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Connaître ses classiques ! 1/3

Publié le par modimodi

CDEC DOUBLE

À ma gloire pastiche

"Je suis le ténébreux, le cancre mal aimé,

Le prince de malchance aux zéros abonné:

Ma bonne étoile est morte, et mon pauvre cahier

Porte le soleil noir des tâches d'encrier." (1)

"Souvent en fond de classe, près du radiateur,

Attendant la sortie, tristement, je m'assieds;

Et mon esprit s'égare, très loin, au fil des heures

De ce tableau changeant, de ces leçons casse-pieds." (2)

 

Le maître :

"Jehan, as-tu du coeur?

Jehan :

Tout autre que vous, maître

L'éprouverait sans heurts." (3)

 

Le maître :

"À moi, Jehan, deux mots!

Jehan :

Parlez!

Le maître :

Ôte-moi d'un doute,

Connais-tu Charlemagne?..." (4)

Jehan :

Oui,

Le maître :

Sur Charles, dit le Magne, il te faut disserter;

Et l'école, dis-nous, l'a-t-il bien inventée?

 

Jehan :

"Atteint jusques au fond du coeur

D'une attaque imprévue aussi bien que cruelle,

Pour vous répondre, Maître, je me creuse cervelle,

Ne voulant supporter votre juste rigueur." (5)

 

En aparté :

"Il me faut donc ramer ou braver sa colère

Que diable, suis-je venu faire dans cette galère?" (6)

 

Déclamant :

"Sire Childéric, sur son trône perché

Fut, on le sait, dernier de son lignage.

Maire du palais, par pouvoir alléché

Lui tint à peu près ce langage:

Hé! Bonjour, fils béni parmi les Mérovée,

À vous, la vie d'château et à moi, les corvées!

Sacré roi fainéant, si pour pomm' me prenez,

Par la foi de Pépin, bien fort vous méprenez!

Bref! De tous ces propos, Childéric, le bon roi

Malheureux et confus, resta muet, sans voix.

Sitôt incontinent, couronne lui donna

Aux maudits Pipinides, le trône abandonna." (7)

De cette dynastie, naquit Charles Le Grand.

Voici, ô mon bon maître, le début du roman.

 

Le maître médusé de tant de science historique :

"Ô grâce, ô doux espoir! Ô jeunesse bénie!

Que me soit pardonnée toute ma vilenie!

Car si je t'ai flétri par mes propos guerriers,

J'exulte qu'à ton front, fleurissent ces lauriers." (8)

 

Jehan :

"Pour être un vrai héros, il me faut achever

C'est peu pour moi de vaincre, je veux encore braver..." (9)

Or donc, à Roncevaux, Roland, son preux neveu

"Aimait le son du cor, le soir au fond des bois." (10)

Soufflant à perdre haleine, à s'en casser la voix.

À ses basques, les Maures couraient "Sus au baveux!"

Brisons là, leur dit-il, brandissant Durandal,

"Point de royaume à prendre, encore moins mon cheval!" (11)

 

Le maître impatient :

"Oui! Roland cornait tout le temps,

Il cornait, j'en suis fort aise

Hé bien! Concluez maintenant." (12)

 

Jehan:

L'oreille de Charles est bien mauvaise,

Il n'entend pas sonner le cor...

"Roland se meurt, Roland est mort." (13)

"Ô triste, triste était son âme

À cause, à cause de ces infâmes.

Il ne s'est jamais consolé

De savoir Roland en allé." (14)

Guerroyer devint interdit,

Tous les soldats furent maudits.

La paix fut donc son seul souci.

Place aux missi dominici!

Caressant sa barbe fleurie,

Il convoqua les érudits :

"De l'école avant toute chose,

Et pour cela, finies les guerres.

Qui dira les torts de la haine!

Le plaisir d'apprendre en semaine!

De la musique, troubadours,

De la science encore et toujours!

Que leçon soit bonne aventure,

Tout le reste est littérature." (15)

...

Sans doute avez-vous reconnu les poèmes et leurs auteurs célèbres, allègrement et honteusement pastichés?

(1) El Deschidado - Les Chimères - Gérard de Nerval

(2) L'isolement - Méditations poétiques I - Alphonse de Lamartine

(3) Le Cid - Acte I - Scène V - Pierre Corneille

(4) Le Cid - Acte II - Scène II - Pierre Corneille

(5) Le Cid - Acte I - Scène VI - Pierre Corneille

(6) Les Fourberies de Scapin - Acte II - Scène VII - Molière

(7) Le corbeau et le Renard - Fables - Jean de la Fontaine

(8) Le Cid - Acte I - Scène IV - Pierre Corneille

(9) Horace - Acte IV - Scène II - Pierre Corneille

(10) Le Cor - Alfred de Vigny

(11) Richard III - Shakespeare

(12) La Cigale et la Fourmi - Fables - Jean de la Fontaine

(13) Oraison Funèbre - Bossuet

(14) Ô triste, triste était mon âme... - Romances sans paroles - Paul Verlaine

(15) Art Poétique - Paul Verlaine

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De l'art de l'enfance à l'enfance de l'art. 2/2

Publié le par modimodi

AP 28   L'œuvre propose par son organisation originale un visage aussi différencié que les visages humains.

Face à l'objet, nous sommes seuls et maîtres absolus des interprétations et des signes de connivence qui surgissent. En effet, dans les arts du spectacle, la danse, l'opéra, le théâtre, la résonance sociale est immédiate et fonction de l'interprète. Son art est de faire advenir ce qui n'était juste là que latent et de réaliser grâce à une complète maîtrise de virtuose le projet d'une perfection.

