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Articles avec #empire des sens tag

Lettre aux juillettistes : Torpeur (hello!)

Publié le par modimodi

CDC 1

Amis, je ne sais pas si vous aimez les sensations fortes, la grande roue ou le grand huit ! Mais la vie vous place sur le manège : le carrousel de l'enfance, la chenille des jours, des mois et des années et le train fantôme à prendre sans trop réfléchir, pour passer le dernier tunnel !

Dans l'existence, tout est sensation, pourtant bien peu d'entre vous ne sont sensationnels, au point de déclencher l'admiration. Cependant, vous éprouvez en permanence de multiples perceptions d'intensité variable ! Vous passez du chaud au froid, du plaisir à la douleur, vous ressentez la faim ou la soif, la plénitude ou le manque. Certains vous donnent des suées, d'autres vous glacent. L'existence qui doit avoir l'esprit mal tourné prend un plaisir sado-maso à vous faire parfois souffrir comme à vous meurtrir au point, avec excès de vous donner l'impression de subir tant de coups durs que vous croyez avec angoisse devoir endurer mille morts. L'existence n'est que contrastes et états contradictoires, elle vous donne la pépie ou les crocs. Vous la croquez, elle vous comble puis vous laisse sur la fin. Les impressions en noir, en blanc ou en couleurs se marquent en vous comme sur un film d'images ! Le cinéma de vos vies est permanent.

Ne soyez pas surpris de vos réactions ! Les événements et les êtres provoquent en vous, des réactions en bien comme en mal et affectent votre conduite, élans et emballements, colère ou joie, réticences ou rejets, etc. Vos peaux et vos cœurs sont comme des caméléons, en technicolor. En général, la tendresse vous émeut, le désir vous excite, l'amour vous laisse sous le choc. Vous êtes troublés par la gentillesse, peinés par la malchance. Impossible de rester indifférents.

Constamment, vous avez des manifestations physiques marquées dans vos attitudes corporelles ou nos mimiques. Vous affirmez votre personnalité, vos forces comme vos faiblesses. Vous faites preuve de caractère. Certains traits distinctifs comme vos comportements vous cataloguent dans un portrait psychologique ou une figure morale. La société est un immense musée Grévin ouvert au grand public.Vous êtes royalement de brillantes et tristes cires.

Ainsi, êtes-vous timides ou craintifs, renfermés ou entiers, francs ou dissimulés, adaptés ou asociaux, vertueux ou malfaisants, rétractés ou sanguins d’Hippocrate... Autant de types de caractères que d'yeux dans le bouillon de culture, que d'étoiles dans la soupe cosmique, que d'herbes dans le bouillon de sorcière !

Vos tempéraments sont le résultat de votre patrimoine génétique, social ou culturel. C'est ainsi que l'âne est un âne parce qu'il a de grandes oreilles ! ... " Et mmmoi, dit l'autre, jjeje vous l'répépète à perpète, jjeje suis bèèègue, parce que jj'héjj'hésite à vous ppappaparler! ...

C'est même congénital ! Celui-là a hérité de toutes les tares familiales, des névroses maternelles, des psychoses paternelles, des phobies de grand-mère et des obsessions de grand-père ! C'est ça l'esprit de famille ! Et pour tout arranger, quand le papa a été licencié, comme il n'y avait plus de quoi vivre, le petit s'est mis à voler ! Voilà qu'il passe pour un délinquant, alors qu'il ne voulait être qu'un bon fils, un gentil débrouillard !

On l'a montré du doigt et on a dit en plus qu'il avait un fichu et sale caractère. Que voulez-vous ? Les gens ont toujours besoin de parler de tout et de rien ou de commenter les faits divers. Sinon, qu'est-ce qu'ils pourraient bien dire d'intéressant au voisin occasionnel, au pilier de bistrot et à son anonyme compagnon de biture ? Moi, je vous le dis, ne vous étonnez pas que les mouettes soient rieuses et les singes hurleurs !

Alors, on l'a traité de tous les noms : de vaurien et de son synonyme bon à rien, de graine d'assassin et même de gibier de potence. C'est peut-être pour ne pas décevoir, qu'il n'a pas manqué d'être à la hauteur de sa réputation. Il a un jour, tout bonnement tué père et mère !

Ah ! Bien sûr qu'on n'a pas fait de sentiment avec lui, mais alors simplement appliqué la loi et fait tomber le jugement. C'est également ainsi que passant de parricide à matricide, il s'est retrouvé orphelin !

Oui !  Je le reconnais. vous pouvez avoir l'impression que le narrateur abuse un peu des faits et de l'indulgence de son lecteur en se moquant des naufragés de la vie, de ceux qui restent accrochés au comptoir vermoulu de la société. Comme ne pas mentionner les rescapés de la noyade fiscale, amers de tant d'obligations, de dettes, de saignées à blanc, secs d'une seule traite ! Eux, de toutes façons, c'est toujours, cul sec qu'ils doivent  boire le calice d'amertume.

Mais excusez-le ! En la torpeur de cet été brûlant, l'anecdotier pourrait tout aussi bien railler les ultraviolés solaires, les beaux paradeurs bronzés et déjà bien fondus, toutes ces braves victimes consentantes de l'abrutissement estival, de ses mièvreries et dérisoires futilités. Assurément ! Il a le droit de se gausser de ces minauderies extasiées pour réaliser les dernières prises de vue des vacances... Les mêmes, bien sûr, déjà photographiées, l'an dernier et l'année précédente...

Alors, à vous, hypothétiques et ultimes lecteurs fantômes de ce trop bel été, à vous les errants sableux aux deux derniers neurones en surchauffe, résistants épargnés par la canicule, je veux bien avouer feindre, ironiquement d'embrouiller les notions légales et morales, habituellement admises... Oui ! Dans cette fantaisie, où se mélangent allègrement les idées et les significations, il joue avec la confusion des situations et la polysémie du verbe "sentir".

