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Articles avec #empire des sens tag

Lettre parfumée-Anthologie amoureuse 1/2

Publié le par modimodi

BAL CDC
Pour leur dire avec des fleurs

Malherbe versifiait ainsi, sa "Prière pour le roi Henri le grand allant en Limozin" : "Et les fruits passeront la promesse des fleurs."

Il me suffit ô poète, de la promesse de Floréal !

Nos vies ne sauraient se passer de fleurs, de leurs parfums, de leurs couleurs. Fêtes, événements, sentiments, liesse, tristesse, exaltation... Disons-le toujours avec des fleurs, qu'elles soient de Dame Nature ou bien de rhétorique !

Suspendus à leurs lèvres, buvant à leurs calices, les capiteux nectars, parfumons nos jours et embaumons nos nuits. En bouquets et couronnes, en gerbes ou guirlandes, au rythme des saisons, cueillons et fleurissons nos cœurs et nos maisons, nos vies et nos balcons, pensées et imagination !

En toutes circonstances, parlons un seul langage, le langage des fleurs. Amis, faisons florès ! Si l'amour nous accorde ses floralies, donnons, à notre tour, la fine fleur de nos mots et colorons nos déclarations d'amour, de leurs fleurs symboliques.

En toutes circonstances, au gré des événements, grisons-nous de leurs effluves suaves et sucrés, enivrons-nous de leurs odeurs exhalant l'amour et l'innocence. Cueillons-les, au matin de la vie, avant que nos sens s'affadissent ou qu'elles-mêmes ne fanent et ne dessèchent. Et, le cœur mis à nu, effeuillons ces belles fleurs offertes.

Emportés par leurs charmes, louangeons leur éclat. Soyons à notre tour, éblouissants et flamboyants, que notre style soit élégant et florissant, émaillé d'exaltation ou de regrets.

Tant de fleurs s'offrent à nous pour exprimer nos élans, crier ou murmurer puis tomber à genoux, le cœur au bord des lèvres !

Amis, dédiez pêle-mêle, au gré des émotions et du bonheur d'aimer, de l'infortune ou des tourments d'écrire, vos fleuris billets doux sur du papier à fleurs :

"Ma piquante Églantine, ô mon rosier sauvage, ma petite rose des haies, pourquoi m'égratignez-vous le cœur ? Les ronces m'ont déjà fait la peau et mis les nerfs à fleur. Cessez de me traiter comme un chien enragé, de me piquer au vif, comme un vulgaire gratte-cul de basse-fosse."

"Savez-vous, ma pudique et discrète, que dans ce voyage, de Toulouse à Parme, vous occupiez déjà toutes mes pensées ? Modeste Violette, fêtée à la Sainte Fleur, ma timide et charmante, c'est moi votre fleur bleue. Laissez-moi aux arrêts et gardons en nos cœurs, notre amour au secret."

"Mon bel Iris, vous qui m'avez tapé dans l'œil, foudroyé et aveuglé, offrez-moi plutôt votre fleur d'arc-en-ciel et faites-m’en voir de toutes les couleurs. Que mes mots doux enluminent la palette de vos regards."

"Mon lys blanc royal et sacré, symbole de mon ardeur, mon iris aux yeux bleus, symbole de notre confiance, mon volubile lys, répandez la bonne nouvelle, annoncez aux âmes grises, le retour du beau temps."

"Marguerite, mon rayonnant cœur d'or, ma fleur épanouie au chaud soleil de juin et de juillet, mon effeuillée avec patience et passion, je vous aime à la folie, ma reine marguerite, ô mon astre étoilé."

"Belles de jour ou de nuit, pâles fleurs de bitume, pourquoi voulez-vous me faire tomber dans la gueule-de-loup ? Ne vous suffit-il pas de marcher sur mes plates-bandes et de m'avoir envoyé dans les bégonias et les géraniums ? Méfiez-vous qu'à mon tour, je vous envoie sur les roses, dindes, que vous êtes et quittez ce même air ou je vous pousse dans les orties !"

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Lettre aux sentimentaux et aux insensibles : Sens inverses 3/3

Publié le par modimodi

 CDC 8

Réel ou virtuel ?

Mes amis, entendre, c'est exercer le sens de l’ouïe, c'est mettre en jeu son intelligence. Entendre, c'est prêter attention et affirmer l'intention de sa volonté. Entendre, c'est comprendre la voie à prendre dans l’écho des murmures ou des hurlements, dans le souffle des voix, dans les craquements de notre conscience.

Voilà pourquoi, il est impossible de se comprendre vraiment mutuellement. Soi-même, on ne fait que se répéter en puisant inlassablement dans son intériorité, tandis que l'autre vous fait entendre jamais rien de pareil. Cet autre que vous croyez rencontrer est déjà au fond de vous ! Illusion du savoir et de la fausse impression comme de la perception ! Toute connaissance est une reconnaissance.

Quand par hasard, entre deux êtres, les pensées et les mots sont identiques, chacun crie au miracle de l'amour et croit comprendre l'autre. Illusions métaphoriques ! Le dialogue n'est qu'un monologue à deux ! Chacun ne comprend que lui-même dans la coïncidence avec l'autre. Il le comprendra un jour, souvent trop tard, en effilochant à regret ses tendres souvenirs.

