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Lettre aux volubiles et aux baratineurs : Parler pour ne rien dire 2/3

Publié le par modimodi

PROV

Parler peu mais bien

Messieurs les volubiles et les baratineurs, l'homme est un animal pensant. Ce qui le caractérise et le différencie d'un animal sauvage, c'est qu'il est doué de paroles. A quelques différences près, bien sûr, car Noé a dû emporter sur son arche, quelques-uns de vos amis !

Je pense ici à quelque humain avec un QI de bulot ou à quelque âne sachant braire pour avoir du son ! J'imagine bien la fureur cacophonique du déluge et le bruit infernal de la ménagerie donnant à flots continus, de la voix sur tous les tons !... J'ai bien peur de faire partie moi aussi, des survivants qui braillent leurs cris vains dans des déluges de reproches de lecteurs ou d'internautes.

Depuis l'époque diluvienne, les quelques rescapés qui ne se noient pas dans une goutte d'eau, parlent de la pluie et du beau temps. En effet, il ne suffit pas de parler, il faut savoir quand parler, à bon escient ! Parfois mieux vaut se taire que de parler pour ne rien dire.

Celui qui brasse du vent parle comme un moulin, donnant souvent peu de grain à moudre à la réflexion. Cervantès, fer de lance des Don Quichotte s'y connaissait en moulins à paroles des chevaliers autoproclamés ! Il vous a laissé cette phrase à méditer : "Parler sans penser, c'est tirer sans viser !"

Savoir bien parler fait partie des bonnes manières de la bienséance et de la bien jactance ! Il est par trop facile de se débarrasser d'un langage approximatif et relâché en déclarant : " Bah ! C'est une façon de parler !" Mieux vaut un usage pondéré de la parole et honorer l'adage de nos anciens : "Parlons peu mais parlons bien !"

Moi, je fais sûrement le poids mort avec ma tare littéraire mais je préfère laisser aux publicitaires "le poids des mots et le choc des photos !" Ce ne sont trop souvent pour le sensationnel que le poids des mots morts, réservés au commun des mortels !

Heureux, êtes-vous si vous faites partie de ceux dont la parole coule de source ! En effet, le trop disert, fût-il Jean-Baptiste, prêche souvent dans le désert. Encore bien, croirait-il naïvement, que le message de vérité qu'il diffuse est déjà parole d’Évangile ! A moins que ... Ô prodige, les assoiffés de Vérité ne boivent ses paroles remontant du puits de sagesse ! Mais il est si difficile de dire le juste et de faire le juste, qu'on donne généralement toute sa chance aux mystères ! Chacun peut bien sûr y croire et crier au miracle, surtout quand il parvient à la fin de sa traversée du désert !

Parfois, la parole vaut plus que son pesant de cacahuètes, elle vaut de l'or ! Celui qui vous a donné sa parole d'honneur et qui tient parole, vous pouvez dire de lui que c'est un ami, rare et précieux. Il mérite qu'à votre tour, vous teniez vos engagements, que vous soyez fidèle à vos promesses, que vous n'ayez vis-à-vis de lui, qu'une parole, ferme et fiable, celle des quatre vérités que votre cœur saura exprimer avec des mots justes. Si ce qui est dit, est dit avec tact et respect, vous gagnerez sa confiance. Tenez parole, il tiendra à vous !

Mais ne soyez jamais prisonnier sur parole. Dans tous les cas, il vaut mieux bien faire et laisser dire, sauf du mal de vous ou d'un autre ! Si l'on appliquait ce principe, autant dire que d'un coup, le monde deviendrait un peu plus silencieux. Vive le motus et bouche cousue ! Car quoi qu'on dise, une langue de vipère comme une parole innocente blessent parfois. Si vous êtes limité en vocabulaire ou en capacité de compréhension, une parole pourrait même, par mégarde, dépasser votre pensée de débile verbeux.

Mieux vaut tenir sa langue mais, à ce qu'on dit, il est quand même indispensable d'avoir du temps et de l'agilité pour la tourner sept fois dans sa bouche avant de parler ! L'avantage que vous offre ce patient exercice, c'est qu'alors vous avez tout le temps de vous préoccuper du "qu'en dira-t-on ?"...

Comme vous, je n'omets pas, bien sûr, l'infortune des bègues ou des spécialistes du raisonnement boiteux qui parlent comme ils marchent ! Ceux-là, en deux temps et trois mouvements désordonnés sont tenus de prendre le temps comme il vient ! Un peu comme votre serviteur qui fait trop souvent, les cents pas dans la salle des cas perdus de la littérature !

Car vous avez beau dire, car vous avez beau faire, la manière de parler, votre expression langagière vous révèlent autant que votre mode de vie. Le contenu de vos phrases, les mots choisis, votre code linguistique vous identifient. C'est votre ADN social, votre empreinte sur votre passeport citoyen du vivre à côté des autres ou ensemble. Il serait utile d'en avoir conscience, surtout quand on joue les tribuns ou qu'on s'écoute parler.

Mieux vaut donc se taire que de dire n'importe quoi ! Voltaire qui n'était pas toujours le Candide de service et qui savait combattre 'l'infâme" a laissé cette réflexion qui pourrait être proverbiale : "On parle toujours mal quand on n'a rien à dire !"

Bien sûr, qu'il y a les paroles et qu'il y a les actes ! Mais il n'y a pas à dire, les politiques sont des bonimenteurs, leurs promesses ne sont pas souvent suivies de réalisations. Vous avez tort de leur donner voix au chapitre. Ne feriez-vous pas mieux de les abandonner au silence des urnes ?

Comme le disait Térence :" Les actes font croire les paroles." Certains comiques troupiers de la stratégie électoraliste feraient bien de méditer la pensée de celui qui avait un vrai talent comique. En effet, il ne suffit pas de dire d'aimables paroles, pour être aimé. De même, il ne suffit pas de prononcer des paroles crédibles, pour être cru !

Un proverbe hollandais que j'affectionne dit : "Les paroles d'or sont souvent suivies d'actes de plomb." Mes amis, à moins de connaître le secret de Nicolas Flamel, les paroles en l'air prennent rarement une telle valeur ! Tout au plus, le sommeil de plomb de quelques écrivains dormant sur leurs lauriers, produit peut-être l'or du silence de l'édition !

Moi, je cherche à tout prix, à parler et à écrire d'or, mais ma plume a du plomb dans l'aile ! Pourtant voyez-vous, là où certains péteraient les plombs, moi, je laisse aller ma plume au vent ! En effet, grâce à mon expression amphibologique, je suis devenu riche d'illusions littéraires tout en étant pauvre d'esprit. Le cœur léger et l'esprit lourd, je me console. J'ébouriffe mes plumes au souffle de l'inspiration et je tente d'en donner au lecteur pour son argent. Je sais désormais que le talent ne s'achète pas à prix d'or !

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P
"Parlons peu mais parlons bien."<br /> Voilà une phrase qui me plait beaucoup et qui, je pense, me correspond un peu, au moins pour le début cette expression.<br /> On me reproche assez souvent de ne pas assez parler.<br /> Savoir écouter, pour moi, est aussi très important.
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M
Oh! L'heureux homme qui peut vivre à vos côtés, Pénélope! Des chaussettes pour l'hiver et du silence!