Allez ! Vous sentez bien vous-mêmes qu'il force le trait en abusant de ce mauvais humour pour en exagérer l'effet. Forcément, que la justice ne va pas laisser passer un tel méfait. Le malheureux jeune homme va le sentir passer. Pauvre garçon coupable d'un acte insensé ! Sa sensibilité viendra lui offrir de multiples sensations. Il ne peut ,comme on le dit familièrement, que se sentir mal. Oui ! Pour lui, ça sent mauvais, le roussi et le brûlé. Il va pressentir la sanction, avant de déguster. Imaginons même qu'il aura des remords et se sentira fautif.

A votre tour, vous aussi, vous mélangez allègrement les notions quand il s'agit d'exprimer vos sensations et de faire preuve de sensibilité. C'est ainsi ! Nous manquons de vocabulaire précis pour laisser parler nos sentiments et nos cinq sens... En un sens, nous confondons sens, sensations et sentiments, sensualité, jouissance et concupiscence. Nous avons parfois le bon sens de la mesure mais le plus souvent celui du ridicule sens commun ! Nous hésitons sur les significations en jouant entre sens propre et sens figuré et nous nous retrouvons à contresens. Trop polysémiques pour être au net !

Mais pourquoi vous prendre la tête ? Pourquoi tourner en rond au sens giratoire ?   C'est l'été et la torpeur accablante de fin juillet ! Ce récit surchauffé vous invite à vous mettre à l'ombre et à vous protéger des coups de soleil. Allez ! Laissez-vous aller ! La sieste vous attend !

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Lettre aux coeurs de cristal - Dur, dur !

Publié le par modimodi

BAL  CDC

Ah ! L'amour ! Oui ! L'amour est un des mots, les plus doux et les plus prometteurs de la langue française ! Le prononcer, c'est déjà recevoir une caresse. Quand il vous choisit, vous recevez dans l'harmonie de la voix qui le prononce, toute sa délicatesse. Il vous transforme, vous devenez léger, délicieux et aimable. Vous êtes aimant et digne d'être aimé ! Vous pouvez vous montrer assidu et servant, un cœur noble et chevaleresque !

Tout vous est promis : le grand bonheur du grand amour ! Vous prodiguez alors, attentions, douceurs et tendresses. Vous vous effleurez ! Vous murmurez mezzo voce vos émois ! Vous gardez votre réserve et contenez vos emportements. La passion est à gué. Vous vous pressez avec une délicate ferveur. Vous vous donnez des marques d'amitié avec des langueurs enamourées dans les velours, le satin ou la soie. Avec le tact infini de votre pudeur, vous nuancez les sobres élans de vos corps à corps, sages de retenues, sous les lueurs tamisées des pâles opalines.

Le charme opère jusqu'au plus profond du moindre de vos frissons dans les mille contacts maladroits, hésitants de vos peaux et vos mains qui se frôlent. Le temps s'étire langoureusement dans la cadence nonchalante de vos soupirs et de vos languissants désirs. Vos odeurs se confondent dans la moiteur et les parfums suaves de vos premiers abandons. L'extase retient la violence de ses cris. La jouissance patiente et se dilue lentement dans l'eau de jouvence de l'amour naissant.

Pourquoi faut-il qu'imperceptiblement, jour après jour, l'amour finisse par s'affadir ? Quelle mauvaise alchimie le corrompt ainsi ? Pour quelle raison, la douceur se fait douceâtre et affecte les doucereux ? Dans l'estompe du quotidien, les cœurs s'émoussent, l'indifférence voile les yeux doux et tendres, le bois de lit garde les traces d'ongles laissées par les jouissances dans les craquelures du vernis.

Le plaisir devient impérieux et se prend peu à peu sans ménagement. Les câlins deviennent des assauts ! La passion rend fiévreux. Les gentils amoureux sont à présent des amants empressés. Les excès s'intensifient même parfois dans la démesure des propos et des gestes. La température et le ton montent. Les relations s'avivent. Les agacements s'accentuent. Les humeurs s'attisent. L'exaspération est éruptive. Chacun se prend à déverser la fielleuse bile, âpre amertume et vains reproches.

"Et la tendresse, bordel !" est un cri plus qu'un slogan ! Fini de se la couler douce ! La tension entre les aigris est palpable. Le climat maussade n'est plus à l'entente cordiale. Nous ne sommes plus très loin des plaies et bosses. Les duos sont devenus des duels aux affrontements criards. Les deux protagonistes excédés se refusent à la tendre guerre. L'insulte distillée insidieusement envenime les échanges. Tout événement est un prétexte pour aggraver la situation. De désaccords en désaccords, tout se dégrade et se désunit !

Plus de douce heure, que de la raide heure et du plein malheur, d'heurts en heurts ! L'amour qu'on croyait bâti sur le roc, ne se vit plus qu'à la dure et trébuche sur les pierres d'achoppement des mesquineries quotidiennes. Quand les têtes deviennent elles-mêmes dures comme du bois, les cœurs durs comme de la pierre et les corps froids comme du marbre, peut-on encore parler d'amour ?

L'intense volupté n'était qu'un cristal fragile pour les amants au cœur bohème !... Le cœur se fend dans une imperceptible fêlure à chaque fois que les sensations s'exacerbent et se hérissent. Chacun se crispe et se dresse. Les adversaires s'opposent, se braquent et les serments craquent. Tout se déchire. Quand les frôlements et les effleurements prennent des éraflures, la tendresse s'entaille et se taille. Les corps lisses se plissent et la passion se délie. Hélas ! Hélas ! L'amour se délite aux corps et aux cris des flagrants délits. Les délices gémissent dans les effluves épandues des putrides lys !