Les amours virtuelles des idéalistes romantiques comme les échanges sur les réseaux sociaux sont, par nature hertzienne, des vibrations à distance d'eux-mêmes et de leurs interlocuteurs. L'inconnu et l'anonymat sont des refuges qui leur permettent d'exercer sans danger, leurs sens. Mais leur nature facétieuse ou trop naïve s'amuse parfois à le leur faire à l'envers ! Certains ne font plus la différence entre réel et virtuel, s'abusent eux-mêmes et finissent par y croire !

Spectacle affligeant et grand-guignolesque quand une âme éplorée se plaint de la méchanceté d'un internaute, qu'il ne connaît même pas ! Risible commentaire quand quelqu'un en arrive à ressentir le parfum dégagé par la photo d'une rose ! Abusés peut-être par le lointain souvenir de leurs amours épistolaires, les Facebookés et les Googlisés illustrent l'adage populaire de l'amour qui vous met au parfum !

Âmes en peine, en permanence sur votre écran, il vaudrait mieux ne pas répondre sur le champ et demeurer post, restantes ! Votre interlocuteur n'est qu'un leurre pour tromper votre solitude et vous faire croire que vous avez de vrais amis ! Gardez donc vos distances, hésitez à donner immédiatement la répartie aussi facilement que vous distribuez vos bisous à tous vents ! Dites donc ! Qu'est-ce que vous avez comme besoin de reconnaissance et comme manque d'affection !... Allons ! Ayez plutôt l'esprit de l'escalier que celui de l'escalade dans une quête effrénée de virtuels témoignages !

Le monter marche à marche ou le descendre quatre à quatre n'est qu'une question de rythme, de sens et de souplesse. Mais personne ne parvient à contorsionner son esprit ou son cœur pour les plier en sens inverse afin d'être dans le bon sens ! La conversion est souvent perçue comme un miracle !

Amis, soyez convaincus qu'il n'y a pas de sens contraire et que vous ne pouvez offenser le bon sens. Ceux qui en parlent le font souvent en rétrogrades, en dépit du bon sens, qu'il soit commun ou pratique, profond ou figuré. Le temps lui-même n'a qu'une sagesse. Quel que soit le sens dans lequel tournent les aiguilles de la montre, la course contre la vie passe toujours devant l'heure fatidique et s'arrête au cadran du destin, sur le bon chiffre.

C'est le sens de l'histoire, de la grande comme de notre petite qui s'éternise à compter les saisons et à s'effrayer des contretemps. Quand sentons-nous qu'il est l'heure ou qu'il est trop tard ? Serons-nous un jour prêts à affronter l'adversité des jours ? Le faut-il, d'ailleurs pour goûter dans la joie aux savoureux plaisirs de la vie ?

Le hasard a sans doute un sens qui reste caché à notre entendement. Nous cherchons vainement à lui en donner un, dans l'aléatoire du sujet pensant ou de la providence. Quand nous en ressortons découragés, nous avons encore un mot, le dernier : nous crions au non-sens !... Alors, nous avons à coup sûr, atteint le cul-de-sac et le trou noir de notre lucidité ! Nous ne savons pas répliquer. Nous sommes nous-mêmes, notre propre adversaire en échec de concordance de temps et de sens.

Il ne nous reste plus que le sens moral pour constater l'effondrement des valeurs et nous consoler de notre impuissance à surmonter notre ignorance. Il nous faudrait sans cesse entrer en résistance contre nos croyances et combattre la facilité des opinions répandues. Aller à la rencontre de l'amour exigerait de savoir aller à l'encontre de soi-même.

Aimer exige des amants de savoir exercer, non pas la taquinerie des petits anicroches-cœur mais de pouvoir exprimer leurs sens créateurs. Si on n'invente rien dans l'amour, on ne copie pas non plus. Chacun développe son originalité sensible, sa singularité émotionnelle.

Vous avez sûrement fait votre devoir quand l'autre ne retrouve plus l'usage de ses sens et juge vos témoignages insensés dans l'abondance des plaisirs que vous lui offrez. Sur la route du bonheur, tout vous est permis sauf la panne des sens !

Vivre, c'est assurément, se laisser surprendre pour laisser l'amour vous toucher le corps, le cœur et l'âme.

 

 

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Lettre aux sentimentaux et aux insensibles : Sens inverses 2/3

Publié le par modimodi

 CDC 7

Cœur girouette !

Mes amis, en plus de nos cinq sens, peut-être que l'amour est le sixième sens !

Tout le bonheur ou tous les maux sont contenus dans ce mot de cinq lettres. Une fois qu'on le prononce, tous nos autres mots n'ont plus autant de sens ou moins de force. Plus rien n'est simple ni évident tant il trouble notre perception. 

Le son des mots n'est pas palpable ! Nous ne saisissons et n'entendons que ce qui nous convient, sur l'instant. Nous nous jouons nos propres tours. Ce ne sont pas nos sens qui nous abusent, c'est nous qui nous abusons. A tel point qu'on peut se demander si l'amour et la raison sont contenus dans la même conscience.

Dans les échanges amoureux, dans les fascinations muettes entre tendres regards comme dans les dialogues, il n'est aucun de nos ,sens qui ne soit alors à double sens. Car l'autre en face à face est déjà physiquement à l'envers de vous. De plus, ce qu'il entend et perçoit de vous est équivoque dès qu'il passe le filtre de son expérience. Ce qui s'est imprimé en lui en bons ou mauvais souvenirs vient influencer et colorer immédiatement ses sensations. La mémoire du cœur est toujours la plus prompte à réagir.

