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Est-ce au hasard de ce jour solennel de PÂQUES que doit s'achever la quête de la Vérité ? La fin de l'étude est elle la fin de l'introspection ? A l'école de la vie, doit-on cesser d'apprendre ?
Tu aimerais obtenir une réponse à cette Éternelle question existentielle : Y a-t-il un absolu et une absolue vérité ? Si, comme le dit St-Luc : "Rien n'est impossible à Dieu" (Luc, 6,46), pourquoi, à toi, déclaré enfant de Dieu, tout est impossible ? Il y a sûrement un bug dans le code génétique de ta spiritualité. Emballé, c'est pesé ! Sur la grande balance du Jugement dernier, pour faire bon poids à la vérité, c'est toi qui fais la tare.
Mais, tu n'es pas seul, c'est pour tous les humains pareil ! Quand nous faisons l'apprentissage de l'existence, que nous forgeons notre personnalité, l'éducation et l'enseignement nous assurent les apports successifs des sciences et de la vérité de l'époque, du pays et de la culture dans laquelle on vit. Ainsi, les humanités gréco-latines nous ont appris, que le panthéon est le domaine de la mythologie. Les actions des dieux par le jeu des forces en présence, supra-naturelles ou cosmiques produisent par l'enchaînement des causes, des effets jusque dans le monde des hommes. La vérité n'est qu'une représentation imagée et symbolique.
Les hauts faits et les histoires mythiques, sortes de pensées archaïques, irrationnelles, récitées au berceau de l'humanité ont peu à peu, par le logos, discours rationnel et argumenté, imprégné la philosophie et la psychanalyse. Devenus des contes et légendes, ils se sont même vulgarisés dans des figures célèbres, telles celles de Pandore, Sisyphe, Narcisse ou Œdipe... Certains les ont faites leurs, pensant que les mythes, n'étaient au fond, qu'une façon de parler de la vérité, profonde, existentielle et universelle.
Mais à la réflexion, pour tous ces héros, la vérité n'est elle pas une impasse ? A quoi va servir, à Œdipe de déchiffrer les énigmes du Sphinx qui terrorise Thèbes ? Comment pouvait-il échapper à la prédiction de l'oracle ? Son drame, n'est-il pas de se reconnaître comme étant celui qui a tué son père, Laïos et qui a épousé sa mère, Jocaste? "Je me révèle né de qui il ne fallait pas naître, vivant avec qui il ne fallait pas vivre, meurtrier de qui il ne fallait pas tuer." (Sophocle, Œdipe roi, v 1184-1185) N'est-ce pas là, l'implacable tragédie de la vérité, insupportable à affronter en face, qui le conduira à se crever les yeux ?
Si, la vérité fondamentale est fatidique et aveuglante, voilà peut-être pourquoi, elle se tapit dans l'ombre et que nous n'en avons que la diaprure et quelques éclats. Alors, Grands Dieux, si nous n'avons aucune solution humaine, autrement que tragique pour la percevoir, ce n'est peut-être pas dans la multiplicité et le polythéisme, que nous allons trouver, la voie de la vérité.
Certains se tournent alors vers le Dieu, unique de leur baptême. "Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira." (Jean, 8, 31-36) D'emblée, le programme a des exigences. Il ne faut pas mentir, car le neuvième commandement des Tables de la Loi, interdit de proférer le mensonge : "Tu ne porteras point de faux témoignage contre ton prochain." (Exode, 20-16). Oui, mais si la vérité est incertaine, quand sait-on que l'on ment ?
Jusqu'à présent, le constat n'est pas des plus encourageants... Et puis, dans tout ce fatras d'hypothèses, où est l'assurance-vie éternelle, promise dans l'eau baptismale ? Je crains bien qu'il ne nous faille, sur cette terre, sans certitude, hormis avec la force de notre foi, vivre selon le code rigoureux des Saintes Écritures bibliques : "La bible est la vérité."( Psaume 119 ). D'accord ! Mais le scepticisme demeure. Car à moins d'être un théologien exégète éclairé, admettons que nous avons quand même, peu de moyens et de chances de succès pour approcher la vérité.
Voilà donc, une fois de plus, notre destinée contrariée. Notre esprit devient d'autant plus troublé quand, nous entendons Jésus, futur supplicié, le fils de Dieu lui-même, dire devant Pilate : "Je suis venu rendre témoignage à la Vérité." Ceci préfigurerait-il et justifierait-il, les horreurs et les sacrifices qui seront perpétrés, au nom de la Vérité ? N' y aurait-il aucun subterfuge, pour échapper à la tragédie de la vérité ? "En vérité, je vous le dis, le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point." (Mathieu 24-35) Vérité d’Évangile !
Après avoir épuisé toutes les questions, ne découvrira-t'on qu'une Unique réponse : il faut croire, pour espérer atteindre la Vérité Absolue ? Faudra-t-il attendre de se retrouver devant le Juge Suprême pour connaître enfin la Vérité ?
