Second cerveau
SQNT
Pourquoi faut-il avoir la reconnaissance du ventre ? Quelle question ventriloquente, me direz-vous ! Vous pourriez alors, amis lecteurs en rester estomaqués. Car l'auteur ne vous parle pas ici de nourritures terrestres mais de nourritures spirituelles.
Je vous entends déjà, me concernant, parler de bouillie d'idées et de style plâtreux. Et pourtant, j'ai mis du cœur au ventre à vous alimenter. Des circonvolutions labyrinthiques de mon cerveau aux diverticules enflammées de ma panse, j'ai pensé très fort !
Mais que voulez-vous ? Ma tête, ce joyeux fourre-tout est comme un estomac d'autruche, on y trouve de tout. Je gobe ce que je trouve. Jetez-moi la première pierre, je l'avale et vous la ressers ! Ne vous plaignez point alors qu'elle soit votre pierre d’achoppement, c'est vous-même qui me l'avez donnée.
Qu'espériez-vous donc en venant à ma table des matières ? Que voulez-vous qu'une tête sans cervelle mette à son menu ? Voyez ! Ma tête d’œuf peut tout au plus battre ses pensées en omelette sans en faire tout un plat. Je souhaitais vous offrir un peu de brioche mais j'ai du mal à me mettre à plat ventre.
Vous-mêmes, faites fort bien l’œuf, vous vous moquez, vous riez jaune ! Oui ! Mes œufs à la coque sont, je le sais, par trop de mots laids, trop cuits et bien durs. Impossible de faire une mouillette de plaisir... Trop échaudé, trop de douche froide, je ne suis pas près de faire couver la poule aux œufs d'or.
Maintenant, quand je vous regarde dans le blanc des œufs, je me dis que vous avez peut-être eu les yeux plus grands que le ventre. Ou bien affamés de sensations nouvelles, avez-vous fait des yeux de braise qui ont eu un double effet : pour vous, des yeux de merlans frits et pour moi, deux beaux yeux au beurre noir ? Mon lecteur casse-croûte qui voulait me manger des yeux a encore dû donner un grand coup de fourchette à mon écrit. Aïe ! Il m'a tapé dans l’œil.
Au final, les critiques m'ont aussi descendu en flammes. Et comme, vous m'avez vous-mêmes incendié, je suis grillé ! ... Quelle déception ! Je pensais vous mettre l'eau à la bouche, je vous donne la nausée. Mes textes sont indigestes, je suis en renvois entre deux haut-le-cœur.
Je pensais être bidonnant, on me dit que je suis bidon ! Est-ce ma faute, si je suis hoquet plutôt qu'okay ? N'est-ce pas plutôt la faute ou la conséquence de mon deuxième cerveau ? Car le savez-vous ? Mon cerveau entérique, composé de mon tube digestif et de mon petit bedon bourré de neurones est en interactions sérotoniques constantes avec ma tête.
Promesses de progrès pour la recherche ! Car, l'approche scientifique peut ouvrir un champ d'études et porter les espoirs de compréhension et de guérison des maladies neuro-dégénératives comme celles de Parkinson ou d'Alzheimer mais ...elle peut aussi, plus humoristiquement vous expliquer le mal qui m'atteint.
Je sais que vous voulez savoir ce que j'ai dans le ventre, quand mon cerveau bouillonne et produit ses gargouillis. Oui ! Le barbouilleur vous barbouille. Oui ! Mes idées que je triture se livrent une guerre intestine, quand je dois digérer vos critiques. J'aérophage pour mon aréopage.
C'est simple, quand je ballonne, je vous gonfle et quand je flatule, le poète en moi veut faire son trou dans la couche d'ozone. Le plus souvent, c'est donc ventre à terre que je livre des écrits bien terre-à-terre. Dois-je en rire à ventre déboutonné ou dans l'honneur des samouraïs me crever avec abnégation la paillasse, en me faisant hara-kiri ?
Vous l'avez sûrement perçu ! Quand je mets mes tripes sur un sujet ou que j'ai la peur au ventre de vous déplaire, je mets en jeu mes émotions les plus profondes, au même titre que lorsque je me fais de la bile ou un sang d'encre d'écrivaillon.
Ce qui me console maintenant, c'est que je sais pourquoi, je nombrilise et ventripote de la boursouflure de mon égo. Je sais pourquoi, je fais un bide !