Chercher le bon sens est donc inutile ! En amour, chacun a raison : celle que l'autre a perdue !... Il n'y a pas d'erreur, il n'y a que de mauvaises interprétations. Quand vous le constatez, dites-vous que vos sens vous ont égarés et vous l'ont fait, comme on dit, à l'envers ! Vous êtes seuls responsables !

Au risque de vous choquer, mes amis, j'affirme que, dans les vis-à-vis les plus attendrissants, il n'y a de symétrie que dans les oppositions posturales. Chacun est pour l'autre en réciprocité mais la ressemblance des sourires exprime déjà d'imperceptibles divergences. Ce qu'on croit compatible, un jour, vous rend inconciliables plus tard... Un cœur girouette peut bien perdre le Nord au vent des amourettes. Le coq du clocher coquerique toujours, plumes au vent !

L'amour est absence de sens. Seules nos sensations ont le sens de l'exprimable. Car nous donnons aux mots un pouvoir qu'ils n'ont pas, un sens qu'ils n'ont pas. Pour nous rassurer, nous leur prêtons un sens, trop souvent unique. Nous leur donnons la signification qui nous rassure. Nous accrochons ainsi notre raison aux apparences. Ce que nous pensions être un sens premier est un sens figuré.

D'ailleurs, chacun croit d'instinct avoir le bon sens inné et pouvoir donner ainsi le sens juste à ce qu'il perçoit ou éprouve... Quand vous croyez posséder le pouvoir de donner la signification exacte, au sens large du terme, l'exercice du sens critique devient un art suprême que ne trouble même pas, le sens consommé du ridicule.

L'amour ne nous laisse aucun répit. Il nous interpelle dans tous nos sens. Il réveille nos instincts, éveille notre intuition. Sans un bruit, sans un son, il frappe à la porte de notre cœur, il tambourine, il s'imprime en notre chair, nous fait frémir et rougir. Il brouille notre esprit, parle à notre conscience, trouble notre lucidité, électrise notre sensualité. Il voile notre entendement et déchire le ciel serein des évidences, d'éclairs de déraison.

Nous pouvons chercher à le fuir. En vain ! Nulle direction où il n'exerce pas impérieusement ses sens. Il contrarie nos humeurs et les met en mouvements. Il renverse nos a priori, désarçonne nos convictions, nous fait chuter en tombant sous le sens.

Pas un endroit vide de notre existence où ne subsisterait pas la plus petite parcelle de sens, même pour ceux qui pensent que la vie n'a aucun sens ! D'ailleurs, ceux-là rebroussent chemin mais finissent par se retrouver à leur point de départ après avoir tourné en rond et en eux-mêmes.

La conviction d'opinion est ainsi !... Un enfermement à sens giratoire et unique, tandis que la contradiction n'est que la prise d'un sens inverse, estimé exclusif et unique par ceux qui vous refusent la priorité... De fait, certains chicaneurs se complaisent à donner de la voix. Ils se perdent pour finir sur la voie de la raison, constatant qu'ils ne parlent qu'à des sourds, gambadant, écouteurs sur l'oreille.

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Lettre aux sentimentaux et aux insensibles : Sens inverses 1/3

Publié le par modimodi

 

 CDC 6

Cœur de pierre !

Ah ! Mes amis, jusqu'où peut-aller l'esprit de contradiction ! Je connais des êtres qui ont perdu le sens commun, les cinq sens courants, devrais-je dire !

Ce sont des personnes complexes, expertes en confusions sensorielles et sémantiques de toutes sortes ! Jugez plutôt !

Celui-là n'y voit goutte mais tout aveuglé d'amour, il l'aime ! Ça crève les yeux.

Il bafouille. Il n'a plus qu'une vue brouillée de son pauvre esprit ! il boit ses paroles comme on boit du petit lait ! Il la dévore des yeux et pour être mieux en vue, la noie sous un flot de mots onctueux et crémeux !

Trop, c'est trop ! Elle s'agace car il la tanne de ses assiduités débitées d'une seule traite ! Mais il ignore qu' elle est plutôt peau de vache et soupe au lait et qu'il est inutile de lui en mettre plein la vue. Oh ! Visiblement, elle n'y comprend goutte.

Elle le repousse aussi sec ! A la longue et à bout de patience éprouvée, il finit par lui sortir par les yeux. Elle n'a rien laissé voir, il n'a rien vu venir. Il peut aller se faire voir avec ses gros yeux doux et pleurer comme un veau ! Tant pis ! Manque de pot ! Plus de roses que des fleurs de mouron !

Ah ! Cette autre est bien différente : une petite et jolie fleur bleue, aux yeux iris, appelée Véronique. Il la ressent à fleur de peau. Mais il a beau l'avoir dans la peau, il en aura aussi peau de balle et chagrin !

Il a beau l'approcher avec tact, la frôler, l'effleurer et lui conter fleurette. Peine perdue ! Exalté, il ne touche plus terre mais elle l'évite puis le fuit. Il en pince pour elle, elle ne ressent rien pour lui ! Il a le cœur tendre, elle a la peau dure et le cœur dans les chardons et les ronces ! Il s'y écorche vif tandis que rien ne la touche ni ne l'atteint.

