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Articles avec #cris du coeur tag

Lettre sans fin : Manques et besoins d'amour

Publié le par modimodi

 CDC 55

Ma douce amie, rien ne te manque ! Pourtant, il est des moments de vide dans l'existence. Des moments cafardeux où sans savoir pourquoi, tu ressens comme une boule au ventre, un creux au cœur, un appel des profondeurs. Ce trouble est indéfinissable. Il t'envahit de sa mélancolie, comme l'ombre du désenchantement ! Il te déchire comme un adieu, il te tourmente comme une absence. Tu t'enivres du bouquet des pavots de l'ennui, tu te fanes dans la décomposition suave des fleurs du mal de vivre.

Ce spleen est ton Sturm und Drang. Il pèse sur tes élans, ralentit tes envols, te voilà albatros. Tu habites les trous de ta mémoire, oublieuse des instants de lumière et de bonheur à claire joie. "C'est bien la pire peine, de ne savoir pourquoi, sans amour et sans haine, mon cœur a tant de peine"... Tu frissonnes au soleil.

Tu murmures plaintive, quelques vers de Musset et de Baudelaire. Tu te languis, apitoyée sur ta faiblesse, l'espoir s'échappe, la vie s'enfuit ! Tu relis Ossian, tu souffres avec le jeune Werther. La passion se dérobe, la tristesse envahit ton âme ! Tu te sens seule et perdue.

Moi, dans l'ombre de l'amour, je le constate impuissant. Des papillons noirs sortent de mon encrier pour envahir ma page devenue sombre. Mes mots t'effleurent. Tu te retires en toi. Le manque semble t'avoir ôté le goût des ivresses et de la passion. Loin des yeux, loin du cœur, tu te sens défaillante et inexistante.

Mon tendre amour, je ressens cette insuffisance. Pourquoi le monde est-il empli de ce tumulte et avance-t-il au rythme de cette marche funèbre ? Pourquoi cette inquiétude et ce découragement, ce chagrin suspendu ? Il est des énigmes que je n'arrive toujours pas à comprendre !...

J'y réfléchis pourtant... Arrêtons-nous un instant dans l'ombre douce des confidences et prenons, toi et moi, simplement un principe premier, celui de la vie. L'homme la reçoit pour la donner à son tour comme un précieux cadeau, un coffret de velours rouge éclatant !... En son écrin, l'élan, le souffle, la première étincelle de la création du feu brûle en nos désirs et enflamme nos corps.

Qu'on le veuille ou non, personne n'échappe à son destin... La nature accomplit dans la complexité son œuvre mystérieuse et alchimique entre l'amour résolu et le hasard aveugle, le besoin et les désirs, la matière et l'esprit ! Tu le sais, c'est ainsi qu'on vient au monde inconnu dans le plus riche dénuement, doux et ouaté, soyeux et peluché !

De fait, la vie est immanquable et pourtant certains, par manque de chance et de bonne étoile, la manquent lamentablement ! Pour quelles raisons ? Faut-il ici accuser les maladresses de ceux qui n'en manquent pas une ou constater par ailleurs, les carences de ceux qui manquent de tout ! Doit-on alors s'étonner que ceux qui réussissent ne manquent pas de faire preuve de dédain, en raillant ces ballots pour les traiter, à cœur joie, de ratés !

Apparemment, tout ne serait donc pas si simple ! Il ne suffit pas de recevoir la vie, il faut la faire fructifier et se garder, autant que faire se peut, de manquer de moyens et d'espoir ! Mieux vaut un trop perçu qu'un manque à gagner, mieux vaut des largesses que des restrictions. Pour vivre décemment, il est indispensable de posséder, au moins le nécessaire. Faute de quoi, nous aurions beau rêver d'une vie de château, nous ne connaîtrions qu'une vie de bohème. La grande vie rêvée ne serait que celle du patachon ou de l'agitation des bâtons de chaise ! Douceur de l'espoir, rudesse du quotidien !

Mon tendre cœur, moi, avec toi, je ne crains pas la pénurie de tendresse ou de câlins, je ne crains que le manque de temps pour nous vivre pleinement notre tendre affection. Tu le sais, je ne manquerai jamais à ma parole. Je ne redoute que le manque de voix pour te murmurer mes "je t'aime" et le manque de mémoire pour oublier de te le dire !

Avec toi, je suis au comble de la félicité mais il me faut toujours craindre qu'elle ne vienne un jour à manquer. En amour, nous pouvons manquer d'expérience mais jamais de cœur ni d'esprit. Ainsi, nous ne risquons jamais de souffrir de l'abondance de sentiments ni de la surabondance d'idées ! Notre amour est sans fin: plénitude et manque à la fois dans notre quête éperdue d'absolu et d'idéal.

Doutes-tu  de l'avenir et de notre constance ? Redoutes-tu cette indigence de preuves, ce dénuement dans les manifestations de notre passion charnelle ? As-tu oublié que la rose des sables qui fleurit au désert est constituée des baisers que les souffles du  vent offrent en rafales à la dune ? Rien ne te manquera jamais. Je me cristallise tendrement et lentement au plus profond de ton être. Entends la voix des djinns qui te murmure mon amour.

 

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Lettre à mon Eurydice - Orphée

Publié le par modimodi

 BAL CDC

Liras-tu cette lettre d'enfer et de damnation ?

Excuse-moi ! Je ne suis pas dans mon époque ! Je voulais être mélomane, jazzy ou rockeur ! J'aurais certainement dû jouer du saxo ou du synthé, du tambourin ou de la batterie, mais j'ai choisi de jouer de la lyre ! Ah ! Quel délire ! Oh ! Mes aïeux ! Sûrement que je me fais vieux !

Moi, qui en pinçais grave pour toi, j'aurais dû apprendre le banjo ou la guitare. Doué comme Apollon, je t'aurais promis le grand récital décoiffant des yéyés en chemises à fleurs et je t'aurais volontiers attirée contre moi pour dénouer tes couettes et tomber à la renverse.

Oh ! Je l'ai compris trop tard ! Si je voulais à ce point, faire vibrer ta corde sensible, j'aurais dû bien sûr, m'initier à la harpe. Mais non ! Je ne sais plus vraiment pourquoi, j'ai fait ce choix bizarre… Je me rappelle simplement que ce jour-là, il tombait des cordes…

Était-ce en pensant à tes yeux de pluie ou en voulant accompagner tes mélos, dis ? Était-ce pour imiter la parade et le chant de l'oiseau-lyre, que j'ai fini par opter pour cet instrument ? Ai-je confondu guitare avec cithare et flûte avec luth ? Je m'interroge encore, j'ai un orphéon dans la tête qui me fait un boucan d'enfer.