La musique, disait Leibnitz, est un exercice d’arithmétique d'un esprit qui ne sait qu'il compte. Attention ! Trop de technique et d'académisme dégradent l'oeuvre. Si l'inspiration ne soulève pas la danse, elle dissimule mal l'entraînement gymnique qu'elle impose.

L'intellectualisme qui ramène la contemplation esthétique à la perception d'un ordre rationnel ne respecte pas la spécificité de l'émotion esthétique. Apprendre l'esthétique par une analyse technicienne qui essaierait de révéler les procédés de la fabrication de l'oeuvre serait confondre l'artiste et l'artisan. L'art est toujours libéré de la technique.

Évitons de théoriser sur le beau. Nous nous rappelons ce que Voltaire nous laissait entendre. Si on demandait à un crapaud ce qu'est la beauté, il nous répondrait que c'est sa crapaude. La beauté de l'oeuvre n'est pas celle de la nature.

Les pouilleux de Murillo, les tabagies des peintres hollandais, les vaches de Potter ou les chaudrons de Chardin sont artistiquement beaux. La visite des musées ou des expositions peut inciter à peindre, la lecture de poèmes ou de romans peut donner l'idée d'écrire. L'Art sous tous ses aspects est une transposition et non un reflet du réel.

En bons pédagogues que nous tentons d'être avec nos enfants et petits-enfants, prudence et mesure ! Expliquer une oeuvre, c'est malmener son originalité brute. Tout au moins, pouvons-nous insister sur la mise en forme de matériaux préexistants et dire ce que les concertos de Bach doivent à Vivaldi. Mais l'histoire, la sociologie ou la psychologie n'expliqueront de l'art que ce qui en lui n'est pas artistique.

Le secret de la création est dans l'élan mystérieux qui emporte les matériaux, les sources et qui les métamorphose. Pour en faire des créateurs, faisons de nos jeunes initiés, des spectateurs, des auditeurs, des contemplateurs, des témoins heureux, épris de jouissances immédiates, emportés par leur joie intérieure. Ils ont déjà en eux, le don de l'émerveillement, la naïveté de l'innocence. Ils possèdent l'essence de l'art dépouillé de tout artifice maniéré.

Gardons-nous bien des succès trop faciles. Le mélodrame où Margot a pleuré n'est pas forcément une oeuvre d'art et l'émotion de Margot n'est pas non plus l'assurance de sa contemplation artistique. L'émotion esthétique n'est pas porteuse de coopération, elle est involontairement égoïste et individuelle car incommunicable.

Il faut progressivement amener nos juvéniles artistes à être ravis, arrachés à leur propre univers, emportés dans leurs rêves, envahis par une joie persistante, majestueuse, obsédante, exclusive, révélée, déjà transcendante et bientôt extatique.

Assurément, il n'est pas aisé d'initier de l'Art de l'Enfance à l'Enfance de l'Art !

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Lettre à l'ange de ma plume 4/5

Publié le par modimodi

 BAL  CDC

Vains temps                                perdus

Ô Muse, belle Muse,

Avec toi, je veux encore et toujours avoir 20 ans de panache et de plume pour pondre des poulets parfois bien ampoulés. 20 ans de plume de geai, de premier jet. Vains temps de plumes de corbeau à feindre l'anonymat. Vingt ans de blancs de justification et de lignes pleines, vingt ans d'ornements ondulés, tremblés et azurés.

20 ans d'oiseau rare pour passer dans l'entrefilet. 20 ans de : Bon à tirer ! Pan sur le bec ou coup dans l'aile ! 20 ans de plumes acier à travailler et prendre de la penne. 20 ans de porte-plumes, empesées de corrections ! Il me faut avec toi sans cesse retoucher pour t'effleurer et te toucher.

L’œuvre d'amour n'est jamais achevée. Je ne regrette pas ces vingt temps où nous filions le parfait amour avec les mots, au rouet du Français que certains aujourd'hui voudraient privilégier et sauvegarder en l'appelant made in France. Un comble !

Quand bien même, c'est coton de ne pas trouer à n'en plus finir, comme l'a fait Pénélope, la trame du récit, je totalise déjà vingt ans de canevas et de vie à tes crochets. Vingt temps à broder et à filer la métaphore, sans le faire à l'anglaise, malgré tous les nœuds et les spams que j'ai appelés pourriels.

20 ans de vague à l'âme, à garder la côte en évitant les écueils. 20 ans pathétiques de naufrage évité dans le récit fleuve de tant de fadaises. 20 ans à verser dans la facilité en croyant versifier mes élégies amoureuses. Mais je faisais rimer, rimaille avec limailles, semailles avec pagaille, prémices avec abysses dans lesquelles je sombrais.

L'oiseau lyre n'était pas souvent lyrique. En fait de plumes, c'était souvent l'illusion féerique de la revue emplumée des Bluebell Girls et des Lido Boys ! Je pouvais bien te fredonner comme au temps de Zizi Jeanmaire : " Mon truc en plumes ! ", mes idées et mes rimes descendaient en se cassant le talon, l'escalier du succès.

Du vent et du ballet ! Notre histoire d'amour littéraire ne méritait pas une chorégraphie de music-hall aux plumes multicolores. Elle était plutôt un épique roman à épisodes romantiques, une idylle entre prose et poésie burlesque.