Il est pathétiquement attendrissant car il s'émeut à fonds perdus. Elle ne sera pas sa bonne fortune mais il ne ressent même pas venir la ruine de ses espoirs. Elle a mis dans le mille de son cœur mais il n'en tirera pas d'intérêt. Ses cadeaux répétés lui coûtent la peau des fesses mais elle ne se laissera pas toucher. Il ne réussira qu'à toucher le fond de son propre désespoir et y laisser sa fortune et sa peau blême.

Celui- là en toute innocence a timidement tendu l'oreille pour écouter battre son cœur... Mais entend-on battre un cœur de pierre ? Pour Pygmalion et Galathée, pour Auguste et Camille, Aphrodite a tous les pouvoirs pour enlacer les corps et sculpter les désirs dans l'offrande d'un Baiser... Qui sait ! Sont-ce les sens qui exaltent les sentiments ou les sentiments qui avivent les sens ? Qui peut entendre le cri du cœur dans la pierre froide qui se fend ?

Mes amis, vous en avez déjà tous fait l'apprentissage. L'amour vous retourne et vous met la tête à l'envers... Vous voilà, avec tous vos sens, désorientés, sens dessus dessous. Ah ! vous pourriez sûrement nous en conter du ravissement tactile de ces plaisirs pêlemêles quand les corps sont sans dessus ni dessous, sens devant derrière et vice-versa !

Oui ! L'amour à la page s'imprime recto verso ! Oh ! les divins instants des désordres amoureux quand tout s'oppose et se confond. La syntaxe des délices s'applique méthodiquement dans l'inversion des sujets et l'extase déploie sa puissance symphonique dans la gamme accordée des cinq sens affolés.

Admettons-le ! Il est indispensable d'aimer l'amour pour bien le faire comme inutile de faire le beau pour en apprécier la beauté. Entre force et faiblesses, chaque amant est tenu de faire ses preuves ! La tendresse et la jouissance se nuancent dans le creuset des synesthésies ! L'ivresse du poète se manifeste dans le dérèglement de tous les sens. Il faut être intensément vivant pour pouvoir mourir d'amour.

 

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Lettre aux mamans - La tétine 2/2

Publié le par modimodi

BAL CONF

Le petit ange

Avant d'aimer sein ou tétine, tous mes souvenirs de tendresse maternelle comme d'énigme de la vie sont rattachés par ce cordon ombilical.

Première embrasse, première attache, première amarre, premier lien, premier filin, premier nœud du problème, première chaîne jusqu'à l'heure épanouie de la délivrance...

Tirez sur la chevillette et là beau, binette cherra ! Déchirure des accords d'âge et prime dés-accordage, première coupure de la tresse, premier cri et premier stress. Expulsé du chaud confort maternel au froid de la réalité, bébé expérimente la quête et le racket d'amour. Chaud-froid de vols ! Aie ! En planant et en passant de mains en mains, de bras en bras, de baisers en bisous !

Mais maman le reprend, l'accole, le dorlote, le masse, le tripote, l'enlace, le bécote. Bises et risettes charnues et charnelles, corps à corps frôlés, serrés, caressés.

Maman est servie, bébé asservi. Elle accourt et s'empresse. Plus de repos, plus de répit pour son bébé cas d'homme, pour son bébé, colle, guette aux moindres signes : premier sourire, première larme, première mamelle, première prise en paume.

Première rougeur, première odeur. Maman répond du talc au talc et colle aux quintes sitôt qu'il tousse. Pipi, caca, popot ! Maman, papa espèrent un son ! Bébé ventriloque, bébé soliloque. Emmailloté, démailloté, maman colle loques de cet amour-colle au sale. Le chérubin est chair à bains car dans le temple maternel l'amour propre est une colle au net.

Première dépendance sociale, première passion pression, première tendre répression des plaisirs polissons du nourrisson. Amour sangsue pas sans succion ! Amour pansu pas sans sucette ! Ô Saint amour pas sans blanc sein. Amour entêtant pas sans tétée. Amour de tette pas sans téton. Amour têtu pas sans tétine ! Amour alléchant pas sans lait à lécher. Bébé allaité halète et baby imbibé babille.

Mimis sucrés, mamours guimauves, cœur de satin, cocon de soie, layette bleue et chaussons roses, bébé barbote dans sa barboteuse. Caprices, frissons, dentelles froissées, Petit Cœur est dans ses peluches et Mignonne dans ses fanfreluches.

Porté, léché, couvé, ventousé de baisers, le petit ange dans ses langes n'a plus le temps de sourire aux anges...

C'est ainsi que l'amour est colle au nid pour toute petite mère-veille, universelle et colle porteuse de toutes les Julie, pots de colle.

Pour que son oiseau, sa colombe devienne colonel, maman est la première maîtresse des colles maternelles qui prépare sans retenue sa bonne pâte d'amendes à l'école-matage future tout en chantonnant à son lutin buissonnier : L'École, chic dans les prés !...

A l'école de la vie, moi, j'ai conservé tous ces plaisirs de l'enfance. Bien sûr, bien après les pouces, les crayons suçotés, les têtes-à-têtes ont remplacé les tétines. Je m'adonne toujours aux plaisirs raffinés et délicats de fine bouche. Je n'avale ni n'enfourne. Je consomme modérément et je suçote mes sucettes plus que je ne suis pompette. Je ne biberonne pas et n'ai pas de prise de bec verseur.