En ce temps-là, rappelle-toi, ma bien aimée, je faisais au milieu d'éphèbes, mes humanités gréco-latines. J'étais un rhapsode virtuose, le pseudo créateur du tube "Rhapsody in Blue", que notre groupe : "En avant la zizique", donnait le week-end, en concert de cithares, avec cymbales et solos d'aulos et de syrinx, au pied du Parthénon. 

J'étais un barde hellène au récital de poèmes homériques. J'étais l'aède des calanques grecques pour les belles baigneuses, dont tu faisais heureusement partie. Je n'étais pas le plus bel Apollon, mais avec toi, ma talentueuse aulète, j'ai bien vite appris, en duo, à tenir la note. En chœur, nos cœurs battaient en harmonie et en cadence de souffle et de soupirs. Nous nous aimions sur toutes les gammes des chants de libations et de leurs musiques joyeuses, voluptueuses et bachiques. Alors, avec beaucoup de doigté, je t'ai invitée aux délices de la grande Odyssée. Nous étions prêts à vivre ensemble les plaisirs de l'aventureuse épopée de l'amour.

Hellas ! Manque d'inspiration élégiaque ! En guise de poésie déclamative, je n'ai su que te chantonner une espèce de ritournelle accompagnée à la lyre et au tamtam :  bourre et bourre et rata ! Tam ! Piques épiques et collé drame ! Tu me piques à mon grand dam !

Au banquet de l'amour, la table est bien vite desservie. Tu te tends comme une corde de lyre et fait retentir la discorde. Tu m'apostrophes à la moindre strophe ! Nous sommes à hue et à diatonique. Tu t'irrites au quart de ton. Nous ne nous aimons plus qu'en contrepoints, à contre cœur. Sans commune mesure, tu prends tes iambes à ton cou.

Triste pantomime, je tire une vilaine mimique ! Aie ! Aie ! Aie ! Pour le barde, ça va barder ! Le satyre va encore frapper ! L'aède criera à l'aide, en gémissant ses plaintes ! Bas les masques, ma comédienne ! C'est une vraie tragédie, une terrible et mythique descente aux enfers !

Oh oui ! Je ne me méfiais pas assez. Tu étais mon rêve éveillé de beauté. Tu m'avais enchanté. L'époque était heureuse, je fréquentais Hypnos et t'aimais, les yeux fermés. Mais oh ! Funérailles ! Mortelle destinée ! Toi, pauvre de moi, tu avais comme meilleur ami Thanatos, son frère !

Je le reconnais humblement dans ce déplorable aveu. Bien sûr que je t'aime à mort mais tu n'avais nul besoin de me faire vivre un véritable enfer… Comment pouvais-je m'en sortir ?…

Je ne le savais que trop, seule, la musique adoucit les mœurs. Dans cette "nuit de mai" parfumée, Musset lui-même, me l'avait suggéré : "Poète, prends ton luth et me donne un baiser." 

J'empoigne donc ma lyre pour t'adoucir, ô muse. Je suis devenu le nouvel Orphée. Avec la permission d'Hadès, j'accours à un train d'enfer pour te retrouver mon Eurydice et te ramener au jour d'un amour de pleine lumière, de paix et de raison. La force de mon chant doit te guider pour sortir de ta colère noire et des profondeurs des ténèbres. Je te déclame : "Entends le chant de ma lyre / Oublie tes affres, tes délires / Cesse de broyer du noir / De me mettre au désespoir." Danse avec moi, "le ballet des ombres heureuses".

J'invoque nos hymnes adressés aux dieux, je te remémore les jeux pythiques et nos victoires musicales couronnées de lauriers. J'évoque les mélodies du paradis perdu. Je te promets des danses au son de la musique des anges au milieu des torches antiques, des halos et des auréoles séraphiques. Mais, j'ai beau essayer d'être lyrique, pas d'effets, pas d'émois ! Ah ! Pardonne-moi, tendre Eurydice, tous les musiciens et tous les poètes ne parviennent pas à être Orphée.

A peine, sortie du souterrain, tu ne prends pas le temps d'obtenir des éclaircissements. Remontée avec nos discordes, toi, ma belle de clair-obscur, tu continues de voir tout en noir. Ah ! cruelle déception, Eurydice n'est absolument pas la douce déesse exaltée par le Mythe et l'opéra de Gluck. Notre réunion fait à nouveau des étincelles. Oh ! Infernale furie, tu ne tardes pas à me lancer tes foudres et tes lasers.

Que peut faire une lyre face à une crécelle ou à la polyphonie de tes crincrins ? Nous n'avons plus d'accord parfait, nos accords n'étaient que plaqués. Le temps n'est plus à la romance mais à la fugue.

La désastreuse réalité s'impose à moi. Je reviens sur terre… Mais j'ai à peine le temps de me retourner dans le verger d'Éden que déjà, tu t'éclipses avec un joueur de flûte, un rusé charmeur de serpents à sornettes, rencontré au pied d'un pommier.

Ton pauvre Orphée désenchanté doit sur le pré abandonner sa lyre. Inutile de me lamenter, mon chant d'oubli et de remords retourne au silence. Adieu les instruments à cordes et les vibrations de l'amour ! Vive les instruments à vent ! Belle Eurydice, malicieusement, je me console en pensant que tu auras droit au pipeau et à la bombarde, au biniou et aux cornes, Muse !

Moi, si retiré dans le Sud, je me suis éloigné de "la vie parisienne", si je ne danse pas le French Cancan, j'écoute quand même le cœur léger, "Orphée aux Enfers" d'Offenbach et le rythme endiablé de "son galop infernal"...

Les yeux mi-clos, en écho télépathique avec Toulouse Lautrec attablé au "Moulin Rouge", je prends la main de ma danseuse et je m'exclame plein de gaité : "Je t'aime à la folie, bergère !"

Hé ! M'entends-tu donc enfin, mon Eurydice, mon cher supplice ?

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Lettre d'ententes : Pour ou contre

Publié le par modimodi

 CDC 56

Mon bel amour, dans l'existence comme en amour, il n'y a pas que les autres qui nous chagrinent et nous contredisent. Nous pouvons aussi être en opposition avec nous-même, chaque fois que nous hésitons et balançons entre deux thèses, deux arguments, deux élans du cœur !

Quand les mots se font la guerre des sens sous la plume en suspens, ils dessèchent d'encre tarie dans le puits de l'encrier. Quand les idées se battent en duel pour la cause de la juste expression, elles ne produisent que des cliquetis de ferrailleurs. Comment réagir quand notre conscience est mal en point et nos sentiments pas au point ? Quand de la rose, nous n'observons que les épines ou que nous ne percevons plus que la suavité de son parfum évanescent dans l'offrande désespérée d'un mourant baiser.

Pour les autres comme pour nous-mêmes, nous représentons parfois un frein à la résolution d'un problème, un obstacle à sa perception, notamment quand nous manquons de points de vue, clairement établis. Nous nous montrons d'autant plus pointilleux que nos démonstrations ne sont pas vraiment au point. Fakirs de la pensée en pointe, nous nous prenons la tête en nous clouant les deux hémisphères.