J'ai passé 20 ans à pester ma mauvaise foi ! 20 ans à jurer comme un charretier païen ! Vains temps d'idées tronquées, mais je ne pouvais pas toutes les traiter de cônes chaque fois qu'elles me laissaient en plan ou que l'imagination décidait de prendre la tangente ! Vingt temps à marner, à interroger les signes antédiluviens de mes pensées archaïques, à chercher des points de vue crétins du crétacé supérieur, de sacrées couches pour mes idées quelconques !

Ah ! Ces vains temps des motifs, des points de vue squelettiques, faméliques, plumés et déplumés. Vingt ans rasoirs de barbe et de barbules ! Vingt temps perdus pour des surcharges, des réflexions pesantes et encombrées.

Bien sûr, 20 ans sans panoplie de talents pour le sentier de la gloire ! Bien sûr, pas de place ni de chance pour un petit poids plumes s'il s'imagine, un jour, passer à la postérité du Parnasse !

Mais avec toi, mon immaculée conception, ma belle inspirée, mon génie créatif, j'ai 20 ans et plus de petits papiers et de billets doux car nous sommes vélin pour l'autre. Nous avons 20 ans de feux d'artifices de notre passion. Nous comptons 20 ans sur le bout de nos doigts à tenter de rester loin des ratés et des ratures de nos sentiments. 20 ans d'amitié entre le plumassier et ses lecteurs et 20 ans d'amour entre toi et moi, ton vaillant et persévérant plumitif.

Vingt temps inutiles à craindre les vains temps. 20 ans de plumes et de bonheur. Alors, si tu le veux, ma Muse, pour aujourd'hui et pour 100 ans, l'esprit et le génie peuvent encore être de la revue littéraire, en mille grâces légères comme nos plumes au vent !

Ô ! Belle Muse de mes vingt ans ! J'ai fait ce rêve fou, gastronomique et littéraire de t'offrir un canard au 100 !

 

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Retour en enfance

Publié le par modimodi

SQNT

VOIR TEXTE INITIAL IMPRIME
  Peut-on avoir des états d'âme, si l'on vit dans un état d'absurdité, dans un fatras de pensées dispersées ? Psyché peut-elle encore personnifier le souffle qui emporte l'esprit hors de toute contrainte de temps et de sens ?

En cet instant, suis-je moi-même en train de délirer ou de retomber en enfance ? Mon cerveau semble s'agiter sans raison, libéré des pesanteurs de mon esprit. Je philosophe comme un arracheur de dents de sagesse. Je divague entre l'être et l'avoir, ces indispensables auxiliaires de vie qui me permettent de penser et de dépenser. Oh oui ! Si penser, c'est agir dans l'immobilité ou dans le désordre de ses idées alors je peux vous assurer que je m'y dépense sans compter.

Le créateur a pourtant bien fait les choses : "Au commencement était le verbe"… Mais le verbe s'est fait cher. Le verbe être s'est fait avoir et laissé faire. Alors, l'Homme qui s'est découvert sujet a cherché l'objet de son existence. Il a inventé par occupation ou par ennui, l'action. Elle devait le mener à sa fin dernière, soit au bonheur épicurien, soit à la vertu Kantienne.

De l'intuition à l'intention, de la pensée à la passion désordonnée des sentiments, l'action était née ! Fichtre et fichu Fichte qui osait clamer : "Agir, agir, voilà notre raison d'être ici-bas." Tandis qu'en écho, un de ses frérots intello, tendance gaucho, Marx renchérissait sur le "Capital" avec des déclarations matérialistes en s'écriant : "La philosophie a pensé le monde, il s'agit maintenant de le faire." A peine est-il lui-même parvenu à tourner en rond, à faire un tour du monde ou à en faire tout un monde. Quelques matérialistes rêvent toujours de le bâtir !

En avant marche, peuples laborieux d'une humanité plus souffrante que progressiste, plus criseuse qu'idéaliste, plus activiste qu'active, brûlant ses idéaux dans le feu de l'action ! De sempiternelles questions taraudent la conscience de l’humanité… Devrions-nous toujours réfléchir avant d'agir ? Qui en a décidé l’absolue nécessité ? Quel mâcheur de chewing-gum a décrété qu’il fallait tourner sept fois sa langue avant de parler ?

Certains y vont de leurs savantes hypothèses. J’en reste perplexe. Qui ou quels événements dictent nos choix ?  Saurions-nous lire dans les lignes de la main du destin ? Tout se joue-t-il très tôt, à la naissance et au plus tard dès la petite enfance ?

L'école est permanente comme le grand cinéma ! De Jules Ferry à Baden-Powell, du b-a, ba à la B.A, il n'y qu'un bât réservé aux quelques ânes qui auraient l'insolente réticence de ne pas être toujours prêts.

Oui ! Sans débats, la vie nous impose ses hauts et ses bas de bilan et fructifie les promesses aussi vite qu'elle ne ruine les espoirs ! Mais au bout du compte, l'intérêt est-il toujours profitable et capital ? La bourse vaut-elle la peine qu'on y consacre sa vie et qu'on y laisse pour solde de tout compte, sa santé ? En conservant les acquis du savoir et de l'expérience, un retour en enfance est-il possible ?

