Lettre parfumée-Anthologie amoureuse 1/2
BAL CDC
Pour leur dire avec des fleurs
Malherbe versifiait ainsi, sa "Prière pour le roi Henri le grand allant en Limozin" : "Et les fruits passeront la promesse des fleurs."
Il me suffit ô poète, de la promesse de Floréal !
Nos vies ne sauraient se passer de fleurs, de leurs parfums, de leurs couleurs. Fêtes, événements, sentiments, liesse, tristesse, exaltation... Disons-le toujours avec des fleurs, qu'elles soient de Dame Nature ou bien de rhétorique !
Suspendus à leurs lèvres, buvant à leurs calices, les capiteux nectars, parfumons nos jours et embaumons nos nuits. En bouquets et couronnes, en gerbes ou guirlandes, au rythme des saisons, cueillons et fleurissons nos cœurs et nos maisons, nos vies et nos balcons, pensées et imagination !
En toutes circonstances, parlons un seul langage, le langage des fleurs. Amis, faisons florès ! Si l'amour nous accorde ses floralies, donnons, à notre tour, la fine fleur de nos mots et colorons nos déclarations d'amour, de leurs fleurs symboliques.
En toutes circonstances, au gré des événements, grisons-nous de leurs effluves suaves et sucrés, enivrons-nous de leurs odeurs exhalant l'amour et l'innocence. Cueillons-les, au matin de la vie, avant que nos sens s'affadissent ou qu'elles-mêmes ne fanent et ne dessèchent. Et, le cœur mis à nu, effeuillons ces belles fleurs offertes.
Emportés par leurs charmes, louangeons leur éclat. Soyons à notre tour, éblouissants et flamboyants, que notre style soit élégant et florissant, émaillé d'exaltation ou de regrets.
Tant de fleurs s'offrent à nous pour exprimer nos élans, crier ou murmurer puis tomber à genoux, le cœur au bord des lèvres !
Amis, dédiez pêle-mêle, au gré des émotions et du bonheur d'aimer, de l'infortune ou des tourments d'écrire, vos fleuris billets doux sur du papier à fleurs :
"Ma piquante Églantine, ô mon rosier sauvage, ma petite rose des haies, pourquoi m'égratignez-vous le cœur ? Les ronces m'ont déjà fait la peau et mis les nerfs à fleur. Cessez de me traiter comme un chien enragé, de me piquer au vif, comme un vulgaire gratte-cul de basse-fosse."
"Savez-vous, ma pudique et discrète, que dans ce voyage, de Toulouse à Parme, vous occupiez déjà toutes mes pensées ? Modeste Violette, fêtée à la Sainte Fleur, ma timide et charmante, c'est moi votre fleur bleue. Laissez-moi aux arrêts et gardons en nos cœurs, notre amour au secret."
"Mon bel Iris, vous qui m'avez tapé dans l'œil, foudroyé et aveuglé, offrez-moi plutôt votre fleur d'arc-en-ciel et faites-m’en voir de toutes les couleurs. Que mes mots doux enluminent la palette de vos regards."
"Mon lys blanc royal et sacré, symbole de mon ardeur, mon iris aux yeux bleus, symbole de notre confiance, mon volubile lys, répandez la bonne nouvelle, annoncez aux âmes grises, le retour du beau temps."
"Marguerite, mon rayonnant cœur d'or, ma fleur épanouie au chaud soleil de juin et de juillet, mon effeuillée avec patience et passion, je vous aime à la folie, ma reine marguerite, ô mon astre étoilé."
"Belles de jour ou de nuit, pâles fleurs de bitume, pourquoi voulez-vous me faire tomber dans la gueule-de-loup ? Ne vous suffit-il pas de marcher sur mes plates-bandes et de m'avoir envoyé dans les bégonias et les géraniums ? Méfiez-vous qu'à mon tour, je vous envoie sur les roses, dindes, que vous êtes et quittez ce même air ou je vous pousse dans les orties !"