Dans l'impasse de nous-mêmes, nous nous trouvons même au point de non-retour quand nous mettons un point d'honneur à nous obstiner, alors que nos déductions ont la dialectique en contrepoint. Comment alors s'étonner que les commentateurs ne soient que de sombres métaphrastes qui ne traduisent qu'avec erreurs !

Nous ralentissons également, voire paralysons notre propre jugement, chaque fois que notre entendement crée ses propres objections, voile les lueurs de l'intuition ou dépose les armes de la déduction. Nous nous disons quelquefois qu'il ne sert à rien de se battre pour quelques fruits talés ou de chétives queues de poire de la discorde mentale, pour au bilan ne récolter que prunes ou nèfles !

Nous affichons encore un bel esprit de contradiction et parfois, nous contrarions les autres en réalisant tout le contraire de leurs attentes. Sans arguments et sans faire le poids, certains, à la légère, font ainsi contrepoids. C'est d'ailleurs un vrai fléau, quand quelques tarés mettent en balance nos pensées et font le poids mort dans la discussion ! Ce sont parfois des gesticulations de cirque ou des cris et mimiques de zoo quand ceux-là nous singent, s'estimant malgré tout, valoir leur pesant de cacahuètes !

Tenons-nous éloignés de ceux qui fraudent avec la raison, de ceux qui voudraient nous faire faire bande à part ou contrebande d'idées, dans le fumeux espoir de faire un tabac ou de nous faire pétuner ! Fuyons ceux qui perdent la mesure de toutes choses, ceux qui se foutent du tiers comme du quart, ceux qui s'en contrefichent mais qui nous contrecarrent pour le plaisir de nous contredire !

Tenons-nous loin de ceux qui nous brossent dans le sens du poil aussi bien que de ceux qui nous prennent à rebrousse-poil. Demeurons très loin de ceux qui nous hérissent ou nous décoiffent en argumentant à contresens, en coupant les cheveux en quatre ! Maudits critiques, passés de contemplateurs à contempteurs, de louangeurs de grand tribun à Trissotins pédants de la diatribe hypocrite !

Il nous revient instamment de cultiver l'optimisme et d'avoir une attitude constante, de ne pas nous laisser désoler par les esprits chagrins des Zoïles réincarnés comme par tous les bilieux qui broient du noir. Nécessairement, il convient de ne pas nous laisser envahir par ceux qui sèment des soucis et du mouron dans les fleurs de nos pensées ! Repousser les prêcheurs de contrevérités, les faux ténors qui se poussent du col et qui se prennent pour de la haute-contre ! Rabaisser ceux qui nous prennent de haut et s'élèvent contre nous. Répondre à coups de plumes à ces maudits oiseaux de mauvais augures, à ces petits serins au chant criard, aux becs jaunes comme leurs rires sarcastiques !

Certes, il n'est pas facile de tenir le haut du pavé, quand on est en contrebas. On ne peut pas toujours accuser Voltaire d'être tombé par terre ou accabler Rousseau d'avoir le nez dans le ruisseau. Il faut savoir tenir son rang et être bien rangé comme les caractères sur le clavier et les pensées dans la tête. Il y a lieu de marcher ou de rouler au pas de la raison sans perdre le bon sens et de ne pas contrevenir au code de bonne conduite. Tout doux ! Sinon, c'est la contredanse assurée et le contre-pied de nez d'un procès verbal garanti par le dernier Aristarque.

D'ailleurs, mon cher et brillant esprit, nous savons toi et moi, que le monde des idées est parfois une épreuve de travaux forcés et l'injuste condamnation de devoir ramer sur une vraie galère. Il n'est pas donné à tout le monde de se tenir à flots, contre vents et marées, de nager à contre-courant de la facilité, en tenant crânement la tête hors de l'eau et fièrement le porte-plume hors de l'encrier ! Il n'est pas aisé de faire partie de la crème littéraire quand on ne compte que pour du beurre !

Il n'est pas évident de briller et d'être en conjonction même lorsqu'on est l'un et l'autre, comme l'eau et le feu, comme le jour et la nuit. Il n'est pas aisé de garder la même ardeur quand, à tour de rôle, chacun souffle le chaud ou le froid !... Mais nous, ma douce, nous avons heureusement pu être bouillants sans finir échaudés. Nous nous tenons en face à face mais pas en volte-face. Ô délicieux plaisirs ! Après chaque envol, nous nous aimons à pile ou face.

Nous ne rebroussons pas chemin sur la voie de notre amour. Aucun obstacle majeur ne vient nous barrer la route ! Par grand bonheur, toi, tu es pour la concorde, la paix du cœur et du ménage et moi, je file droit dans la rectitude de notre vie commune ! Nous sommes de tempéraments, compatibles. Nous supportons sans nous agresser la contradiction. Tu as l'esprit incisif, du caractère et du chien ! Je suis mordu de toi et par bonheur, tu n'as pas de dent contre moi.

Fidèle et généreuse, tu emplis jour après jour, ma corne d'abondance de menues et délicates attentions. Tu offres une débauche de sens et de câlins à mes petits mots d'écrivain ! En veux-tu, en voilà ! Toi, tu me combles de beauté et d'intelligence. Aucunes stupides contrariétés. Jamais anti, je suis nanti. Si tu résistes parfois jamais tu ne te refuses ! L'amour est à la fois dons et échanges. Tu es mon plein plaisir des sens, ma volupté à pleines mains ! Si de ma plume coquine, je t'ai frôlé la croupe hier, je te la flatterai aujourd'hui !

Au fond, mon Augustine, mon petit loup des Lupercales, pour nous, c'est un peu chaque jour la Saint Valentin ! Tu es tout pour moi, quand je me tiens contre toi. Nous ne menons pas bacchanale, notre débauche est de volupté et de caresses... Et même, un jour d'épines est un jour de roses ! Pas de contre cœur ou de contre-amour mais d'insensés plaisirs et de jouissifs délices à l'endroit contre moi puis à l'envers aussi ! Contre, tout contre ! Toute en accords, en corps à corps !

Notre amour est à livre ouvert ! Nulle envie de tourner la page !

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Lettre de jouissance - Volupté 2/2

Publié le par modimodi

 BAL  CDC

Les plaisirs de l'abandon

Volupté ! Ô volupté, tu rends égalitaires les échanges entre partenaires pour qu'à tour de rôle, chacun soit le sexe faible.

Qui n'aime pas l'alternance ? Qui ne prend plaisir à camper sur ses positions : avoir le dessus ou être en dessous... de tout ? "Quand bien sûr, le Tout, c'est toi, c'est l'autre, mon amour !"