Brusquement, les limites se brisent. La voix s'est faite cassante. Les fougueux opposants ont désormais des mots rugueux ! Les griefs sont durs comme du granit et les paroles tranchantes comme des silex. Les propos glaçants refroidissent le ton des réquisitoires implacables. La rudesse est désormais quotidienne et méchante d'intransigeances excessives.

Il faut être dur d'oreille ou sans cœur pour pouvoir tout supporter ! A ce point, il ne sert plus à rien d'endurer pour durer ! Amants, il faut filer en douce ! Exit par la petite porte étroite des coeurs étriqués.

 

 

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Lettre pour nos tendres assauts : En force 3/3

Publié le par modimodi

 CDC 59

Force d'inertie et de frappe

Ma douce amie, où réside donc cette force qui nous porte et nous transporte ?

Même si nous nous donnons corps et âme, je ne parle pas ici, de force d'âme ! Nul courage particulier, nul acharnement comme nul effort de volonté pour affirmer notre vigueur amoureuse ou prouver notre endurance. Nul besoin de nous faire face, il suffit de nos tendres face-à-face !

Il faut bien l'admettre, il n'est qu'une seule force, c'est celle de l'amour. Bien malin qui pourrait en connaître la manière forte avec laquelle, il nous enveloppe de son armure et nous rend sans résistance.

J'oserais prudemment avancer que sa plus grande force est peut-être son apparente force d'inertie. Car voilà, qu'il nous saisit en douce au moment où nous croyons dur comme fer, que rien ne peut nous arriver ou nous atteindre. Il endort notre vigilance. Peut-être même qu'il s'infiltre en nous dans la léthargie de nos pensées rêveuses, dans l'atonie de notre cœur lent, dans l'indolence de notre volonté quand nos désirs se font poussifs et nos besoins passifs. Il trompe ainsi notre confiance et subitement emballe nos émois, réveille nos appétits, excite nos envies, exalte nos sentiments.

Nous voilà vivaces comme des plantes longuement engourdies, au sortir de l'hiver, comme de la sève impatiente, en promesses de fleurs. Nous nous réalisons alors dans l'éclosion de nos élans, dans l'amplitude de nos intentions et la fougue de nos attentes. L'impatience nous provoque. Nous voilà aiguillonnés, piqués au vif, attirés et attisés. L'amour déploie ses attaques et fait parler sa force de frappe à petits coups de cœur.

L'aveuglement qui nous saisit et que d'aucuns appellent éblouissement est une feinte violence et une tendre agression que nous transfigurons pour l'être aimé en parlant de sa beauté éclatante. Nos sens sont avivés dans une extrême exaltation. Nous nous brûlons les ailes au brasier qui les enflamme. Notre raison chavire quand nous parlons d'aimer à la folie, notre vie s'abandonne quand retentissent les murmures et les cris de mille : "je t'aime à la folie". Et chacun se donne à bouche que veux-tu, et chacun se jette impétueux, à corps perdu.

L'ardeur donne de l'audace. On se griffe, on se mordille, on brûle sur des charbons ardents. Au paradis des divins bonheurs, l'amour a la beauté du diable et même le diable au corps ! Qu'on se le dise et qu'on le proclame ! Lucifer est un ange qui vous fait perdre patience et vous dote de la ruse d'un fieffé diablotin. Sans sauvagerie, il vous contraint à en venir aux extrémités, jamais les pires mais les meilleures ! Le plus réservé se dévoile sous l'emprise de ses pulsions. Dans le miroir des illusions hypnotiques, chacun est fasciné. Les yeux et les corps se révulsent. La passion est d'enfer !

Entre cris et murmures, gémissements et soupirs, la volupté est souveraine. Synonyme de délices, elle nous emporte unis, au plus haut point de fusion. Elle n'est plus qu'acmé dans le paroxysme des ivresses, dans le déluge des caresses, dans la frénésie érotique. Les licences de la chair nous élèvent d'extase sexuelle en apogée sensuelle…"Ô mon céleste amour, ne descendons plus !"

 

 

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Lettre pour nos tendres assauts : En force 2/3

Publié le par modimodi

 CDC 58

Tour de force

Ma douce amie, le proverbe a sans doute raison : "Plus fait douceur que violence." L'inattendu nous a, un jour, saisi le cœur. Mais au-delà de la bouleversante brusquerie de notre rencontre, nous avons ensemble choisi la tempérance et l'aménité. Passé le choc du premier contact, nous vivons, en partage apaisé, les coïncidences de nos bouts de chemin commun. Nous nous prenons par la main pour mieux tenir la route.

Pas besoin de passer en force pour imposer à l'autre, une position. Personne n'a la haute main sur l'autre ! Quand nous cherchons à prendre le dessus, c'est pour camper sur la meilleure des positions, celle du plaisir et demeurer le plus longtemps possible sous son emprise. En confidence, je t'avoue que je ne refuse jamais ton excitante emprise et ta jouissive domination. J'admire même le doigté avec lequel tu maîtrises et domines ton sujet. Ô combien ! J'adore mourir d'amour, écrasé par toi !

Dans ce quotidien apaisé et serein, inutile de faire montre de véhémence pour distiller un avis ou avancer une opinion même divergente. C'est en dehors de toute volonté d'inféoder ou d'aliéner l'autre que nous favorisons le dialogue. Pas de désapprobation imprécatrice, la voie de nos coquines réjouissances se parcourt à pleines voix de jouissances !

