SQNT
Depuis les prodiges de la Genèse et la promesse évangélique de la vie éternelle, l'espoir est à n'en plus finir ! Les meilleures choses n'ont jamais de fin ! C'est toujours la première fois !
Le temps qui passe n'est qu'une fraction d'éternité... toujours en devenir !
Au long de sa vie, tout Homme est un éternel débutant. Qu'il réalise une action ou simplement qu'il se réalise, chacun peut-être ainsi :
-un nourrisson vagissant, aux premiers sons brayés et balbutiés puis répétés ensuite, année après année, dans ses excès de joie ou de colère,
-un bébé dans ses premiers pas, de fourmi, de tortue, de géant, plus tard, un novice progressant dans ses projets,
-un écolier ébaubi et béat, épelant en hésitant son premier b,a, ba, qu'il ne fera que répéter dans les nombreuses banalités et bafouillements de son existence,
-un cancre, bon premier des bons à rien, de ceux qui repartent sans cesse de zéro, à l'école permanente de la vie,
-un éternel débutant à son banc d'écolier, un perpétuel apprenti toujours au banc d'essai de ses entreprises, un actif en constantes expérimentations,
-un étudiant dans l'introduction de sa dissertation ou un apprenti bonimenteur développant avec application tous ses arguments,
-un bizut timide dans ses premières classes, un bleu avec ses armes au pied, soudain devenu blanc, au premier coup et plus tard, le même, toujours ému devant une superbe beauté canon,
-un jeune premier, dans ses primes émois, aveuglé à première vue, puis toute sa vie durant, un perpétuel amoureux ébloui par les feux d'amour et d'artifices,
-un vigoureux, adepte d'échanges physiques sans préliminaires, de rapports sans précautions et sa vie durant, récidivant dans des amours de passage,
-un puisatier qui remonte à la source, un éclusier dont les rêves d'aval en amont, suivent la rivière et le fleuve pour atteindre l'océan des songes lunaires.
-un néophyte chimiste à ses nouveaux tubes et essais ou un grand chef préparant dans son laboratoire, une mise en bouche, en avant goût d'un menu dégustation,
-un hallebardier de théâtre, à sa toute première entrée comme l'Homme ce comédien, éternel débutant sur la scène de la vie.
Et ainsi, pourrions-nous aligner les exemples, à n'en plus finir ! A votre tour, imagineriez-vous la suite et le développement dans le temps de ces quelques situations... Que diriez-vous devant :
-un nouveau-né avant terme,
-un concepteur, promoteur d'idées neuves et originales,
-un scientifique dans ses axiomes et postulats,
-un sentencieux, par principe, dans un a priori,
-un pionnier et un explorateur en premier lieu,
-un parvenu qui se croit le premier venu,
-un croque-mort à son point de départ,
-une ballerine entrant dans la danse sans la peur de la contredanse,
-un mécano de première main avec le doigt dans l'engrenage dès sa première mise en route,
-un électricien survolté, vite mis au courant,
-une manucure qui se fait la main,
-un vampire qui se fait les dents,
-un pénitent condamné d'emblée, au péché originel,
-un novice aux prises avec sa première expérience mystique,
-une pensée avant propos,
-un avertissement sans frais ni préavis,
-un pianiste dans un prélude,
-un écrivaillon rédigeant son prologue,
-un jeune politicien éloquent dès le préambule de son discours.
Et pourquoi pas imaginer encore ?
-Archimède se jetant dans le bain avant sa savonnette,
-Dieu ou le numineux hasard s'enflammant pour sa création et jaillissant pour une entrée en matière, dans une première étincelle,
etc., ad libitum…
Car chacun se met encore à rêver d'une éternelle jeunesse ! L'académicien se croit perpétuel ! La belle lifte son destin ! Plus de peau de chagrin mais le velouté d'une peau de pêche à caresser ! Plus de vieille peau, plus d'usure du temps, de fatigue et de rides inutiles, c'est toujours l'heure H pour la bombasse faire la bombe ! Dans les afters, tout le monde s'éclate dans les artifices de fêtes improvisées. Partout, ça gaze ou pète la forme car ce n'est pas aujourd'hui, la fin des haricots ou du mauvais goût !