Seul parfois l'accouplement renforce la volupté pour la conduire à la jouissance libératoire. Elle parvient alors à déployer ses charmes jusque dans l'exultation. Certains mêmes, en souriant aux anges, laissent croire qu'ils ont trouvé le paradis des jubilations séraphiques dans les jouissances extatiques ! Mais il n'est même pas nécessaire de parvenir à la libération orgasmique du plaisir suprême pour connaître la chaude volupté et son troublant bien être !

D'ailleurs qui peut croire que la volupté ne se trouve que dans l'érotisme ! Non personne ! Même si bien sûr, quiconque conçoit presque d'instinct, qu'elle s'accomplit dans la synthèse alchimique du corps magnifié !

Oh ! Mes bons amis, qui nous dira l'ivresse des désirs, la joie des plaisirs délectables, les ravissements de la concupiscence au cœur de la passion, les transports frénétiques de la griserie la plus luxurieuse, le festin physiquement fougueux des exaltations du sexe, la subtilité suave des parfums fleuris de la chair !

Mais quel jouisseur raffiné saura aussi exprimer l'acmé de tous les sens quand ils sont mobilisés pour la création artistique ! Qui saura évoquer la sensualité des pinceaux de Titien, de Botticelli, de Raphaël, la fièvre maîtrisée des ciseaux de Rodin et de Camille Claudel !... Du paroxysme du génie, de la foi ou de l'amour pour Vénus ou Marie, du feu de la couleur au froid du marbre... Volupté, ô volupté !

Qui décrira l’émoustillement le plus léger comme le plaisir intérieur le plus vif d'être reconnu honorable et honoré pour son action et ses succès ! Qui expliquera la fierté intérieure et intense du devoir moral et du dévouement aux nobles causes humanistes ! Par l'onction reçue dans la componction, l'humilité plus que le triomphalisme est la forme sublimée de la volupté, qu'on penserait plus vulgairement sociale...

Qui exprimera la joie profonde et raffinée de la découverte du savoir et des études, l'émotion savourée, les yeux mi-clos, des enchantements et des révélations d'une recherche. Qui vous convaincra du luxe étonnant des idées, du don de fantaisie et de poésie dans l'écriture, donnée à la dégustation distinguée de quelques gourmets littéraires !

Qui vous parlera de la difficulté de formuler sa pensée et de la voluptueuse sensation de l'intuition germinative, quand enfin elle excite votre imagination pour éclairer votre page et transcender l'émotion dans votre plume !... Suprême élégance du cœur et de l'esprit, indicible ressenti d'une indéniable victoire sur vous-même et vos manques. Philosopher, c'est apprendre à mourir à ses illusions tout en vivant dans l'illusion qu'on peut se connaître soi-même !

Plus la souffrance de l'accouchement des pensées et des mots pour les dire est intense, plus la délivrance est intensive dans ce voluptueux rapport entre la douleur stoïcienne et le plaisir épicurien ! Singularité de l'impression qui s'imprime en vous, tout à la fois violente et douce, toujours secrète.

La volupté a toutes les nuances de vos cinq sens et la palette des couleurs de l'existence. Elle peut se révéler dans les plaisirs de la chair comme de la bonne chère. Elle se donne et se partage tout en demeurant exquisement personnelle. Il y a tant de subtile délicatesse dans un émoi ou une pose lascive, qu'il n'est nul besoin de s'adonner à un libertinage effréné, pervers et lubrique pour donner plus d'intensité à la volupté.

La libido n'est pas un péché de polissonnerie permanente qui exigerait de vous mortification, débauche, stupre ou fornication ! Dans la sémantique de l'amour, le plaisir des sens peut se passer des contresens !

La volupté est sans doute le moyen le plus agréable d'apprécier la vie et d'en profiter avec tact et discernement. Le voluptueux est un viveur raffiné qui connaît le sens des mots agrément et délassement. Il ne trouve avantages et satisfaction que dans la grâce des délices... Amis, je ne veux pour vous que cette fascinante capacité à jouir du meilleur que l'autre et la vie vous offrent !

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Lettre aux juillettistes : Torpeur (hello!)

Publié le par modimodi

CDC 1

Amis, je ne sais pas si vous aimez les sensations fortes, la grande roue ou le grand huit ! Mais la vie vous place sur le manège : le carrousel de l'enfance, la chenille des jours, des mois et des années et le train fantôme à prendre sans trop réfléchir, pour passer le dernier tunnel !

Dans l'existence, tout est sensation, pourtant bien peu d'entre vous ne sont sensationnels, au point de déclencher l'admiration. Cependant, vous éprouvez en permanence de multiples perceptions d'intensité variable ! Vous passez du chaud au froid, du plaisir à la douleur, vous ressentez la faim ou la soif, la plénitude ou le manque. Certains vous donnent des suées, d'autres vous glacent. L'existence qui doit avoir l'esprit mal tourné prend un plaisir sado-maso à vous faire parfois souffrir comme à vous meurtrir au point, avec excès de vous donner l'impression de subir tant de coups durs que vous croyez avec angoisse devoir endurer mille morts. L'existence n'est que contrastes et états contradictoires, elle vous donne la pépie ou les crocs. Vous la croquez, elle vous comble puis vous laisse sur la fin. Les impressions en noir, en blanc ou en couleurs se marquent en vous comme sur un film d'images ! Le cinéma de vos vies est permanent.

Ne soyez pas surpris de vos réactions ! Les événements et les êtres provoquent en vous, des réactions en bien comme en mal et affectent votre conduite, élans et emballements, colère ou joie, réticences ou rejets, etc. Vos peaux et vos cœurs sont comme des caméléons, en technicolor. En général, la tendresse vous émeut, le désir vous excite, l'amour vous laisse sous le choc. Vous êtes troublés par la gentillesse, peinés par la malchance. Impossible de rester indifférents.

Constamment, vous avez des manifestations physiques marquées dans vos attitudes corporelles ou nos mimiques. Vous affirmez votre personnalité, vos forces comme vos faiblesses. Vous faites preuve de caractère. Certains traits distinctifs comme vos comportements vous cataloguent dans un portrait psychologique ou une figure morale. La société est un immense musée Grévin ouvert au grand public.Vous êtes royalement de brillantes et tristes cires.

Ainsi, êtes-vous timides ou craintifs, renfermés ou entiers, francs ou dissimulés, adaptés ou asociaux, vertueux ou malfaisants, rétractés ou sanguins d’Hippocrate... Autant de types de caractères que d'yeux dans le bouillon de culture, que d'étoiles dans la soupe cosmique, que d'herbes dans le bouillon de sorcière !

Vos tempéraments sont le résultat de votre patrimoine génétique, social ou culturel. C'est ainsi que l'âne est un âne parce qu'il a de grandes oreilles ! ... " Et mmmoi, dit l'autre, jjeje vous l'répépète à perpète, jjeje suis bèèègue, parce que jj'héjj'hésite à vous ppappaparler! ...