Nous dominons nos instincts et nous matons nos révoltes internes lorsque l'agacement nous gagne. Nous gardons ainsi notre vigueur pour mieux nous cabrer dans l'intimité. Notre force d'endurance s'affirme toute entière dans la durée de notre ténacité. Nous résistons aux coups de boutoir des jours et nous rions de l'affolement des tempêtes dans nos verres d'eau et nos tisanes !

A force de vivre, nous n'échappons pas au commun des mortels ! Bien sûr, la routine cherche toujours à nous prendre de subtile force en imposant ses rituels. Mais nous luttons contre ces habitudes du quotidien qui, dans la recherche de sécurité, chloroforment nombre de couples. Nous ne voulons pas à toute force d'un bonheur sans nuages. Par delà les caprices de notre ciel changeant, ses brumes et ses grisailles, ses tourments d'ardoise ou de plomb, nous cherchons sans cesse la lumière.

A l'abri des orages, nous cherchons le plus possible à nous étonner l'un et l'autre de nos différences. Si nous nous affrontons, c'est dans de tendres et délicieux duels. Et, mon Dieu, quel bonheur quand nous tombons à la renverse ! Nul besoin d'être une force de la nature pour laisser parler la force de nos natures !

Nulle sauvagerie où nous chercherions à contraindre l'autre et à le prendre de force. Non ! Par surprise à la rigueur mais toujours sans effraction. Je n'ai jamais eu besoin de le fendre ou de le briser pour que tu m'ouvres spontanément ton noble cœur. Bien au contraire, nous nous donnons libres et consentants, à cœurs ouverts, à corps offerts.

Ma douce amie, nous nous aimons en réinventant les mots et en augmentant les preuves d'amour. Nous cherchons inlassablement à en varier les expressions et les nuances dans toute la force du terme ! C'est même là, notre tour de force : créer de la durée en multipliant, à longueur de temps, de minuscules instants comme autant d'étincelles de petits bonheurs.

Ces lucioles d'éclats de joies et de rires dansent sur nos vies sans faire peser le fardeau de l'âge. Nous restons jeunes, nous pourrions dire, encore et toujours, dans la fleur comme dans la force de l'âge ! Si nous prenons de l'âge ingrat, c'est toujours de l'âge tendre, c'est à jamais de l'âge d'or.

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Lettre pour nos tendres assauts : En force 1/3

Publié le par modimodi

CDC 57

Force majeure

Ma douce amie, au début, je croyais que je n'écrivais que pour moi, pour le plaisir étonnant des mots, pour exprimer la multitude incontrôlée de mes sensations, dénouer mes idées de leurs imprécisions, confier mes sentiments à cette confiante page blanche et donner vie au dialogue interne entre mon esprit et mon cœur.

Je pensais que composer m'apportait une densité et un équilibre, comme le funambule sur le fil de la plume. Tout en grâce et légèreté mais à la force du poignet ! A présent, je sais que j'écris aussi pour toi. Et même si tu me trouves trop sérieux dans cet exercice jugé pontifiant, je veux te prouver ici que je suis bien ton captif dans l'empire de tes sens !

Je vais encore te parler d'amour de ma voix mélodieuse et te faire mes yeux doux. Laisse-toi lentement t'enchanter. Mes doigts qui se nouent aux tiens tissent la tendresse avec la force des fils de soie. Mes mots ont la force d'un vin qui enivre. Nulle dysharmonie, je suis à l'encontre de toi comme l'ombre dans le tableau. Tu peux t'abandonner, les yeux mi-clos, je me glisserai dans le demi-jour.

Ma douce amie, ici-bas, chacun choisit son mode d'approche et cherche à en doser l'intensité. Tu le sais mieux que moi ! La relation que nous portons aux événements ou aux individus dépend bien souvent de nos intentions personnelles. Prendre connaissance d'une situation, aborder quelqu'un, réaliser une tâche, etc., nécessitent en permanence d'ajuster nos actes à la situation. Rien n'est constant, ni figé.

Entre les rubans de tes bras, comment pourrais-je jouer les gros bras ! Non ! Me glisser avec bonheur et en langueur, en puissance contenue comme en finesse délicate sont chez moi quelques différences d'approches chaque fois que je me blottis contre toi. Ma force n'est pas uniquement physique, elle est de caractère, de grandeur d'âme et de noblesse de cœur comme peut-être d'éloquence. Nulle impression d'y être obligé, aucun besoin de me forcer car ta finesse, ta gentillesse et ta grâce sont tes vertus et mes exemples à suivre...Tu m'offres le paradoxe de donner de l'intensité à mon existence par ta simple douceur de vivre.

D'ailleurs, en général, personne n'aime la contrainte. Quand la nécessité s'impose par la force des choses, l'inéluctable est rarement apprécié. L'absence de choix ou de liberté d'action est plutôt vécue comme une atteinte personnelle et un obstacle au droit d'indépendance.

C'est ainsi et tu le sais, dans les cas extrêmes de force majeure, nous n'avons pas la possibilité de faire autrement. Dans ces inévitables situations, si les causes comme les conséquences varient de l'une à l'autre, elles ont pourtant un point commun, celui d'ôter la responsabilité humaine. Un tremblement de terre, un raz-de-marée, un cas imprévisible nous libèrent ainsi de nos obligations. Sauve qui peut !

D'ailleurs au risque de t'interloquer, je m'interroge. L'amour passionné que je te porte n'est-il pas lui-même, un cas de force majeure ? Souviens-t-en ! J'ai frémi à ta vue puis tremblé de peur de te perdre. J'ai été emporté par toi, submergé par l'émotion, noyé dans la houle argentée de ton regard marine. Je n'y étais pas préparé. J'ai sombré, je suis un rescapé.