Si mes espérances de richesse intérieure sont aujourd'hui ruinées, c'est encore et toujours la faute à l'Education Nationale ! Car moi, j'ai vécu ces temps anciens ! Une bonne note pour une bonne réponse, un bon point pour une bonne action… La pédagogie était devenue l'art du troc et du toc ! Dans les cours officiels, par manque parfois d'échanges avec leurs élèves, certains enseignants étaient ainsi passés maîtres dans l'art de donner le change. Moi, j'excellais à brocanter les rossignols de mon savoir sur ce marché scolaire où je me faisais secouer les puces au milieu du bric-à-brac de mes apprentissages.

Mon professeur était un excellent bailleur de devises cornéliennes qui s'épargnait sans doute en affirmant qu’« aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années. » Mais seul Rodrigue avait du cœur, un cœur d'or pour Chimène !

Mon problème fut de ne jamais parvenir à trouver l'unité d'action, de lieu et de temps pour mes primes et tendres amoureuses. "Ô rage ! Ô désespoir !"... Ô jeunesse ennemie ! La première tragi-comédie de ma vie ! Mon premier aveuglement d'amour !

Les années ont roulé les graviers des souvenirs jusqu’à l’écluse du temps. En y songeant, dans ce fauteuil, les yeux mouillés de larmes, je comprends pourquoi le commun des mortels affirme que les vieux retournent voire retombent en enfance.

 

 

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L'art du leurre 2/2

Publié le par modimodi

 

 PROV  

Ô vous les contemplatifs, abusés mais jamais désabusés des musées, attention "un faux peut en cacher un autre!" Et vous les spectateurs amusés des théâtres, un masque peut en cacher un autre, comme le disait Max Ernst!

La vérité comme le faux est à double tranchant. D'ailleurs, dans "La règle du jeu" de Jean Renoir, n'est-ce pas au moment où le jeu se dérègle, où la mascarade et la fête dérapent que la vérité des êtres et des émotions transparaît à travers l'illusion et le jeu?

Comment ignorer le cinéma, 7ème Art, quand on sait que Tarzan ( Johnny Weissmuller ) poussa souvent son cri en hôpital psychiatrique, où Laurel et Hardy finirent leurs jours, tandis que Bela Lugosi ( Dracula ) continua de se prendre pour Dracula jusqu'à sa mort? L'illusion de la réalité y est telle que même les acteurs s'y laissent piéger.

Aujourd'hui, nous faisons le choix de privilégier les effets spéciaux numériques des studios spécialisés comme pour Alien, Matrix, Spider-Man, Harry Potter..., nous cautionnons le hard et le soft, le maquillage traumatisant comme pour Nosferatu ou X-Men... Et quand les critiques avertis nous dévoilent les artifices du montage afin de montrer l'envers du décor ou une partie des coulisses de cette machine à rêves, c'est pour mieux nous émerveiller encore.

D'Orson Welles avec "F for Fake" ( Vérité et Mensonge ) au "Faux coupable" d'Hitchcock en passant par Kagemusha de Kurosawa ( le mendiant lubrique et aviné appelé à remplacer un roi au pied levé ) ou encore le film "Volte-face" de John Woo, les cinéastes ont une prédilection pour les sosies, faussaires, imposteurs, doubles, travestis, simulacres et autres faux-semblants.

Comme tout ce qui brille n'est pas or, le strass est également un remède au stress! Quiproquo, lapsus du réel, le faux est un coup de poignard dans le tissu de la réalité comme la vérité scientifique des expertises sophistiquées dans la trame du Saint Suaire. Mais le destin donne souvent du fil à retordre!

Fascination du fugace et de l'hyper réalité, le faux, seul peut-être, permet d'ouvrir l'espace d'un vertige, une porte sur l'éternité.

Comme dans l'Art et sans doute parce que nous sommes tous des artistes qui nous ignorons, nous tissons par jeu, par caprice, par séduction, par hasard et par plaisir le vrai et le faux en nœuds serrés autour de notre vie.

Dans les paradoxes de l'exact et de l'inexact, dans l'ambiguïté de nos aventures quotidiennes, dans les scènes équivoques du laid et du beau, comme chez Jérôme Bosch, la tragédie débute et s'achève en permanence.

Illusion de la déréalisation! "Ne voyons-nous pas de nos yeux les rails des chemins de fer se rencontrer bien avant l'infini?" disait Georges Pérec. Ainsi la vérité ne ment qu'à elle-même. Jacques Lacan la définissait comme " la grande trompeuse " dont les esquives, les ruses, les feintes "dans l'impasse séduisante de l'absurdité" restent à dévoiler. Mais après tout comme le disait Freud, "l'inconscient, ce n'est pas de perdre la mémoire mais d'oublier ce qu'on sait."

Nous sommes tous concernés, vous, lecteurs et moi, écrivain. Si lire c'est trahir, faut-il encore traduire? Si le style fait alors la différence, les mots ne sont-ils pas les trahisons premières de la pensée?

Nous faut-il comme Jean Dubuffet penser que "rien n'existe, sinon des chocs d'antagonismes. Peut-être n'y a-t-il ni matière, ni pensée, ni objet. Peut-être n'y a-t-il que des conflits et des tourbillons."

La fraude du réel, l'amplification de la réalité, le mime du simulacre, le génie de la mystification, la mise à mort de l'apparence, la recréation à travers les miroirs vides des singularités et des sosies sont nos ultimes jouissances d'esthète. Sûrement trahissons-nous nos rêves dans l'errance des sensations évanescentes du faux comme dans l'impalpable ombre toujours mouvante de la vérité... Mais au moins, rêvons-nous!