Jolies mamans de par le monde, je préfère encore et toujours les bouche-à-bouche que veux-tu aux bouches à oreille et les bouches en cœur tendre aux bouches en cul de poule, serré. J'évite le pis pour le meilleur. Pour vous aussi, mes lecteurs, frères et sœurs de lait, je m'abreuve d'une seule traite à la mamelle de la littérature qui généreusement me met le mot à la bouche. L'écriture est ma voie lactée. Les phrases sont le poudroiement des étoiles et les sons, des comètes au sein de l'univers.

 

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Lettre aux mamans - La tétine 1/2

Publié le par modimodi

BAL CONF

Petites mères-veille, mes tendres amies de cœur, Je régresse probablement au stade oral mais il est un mot que j'ai plaisir à écrire comme à prononcer : la bouche !

Essayez par vous-mêmes ! Vos deux lèvres se tendent en un geste d'offrande ! Prêt à vous donner comme prêt à tout prendre !

Fermez les yeux ! Vous vous tendez, vos lèvres s'ouvrent comme une fleur rouge et rose. Elles entrent en contact avec d'autres lèvres aimées. Vous les pressez délicatement. Votre amour se donne dans un baiser parfumé tandis que le plaisir vous fait doucement venir l'eau à la bouche.

Souvenez-vous ! Vous êtes en cet instant enchanteur, une amoureuse pudique et timide. Il vous murmure un aveu dans le cou et ses lèvres remuent à peine, déposant la caresse fraîche et humide du désir retenu. Vous posez alors en rougissant un doigt sur ses lèvres. Mais le cœur au bord des lèvres, il ose vous dérober un second baiser. Vous frémissez ensemble. Vos lèvres gourmandes se font ardentes. Vous vous mordez les lèvres. Vous êtes tout près de prendre langue...

Du plus loin qu'il m'en souvienne, mes lèvres ont toujours été une source de délices... J'évoque aussitôt les plaisirs de la succion. Sein de maman, tétine de biberon et de sevrage, pouce de substitution, j'ai toujours aimé boire de toutes mes lèvres, jamais du bout, en réticence. Par elles, j'ai toujours été suspendu aux joies de la délectation.

J'ai sucé le lait maternel comme les dieux de l'Olympe suçaient le nectar et l'ambroisie. J'en ai conservé la force et la douceur. Rabelaisien autant par le corps que par l'esprit, j'ai aspiré les sucs de la science et des connaissances. "C'est pourquoi faut-il ouvrir le livre et soigneusement peser ce qui est déduict. ... Puis, par curieuse leçon et méditation fréquente, rompre l'os, et sugser la substantifique moelle..." (Prologue de Gargantua). L'écho-graphie ! La mise à nu intérieure de l'écrivain !

Bien sûr, à chaque époque, ses mages et ses images ! Au Moyen-Âge, la statuaire représentait la vierge enceinte, le bébé Jésus à genoux dans le ventre de sa mère, en prières ou en majesté, revêtu déjà de son auréole.

Aujourd'hui, l'échographie permet de percevoir, branchie branchée, l'homonculus cavernicole, dans son univers aquatique. Elle nous invite à plonger, diront les obstétriciens de l'amphibie, dans l'humanité dépouillée de la vie et de l'unité, du rythme et de l'harmonie, du mouvement et du renouveau... Dans son bocal écran, petit poisson deviendra grand. Dans sa coquille matrice, petit chéri est caressé, petit fétu est appelé, petit fœtus est adoré. Premiers câlins pour cas-geôlé.

Première école d'amour et d'unisson.

Premières colles maternelles.

Petit bonhomme suce son pouce quand maman est fatiguée. Petit goulu goûte et tète le cordon ombilical, si maman est détendue et chantonne. Première gourmandise de la vie ! Première tétée, première tétine du petit têtard.

 

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Lettre aux petits bosseurs - Touchez ma bosse, Monseigneur !

Publié le par modimodi

BAL AP

Pensant peut-être que toucher la bosse d'un bossu peut nous porter chance, le génial Einstein se passe la main sur la tête et le front. Puis en nous tirant la langue, il semble nous dire d'un œil malicieux : "Touchez ma bosse, Monseigneur !"

C'est ainsi les amis ! Bosse des maths, des lettres, de la musique ou du commerce, qu'on soit Bossuet, Blaise ou Léonard, en puissance de penser ou de créer, tout petit crâneur se doit d'être un bison futé, malin comme un bossu pour éviter carambolage et carambouillage.

Allez, bossez petits écoliers ! Sinon, il ne vous reste qu'à rouler votre bosse au désert de l'ignorance et à apprendre comme tout chameau à rester sur votre soif de savoir.

Alors, rien ne sert de déblatérer pour nous faire croire aux mirages des dunes. Car les protubérances crâniennes ne font pas toujours les Pros Éminences de la matière grise comme les saillies frontales ou occipitales ne rehaussent pas forcément les saillies de l'esprit !

Crânes bossus de tous les pays, unissez-vous afin de ne pas vous mettre à dos tous les gibbeux, Triboulet et autre Ésope qui auraient tôt fait de vous bosseler l'échine. Le glandeur n'échappe pas au dérèglement glandulaire et le voilà Buffalo-bile, quand il se rêvait Buffalo-boss ! N'est pas Féval ou Lagardère qui veut, Monseigneur ! De la cour à la cour de récréation, du bonnet au dos d'âne, l'école passe de la scolastique à la scoliose, de la scoliose à la cyphose !