Ce fut soudain et brutal, semblable à l'expression du coup de tonnerre dans un ciel serein. J'éprouve encore la sensation contrastée de sa douceur ouatée et de l'intensité de la déflagration. Tu es venue à moi, délicate et violente à la fois ! J'ai vibré, j'ai fondu dans l'alliage secret des éclairs et des couleurs de l'arc-en-ciel de tes yeux. Je fais partie de toi comme l'oiseau à la brise avant le vent d'orage. Je suis noué à toi, tu m'as graduellement serré dans les nœuds de l'amour, je suis enrubanné d'une écharpe d'iris.

Évidemment des questions se bousculent. Suis-je seul responsable de cette surprise fortuite ? Est-ce un bienfait du destin ou une catastrophe naturelle ? En cas de dommages futurs entre nous, pourrai-je invoquer la clause accidentelle du cas de force majeure ? Sous le coup de quelle puissance suprême, suis-je tombé ? Fait-elle force de loi ? Si je suis forcément impliqué, suis-je à jamais engagé au point d'aliéner définitivement ma liberté ?

Donne-moi de l'assurance avant notre prochain assaut d'amour !

 

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Lettres au cœur de l'arc-en-ciel 5/5

Publié le par modimodi

 BAL  CONF

Lettre d'espérance - Vert

Ce matin, amour, ma plume se fait solennelle. Elle veut célébrer ta grandeur ! Elle fait ses révérences à ta splendeur et à ton port royal. Alors, seul le « vous » de majesté peut se hisser à la hauteur de la beauté.

Ô mon amour, sur l'écorce de mon cœur, comme un lierre entrelacé, vous vous êtes lentement glissée. Vous l'enserrez avec douceur, en déroulant une guirlande de pensées et des bouquets de mots. Vos feuilles en étoile l'imprègnent de vert tendre. Mon paradis végétal scintille dans les parfums suaves des roses chèvrefeuilles.

A moins de nous arracher, nous sommes inséparables. Nous nous appartenons mutuellement. Nos essences se confondent et nos couleurs fusionnent leurs pigments. Sous les caresses du soleil, chacun se donne à l'autre dans une étreinte osmotique de baisers à la chlorophylle. Nous vibrons dans l'air et voulons ensemble conquérir la lumière.  

Vert, est notre couleur, notre pulsation, magnétique, notre langueur d'onde… de vie et d'espoir. Vert est le vent chargé des souffles du printemps et le vert éclatant de l'arbre de la vie.

Vert, le frais rameau de votre insouciante jeunesse. Verte, sa première branche, irriguée d'ardente sève printanière. Vert, le galet moussu, caressé et frémissant au clair ruisseau de votre tendresse. Vert, le rocher couvert de fougères, luisant de perles jaillissantes du torrent de vos yeux, quand l'amour est saison d'hiver.

Verts, vos rires de diabolo-menthe et votre frimousse en pâte d'amande. Verte, la soie de votre robe tournoyant dans la ronde des jours. Verts, vos cheveux de fée dansant au clair de lune.

Verte, la pierre de chrysoprase, chakra de votre cœur ouvert, couleur de vos espoirs aux teintes du bonheur. Vert, l'anneau magique de topaze, gravé d'un soleil flamboyant, glissé au doigt de votre Chance.

Vert, le bonheur qui danse dans l'imagination naissante de l'artiste. Vert, le vert Véronèse, l'enchantement au clair des yeux du peintre, enluminant sa palette, d'herbe bleue et de ciel vert, moussant d'oiseaux, volant vers vous.

Vert, la bouteille à l'encre renversée, dans les chemins perdus de la forêt de mes pensées écrues. Vert, le bois tendre des rimes embrassées dans lequel, en poète amoureux et ému, je taille mes premiers vers. Verte, l'ondine, la magicienne, la muse, ma muse, l'absinthe de mes mots pour Verlaine attablé avec sa mélancolie, dans le café Procope.

Vert, le U rimbaldien de « l'alchimie du verbe ». Vert, le lointain paradis de Ch. Baudelaire pour vous "ma triste et vagabonde". Verte, la cabriole dans "le vert paradis des amours enfantines" et plein "de souris vertes qui couraient dans l'herbe"…  Vert, ce murmure plaintif : Ô mon rêve sublime, pour vous mon cœur soupire. "Comme vous êtes loin, paradis parfumé !"

Vertes et noires, et blanches et rouges et bleues et violettes, les voyelles d'azur de vos yeux pour me permettre de supporter, loin de vous, "une saison en enfer". Verts, vos regards qui filtrent la lumière à la rosace de mon âme.

Vert, le tapis de la providence sur lequel nous roulons au hasard, l'un vers l'autre. Vert, le brin d'herbe qui frémit quand votre cœur soupire. Verte, la mousse du chemin qui tapisse le nid ou l'oiseau bleu attend l'oiseau du paradis, dans lequel, moi aussi, patient, je vous attends.

Verte, l'amande de vos yeux crachant le charme de leur feu. Vert, votre mystérieux pouvoir alchimique de salamandre qui me fait vivre aux creux des flammes, sans jamais me consumer. 

Vert, le bronze antique drapant de sa patine la gloire des statues. Verts, les lauriers promis à votre front pur de déesse. Verts, le jade et les agates, l'émeraude et les saphirs, les turquoises et les opales, féeriques pierres précieuses taillées pour votre diadème de royauté céleste.

Vert, le fruit de l'amour et de ses vertiges. Verte, la tige qui ouvre sa corolle et vous offre sa rose à peine éclose, comme mon cœur déploie lentement son amour. 

Vert, le fruit mordu ce matin, à vos lèvres. Vert, le vin bourru de nos jeunes ivresses. Verts, le lied et les pièges des lettres et des sons du verbe poétique offert à vos silences.