Restez dans la course de la vie. Ne crachez pas sur les jeux de mots laids ! "La fin me donne faim ! Y penser ça creuse !" disait le fossoyeur en mordant à pleines dents dans son casse-dalle ! A la bonne heure ! Car pour l'heure, ce n'est pas encore le début de la fin ni le dernier quart d'heure, tant que vous n'avez pas avalé le fatal bouillon d'onze heures, le bloody mary, le mort-ito, la mort subite, le dark cocktail !
Où que vous soyez, tenez-vous en éveil, il n'est point temps du dernier sommeil ! L'essence précède l’existence. Cherchez donc la cause première ! Buvez la bonne parole ! Vous pourrez boire l'eau de vie, jusqu'au bout de la nuit ! Tout est bonheur et don du ciel. La providence divine ou pas, est charitable. L'enfer c'est toujours pour les autres !
"Demandez et vous recevrez !" … Un bon œil d'aigle pour le dernier des Mohicans, un bon pied marin pour le premier quartier-maître ! Ce n'est pas l'heure, de tirer sa dernière flèche ni de rejoindre le port, pour y jeter l'ancre ! Stop ! Halte-là aux prédicateurs de la dernière heure et aux horlogers de la onzième ! A la fin des soldes, seules les fins de mois sont dures, à la fin de ma vie, seule la fin de moi sera dure. Oui ! Dur dur comme pour les vendus la fin des prix d'amis !
Car en fait, amis terriens, nous ne savons rien. Dans notre conception humaine, forcément limitée, le monde n'a peut-être, qu'un début et pas de fin !... Nous cherchons à percer le mystère, comme on perce le cuir d'une peau de chagrin, à tout savoir et à tout comprendre comme un âne savant, un frère de Buridan assoiffé de connaissances. Certains disent qu'ils savent. Ils mentent !
La voie qu'ils indiquent est une voie sans issue. N'écoutez pas ces rusés charlatans qui régulièrement prédisent la fin. La disparition de l'humanité reste une abstraction, un plan sur la comète en folie, un mythe horrifique sans fin. La destruction du monde reste dans l'absolu, un vain fléau, dit divin ou une peur millénariste. Il y a forcément un commencement de la fin, mais la fin est incertaine et ne justifie pas qu'on s'arrête à des arguments, somme toute, moyens ! Inutile d'être le pauvre bêta coincé entre l'alpha et l'oméga, et ce, jusqu'aux calendes grecques.
En définitive, seul l'échotier s'y retrouve, mais toujours en fin de conte. L'avenir se chargera bien de lui régler son propre compte. Il peut se tuer à rabâcher ses prophéties et multiplier ses avertissements, il est déjà lui-même, en voix d'extinction. Il n'aura pas le dernier mot ! Ne vous rendez-pas à ses prédictions, opposez-lui, une fin de non-recevoir. Méfiez-vous des prêcheurs et des prophètes !
Avec ce type de raseur, un conseil : ne cherchez pas à tenir le cou, coupez court ! A la fin des fins, n'attendez pas d'être au bout du bout, ni à la dernière extrémité ! Mettez fin à la sinistrose, tout finit sûrement par s'arranger ! Vous tenez, sans le savoir le bon bout mais à la fin, vous ne savez pas par quel bout commencer alors que vous êtes déjà en train de faire un bout de chemin.
A quoi bon d'ailleurs s'inquiéter durant toute notre vie, d'une histoire dont nous connaissons tous, la fin ! Même pour celui qui ne sait ni A ni B, l'alphabet de la vie s'épèle de A à Z !... Alors amis, agissez et affrontez l'adversité, acceptez de recevoir et accordez votre pardon, accueillez votre frère et aidez votre semblable, admirez la beauté et améliorez l’œuvre, ancrez vos convictions et approfondissez vos connaissances, avancez en vous et vers les autres et aimez, en toute confiance ! A la fin, d'ailleurs, espérer constitue déjà un bon début.
Finalement, c'est entre le début et la fin que se glisse la durée, que s'introduit l'intervalle, que s'écrit l'histoire d'une vie, d'une époque et du monde. Nous sommes fondamentalement, tous des citoyens de ce monde, inscrits dans la durée, une durée indéterminée pour notre propre perception.
Nous portons tous en nous, le début et la fin des renouveaux incessants ! C'est sans fin, que nous sommes, jusqu'à la fin inconcevable des temps, l'ébauche et l’avènement, la finition et la définition de l'amour et de la vie ! Chaque jour est le plus beau des jours ! C'est peut-être cela le commencement de l'éternité ! Aurait donc trouvé le début mais pas la fin ?...