La réussite comme le secret de Polichinelle est sûrement dans votre bosse surtout, si par chance, la fée Carabosse ne s'est pas fait un lumbago en se penchant sur votre berceau. Hélas ! Si vos résultats sont par trop rachitiques, il vous faudra encaisser plaies et bosses car la vie renvoie dos à dos, les mal bâtis du ciboulot qui n'ont pas encore compris que les études comme les vertèbres étaient sacrées.

Déjà impotent de la plume, dois-je à mon tour me méfier que les déviations de mes vers et les asymétries de mes rimes ne se répètent "dans les déviations de mon épine dorsale" et de mes membres ? Car le poète n'échappe pas à la convexité de la bosse offerte par ses muses Calliope et Érato.

Atteint en 1638, dès l'âge de 28 ans de spondylarthrite ankylosante, voilà comment, dans une de ses épîtres, se décrit le célèbre Paul Scarron : "Mes jambes et mes cuisses ont fait d'abord un angle obtus et puis un angle égal et enfin un aigu ; mes cuisses et mon corps en forme un autre, et ma tête se penchant sur mon estomac, je ne ressemble pas mal à un Z. J'ai le bras raccourci aussi bien que les jambes et les doigts aussi bien que le bas ; enfin je suis un raccourci de la misère humaine."

Son épitaphe qu'il rédigea en dit long sur ses souffrances : "Celui qui cy maintenant dort, fit plus de pitié que d'envie, et souffrit mille fois la mort, avant que de perdre la vie." Théophile Gauthier nous le confirme : "Scarron chef de l'école burlesque, était contrefait et bossu comme une figure de Bamboche."

Mais ici-bas, il n'est de place qu'à l'excellence. Les à-peu-près, grosso-modo ne font que des Quasimodo. A l'école de la rectitude, les plats pieds et les bas de plafond, les tordus et les tortueux comme les absents du palmarès ont toujours le tort de savoir que le tors tue. Inutile alors de ne chercher que plaies et bosses.

Petit écolier, mon ami, toi qui as beau suer, suer à l'écoute des serments professoraux, toi, dont le seul concours est celui de l'épine dorsale, console-toi, grâce à ce beau poème de Francis Jammes, venu vers toi à dos d'âne et dos de mulet :

"J'aime l'âne si doux

Marchant le long des houx..."

Souviens-t-en le jour, où devenu un grand boss, tu iras rouler ta bosse aux quatre coins du monde.

 

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Lettre à ma mie printanière : Le parapluie

Publié le par modimodi

BAL CONF

J'ouvre un œil ! Il pleut ! Encore une averse ! Foutu printemps !... Pas très envie de me lever ! Je m'étire. Je rêvasse en paressant au lit. Je n'ai rien de prévu, sauf à penser à toi.

J'écoute les sons métalliques et cadencés de la pluie qui crépite, ruisselle et rebondit sur le zinc des gouttières. Je me souviens soudain de cette obsédante poésie de P. Verlaine, apprise autrefois : "Ô bruit doux de la pluie / Par terre et sur les toits ! / Pour un cœur qui s'ennuie, / Ô le chant de la pluie !"

Mais non ! Mais non ! Pas de chute d'humeur, pas de spleen, ce matin ! Aucune souffrance, aucun chagrin ! Entre nous, pas de profusion d'ennuis aux lourds sanglots de pluie ! Il ne pleure pas "dans mon cœur comme il pleut sur la ville." Je devrais évoquer plutôt C. Trénet et "la pluie qui fredonne sur un rythme joyeux".

Je ne suis pas triste, au contraire ! Je prends ce don du ciel comme un rire de printemps ! Je n'ai pas le désespoir mélancolique et amoureux de Geneviève pour Guy dans "Les parapluies de Cherbourg." Ce n'est pas moi qui vais chantonner en pleurnichant sur le quai de la gare : "Non, je ne pourrai jamais vivre sans toi, je ne pourrai pas. Oh mon amour ne me quitte pas."

Je pense plutôt à cet ange qui tomberait du ciel, à cette belle inconnue qui cheminerait sur la grand route et sous l'averse et qui pourrait m'offrir "un petit coin de paradis contre un coin de parapluie." Oui ! Voilà une perspective bien plus réjouissante ! 

En cet instant, je préfère nettement cette toute première ariette matinale à cette autre célèbre romance impressionniste, "monotone comme un sanglot long des violons de l'automne". Elle serait ici incongrue, car elle ne convient ni à la saison ni à ce réveil aussi tonique avec tambour de la pluie battant.

Oui ! J'ai plutôt le moral qui reverdit et les souvenirs qui fredonnent. Je me ragaillardis et c'est C. Nougaro qui vient me trotter dans la tête : "La pluie fait des claquettes sur le trottoir !" Oui ! Mon cœur danse. C'est dans une heure, ma douce, ma mésange, mon bel oiseau de pluie et de soleil, que tu vas me rejoindre. Alors, comme dit J. Brel : "Il peut pleuvoir sur les trottoirs des grands boulevards, moi, je m'en fous, j'ai ma mie auprès de moi."

