombre. A mesure que la nuit glissait son drap de laine noire, tu t'es glissée languide entre mes draps de satin blanc et tu m'as donné le plus délicieux des conseils. En ôtant lentement ta nuisette, tu m'as porté voluptueusement et délicatement au nu ! Ta nuit m'a porté conseil et bien plus !

Je n'ai écouté aucune voix, hormis mon cœur et l'appel de la chair ! Tu ne m'as pas donné raison mais tous les plaisirs de la déraison et de la liberté de t'aimer, le jour comme la nuit. Je peux chanter au clair de lune ! ... Vois la vigueur de mon amour... Je suis, ô ma vestale, comme un chat sur la braise, ton éminence grise !

 

 

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