Dans l'introspection de sa foi religieuse, est-ce que quelqu'un entend les paroles tourmentées et l'angoisse du croyant ? : "Seigneur, faut-il, dès ici-bas, se dépouiller des oripeaux de petites vérités, aux apparences existentielles pour, le cœur mis à nu, espérer entrer, un jour, dans l'éclatante lumière de la Vérité ?... Moïse, sur le mont Sinaï en fut totalement aveuglé et encore ! Il ne s'agissait que d'un buisson ardent, pas de ta nimbe glorieuse et céleste ! Où est donc ton éclatante vérité? Pourquoi St Luc, me dit : " On n'allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau.", si toi-même, tu joues avec nous, à cache-cache ? Ta Vérité n'est-elle que mon cache-misère et mon cache-poussière !
Seigneur, Toi, dans la majesté des cieux et ton silence glacé, toi qui dis être : "celui qui est, qui fut et qui vient." Toi, qui dis : "Je suis le chemin, la vérité, la vie. Nul ne vient au Père que par moi ... Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur, afin qu'il demeure éternellement avec vous, l'Esprit de Vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu'il ne le voit pas et ne le connaît pas ; mais vous, vous le connaissez, car il demeure avec vous, et il sera en vous." (St Jean , 14, 1-6 puis verset 16). Mon Dieu, me diras-tu un jour, en quoi j'ai failli ?"
Seigneur, entends-tu le pratiquant à gros grains, te dire humblement : "Je t'ai prié pourtant. Pourquoi, es-tu resté sur cette condamnation biblique, sans appel : "Tout homme est menteur." ( Psaumes CXVI, ) Oui! J'en ai fait l'amère constatation, tu es resté obstinément sourd à mes appels. A quoi bon te prier, Père éternel et tout puissant ? A quoi bon, toutes ces paroles psalmodiées par tant de pauvres pécheurs, croyants et pratiquants ? Goethe aurait-il raison quand il dit dit : "Voulez-vous être délivré de la vérité, étouffez-la avec des mots." (Maximen und Reflexionen)
Seigneur, regarde le pieux paroissien dans les affres de sa crise mystique ! Ecoute le s'exprimer : "Toi, le Très-Haut, j'aurai bien envie de te dire tes quatre vérités. Pourquoi m'avoir égaré aux quatre vents de mes passades ou de mes intérêts, pourquoi m'avoir fourvoyé dans les sentiers de l'erreur, aux quatre chemins des désirs impérieux et fugaces comme des plaisirs illusoires et enfin Seigneur, pourquoi m'avoir baladé sans cesse aux quatre coins cardinaux des simulacres, des mensonges et des aveux ?
Errare humanum est ! Est-ce au nom de ce principe commode, à l'affirmation gratuite et hypocrite que la vérité est trompeuse ? En serait-il ainsi, si j'avais reçu de toi, une étincelle divine, une parcelle de divin ? Si tu ne me réponds pas, est-ce parce que "toute vérité n'est pas bonne à dire ni à croire"?
Ton silence est éloquent. Grand Dieu ! Après avoir passé ma vie à rechercher des vérités perdues, me voici, au final, devant toi, l'âme nue et sans défense. Découvrant que la vérité est simplicité et innocence ! Me voici, écorcé comme le bois de la croix et écorché comme un larron, supplicié, victime expiatoire, offerte en sacrifice sur le fagot de l'holocauste et l'autel de la vérité ! Avec Toi, vérité est histoire sans paroles ! Vrai de vrai ! Mais dans la nuit de l'ignorance et du doute, il n'y a guère, que ta Vérité qui me blesse !"
Amère constatation pour ce pratiquant affolé comme pour chacun de nous, sincère dans sa foi de charbonnier ! Au fond, nous ne sommes que de simples et humbles croyants emplis de doutes. C'est peut-être alors dans la foi de Pâques, en un Christ ressuscité, après être mort pour le rachat de mes péchés, qu'il nous faut avancer. Place à la vérité des saintes écritures !
Dans les dix commandements des tables de la Loi, Dieu, nous a dit d’emblée: "Tu n'adoreras pas d'autres dieux que moi." Il ne peut donc y avoir qu'un seul Dieu, unique et éternel, le reste ce ne sont qu'idoles et veau d'or ! Ma foi, là voici peut-être, cette absolue vérité que certains cherchent. La voilà, terrassante et aveuglante comme pour St-Paul sur le chemin de Damas ou pour les disciples d’Emmaüs.
Le voile du temple de la vérité se déchire. Là voilà donc, pour chacun et deux milliards de catholiques, la vérité révélée de chrétien baptisé : "Maître, quel est le plus grand commandement de la loi ?" Jésus lui répondit : "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée. C'est le premier et le plus grand commandement. Et voici le second qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.." (Mathieu 22, 36-39)
Happy end ! Pour trouver la vérité, il faut à la fois obéir et croire en Dieu et à sa parole. Le mot de passe pour l'au-delà et la vie éternelle, c'est "Dieu est amour !" La vérité est AMOUR, voilà qui me va bien, voilà qui nous convient peut-être ! Pour aujourd'hui et pour demain...
Certains vont hausser les épaules et me parler de crédulité mystique et d'illusion métaphysique, je ne leur donne pas tort ! Qu'ils sachent qu'ils peuvent encore espérer car" la vérité et le matin deviennent de la lumière avec le temps." (proverbe éthiopien)