C'est même congénital ! Celui-là a hérité de toutes les tares familiales, des névroses maternelles, des psychoses paternelles, des phobies de grand-mère et des obsessions de grand-père ! C'est ça l'esprit de famille ! Et pour tout arranger, quand le papa a été licencié, comme il n'y avait plus de quoi vivre, le petit s'est mis à voler ! Voilà qu'il passe pour un délinquant, alors qu'il ne voulait être qu'un bon fils, un gentil débrouillard !

On l'a montré du doigt et on a dit en plus qu'il avait un fichu et sale caractère. Que voulez-vous ? Les gens ont toujours besoin de parler de tout et de rien ou de commenter les faits divers. Sinon, qu'est-ce qu'ils pourraient bien dire d'intéressant au voisin occasionnel, au pilier de bistrot et à son anonyme compagnon de biture ? Moi, je vous le dis, ne vous étonnez pas que les mouettes soient rieuses et les singes hurleurs !

Alors, on l'a traité de tous les noms : de vaurien et de son synonyme bon à rien, de graine d'assassin et même de gibier de potence. C'est peut-être pour ne pas décevoir, qu'il n'a pas manqué d'être à la hauteur de sa réputation. Il a un jour, tout bonnement tué père et mère !

Ah ! Bien sûr qu'on n'a pas fait de sentiment avec lui, mais alors simplement appliqué la loi et fait tomber le jugement. C'est également ainsi que passant de parricide à matricide, il s'est retrouvé orphelin !

Oui !  Je le reconnais. vous pouvez avoir l'impression que le narrateur abuse un peu des faits et de l'indulgence de son lecteur en se moquant des naufragés de la vie, de ceux qui restent accrochés au comptoir vermoulu de la société. Comme ne pas mentionner les rescapés de la noyade fiscale, amers de tant d'obligations, de dettes, de saignées à blanc, secs d'une seule traite ! Eux, de toutes façons, c'est toujours, cul sec qu'ils doivent  boire le calice d'amertume.

Mais excusez-le ! En la torpeur de cet été brûlant, l'anecdotier pourrait tout aussi bien railler les ultraviolés solaires, les beaux paradeurs bronzés et déjà bien fondus, toutes ces braves victimes consentantes de l'abrutissement estival, de ses mièvreries et dérisoires futilités. Assurément ! Il a le droit de se gausser de ces minauderies extasiées pour réaliser les dernières prises de vue des vacances... Les mêmes, bien sûr, déjà photographiées, l'an dernier et l'année précédente...

Alors, à vous, hypothétiques et ultimes lecteurs fantômes de ce trop bel été, à vous les errants sableux aux deux derniers neurones en surchauffe, résistants épargnés par la canicule, je veux bien avouer feindre, ironiquement d'embrouiller les notions légales et morales, habituellement admises... Oui ! Dans cette fantaisie, où se mélangent allègrement les idées et les significations, il joue avec la confusion des situations et la polysémie du verbe "sentir".

Allez ! Vous sentez bien vous-mêmes qu'il force le trait en abusant de ce mauvais humour pour en exagérer l'effet. Forcément, que la justice ne va pas laisser passer un tel méfait. Le malheureux jeune homme va le sentir passer. Pauvre garçon coupable d'un acte insensé ! Sa sensibilité viendra lui offrir de multiples sensations. Il ne peut ,comme on le dit familièrement, que se sentir mal. Oui ! Pour lui, ça sent mauvais, le roussi et le brûlé. Il va pressentir la sanction, avant de déguster. Imaginons même qu'il aura des remords et se sentira fautif.

A votre tour, vous aussi, vous mélangez allègrement les notions quand il s'agit d'exprimer vos sensations et de faire preuve de sensibilité. C'est ainsi ! Nous manquons de vocabulaire précis pour laisser parler nos sentiments et nos cinq sens... En un sens, nous confondons sens, sensations et sentiments, sensualité, jouissance et concupiscence. Nous avons parfois le bon sens de la mesure mais le plus souvent celui du ridicule sens commun ! Nous hésitons sur les significations en jouant entre sens propre et sens figuré et nous nous retrouvons à contresens. Trop polysémiques pour être au net !

Mais pourquoi vous prendre la tête ? Pourquoi tourner en rond au sens giratoire ?   C'est l'été et la torpeur accablante de fin juillet ! Ce récit surchauffé vous invite à vous mettre à l'ombre et à vous protéger des coups de soleil. Allez ! Laissez-vous aller ! La sieste vous attend !

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Lettre aux coeurs de cristal - Dur, dur !

Publié le par modimodi

BAL  CDC

Ah ! L'amour ! Oui ! L'amour est un des mots, les plus doux et les plus prometteurs de la langue française ! Le prononcer, c'est déjà recevoir une caresse. Quand il vous choisit, vous recevez dans l'harmonie de la voix qui le prononce, toute sa délicatesse. Il vous transforme, vous devenez léger, délicieux et aimable. Vous êtes aimant et digne d'être aimé ! Vous pouvez vous montrer assidu et servant, un cœur noble et chevaleresque !

Tout vous est promis : le grand bonheur du grand amour ! Vous prodiguez alors, attentions, douceurs et tendresses. Vous vous effleurez ! Vous murmurez mezzo voce vos émois ! Vous gardez votre réserve et contenez vos emportements. La passion est à gué. Vous vous pressez avec une délicate ferveur. Vous vous donnez des marques d'amitié avec des langueurs enamourées dans les velours, le satin ou la soie. Avec le tact infini de votre pudeur, vous nuancez les sobres élans de vos corps à corps, sages de retenues, sous les lueurs tamisées des pâles opalines.

Le charme opère jusqu'au plus profond du moindre de vos frissons dans les mille contacts maladroits, hésitants de vos peaux et vos mains qui se frôlent. Le temps s'étire langoureusement dans la cadence nonchalante de vos soupirs et de vos languissants désirs. Vos odeurs se confondent dans la moiteur et les parfums suaves de vos premiers abandons. L'extase retient la violence de ses cris. La jouissance patiente et se dilue lentement dans l'eau de jouvence de l'amour naissant.

Pourquoi faut-il qu'imperceptiblement, jour après jour, l'amour finisse par s'affadir ? Quelle mauvaise alchimie le corrompt ainsi ? Pour quelle raison, la douceur se fait douceâtre et affecte les doucereux ? Dans l'estompe du quotidien, les cœurs s'émoussent, l'indifférence voile les yeux doux et tendres, le bois de lit garde les traces d'ongles laissées par les jouissances dans les craquelures du vernis.

Le plaisir devient impérieux et se prend peu à peu sans ménagement. Les câlins deviennent des assauts ! La passion rend fiévreux. Les gentils amoureux sont à présent des amants empressés. Les excès s'intensifient même parfois dans la démesure des propos et des gestes. La température et le ton montent. Les relations s'avivent. Les agacements s'accentuent. Les humeurs s'attisent. L'exaspération est éruptive. Chacun se prend à déverser la fielleuse bile, âpre amertume et vains reproches.