Verte, ma langue ! Verts, les mots crus de ma vie de barbouilleur de pages blanches. Verts les termes employés, trop souvent écorchés aux éclats de verre de ma grammaire ébréchée et de mon vocabulaire morcelé.  Verdâtre mon talent, exsangue, blême et livide le visage dévasté de ma passion d'écrire.

Bleu-vert, le chant de la mer à l'oreille des vagues. Verts, les chuchotis délicats de l'océan dans l'arc-en-ciel et les alizés d'outremer. Vert, le collier d'algues au cou d'or des sirènes. Vert, l'infini de vos appels du fond des eaux aigues-marines.

Vert le bourgeon du renouveau, de la fleur dans le fruit. Vert, l'alphabet de la nature qui s'effeuille dans un murmure. Verte, l'ombre complice de l'olivier. Vert, son espace pour notre espoir jamais vaincu.

Verts, les soleils cuivrés de l'horizon en flammes aux derniers feux du crépuscule, quand vous m'ouvrez les bras.

Vert, mon rayon vert qui accomplit mon vœu.

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Lettre impatiente 2/2

Publié le par modimodi

 BAL CONF

Le diable au corps

Ma déesse, ma vestale, gardienne du feu au foyer de l'innocence et de l'amour, quel temple fréquentes-tu ? Dans l'enfer de mes sens, quelle chimère enfourches-tu ? L'idéal de ta beauté est-elle une utopie pour me faire divaguer et exalter mon sens romanesque ? La folle du logis chevauche-t-elle ma raison pour la débrider ?

Dans la pyrotechnie de cet amour, tu me retiens sur les tisons pour faire grésiller la mèche de ma lucidité sensible. Ma pensée crépite des feux de tes artifices. Tu dérègles mes sens, j'explose en gerbes et cascades de lumières, je défaille à ta vue. Ô Vesta ! Tu m'as foudroyé et ensorcelé.

Je te rêve et tu m'éveilles. Je te veux à moi dans le tumulte de mes pulsions. Vénus a-t-elle ta splendeur et les grâces de ton harmonie ? Je divague dans les fantasmes de la concupiscence. Tu les fécondes de tes charmes. Tu brilles comme des escarboucles. Je me consume doucement dans la splendeur de leurs scintillants éclats. Tu es somptueusement féerique ! Je te voue un culte solaire.

Je n'en peux plus de te contempler, de tendre et de t'attendre. Avide de toi, je ne suis plus que la dérisoire convoitise de ma libido surchauffée. Je maîtrise mal physiquement mes accès d’excitation comme mes excès frénétiques. Tu me presses, je m'agite, mes envies me débordent. Mais toi, tu te dérobes en soufflant le chaud et le froid des frissons.

Je me disperse à corps perdu, en sursauts ardents et ridicules. Je me répands en vaines promesses enflammées que tu attises du simple souffle d'un soupir. Mais toi seule est torride et viens brûler mes yeux ! Tu flambes et je me consume à chaque page, en feuilletant tes caprices.

Tu es un livre ouvert mais je ne sais pas lire dans ton jeu. Le trouble sensuel de déchiffrer tes codes charnels m'exalte en incessantes poussées de fièvre. Plus rien ne me retient. Ma vue s'altère et brouille les lignes. Tu es indéchiffrable, je me perds dans tes équivoques. Les lettres du désir dansent la valse endiablée de la tentation. Elles crépitent d'étincelles. Mes envies sont sans mesure et l'incendie qui me dévore est sans limite. Je suis dévasté du feu sacré d'amour. A bout de patience et de résistance, j'explose d'élans et d'émotions !

Tu m'a mis le diable au corps. Je me distends et me disloque en pensées telluriques. Mon encrier est un volcan. La terre aride et craquelée de mon imagination érotique tremble et vomit ses tourments de pensées pâteuses, visqueuses et brûlantes. Des transes d'élans impétueux et impatients hystérisent mes élans de plus en plus furieux.

Dans cette escalade voluptueuse et ce délire inassouvi, mon écriture flamboie. Mes pleins se délient. Je suis intarissable de flots incohérents d'appels et de longs cris d'ivresse. La pointe de ma plume rougeoie au creux des braises et s'insinue dans les sillons des désirs pour y tracer en lettres incandescentes, les tables de la Loi d'amour. Mes mots brûlants de fièvre et de feu viennent se graver en mes pages, en ton cœur, aux feuillets de ton corps. Mon verbe s'est fait chair. Ton buisson est ardent. Je m'embrase.

Mes mains fébriles dessinent sur ton corps des arabesques de caresses. De mon doigt, je t'effleure à peine, page à page. Tu frémis à chaque passage. Tu m'enchantes et me grises. Ta peau chante de plaisirs sa partition en lettres d'or. Nous fusionnons nos voix et nos ardeurs. L'amour est à l'envol et à l'ivresse. Dans une exultation sublime, nous rayonnons fervents !

Nous avons perdu le temps dans l'éternité. Nos émois sont des tourbillons qui nous emportent trépidants dans les ondes de nos désirs. Ils déferlent, nous submergent et me renversent. Je naufrage dans la houle de tes hanches. Tu m'engloutis dans ton triangle des Bermudes et tu te vaporises dans une sensuelle extase. Nous convulsons et jouissons.

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Lettre impatiente 1/2

Publié le par modimodi

 BAL CONF

Chaud bouillant

Ma douce amie, je m'échauffe sûrement la bile ! Mais je n'aime pas les êtres froids comme le marbre au fond des veines, les individus tièdes comme des plats mal réchauffés, les manchots et les banquisards glacés, à l'esprit givré ! Ainsi sont pourtant les austères, les mollasses et les cons gelés qui m'entourent. Même si je tente de les fuir, je ne peux leur échapper !