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Godillots ! 4/4

Publié le par modimodi

 

 TQP 35  

Quel mois de juin ! Vivement le 49-3 ! Qu'on en finisse avec cette loi Travail ! Oui ! Mais ce serait, me direz-vous un déni de démocratie ! Pourquoi ? La grève répétée et qui nous rend otages est-elle une démonstration de démocratie ?

Attention, de la crise à la manifestation, de l'insurrection à la révolution, il n'y a qu'un pas de gréviste exaspéré ! Nous sommes vraiment en état d'urgence !

Triste époque où la rue s'acharne à faire la loi et voudrait renverser un gouvernement affaibli politiquement qui, hélas ! hélas ! n'aurait plus qu'à faire emploi de la force après avoir tenté une ultime négociation ! Personne ne veut capituler et il n'y a plus d'homme providentiel pour se dresser avec toute son autorité morale. Le seul génie est à la Bastille, il se dore !

C'est donc ainsi ! Quand la grève a été votée à la majorité, elle est obligatoire. Vae victis ! Malheur aux vaincus !

Bien sûr, nous ne le savons que trop ! L'effet direct d'une grève est d'arrêter la production de produits et de services et de provoquer une gêne, la plus générale possible afin de faire pression. Mais où est la limite ? Jusqu'où peut-on porter atteinte à la liberté individuelle ? Quelles limites donne-t-on au bien commun et à l'intérêt général ? Quelles distinctions fait-on avec des revendications corporatistes et les principes réformistes de social-démocratie ?

En survivance de la grève des esclaves, certains syndicats ou leaders maintiennent l'idée d'un pouvoir employeur et d'un patronat autoritaire qui tiennent dans les fers du productivisme "les damnés de la terre." La dialectique du maître et de l'esclave, la lutte du patron contre l'ouvrier sont en survivance.

Aucune nuance n'est plus possible dans ces bras de fer et cette radicalisation du tout ou rien. Ne vous avisez pas de critiquer ces manifestations et d'exprimer votre exaspération devant ces grèves à répétition, vous seriez tout aussitôt taxés de suppôts du patronat. Vous auriez, dit-on, la mémoire courte de tous les avantages acquis autrefois de haute lutte par les camarades ! Vous insulteriez le mouvement ouvrier, son action et même notre Histoire sociale.

Devant la pression et la vocifération de la rue, il n'est plus d'autre choix qu'adhérer au combat, participer ou subir. Personne n'est paraît-il otage de la situation sauf les obstinés de leurs leitmotivs et les enragés de leurs slogans. La violence en meute peut même donner une bonne conscience dans l'anonymat du grégaire !

Le Communisme contre le Capitalisme, l'asservissement salarial contre l'exploitation humaine sont des concepts qui perdurent et qui donnent encore sa légitimité à la notion de classe sociale et de lutte éternelle. Les discours enflammés le prouvent encore et toujours dans leurs arguments et leur vocabulaire. L'idéologie s'assouplit mais elle demeure vivace. Seul l'humoriste fait la différence en donnant une bonne définition des deux systèmes : l'exploitation de l'homme par l'homme pour l'un et l'inverse pour l'autre.

Bien sûr, la grève est un droit mais peut-il y avoir droit sans la contrepartie des devoirs. A quand un manifeste pour les manifestants ? Où est donc la conscience de classe ? Bat-elle le pavé de la rue et déterre-t-elle les pavés de la plage d'opinion pour affirmer la prévalence d'un syndicat sur l'autre ? Quel impact quand ils retombent dans la mare du conflit qui s'envase ?

Chacun espère-t-il compter ses nouveaux adhérents pour dominer le classement ? Car les classes sont hétérogènes dans leurs analyses et leurs positions. Mais au final, les rivalités entre elles comme les blocages qui paralysent le pays et la circulation des citoyens manquent vraiment de classe !

Les plaisirs des grévistes aux portes des raffineries ne sont vraiment pas raffinés pour le brave automobiliste ! Mais ça marche ! Oui ! Chers camarades grévistes, vous en êtes convaincus par la ligne de votre parti pris, la France est vraiment un pays de godillots ! Chacun veut être le roi du pavé et les autres n'ont qu'à le battre, si c'est autorisé !

Mais devant la peur de l'insurrection, les syndicats et le gouvernement aux petits pieds trouvent la danse du compromis : un pas en avant, un pas en arrière ! Une boucle pour tourner en rond et pour la boucler !

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Godillots ! 3/4

Publié le par modimodi

 

 TQP  34   Juin 2016

La grève s'étend un peu partout et encombre les trottoirs. Les ordures ménagères ne sont plus ramassées pour mieux faire la grève sur le tas !

Les fonctionnaires dysfonctionnent et les aiguilleurs du ciel sont en pelote. Les têtes et les pieds s'échauffent. Personne ne veut être à la botte d'un autre. Le bon peuple fait sa révolution à gros sabots et sa tête de mule ! Pas question de claquer des talons ou du bec ! Pas le temps de pantoufler ! Comme on dit à la S.N.C.F. : "Une grève peut en cacher une autre !"

En attendant le train de mesures et le bout du tunnel, les trains de marchandises et de voyageurs sont à l'arrêt. Le prisme parisien médiatique nous montre des Parisiens qui prennent la mouche à force de se faire monter en bateau.