"Et la tendresse, bordel !" est un cri plus qu'un slogan ! Fini de se la couler douce ! La tension entre les aigris est palpable. Le climat maussade n'est plus à l'entente cordiale. Nous ne sommes plus très loin des plaies et bosses. Les duos sont devenus des duels aux affrontements criards. Les deux protagonistes excédés se refusent à la tendre guerre. L'insulte distillée insidieusement envenime les échanges. Tout événement est un prétexte pour aggraver la situation. De désaccords en désaccords, tout se dégrade et se désunit !

Plus de douce heure, que de la raide heure et du plein malheur, d'heurts en heurts ! L'amour qu'on croyait bâti sur le roc, ne se vit plus qu'à la dure et trébuche sur les pierres d'achoppement des mesquineries quotidiennes. Quand les têtes deviennent elles-mêmes dures comme du bois, les cœurs durs comme de la pierre et les corps froids comme du marbre, peut-on encore parler d'amour ?

L'intense volupté n'était qu'un cristal fragile pour les amants au cœur bohème !... Le cœur se fend dans une imperceptible fêlure à chaque fois que les sensations s'exacerbent et se hérissent. Chacun se crispe et se dresse. Les adversaires s'opposent, se braquent et les serments craquent. Tout se déchire. Quand les frôlements et les effleurements prennent des éraflures, la tendresse s'entaille et se taille. Les corps lisses se plissent et la passion se délie. Hélas ! Hélas ! L'amour se délite aux corps et aux cris des flagrants délits. Les délices gémissent dans les effluves épandues des putrides lys !

Brusquement, les limites se brisent. La voix s'est faite cassante. Les fougueux opposants ont désormais des mots rugueux ! Les griefs sont durs comme du granit et les paroles tranchantes comme des silex. Les propos glaçants refroidissent le ton des réquisitoires implacables. La rudesse est désormais quotidienne et méchante d'intransigeances excessives.

Il faut être dur d'oreille ou sans cœur pour pouvoir tout supporter ! A ce point, il ne sert plus à rien d'endurer pour durer ! Amants, il faut filer en douce ! Exit par la petite porte étroite des coeurs étriqués.

 

 

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Lettre pour nos tendres assauts : En force 3/3

Publié le par modimodi

 CDC 59

Force d'inertie et de frappe

Ma douce amie, où réside donc cette force qui nous porte et nous transporte ?

Même si nous nous donnons corps et âme, je ne parle pas ici, de force d'âme ! Nul courage particulier, nul acharnement comme nul effort de volonté pour affirmer notre vigueur amoureuse ou prouver notre endurance. Nul besoin de nous faire face, il suffit de nos tendres face-à-face !

Il faut bien l'admettre, il n'est qu'une seule force, c'est celle de l'amour. Bien malin qui pourrait en connaître la manière forte avec laquelle, il nous enveloppe de son armure et nous rend sans résistance.

J'oserais prudemment avancer que sa plus grande force est peut-être son apparente force d'inertie. Car voilà, qu'il nous saisit en douce au moment où nous croyons dur comme fer, que rien ne peut nous arriver ou nous atteindre. Il endort notre vigilance. Peut-être même qu'il s'infiltre en nous dans la léthargie de nos pensées rêveuses, dans l'atonie de notre cœur lent, dans l'indolence de notre volonté quand nos désirs se font poussifs et nos besoins passifs. Il trompe ainsi notre confiance et subitement emballe nos émois, réveille nos appétits, excite nos envies, exalte nos sentiments.

Nous voilà vivaces comme des plantes longuement engourdies, au sortir de l'hiver, comme de la sève impatiente, en promesses de fleurs. Nous nous réalisons alors dans l'éclosion de nos élans, dans l'amplitude de nos intentions et la fougue de nos attentes. L'impatience nous provoque. Nous voilà aiguillonnés, piqués au vif, attirés et attisés. L'amour déploie ses attaques et fait parler sa force de frappe à petits coups de cœur.

L'aveuglement qui nous saisit et que d'aucuns appellent éblouissement est une feinte violence et une tendre agression que nous transfigurons pour l'être aimé en parlant de sa beauté éclatante. Nos sens sont avivés dans une extrême exaltation. Nous nous brûlons les ailes au brasier qui les enflamme. Notre raison chavire quand nous parlons d'aimer à la folie, notre vie s'abandonne quand retentissent les murmures et les cris de mille : "je t'aime à la folie". Et chacun se donne à bouche que veux-tu, et chacun se jette impétueux, à corps perdu.

L'ardeur donne de l'audace. On se griffe, on se mordille, on brûle sur des charbons ardents. Au paradis des divins bonheurs, l'amour a la beauté du diable et même le diable au corps ! Qu'on se le dise et qu'on le proclame ! Lucifer est un ange qui vous fait perdre patience et vous dote de la ruse d'un fieffé diablotin. Sans sauvagerie, il vous contraint à en venir aux extrémités, jamais les pires mais les meilleures ! Le plus réservé se dévoile sous l'emprise de ses pulsions. Dans le miroir des illusions hypnotiques, chacun est fasciné. Les yeux et les corps se révulsent. La passion est d'enfer !

Entre cris et murmures, gémissements et soupirs, la volupté est souveraine. Synonyme de délices, elle nous emporte unis, au plus haut point de fusion. Elle n'est plus qu'acmé dans le paroxysme des ivresses, dans le déluge des caresses, dans la frénésie érotique. Les licences de la chair nous élèvent d'extase sexuelle en apogée sensuelle…"Ô mon céleste amour, ne descendons plus !"

 

 

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Lettre pour nos tendres assauts : En force 2/3

Publié le par modimodi

 CDC 58

Tour de force

Ma douce amie, le proverbe a sans doute raison : "Plus fait douceur que violence." L'inattendu nous a, un jour, saisi le cœur. Mais au-delà de la bouleversante brusquerie de notre rencontre, nous avons ensemble choisi la tempérance et l'aménité. Passé le choc du premier contact, nous vivons, en partage apaisé, les coïncidences de nos bouts de chemin commun. Nous nous prenons par la main pour mieux tenir la route.

Pas besoin de passer en force pour imposer à l'autre, une position. Personne n'a la haute main sur l'autre ! Quand nous cherchons à prendre le dessus, c'est pour camper sur la meilleure des positions, celle du plaisir et demeurer le plus longtemps possible sous son emprise. En confidence, je t'avoue que je ne refuse jamais ton excitante emprise et ta jouissive domination. J'admire même le doigté avec lequel tu maîtrises et domines ton sujet. Ô combien ! J'adore mourir d'amour, écrasé par toi !