Qu'importe qu'il pleuve des cordes et des hallebardes ! Il peut bien pleuvoir à torrents, à seaux et à vache qui pisse et obliger même, cette cruche de bergère à rentrer ses blancs moutons. Moi, j'ai la fraîcheur de J. Prévert : "Il pleut, il mouille, c'est la fête à la grenouille... Et la grenouille, c'est mon amie."

Ma petite naïade, quand il pleut sur mon toit, l'averse rime avec renverse et comme souvent, je suis bien à l'abri, lové entre tes bras. L'amour nous a, depuis longtemps, dans nos baisers de pluie, mis son eau à la bouche. Elle coule sous le pont de nos corps immobiles, offerts au temps qui glisse doucement. Nous nous tenons blottis sans craindre les pépins ni les pluies acides ou amères de reproches. La tendresse nous protège des pluies intempestives, des grêlons, ces mauvais coups du sort. Aucun chagrin crachin, aucun crève-cœur nuageux et cendreux, pas de crue d'emportements incontrôlables.

Toi, qui me viens avec tes grands yeux de pluie, de gris bleu argenté, tu es pareille à la fleur du soleil qui jette ses pierreries dans l'ondée et le vent. Tu m'offres l'arc-en-ciel diapré du bonheur des amants. Dans la nuit de mai, caché sous le feuillage mouillé de pluie, le rossignol va chanter en espérant l'aurore.

Si parfois nos regards viennent à s'embuer, c'est toujours d'émotion et de joie. Nos quelques maladresses dues à l'empressement de nos désirs ne nous ont pas fait faire d'impairs. Nous avons apprivoisé les orages sous la peau et nous pourrions ainsi résister au déluge et nous aimer, "quarante jours, quarante nuits".

Qu'il pleuve encore et d'abondance ces cascades de frissons, avalanches de baisers, grains roulant de notre amour. Je bois à la fontaine la plus belle eau claire de ta vie. Il peut tomber du ciel une pluie de météores, j'ai fait pour toi, mon ange, notre lit à la belle étoile.

 

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Humain mon frère 5/5

Publié le par modimodi

BAL CDC
Des goûts et des couleurs

Mon frère, mon semblable !

Savourer la vie, déguster chaque instant qui passe, sont au mode d'emploi de la recette du bonheur.

La Nature dans sa générosité universelle, nous a tous, dotés d'une langue et d'un palais de la découverte. Quand nos papilles ne font pas de résistance, nous atteignons la sensibilité gustative aux mille nuances.

Tu l'as toi aussi, appréciée, tout l'été, dans la fête vitaminée des fruits pulpeux et juteux, gorgés de soleil et de dynamisme. Tu t'en délecteras encore dans l'offrande de chaque saison.

D'ailleurs pour te permettre d'atteindre le sens esthétique de la vie, l'éducation a initié en toi les valeurs morales, distinctives du bien et du mal, du beau et du laid, du bon et du mauvais. L'école et tes parents ont été tes premiers maîtres pour t'enseigner la morale, la religion et la vie en société. Oui ! Tout s'acquiert, se développe et s'affine. La formation du goût est permanente, c'est l'école de la vie qui la complètera, au fil de tes voyages et rencontres.

Le découvriras-tu un jour ? Il paraît que le goût se perd parfois avec l'âge. A croire que la sagesse complète la déperdition progressive des dents et de la sapidité, par la joie de la lumière intérieure et pour les bigotes, par le goût insipide de l'au-delà !

Oh ! La réalité qui s'impose est parfois infecte. Comment savourer pleinement, quand la vie te dérouille et te fait déguster ? Et puisque tous les goûts sont dans la nature, comment être sensible à la palette colorée des saveurs, quand l'existence vient te piquer le cœur et que la langue t'en fait voir de toutes les couleurs ?

L'adage classique, qui conseille de ne pas disputer des goûts et des couleurs, ne serait-elle déjà pour toi, qu’une expression haute en couleurs ! Plaît-il ? Me demanderais-tu comment faire, pour aimer ta mie, craquante et dorée, ta douce et pulpeuse, à la peau de pêche, ton caramel aux yeux cannelle ? Comment ravi et aux anges, ne la trouverais-tu pas à ton goût, ne t'en délecterais-tu pas et ne tenterais-tu pas toutes les possibles prévenances pour en être estimé et apprécié, afin d'être avec elle, en délicieuse affinité élective ?

Tu l'ignores peut-être ou tu t'en es amusé et moqué ! Chaque petit Don Juan s'est donné tant de mal en mâles apparences pour être, en juillet et en août, au goût des délicieuses et pour pouvoir les enchanter. Même le plus fade s'est parfumé pour attirer discrètement l'attention sur lui. Le plus timide a voulu intéresser, charmer de quelques mots forts et fleuris. Assoiffés de conquête et d'amour, que de tentatives délectables pour faire venir l'eau à la bouche des exquises estivantes !

Mais, au fil des jours sombres ou radieux, comment appréciera-t-il la couleur des sentiments, si malheureusement un jour, les coups et les douleurs lui apportent des bleus au cœur et des ecchymoses au corps ?... D'ailleurs n'est-il déjà pas impossible de faire sans blanc, quand une délicieuse petite oie blanche se marie et encore moins de faire semblant, quand une délicate fleur bleue est toute rose d'émotion et rouge comme une pivoine, à son premier baiser ?