Vivre avec les autres, c'est être obligé de les côtoyer pour mettre nos cinq sens à l'épreuve permanente du sens commun ! Toi et moi, nous devons vivre ainsi à double-sens et nous accommoder du bon comme du mauvais.

Je cherche à me protéger autant qu'à nous protéger de nos congénères. Car tu le sais, toi qui me connais bien, que je suis tout, sauf froid, tiède ou glacial. J'ai de l'allant et je suis vif. J'aime quand l'activité est intense et trépidante. Il ne faut pas me repasser les plats, sinon je mets les deux pieds dedans.

Au service collectif de mes concitoyens, je progresse vers eux en leur criant : "Chaud devant !" Je me fraye un passage au milieu des hésitants qui piétinent dans leurs décisions et des repus de la vie qui ont les pieds sous la table ! Ils ignorent que l'existence est trop courte pour perdre leur temps dans la tiédeur d'un bouillon d'onze heures qui les refroidira avant qu'ils aient le temps de goûter aux promesses du menu.

C'est ainsi, dis-je à mes amis ! Que vous soyez gourmets ou gourmands des plaisirs faciles, dans l'existence, ça passe ou ça casse, les œufs comme les pattes au canard ! Alors ! Vivez à train d'enfer et soyez tout feu, tout flamme. Ne laissez jamais refroidir la marmite du diable qui fait bouillir pour vous, l'eau des boudins et des nouilles. Mieux vaut vous brûler la langue que de vous la mordre !"

Tant pis si certains nous reprochent de bouillonner d'impatience devant ceux qui coincent la bulle ! Ceux-là mijotent dans le jus de leur médiocrité auto-satisfaite et dans le brouet froid de leur maigre volonté ! Tant mieux, si nous sommes bouillants et craint des durs à cuire ! Mettons-les sur les charbons ardents des opportunités, jetons-les sur le gril des urgences salutaires !

Moi, je suis ma douce aux yeux de braise, intimement à ton service. Je progresse vers ton cœur et ton corps, je m'insinue en ta tête, en criant : "Chaud bouillant !" Oui ! Je suis euphorique et fougueux, sur les brandons rougeoyants de désirs ! Je te donne mille baisers impatients de mes lèvres brûlantes. Je suis physique autant que   cérébral. Dans mon esprit bouillonnant, tous mes neurones sont en surchauffe.

Je t'y prépare un bouillon de culture à déguster grands yeux ouverts. Oui amour ! Je suis passionné de littérature et de toi ! Nous apprenons d'une même langue à épeler les mots, à faire des liaisons, à vocaliser nos joies d'apprendre le vocabulaire érudit de l'amour. Nous partageons le même souffle et le même besoin d'éloquence. Je suis épris de ton style, de ses formes, de la sémantique de ta séduction. Je suis linguiste en paradigmes amoureux. Je suis enlumineur des lettres entrelacées en nos corps déliés.

Nous sommes tous deux, fascinés et plongés dans la variété et les nuances des expressions d'amour. Je voudrais savourer, en lascives langueurs, l'étrange volupté et le mystère de ton intimité. Je suis en divination secrète avec toi. J'en entrevois les jouissances et l'extase. J'entre en pieuse adoration.

 

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Lettre aux pécheresses et aux pécheurs - Les 7 péchés capitaux 1/6

Publié le par modimodi

BAL CDC

Cadeau empoisonné

La religion attire l'Homme et lui pose des questions existentielles. L'entendez-vous ? Percevez-vous dans cette interpellation, ses doutes et ses aspirations ? 

Amis de l'art, sûrement, connaissez-vous, l’œuvre de Jérôme Bosch et son tableau, visible au très catholique musée du Prado : "Les Sept Péchés capitaux et les Quatre Dernières Étapes Humaines."

Sans doute, dans sa contemplation, avez-vous été frappés par la roue des 7 péchés, avec en son moyeu céleste, Dieu en personne ! Le voir ainsi, émerger du tombeau et lire l'inscription latine : "Cave Cave Deus Videt" (Attention, Attention, Dieu vous voit) laisse un sentiment d'étrange. 

Désarçonné, un pauvre humain soupire en murmurant : "Je me savais l'enfant de mes adorables parents et le fils présumé de Dieu, mais je ne me savais pas aussi, être le frère de Big Brother, l'agent secret au service de sa Majesté Céleste. Voltaire avait raison, Dieu qui est partout et nulle part, n'est qu'un gendarme mobile, l'Oudjat de ma conscience ! Il m'a à l’œil ! Je suis dans son colli-mateur !"

Dans ce chef-d'œuvre de la Renaissance, Dieu, point central au milieu du cercle du monde, fait la roue. Est-ce pour cette raison, qu'à son image, je tourne moi-aussi, en rond avec mes semblables ? Ne sommes-nous que de pauvres pécheurs promis à la "Mort", au "Jugement dernier", à "l'Enfer" et enfin, à la "Gloire" ?... Oui ! Mais si l'on en croit la parousie, seulement, à la fin des temps ! Autant dire jamais !

En route belle troupe, tous avec moi, sur le chemin de la foi ! Prenez votre baluchon, déjà empli pour l'au-delà, des sept péchés capitaux : la Colère, l'Envie, l'Avarice, la Gourmandise, la Paresse, la Luxure et l’Orgueil !... Autant dire, mes amis, de tous les plaisirs de ma vie : frissons, délectations, jouissance et volupté dans l'affolement de mes cinq sens !