Dans ce quotidien apaisé et serein, inutile de faire montre de véhémence pour distiller un avis ou avancer une opinion même divergente. C'est en dehors de toute volonté d'inféoder ou d'aliéner l'autre que nous favorisons le dialogue. Pas de désapprobation imprécatrice, la voie de nos coquines réjouissances se parcourt à pleines voix de jouissances !

Nous dominons nos instincts et nous matons nos révoltes internes lorsque l'agacement nous gagne. Nous gardons ainsi notre vigueur pour mieux nous cabrer dans l'intimité. Notre force d'endurance s'affirme toute entière dans la durée de notre ténacité. Nous résistons aux coups de boutoir des jours et nous rions de l'affolement des tempêtes dans nos verres d'eau et nos tisanes !

A force de vivre, nous n'échappons pas au commun des mortels ! Bien sûr, la routine cherche toujours à nous prendre de subtile force en imposant ses rituels. Mais nous luttons contre ces habitudes du quotidien qui, dans la recherche de sécurité, chloroforment nombre de couples. Nous ne voulons pas à toute force d'un bonheur sans nuages. Par delà les caprices de notre ciel changeant, ses brumes et ses grisailles, ses tourments d'ardoise ou de plomb, nous cherchons sans cesse la lumière.

A l'abri des orages, nous cherchons le plus possible à nous étonner l'un et l'autre de nos différences. Si nous nous affrontons, c'est dans de tendres et délicieux duels. Et, mon Dieu, quel bonheur quand nous tombons à la renverse ! Nul besoin d'être une force de la nature pour laisser parler la force de nos natures !

Nulle sauvagerie où nous chercherions à contraindre l'autre et à le prendre de force. Non ! Par surprise à la rigueur mais toujours sans effraction. Je n'ai jamais eu besoin de le fendre ou de le briser pour que tu m'ouvres spontanément ton noble cœur. Bien au contraire, nous nous donnons libres et consentants, à cœurs ouverts, à corps offerts.

Ma douce amie, nous nous aimons en réinventant les mots et en augmentant les preuves d'amour. Nous cherchons inlassablement à en varier les expressions et les nuances dans toute la force du terme ! C'est même là, notre tour de force : créer de la durée en multipliant, à longueur de temps, de minuscules instants comme autant d'étincelles de petits bonheurs.

Ces lucioles d'éclats de joies et de rires dansent sur nos vies sans faire peser le fardeau de l'âge. Nous restons jeunes, nous pourrions dire, encore et toujours, dans la fleur comme dans la force de l'âge ! Si nous prenons de l'âge ingrat, c'est toujours de l'âge tendre, c'est à jamais de l'âge d'or.

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Lettre pour nos tendres assauts : En force 1/3

Publié le par modimodi

CDC 57

Force majeure

Ma douce amie, au début, je croyais que je n'écrivais que pour moi, pour le plaisir étonnant des mots, pour exprimer la multitude incontrôlée de mes sensations, dénouer mes idées de leurs imprécisions, confier mes sentiments à cette confiante page blanche et donner vie au dialogue interne entre mon esprit et mon cœur.

Je pensais que composer m'apportait une densité et un équilibre, comme le funambule sur le fil de la plume. Tout en grâce et légèreté mais à la force du poignet ! A présent, je sais que j'écris aussi pour toi. Et même si tu me trouves trop sérieux dans cet exercice jugé pontifiant, je veux te prouver ici que je suis bien ton captif dans l'empire de tes sens !

Je vais encore te parler d'amour de ma voix mélodieuse et te faire mes yeux doux. Laisse-toi lentement t'enchanter. Mes doigts qui se nouent aux tiens tissent la tendresse avec la force des fils de soie. Mes mots ont la force d'un vin qui enivre. Nulle dysharmonie, je suis à l'encontre de toi comme l'ombre dans le tableau. Tu peux t'abandonner, les yeux mi-clos, je me glisserai dans le demi-jour.

Ma douce amie, ici-bas, chacun choisit son mode d'approche et cherche à en doser l'intensité. Tu le sais mieux que moi ! La relation que nous portons aux événements ou aux individus dépend bien souvent de nos intentions personnelles. Prendre connaissance d'une situation, aborder quelqu'un, réaliser une tâche, etc., nécessitent en permanence d'ajuster nos actes à la situation. Rien n'est constant, ni figé.

Entre les rubans de tes bras, comment pourrais-je jouer les gros bras ! Non ! Me glisser avec bonheur et en langueur, en puissance contenue comme en finesse délicate sont chez moi quelques différences d'approches chaque fois que je me blottis contre toi. Ma force n'est pas uniquement physique, elle est de caractère, de grandeur d'âme et de noblesse de cœur comme peut-être d'éloquence. Nulle impression d'y être obligé, aucun besoin de me forcer car ta finesse, ta gentillesse et ta grâce sont tes vertus et mes exemples à suivre...Tu m'offres le paradoxe de donner de l'intensité à mon existence par ta simple douceur de vivre.

D'ailleurs, en général, personne n'aime la contrainte. Quand la nécessité s'impose par la force des choses, l'inéluctable est rarement apprécié. L'absence de choix ou de liberté d'action est plutôt vécue comme une atteinte personnelle et un obstacle au droit d'indépendance.

C'est ainsi et tu le sais, dans les cas extrêmes de force majeure, nous n'avons pas la possibilité de faire autrement. Dans ces inévitables situations, si les causes comme les conséquences varient de l'une à l'autre, elles ont pourtant un point commun, celui d'ôter la responsabilité humaine. Un tremblement de terre, un raz-de-marée, un cas imprévisible nous libèrent ainsi de nos obligations. Sauve qui peut !

D'ailleurs au risque de t'interloquer, je m'interroge. L'amour passionné que je te porte n'est-il pas lui-même, un cas de force majeure ? Souviens-t-en ! J'ai frémi à ta vue puis tremblé de peur de te perdre. J'ai été emporté par toi, submergé par l'émotion, noyé dans la houle argentée de ton regard marine. Je n'y étais pas préparé. J'ai sombré, je suis un rescapé.

Ce fut soudain et brutal, semblable à l'expression du coup de tonnerre dans un ciel serein. J'éprouve encore la sensation contrastée de sa douceur ouatée et de l'intensité de la déflagration. Tu es venue à moi, délicate et violente à la fois ! J'ai vibré, j'ai fondu dans l'alliage secret des éclairs et des couleurs de l'arc-en-ciel de tes yeux. Je fais partie de toi comme l'oiseau à la brise avant le vent d'orage. Je suis noué à toi, tu m'as graduellement serré dans les nœuds de l'amour, je suis enrubanné d'une écharpe d'iris.

Évidemment des questions se bousculent. Suis-je seul responsable de cette surprise fortuite ? Est-ce un bienfait du destin ou une catastrophe naturelle ? En cas de dommages futurs entre nous, pourrai-je invoquer la clause accidentelle du cas de force majeure ? Sous le coup de quelle puissance suprême, suis-je tombé ? Fait-elle force de loi ? Si je suis forcément impliqué, suis-je à jamais engagé au point d'aliéner définitivement ma liberté ?