Mon semblable, mon frère en humanité, ne dit-on pas d'une idée ou d'une personne, qui n'est pas au goût du jour, qu'elle est commune, déclassée, plate et fadasse, beurk ! Qu'elle est peu ragoûtante, voire surannée et de mauvais goût ? Ne pense-t-on pas que les âmes trop sensibles dégoulinent de bons sentiments et que les vieilles coquettes peinturlurées et permanentées, aux colorations criardes, ont des appâts rances ?

Pourrait-on te reprocher de mélanger les goûts et les couleurs, quand l'art culinaire prône, l'harmonie délicate des présentations et des saveurs, le plaisir raffiné de la vue flattée et des papilles affolées. Dans l’art de la gastronomie, le visuel doit créer le désir car l'appétit ne vient plus en mangeant mais en salivant d'abord comme en dévorant des yeux.

Mon frère, la mode n'échappe pas, dans la gamme de ses coloris tendances, à cette polychromie synesthésique. Il est de bon ton que chacun puisse se présenter, sous son meilleur jour, sous une couleur flatteuse, apparaître au bon goût de l'élégance, de la distinction, dans un look branché aux couleurs du temps. Encore faut-il que cela plaise, convienne au plus grand nombre et en avoir surtout les moyens !

Méfie-toi des publicitaires douteux qui te demandent de laisser, le béotien à son folklore, à sa pittoresque couleur locale et le vieux bouseux, à son arrière-goût de terreux ou de suranné. Que restera-t-il demain du goût de l'authenticité ? La vie se charge déjà d'altérer tes sens gustatifs, évite donc de les dénaturer.

Fuis plutôt les tempéraments indélicats, les couleurs fanées et délavées des sentiments. Méfie-toi des sirupeux qui t'abordent sur un ton sucré ou des amers, fielleux, déçus permanents de la vie. N'écoute pas leurs propos aigres-doux.

Fais la guerre à la vulgarité de gens crus et trop salés. Combats la banalité des personnes légères et la monotonie des conformistes. Sus à l'uniforme ! Ne te laisse pas déformer par les diktats de la bien-pensance. Garde tes préférences. Au revoir tristesse ! Hisse les couleurs de l'optimisme et de la sincérité affirmée. Délecte-toi sans tabou de tes passions subtiles et succulentes pour entretenir la flaveur de la vie !

Le paradis promis est déjà sur terre. Depuis Adam, tu es unique au milieu de toutes les pommes d'amour. Croque dans le fruit de la vie, à pleines dents et délecte-toi de ses délices. Qu'importe les pépins ou les épines ! "Cueille, dès aujourd'hui, les roses de la vie !". Ronsard ne saurait être rossard, ni Éros, trop rosse. Et même si tout n'est pas toujours rose, vois toujours tout, en roses ! L'enchantement et la jouissance en amour sont à ce prix !

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Humain, mon frère 4/5

Publié le par modimodi

 

BAL CDC
Amours d'été

Humain mon frère, ta vie est un chemin de lumière et de nuit. le temps marchande ses saisons. Tu n'aimes ni la morte, ni la basse saison, tu préfères juillet, le mois de tes émois..  

Dans la chaleur cuisante de cet été, courage et lucidité manquent à tes sentiments. Le satin d'une peau enflamme tes désirs. Tu t'éblouis pour rien, de fausses illusions et tu te grises de promesses. Ta vue est altérée, tous tes rêves sont virtuels, emplis de songes creux et de vaines chimères. Tu tamises le temps, tes châteaux ne sont que de sable. L'amour n'est qu'un mirage, l'illusion t'emporte en Espagne jusqu'aux moulins de Don Quichotte !

Sur Rossinante, tu chevauches chacun de tes désirs. Dulcinée, Circé ou sirènes, lance dressée, tu voudrais en preux chevalier pouvoir toutes les éperonner... La dame à la Licorne t'a déjà éborgné de ses généreux bonnets. Tu as goûté aux fruits de miel ! Vois les premiers effets, tu ne dors plus que d'un œil ! Elle va te déchirer le cœur. Infortune du destin des amours vacancières ! Plus de mythe fabuleux ! Quand elle gardera le lit, toi, tu garderas les cornes...

Mais, tu cours après les mirages, le sable n'a pas de sillages, ton temps n'a pas de rivages. Tu as noué tes envies mais tu cèdes à la tentation d'aimer. Ta liberté est encore enchaînée à toi-même et à l'autre. Sans pudeur ni intimité, tu te dévoiles trop tôt pour une courbe sensuelle. Tu t'abandonnes et te répands trop vite. Tu as, en corps perdu, l'aveuglante révélation des charmes offerts. Cœur volage comme un papillon, tu volettes autour d'elle, prisonnier de sa lumière ! Tu danses dans son halo, ivre et captif des apparences !

Au moindre frisson, tu veux éterniser l'instant ! Ton cœur voyage en ta tête, sans boussole et sans carte. Hier, en nostalgie, au présent, en abandon de sens, tu mises sur demain. Hier, ton ciel était noyé de froids brouillards. Tes nuits n'avaient pas droit aux étoiles, tes jours avaient perdu la lumière. A présent, tu as les orages sous la peau et les rares nuages ne cachent plus, l'arc-en-ciel du bonheur. Tes caresses ont tant de fièvre, tes baisers ont tant de feu, que tu te consumes dans une extase.

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