Pourquoi, Dieu de justice et de miséricorde, m'avoir ainsi placé, au comble de la misère ? Pourquoi m'avoir, en plus con-damné et déprécié, pour l'éternité, par ces terribles et menaçantes citations de la peinture, tirées du Deutéronome (32:28-29) : "Car c'est une nation dépourvue de jugement, et il n'y a en eux aucune intelligence." "Oh ! S'ils étaient sages ! Ils considéreraient ceci, ils réfléchiraient à ce qui leur arrivera à la fin."

Victime de cet anathème et de cette menace, me voici, devant Vous, Principe Universel, Omnipotent, moi, votre tout petit, faible, insignifiant, médiocre, méprisable et pauvre d'esprit ! Moi, humain dérisoire, ridicule, minable créature, abandonné à mon triste sort, résigné jusqu'à la fin de ma vie terrestre, voué comme un pauvre pécheur, aux gémonies chthoniennes et célestes, angéliques et démoniaques !

Ecce Homo ! Je me dis ce que peut-être, vous vous dites, vous-mêmes ! Ô Seigneur, me voilà, dans l'éblouissante lumière de votre gloire, condamné à errer comme une ombre, promis au séjour des ombres, au repos éternel, près des sombres rivages. Pourquoi, dois-je expier les fautes que je n'ai pas commises ? Grand merci de vous intéresser à moi mais ai-je mérité la peine du sens ? Pourquoi ce cadeau empoisonné ? Suis-je maudit, pour tous mes mots dits ? Pour ma défense, aurais-je droit à l'avocat du diable ?"

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Lettre aux amants - Frissons et murmures

Publié le par modimodi

BAL CDC

Jeunes amants, amoureux toujours fidèles, couples au long cours, mes amis de cœur, allons ! Un peu de poésie ! Laissons passer la nostalgie des automnes et des hivers !

Nous sommes des passagers des saisons et de la vie ! Trinquons ensemble à la rosée, à la santé des immortelles beautés, en leurs colliers de nuages et de brises aux perles bleutées.

Oh ! Bien évidemment, nous avons encore et toujours nos limites, celles du temps qui passe et des instants enfuis. Les coupures de la joie et la déchirure des plaisirs sont nos petites blessures de la vie.

Mais, vous mes amis, mes petits mousses embarqués sur la goélette de Cythère, s'il vient à monter en vous des chants de grève et de jetée, si vous vous sentez amers et la vague à l'âme, n'ayez ni crève-cœur ni état d'âme, sinon l'âme dans tous ses états. Aimez même s'il ne devait rien rester après l'usure.

Entre présent et avenir, jouons-nous avec le temps ou le temps se joue-t-il de nous ? L'infini, ce mot magique, n'est-il pas une limite de nos conceptions soumises à la tyrannie de notre passé infiniment borné ?

Nous ne le devrions pas mais nous en mesurons toujours la distance, de peur de nous approcher trop près de l'évidente vérité. Oui ! Nous sommes de simples passants parmi la foule des innombrables marcheurs engagés sur la route du Destin... Mais déjà, demain mousse de feuilles et de murmures. Le printemps frissonne à peine !

Ensourçons-nous, amis, dans la matrice foudroyante d'un bourgeon avant que le froid nu de l'hiver ne s'enracine dans le sol de nos os. Avant la grande traversée, gardons les yeux ouverts et le cœur au hublot.

Marchons le nez dans les étoiles ! Confondons les saisons, les herbes et les pailles. L'été reviendra vite. Déjà, il murmure dans le frisson des cieux.

Moi, j'habite les creux de mon cerveau. J'ai déjà des orages sous la peau. Le cri impatient des goélands m'appelle. Les griffes du premier soleil m'envahissent comme du chiendent. A la fin de l'hiver, ma vie est un étang pour Ophélie, éternelle endormie. Mais à la belle saison du renouveau, je sais qu'il est l'heure de sortir de l'eau et d'ondoyer dans l'eau vive. Il n'y a pas de rêves à ma mesure et pas de mer suffisamment immense pour propager les ondes de l'amour.

Ô ma douce, ma belle, mon amante, tout me menace et me ravit : cette ombre livrée au cirque de mon œil, ces songes déposés dans le berceau de votre épaule, un rayon dans l'eau trouble, une tache de sang dans le feuillage, un fleuve à naître, le soleil d'encre des révoltes, votre chevelure de fougères, vos yeux auréolés d'aurores boréales, l'écrin tissé de notre propre chair, vos mains de nuit sur mes paupières, ce don de pluie en vos larmes silex frottant des étincelles aux pierres du matin. Vous êtes mon aube d'été rimbaldienne.

Il nous faut remonter en nous, comme si c'était une coulée de sève jaillissante. Nous sommes deux bois d'amour aux initiales gravées et entrelacées. En nos cœurs, nous avons la liberté de sculpter, l'espace de nos mémoires ressuscitées. Mais en amour, quand on a dit "toujours", on ne peut plus dire "encore". Je me languis de vous, je patiente ma sublime. Vous vous tenez incarnée dans l'été de mes brûlants désirs. Je redoute l'automne et la rouille des premiers engourdissements du cœur.

En attendant nos retrouvailles, il nous reste à rêver d'un lendemain ou d'un hier perdu dans le puits de la terre et nous nourrir du feu entré à l'aube dans la chambre.

Celui qui déjà brûle et se consume ne peut s'approcher du brasier. Le premier souffle qui passe si près, trop près, l'attise et l'emporte au loin. Ainsi jamais au vent, je ne confie ma peine car les sources tarissent dans les cœurs foudroyés.

Si mes regrets sont des souhaits à l'envers vidés comme des sureaux, mes espoirs et mes attentes sont des grappes d'or, des genêts du champ d'azur et des jonquilles du soleil. Je vous les offre !

 

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