Donne-moi de l'assurance avant notre prochain assaut d'amour !

 

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Lettre fondamentale - Les cinq éléments vitaux 5/5

Publié le par modimodi

BAL CDC

LA QUINTESSENCE

Le cinquième élément

Mon cher frère en humanité, sache qu'Empédocle n'a pas fait dans le détail pour définir les principes composant toutes choses. Ni une ni deux et sans s'en faire tout un monde, il établit la suite des quatre éléments essentiels : le Feu, l'Air, l'Eau, la Terre. En cinq sec, Aristote, qui ne veut pas rester en reste, incorpore un cinquième élément. Il l'appelle la Quinte Essence, c'est à dire, le Vide ou encore l'Espace.

Pour mieux être compris par ses contemporains, il ajoute les forces de l'Amour et de la Haine qui rapprochent ou qui séparent les êtres et les choses. La santé physique ou mentale, ayant été de tout temps, un bien précieux, le médecin Hippocrate reprend la théorie des quatre éléments pour en faire le fondement de sa théorie des Humeurs.

Ainsi, l'Homme est-il ce vivant, dépendant de l'équilibre des quatre composants pour l'harmonie de son corps et de son esprit. Quatre qualités le caractérisent : chaud et froid, sec ou humide. Aussi est-il, chaud bouillant ou chaud lapin, froid de cœur et de sang, à sec d'idées ou d'arguments mais humide des pieds et des mains,

Terrien, il rampe d'abord avant de se redresser, humain tiré de l'humus et tête de nœud d'homo erectus avant d'être homo sapiens ! Ainsi, ce bouseux, glaiseux au teint terreux, ce cœur de pierre, faible et nu comme un ver ou fort comme un roc, a-t-il besoin d'avoir les pieds sur terre pour que sa vie tienne debout et qu'il puisse avancer, les deux pieds dans le même sabot !

Inconstant dans ses idées, coulant envers lui-même, versatile, l'homme grenouille dans le marécage des jours. Il est un signe d'eau ! Noyé dans une goutte d'eau, nageur en eau trouble, perdu dans un océan de promesses, il se débat dans les courants et les remous du quotidien. Il vit d'amour et d'eau fraîche. Il est souvent prudent et quand il se jette à l'eau, c'est revêtu de son gilet de sauvetage et de sa barboteuse avec bouée-canard. Pourtant, il coule quand même à pic, quand sa vie crie à l'abord-d'âge et que l'âge le mène, du chavire-âge au naufrage !

Inné autant qu'igné, il joue avec le feu, il est tout feu, tout flamme. Volcanique parfois, éruptif au sang chaud et au regard de braise, il explose et déverse sur ses semblables, des torrents incandescents de bave et de lave. Le feu aux joues, il prend feu et s’enflamme pour un rien, souffle le chaud et le froid, attise la haine ou la passion et se brûle les ailes. Au premier coup de foudre, il s'incendie le cœur, s'embrase et se consume. Dans le magma des jours, au milieu des secousses, stupeur et tremblement, il ne peut faire long feu.

Inscrit et en sursis, entre le ciel et la terre, il prend la vie à pleins poumons et vit dans l'air du temps. il s'élève, ballotté comme un fétu, il plane, il vole, il n'est que feuille morte, à travers les branches du temps. Son cœur girouette tourne aux quatre vents des brises et des bourrasques, des coups de blizzard ou de sirocco. Autan en emporte l'amour !

Il est de toutes les saisons, de toutes les humeurs, il est colérique et sanguin, flegmatique et mélancolique. Il est globalement terrestre ou aquatique, serpent ou anguille, intellectuellement aérien ou pyromane, aigle ou dragon, buse ou scorpion.

Dans l'air du temps, l'humain se meut dans l'air, sans en avoir conscience. S'il sent le vent du boulet, il ne peut comme la terre ou l'eau la prendre à pleines paumes, la laisser glisser ou s'écouler ni mettre sa main au feu. L'air est invisible et inodore mais plus subtil encore est la quintessence, l’Éther, le cinquième élément.

Lui n'a pas de forme, lui n'a pas de volume, il est pourtant partout et relie toute chose. Il enveloppe et environne, il distingue et différencie, il est l'espace et l'intervalle entre les êtres et les objets. Il organise le monde, lui donne son énergie. Il constitue les astres, donne vie au cosmos, aux sphères et aux planètes, à des millions d'années-lumière. Il est le vide, inactif et passif d'apparence, pourtant il transcende tout. Il est Unité et Amour, le point central de l’homme de Vitruve, la rose sur la croix.

Mon égal en humanité, les intervalles du temps nous permettent de nous situer au présent ou au passé et à l'humanité, d'avoir une histoire. Le principe du Kybalion dit que : " ce qui est en haut, est comme ce qui est en bas". Autrement dit, le microcosme est à l'image du macrocosme et la petite histoire fait partie de la grande Histoire. L’homme, ce terre à terre est à l'image du Très-Haut. Les plaques tectoniques de sa vie en s’entrechoquant font écho au fracas des origines : Ordo ab Chao. A l'image de notre Créateur anthropomorphisé, nous sommes mêmes, des enfants de Dieu.

L'espace anime et donne vie à la matière et à l'art. Sculptée et détachée du bloc de pierre, la statue s'inscrit dans l'espace, offre ses formes à notre regard et un reposoir aux pigeons. Nous allons sans cesse à la conquête de l'espace, le nôtre est vital. Il a besoin de repères et de places, de parking ou de plage, au soleil. Il prend même corps pour notre plus grand plaisir, dans quelques corps à corps, collés serrés.

En ce bas-monde, les vivants et les morts nous apprennent le sentiment d'individu mortel, sursitaire, réserviste pour le ciel. Notre âme en rédemption a même gagné un baptême de l'air gratuit. Notre passage ici-bas, est définitivement provisoire, en certitude de finitude sur cette terre.

Nous y percevons nos limites, seuls nos rêves n'ont jamais assez d'espace. A l'école de la vie, nous comprenons que, si le savoir et les connaissances sont infinis, illimitée aussi est notre ignorance. En amour, la conquête amoureuse n'en n'est pas moins astronomique et comique plus souvent que cosmique, quand il s'agit d'un astre, d'une étoile galactique, d'une star à paillettes.

Mon ami, mon prochain, j'espère que ce sujet éthéré, qui n'y va pas, par quatre chemins, ne t'a pas fait fuir, quatre à quatre et en quatrième vitesse. Si tu n'as pas abandonné, ces cinq éléments, en tonitruant les cinq lettres, peut-être, t'es-tu laissé embarquer dans l'espace infini des rêves et de l'amour !

 

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