Quand y'en a purin, y'en a bouseux !
SQNT Attention au titre de ce billet d'humeur ! Voilà du grand n'importe quoi, l'absolu de la paronymie, des clichés et des approximations !
Moi le lugubre, j'élucubre. Encore du "sans queue ni tête" que je pourrais dédicacer à mes bons vieux instits qui vont aussitôt me reconnaître ! Oui ! Je leur dois tout, même cet élan fiévreux de folle reconnaissance ! "Quand il y en pour un, il y en a pour deux", alors, quand y'en a purin, y'en a bouseux !
"Oignez vilain, il vous poindra ; poignez vilain, il vous oindra." Oyez manants, ruraux, champêtres, frustres agrestes, croquants glaiseux ! Arare humanum est ! Mais pour passer de l'art aratoire à l'art oratoire, au pis allez, rustauds rustiques ! Car labour âge et pâture âge sont encore et toujours les deux mamelles de la bonne vieille métairie de l’Éducation Nationale.
Vous m'avez bien nourri, ô maîtres fourragers ! Un vaste programme officiel de cultures assolées aux cycles des raisons vous recommandait d'atteler la charrue aux be-a-ba, aux bœufs à bâts, devant le troupeau des béats baba school, dont je faisais partie.
Avec nos porte-plumes, nous étions tous de drôles d'oiseaux bleus comme l'encre jetée sur nos cahiers d'écolier. Nous avions comme Eluard, tous le même nom : Liberté... d'apprendre et d'aimer. Il était tout aussi facile de nous creuser la cervelle que de nous la bourrer.
Nous étions tous du pays de Sully ! Dans les champs des sciences, des cambrousards pétaradaient sur leurs machines agricoles comme moi sur mes machines opératoires pour extraire des racines et exploiter domaines et propriétés mises en jauges.
Pour le troupeau des culs-terreux et peignes-culs, j'étais un élève quelconque, un produit de votre élevage national. Envoyé paître avec les moutons de Panurge dans les verts paradis des amours enfantines, vous m'avez appris que les verbes, les liaisons et les terminaisons se déclinent, se conjuguent et s'effeuillent parmi les fleurs de rhétorique.
Mais vous seuls saviez que l'art de la règle alignait les bêtes de trait comme l'addition ainsi que les bêtes de sommes, qui toute leur vie durant, avec ou sans calcul, apprendraient à brouter et à ruminer sur des sujets terre à terre !
Aujourd'hui comme hier, parfois quelques agités font du foin au point d'être assez bêtes pour en manger à la fourche ou de se prendre une avoine, eh ! Mais à l'école de la férule, les coups fourrés créent l'envie de l'école buissonnière.
C'est ainsi que battant la campagne, quelques ânes, sourds comme des mules et quelques baudets à l'esprit en jachère répètent et ânonnent : "La bouse ou la vie ! Hennis, soit qui mal y panse." Pas de carottes qui vaillent, elles sont déjà cuites !
C'est bête comme chou mais à l'école des cours bouillons, l'écolier mijote dans la grande marmite des savoirs. La culture intensive comme la gastronomie scolaire s'emploient à produire et à transformer des navets et des betteraves, des cornichons et des patates qui feront les grosses légumes de demain et qui vous mettront dans le potage.
La pousse qui affleure du bon terreau effleure parfois la pierre d'achoppement. Le futur végétarien déjà, végète à rien, le prétendu auteur n'est pas à la hauteur, l'inspiration n'est qu'une aspiration ! L'heure H est aspirée comme dans un courant d'air. La mode elle-même n'est que fugitive et passagère, la renommée vous fait faire ceinture dorée.
En sa ruralité pédagogique, veillant sur ses pépinières avec le souci constant de la bonne graine et de la bonne souche, le bon instit tuteure et rame ses sauvageons, abreuve ses scions en rabâchant : "Fouillez, creusez, piochez, affinez, amendez, épandez, marnez, c'est le fond qui manque le moins !" Mais moi, je sais que c'est le don qui manque le plus ! Dans les grandes largeurs, la terre nourricière est avare de largesses.
Au pire, les empotés et les sacrées couches qui se seront faits Binet échoueront au jardin d'acclimatation des classes d'adaptation. Oui ! A force de se creuser, les ploucs tombent dans les trous de mémoire dans lesquels ils se plantent ou bien finissent en buttes et tout naturellement repiquent.
Sur les champs de course aux diplômes et aux moissons de lauriers, les canassons de la lutte des classes, les pauvres bouseux, péquenots incultes se retrouvent sur la paille et chaument. Avec la bouche en cul de poule pondeuse de réformes nationales, relisez la phrase précédente et prononcez plutôt "chôment." D'autres, bien sûr vont réussir à faire du blé dans les choux gras ou de l'oseille dans les radis.
Moi, aujourd'hui, j'ai pris les leçons de la vie et je pourrais être conseiller d'orientation en agri-culture. Je pourrais donner confiance à tous mes condisciples et dire à chaque écolier : "Si t'as touché le fond, si par malheur, t'as fait chou blanc, console-toi ! Petit pignouf, retourne vite à tes moutons. Ovins, Dieu ! C'est dépaysant, c'est des paysans !"
Alors, merci à vous, maîtres et maîtresses d'école ! Holà, pédezouilles, maîtres es culture, grands épandeurs de théories, belles au terreau des hypothèses ! Graissez terriens, fumez vilains, c'est le saur qui vous est promis ! Jetez le sel aux esprits, entez génies et cerveaux, ensemencez les idées, car en vérité, c'est écrit, la culture rend fertile et fécond !