A marche forcée, la capitale trotte, trottine, boitille. L'esprit de clocher est à cloche-pied. C'est le temps des claque-galoches, des va-nu-pieds et traîne-savates ! Chemineaux ou cheminots, chacun est mis à pied ou mis au pas. On peste, on rage, on fulmine et on fume ! Pour le calumet de la paix, il faut encore attendre ! ... Chacun espère bien quand-même, avant l'été indien ! Les camarades écoutent le grand sachem Martinez, l'oreille collée sur les rails !

Moi, je vous fiche mon billet de seconde classe, qu'au bout du tunnel du conflit, chacun qui clopine n'aura que des clopinettes ! C'est couru... Il est cocu, le chef de gare ! Pourtant il avait bien cru, lui aussi, trouver chaussure à son pied.

Moi, le poète aux pieds déchaussés, aux rimes plates comme des semelles percées, j'ai envie de crier : "France, terre des arts, des armes et des lois", ménage-toi des correspondances. La Lorraine en sabots n'a pas bonne mine. La Charentaise est à la réforme ! A Bordeaux, ça bouchonne ! Marseille est en plein pastis ! A Rouen, on s'enflamme, des vagues de mécontentements déferlent à Nantes et à Rennes.

Tout va de mal en pis, au grand pays des labourages et des pâturages. Par monts et par vaux, c'est bien connu, les Français sont tous des veaux dont le grand vacher-fromager cherche à se payer la tête.

Comme l'herbe leur a été coupée sous les pieds, les moutons de Panurge broutent l'asphalte. Bien sûr, quelques bêlants leaders syndicaux annoncent qu'ils ont pris le taureau gouvernemental par les cornes. Ils rêvent même de tenir tous les toréadors aux joyeuses ou aux valseuses pour une dernière danse ! Une Carmagnole, peut-être !

Mais le peuple danse devant le buffet de la gare aux illusions et pas perdus ! Gouvernement et syndicats promettent tous la même soupe populaire au chou blanc. L'un la sale, les autres la poivrent.

Mais quand une partie de la population court après la carotte, qu'une autre lui raconte des salades, la France qui n'a plus un radis se retrouve dans le potage et fait la soupe à la grimace en défilant avec l'estomac dans les talons. Le drapeau noir flotte sur la marmite et le gréviste met d'autant mieux les pieds dans le plat, qu'il est vide !

Bisque, bisque, dans les gares, l'espoir est à quai et tous attendent en rêvant un train qui sifflerait trois fois ! Pendant que les uns et les autres remâchent leurs désillusions, dans les prés, les vaches ruminent leur mélancolie, au grand désespoir de n'avoir plus rien à regarder passer, hormis quelques protestataires occupant les voies ferrées.

S'il ne faut pas mettre la charrue devant les bœufs, il ne faudrait pas non plus mettre les wagons devant la loco ! Vivement que le pays retrouve un peu d'entrain ! Car pour l'heure avec cette loi, "quelle connerie", il ne nous reste que les transports au cerveau. Et pour moi, la grève du zèle de ma plume !

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Lettre à l'ange de ma plume 3/5

Publié le par modimodi

BAL CDC

20 ans d'amour !

Ô Muse, ma Muse, je fête nos 20 ans.

20 ans d'apprentissage, de classes et de grande classe, de tableaux noirs en tableaux d'honneur. 20 ans accumulés à te solliciter depuis mes premières petites rédactions jusqu'aux grandes dissertations. 20 ans, de l'âge des bêtises naïves et enfantines jusqu'aux douces folies à en perdre mes facultés.

20 ans bien occupés, de cours d'école en cour ardente auprès de toi pour que tu m'inspires davantage. Vains temps d'essais brouillons et de ratures ! Vains temps d'articles contractés et prosaïques, sans rime mais de raison. 20 ans d'accords et d'accolades, de subordination aux figures, aux corps, aux caractères. 20 ans d'amour des formes possessives et des conjonctions copulatives.

Vingt temps de verbe aimer au conditionnel du lecteur ! Vingt temps de concordance à ses attentes. Vains temps à tenter d'être plus que parfait. Oh ! Mais pour être édité, j'ai appris que les temps sont durs de la feuille ! Vains temps de manchettes et de crochets, de plomb et d'épreuve. Vingt temps de tirage, toujours à la presse. Allez rouler !

20 ans de calculs et de probabilités, de nouvelles sensationnelles prises pour des idées géniales. 20 ans d'hypothèses et d'opérations quatre à quatre, d'amours algébriquement scripturaires où l'autre est l'inconnu mais jamais l'étranger ! Vingt temps de soustraction à la facilité, d'efforts additionnés et multipliés pour trouver le dénominateur commun au thème et au style. Vains temps de quadrature du cercle fermé pendant lesquels, tu as souvent pris plaisir à me faire tourner en rond avec mes pauvres idées fixes.

20 ans de sujets sans objets directs, juste juxtaposés. 20 ans de verbes réfléchis ou actifs, d'accents toniques ou graves. Vains temps de mauvais ou bons caractères ! 20 ans de lettres coulées et moulées, d'écriture penchée au penchant affirmé pour nos correspondances. Vingt temps de pleins et de déliés pour des liaisons pleines de sens, de licences et d'harmonie. Oh oui ! J'ai rêvé bien des fois d'une calligraphe généreusement callipyge mais cette tête de linotte était linotypiste !

J'ai pris 20 ans pour en baver sur des sujets terre à terre du baveux. Vains temps d'imagination limace, de coquilles et de feuilles de chou ! 20 ans d'idées cornues et bis-cornues. 20 ans de cagouilles et d'idées qui tire-bouchonnent encore dans les circonvolutions de ma tête de limaçon.

