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Confusion amoureuse : Ordre et désordre des sens

Publié le par modimodi

 CONF 9

Ma tendre amie sait fort bien comment m'émouvoir. Qui vous dira les plaisirs subtils d'être dérangé par l'amour, de perdre la notion du temps, la raison et le souffle ? Ah ! Le divin bonheur des désordres amoureux, de la confusion des idées et des sentiments : l'exaltation, la crainte, la folie et les manques !

Ah ! Comme sont troublantes ces amourettes apparemment sans queue ni tête, qui finissent par vous la faire perdre dans le désordre d'un tête-bêche ! Oui ! Je connais cette impression de ne plus savoir ni qui on est, ni où l'on est, quand la perte totale des repères vous rend illuminé, ébloui, incertain, indécis et hagard ! Quand vous êtes à la fois et la glace et le feu, la pâleur et la fièvre !

La volupté des plaisirs et la perturbation de toutes les sensations exacerbent votre perception. Vous êtes magicien, poète et voyant rimbaldien "par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens." Vous perdez la tête, la passion vous grise, vous échappez comme Baudelaire, au spleen, à la fuite du temps et à la pesanteur du présent. Vous êtes lyrique et symboliste. Une incantation s'élève : "Enivrez-vous, enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise, mais enivrez-vous ! "

Votre cœur est un espace à trois dimensions, vous voyez des étoiles. Vous exaltez vos impressions. Vous pressentez les règles de l'harmonie dans le trouble qui vous envahit. Vous avez tant de plaisir que vous ne cherchez pas à mettre bon ordre à votre désordre intérieur ! Vous murmurez comme Phèdre :

"Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ;

Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue ;

Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ;

Je sentis tout mon corps, et transir et brûler."

Oh ! Mes tendres et belles amoureuses ! Ô toi, mon amour absolu ! Dans les licences de l'abandon, nos corps ont des excitations érotiques. Dans le pêle-mêle de nos ébats, nous goûtons aux bouleversements des plaisirs effrénés. La liberté de nos désirs nous met en débauche d'extases et de frissons. L'enfer des sens nous conduit tout droit comme des amants, au septième ciel des jouissances paradisiaques.

Dans la grâce du temps qui nous est donné mais compté, nous frémissons encore de tout notre être. L'espace d'un éphémère moment d'abandon et d'extase, nous nous prolongeons dans les ondes du temps d'aimer. Notre fidélité n'est qu'un sillage à l'écume des jours. Nous savons qu'il faut renaître bien au-delà de nous-mêmes pour engager en nos cœurs et imprimer en nos chairs, les instants de l'éternité.

En amour, la raison est le purgatoire de la sagesse, la pénitence de la réflexion, la convenance du devoir. Aimer, c'est lâcher prise !  Ainsi avant la contrainte sociale, le premier obstacle est d'abord en nous-mêmes. Nous sommes nos propres tabous. Les sentimentaux amoureux ne deviennent pas tous de bons conjoints aimants. Former un couple n'apporte pas non plus la garantie formelle de ne faire qu'un, surtout si l'attachement fait défaut ou si la versatilité cède au moindre trouble.

L'émotion rosissante est toujours provisoire, l'incertitude est l'écrin écarlate de l'éphémère beauté. Seul l'amour est durée, inépuisable dans le temps comme une promesse infinie. Il nous lie jusque dans la mort, par-delà l'oubli. En attendant, nous survivons dans la finitude et "l'insoutenable liberté de l'être". 

 

 

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