Bois d'amour
EMI
Je t'ai coupé du gui
De l'or de ma faucille.
En ce beau jour nouveau,
L'amour est au rameau !
Tant de joies, de tendresse,
D'ivresses et de caresses !
Tant d'années et de liesse,
D'éternelle jeunesse !
Noces d'or des jonquilles !
Nos jours dansent et gambillent.
L'oiseau lance ses trilles
Au soleil qui scintille,
Mais le lierre entortille
Nos cœurs et les maquille.
Le temps pousse sa vrille,
Nos cœurs se recroquevillent.
Petits mots et broutilles,
Chamailleries et vétilles,
Les élans en béquilles,
Sur un seul pied sautillent !
Chagrins et peccadilles,
Bisbilles de pacotille,
Le gel pique à l'aiguille.
Il grésille et mordille.
Ta raison chante, pleure.
Le bois sec de ton cœur
Se craquelle et fendille
En blessantes esquilles.
Oh ! Je te sais fragile,
Comme souffle de brise
Mais ils sont cent et mille
À t'espérer conquise.
Mais sur toi, nulle emprise !
Tu feins d'être surprise,
Tu demeures insoumise,
Ô toi, ma douce exquise !
Non ! Ils ne savent pas
Que tu es sève et vie,
Que tu crées l'harmonie
Au sein des floralies.
Que c'est ton cœur lilas
Et ton corps camélia
Qui donnent l'embellie
À mes jours et mes nuits !
Non ! Ils ne savent pas,
Rien qu'en m'ouvrant les bras
Que tu sais faire jaillir
Des éclats de lumière,
Des torrents, des rivières,
L'amour sous chaque pierre,
Les désirs incendiaires
Des parfums de ta chair
Et la rose trémière
Éclose à tes paupières;
En la beauté solaire
De tes yeux d'outremer
Non ! Ils ne savent pas,
Qu'un seul de tes baisers
A chaleur et éclat
D'un immense brasier.
De mon cœur à mes lèvres
Et des mots à ma voix,
C'est de la même fièvre
Que je parle de toi.
Et puis, tu apparais
Et je ne suis plus moi.
Sitôt tu disparais
Et je porte ma croix.
La rose sur le bois,
Lentement y déploie
Nos élans, nos émois,
En pétales de soie.
Mon bonheur et ma joie,
Notre amour y flamboie
En l'alchimique foi,
Cœur de la rose-croix !