Ô ma Muse, je n'en finis pas, encore aujourd'hui, d'espérer le souffle de ton inspiration pour mobiliser mes calamiteuses pensées, encalminées ! J'ai cru en la jeunesse créatrice de nos 20 ans. Nous avions l'âge des équipées sauvages, des prouesses et du succès. Nous avions la fraîcheur des quadrilles et la vigueur des cancans mais pas des chahuts et des couacs. Pourtant ma prose épileptique avait parfois le coin coin dansant d'un delirium tremens.

Il est vrai qu'en vingt ans, j'ai eu suffisamment le temps d'accumuler 20 ans de faits divers qui ont jeté un froid de canard. Je me souviens, tu m'avais alors déserté. Je te cherchais quand j'étais à sec et que mon calame gelait dans l'encrier, incapable de graver mes pensées, soit pâteuses, soit argileuses.

J'ai pris avec toi, vingt ans de coups de griffes sur mes papiers de verre, 20 ans de petits coups de poinçons à rayer des idées rouillées que je croyais neuves. 20 ans durant lesquels, j'ai abrasé mon expression. J'en ai poncé la forme pour obtenir une esthétique aux formes lisses. Je t'ai suivie et j'ai écouté N. Boileau : " Vingt fois sur le métier, remettez votre ouvrage : / Polissez-le sans cesse et le repolissez ; / Ajoutez quelquefois, et souvent effacer... "

Je l'ai fait consciencieusement, sans rechigner, pour ton plaisir, jusqu'à m'effacer à mon tour ! Et toi seule es restée en affirmant ton caractère. Oui ! Ma grande et belle Muse, j'ai 20 ans de ciel infini et je t'aime, mon petit ange à la plume céleste !

 

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Godillots ! 2/4

Publié le par modimodi

 TQP 33 Juin 2016

C'est la grève ! Impossible d'adoucir "la loi travail" alors, la seule qui s'affirme, c'est la loi de la jungle ! Pas touche à ma Convention Collective, à ma Branche déjà sciée et à la hiérarchie des normes !

L'heure est au maintien des sacro-saints acquis et de leur défense jusqu'à la paralysie ! L'économie et la société peuvent bien évoluer dans un contexte de plus en plus complexe mais pas le code ni le droit du travail!  Le code de la route de la C.G.T prône le principe d'avoir toujours ses clignotants allumés. Sa voiture débraye et fonce, pleins phares avec sa remorque en porte-à-faux ! Car il F.O ce qu'il faut !

Pendant ce temps, une armée de bras cassés qui n'ont jamais cassé des briques ni trois pattes à un canard se sont transformés en horde de casseurs. Ils croient dur comme barres de fer que leur cause est à tout casser, la meilleure !

Comme les bonimenteurs de l'emploi et de la qualité de la vie leur ont déjà cassé les oreilles de fausses promesses et de relances, eux, nous les relancent et cassent tout : les pieds, les dents et les bonbons, les vitrines et le mobilier urbain. 

Attention ! A trop jouer avec le feu, un jour funeste, quelqu'un finira par casser sa pipe ou se crever un œil à force de se le fourrer jusqu'au coude ! On appellera cela une bavure, un accident regrettable mais prévisible ! En effet, la violence comme l'envie de dialoguer sont aveugles et sourdes. La conviction d'une France qui va mal, arrange les syndicats qui nous l'assènent et la renforcent de tout leur air buté.

Pas d'accord possible envisageable sinon plaqué en mise aux poings. La nouvelle loi du Talion clame partout son nouveau mot d'ordre : " Pour un œil, les deux yeux, pour une dent toute la gueule ! " On en aimerait presque cette douce invective du petit Napoléon à talonnettes : " Casse-toi, pôv' con ! "

Le droit de grève est lui-même ostensiblement dévoyé dans la brutalité des provocations et des manifestations, par tous ces briseurs qui ne sont pas de grève. L'autorité de l'Etat est bafouée sous les sarcasmes et devant les caméras!

Et que font les "merdias" ? Quand la France défile, ils marchent à côté de leurs godasses. Ils font leurs choux gras de cette chienlit à coups d'agitation par leurs reportages choc : "De la loi travail à la loi de la chute des corps" ! "De la nuit debout à la manif debout !" Le déchaînement fait du bien aux chaînes comme le piétinement des manifestants, au pas et à la botte des meneurs aboyeurs, fait du bien aux revendications qui font du sur place !

Devant la fureur apparemment irrépressible des hooligans syndiqués ou pas, nos médias nous disent même d'aimer la police ! Embrassons-nous ! Folle ville au grand n'importe quoi ! Mais voyons ! Il n'y a pas à l'aimer, il y a à faire usage de la force publique et à faire respecter la loi ! Pausanias avait raison quand il disait : "La loi doit avoir autorité sur les hommes, et non les hommes sur la loi."

L'effet produit du"big bisou et d'adopte un keuf" est d'ailleurs inverse à l'effet attendu ! La rue en folie ne fait pas de bisous mais la nique et les hurleurs taguent à tout va pour mieux persuader l'opinion. Cette loi de l'amour imposée est évidemment absurde ! N. Chamfort avait tort quand il disait que " le Français respecte l'autorité et méprise la loi. " Aujourd'hui, il crache sur les deux, mon général !

Chers grévistes, moi, je vous dis qu'il n'y a qu'une loi qui prévaut, c'est la loi morale propre à chacun de nous et d'entre vous ! Cet article 1 prévaut sur l'article 2 ! Oh ! Je ne dis pas que vous êtes tous sans foi ni loi mais quand même... ! Je me contrains moi-même a faire grève sur le tas de mes pensées qui ne vous sont pas favorables en m'imposant presque la loi du silence !

Bien sûr ! Si la poudre aux yeux est le sable de la grève, le droit de grève est licite. Les naïfs peuvent espérer trouver sous les pavés, la plage ! Les salariés ont bien le droit de s'entendre pour cesser le travail dans l'attente d'obtenir leurs revendications.

C'est même, depuis M. Millerand un droit démocratique obtenu au poing levé ! Dans "Mes mémoires" J. Caillaux nous l'explique : "Dorénavant, lorsque les ouvriers d'une usine voudront se mettre en grève. Il devra être procédé à une consultation préalable. Tous les travailleurs intéressés voteront pour ou contre la cessation du travail. Si la moitié plus un des ouvriers opine pour la grève, la minorité - dans l'espèce, la moitié moins un - devra s'incliner. La grève est obligatoire."

Comment voter contre, quand la pression du nombre est à son comble ? Le parti des mécontents est toujours majoritaire ! Plus! Toujours plus : de bruit, de cris, de slogans scandés au pied levé, de harangues enflammées, de besoins et d'insatisfactions, mains levées !

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De l'art de l'enfance à l'enfance de l'art 1/2

Publié le par modimodi

 AP 27   

Qui donnera l'envie, le goût de l'art ? Qui montrera à nos chères têtes blondes que l'oeuvre s'offre en nous faisant signe ?

Qui leur apprendra et leur fera sentir que le temple, la statue ou le tableau sont des objets uniques dont nulle copie n'atteindra jamais l'original ? La confirmation est d'autant plus perceptible avec la musique ou la poésie, soumises à d'inévitables interprétations et dont la trahison et la nouveauté imprimées par l'exécutant transforment l'oeuvre et l'esprit présumé de l'auteur.

C'est d'ailleurs à travers cette loi de constante dépossession du créateur que s'établissent la gloire, la mémoire et la mort d'un nom qui éveille la création, elle-même, au-delà de son auteur. Alors, l'éducation et l'initiation artistiques que nous donnons à nos enfants et petits enfants devraient contribuer à asseoir l'unicité et le prestige des œuvres. 

Toutes ne s'appréhendent pas de manière identique. L'oeuvre d'art plastique se situe dans un monde qui participe à son emprise. La lumière, le mouvement et la distance entrent ainsi dans la jubilation esthétique.

Le temple grec, l'église romane restent enracinés dans leurs sols respectifs, liés aux chemins qui y conduisent pour que chaque pérégrination puisse suivre, à travers les raisons du temps, les symboles et les voies d'une civilisation. De même, l'architecture, la sculpture ou la peinture nécessitent de pleins jeux de lumières et des modulations impossibles à éluder.

Distincte de ce qui l'entoure, l'oeuvre plastique se détache dans sa nouveauté, s'offre dans son unité de masse ou de surface, pour être saisie d'un seul coup d’œil. Douce illusion de tenir sous le regard, en un instant, tout un objet ! Mais qu'importe! Il faut apprendre à nos artistes en herbe à cultiver l'illusion indispensable à la contemplation esthétique, ressort indispensable à la fascination.

En musique, un fond de calme et de silence suffit à faire naître et s'enchaîner les accords. Chacun des instants successifs participe dans le développement temporel de l'oeuvre, à une attente, un désir, un déroulement et une continuité nécessaires. Nous l'avons déjà expérimenté. Nous ne saurions donc l'oublier ou le nier... Quelques mots d'un poème, quelques lignes d'un livre, une phrase de sonate peuvent nous donner accès à l'ensemble de l'oeuvre. Il nous est alors possible de la juger en subissant la fascination de son inépuisable et intemporelle unité alors que nous la recevons dans l'instant éphémère de notre jubilation et que nous en retrouvons le génie brut de l'enfance !

J'ai par trop souffert de la militarisation de quelques doctes stratèges en initiation artistique qui s'employaient à grand coups de canon tirés sur la beauté. Enseigner l'art, c'est d'abord l'approcher, l'apprivoiser, éduquer à l'émotion, à nouveau donner le goût et susciter l'envie en la gravant dans l'inconscient. Evidemment, on ne peut l'étudier sans aborder les règles et les conventions qui président à l'organisation d'une oeuvre mais pourquoi faudrait-il tout comprendre et tout expliquer ?

C'est d'abord dans la joie, la liberté et le plaisir qu'elles doivent être pressenties et découvertes. Elles seront après, parfois bien après, relativisées en fonction d'une grammaire propre, d'une école, d'une tradition, d'un style jamais immuable par définition.

A partir de ces éléments, variables et propres à chaque créateur, la règle esthétique ne peut être qu'individuelle et correspondre à notre propre sensibilité ou évolution artistique. La sculpture s'offre à notre corps en tant que corps redoublé dont nous pouvons faire le tour, passant illusoirement derrière le miroir... Notre imaginaire découpe alors le bloc de pierre brute pour sculpter et modeler à nouveau chaque forme. Chaque fragment ôté est un coup porté à nos vulgaires préjugés pour détacher de la pierre brute, l'émotion et la beauté contenues dans l'oeuvre.

 

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