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Bulletins de santé 2/3

Publié le par modimodi

BAL CONF

Les bons remèdes ?

Chers parents d'élèves, vos enfants sont formidables et ils réussiront leur vie !

Moi, quand je remue mes souvenirs d'âge scolaire, je suis fier. J'avais quelques dons artistiques. Mes parents, à cette époque, se gargarisaient, prétendant que j'avais une voix d'or. Pourtant, le jour du concours de chant, je ne pus que miauler, ayant à cet instant, un chat dans la gorge. J'eus beau m’époumoner. En vain ! Je déchantai et je me souviens très bien, le soir même, de m'être fait souffler dans les bronches.

J'excellais encore en musique. Je connaissais le solfège sur le bout des doigts mais dans l'apprentissage de la flûte, et pan ! Je tombais sur un bec. Pour moi, qui aurais préféré faire du piano, le cours, autant qu'en emporte le vent, c'était du pipeau !

J'étais considéré par tous les enseignants comme agité et espiègle. Je leur en fis souvent voir de toutes les couleurs. Ils me le rendirent bien en nombreuses pluies de reproches et me firent passer par les couleurs de l'arc-en-ciel. Je fus souvent rouge de confusion, vert de trouille, bleu et ultra-violet de rage, blanc de peur, j'en aurais même fait une jaunisse à force de me presser le citron et l'orange. Je passais pour un bleu, un dingo indigo !

En cours de peinture, je me suis même un jour, foulé le poignet à force de m'emmêler les pinceaux. Je me retrouvais alors, aplati, au bout du rouleau. J'avais vraiment une sacrée couche !

Progressivement, je devenais une victime scolaire, le souffre-douleur d'un enfer que je pavais pourtant de toutes mes bonnes intentions. Hélas, là où il y a de la géhenne, il n'y a pas de plaisir et bien que brûlant d'impatience de m'améliorer, j'allais douloureusement de complication en complication.

On me croyait définitivement incurable. J'étais contaminé par les mauvaises notes, envahi de défauts scolaires pathogènes. J'avais la contagion acnéique des zéros pointés comme des bubons de varicelle.

Mon triste sort d'écolier ne fut jamais récompensé de tous les efforts chroniques que je déployais pour enrayer l'infection. Éternel insatisfait, dans un doute permanent, quasi métaphysique, j'avais quand on m'interrogeait, les jambes en coton et il n'a tenu souvent qu'à un fil que je ne perde mon avant-dernière place !

Pendant que mes parents se saignaient aux quatre veines pour me faire faire des études, je me faisais un sang d'encre pour apprendre Horace. Ô désespoir, j'écrivais sérum : c'est " Rome, l'unique objet de mon ressentiment ! " J'y serais même mort à la tâche.

En arithmétique, j'avais beau m'éreinter chaque soir, couché sur ma table d'opérations, je ne faisais que de mauvais calculs. Les erreurs s’additionnaient dans les colonnes de mes étourderies. Je multipliais les mauvais alignements et je portais ma croix. Poussé dans mes derniers retranchements et bien que je n'eusse point la bosse des maths, j'en avais pourtant plein le dos. Je comptais toujours faire mes preuves de bonne volonté mais j'étais loin du compte. La malchance divisait mes probabilités de réussite et au total, j'avais enfin mon compte. Je me ramassais alors sans demander mon reste.

Je pris des fortifiants qui coûtaient une fortune mais seuls, les comptes de mon apothicaire retrouvèrent leur tonus. Pour poser les fondements de la mathématique et parce que j'étais la prunelle de leurs yeux, il en coûta à mes parents la peau des fesses.

En géométrie, le prof me traumatisait avec son théorème de Thalès et me menaçait d'une tête au carré de l’hypoténuse, si je ne filais pas droit ! Je pris souvent la tangente, pourtant encore aujourd'hui ça crève les yeux que j'ai le compas dans l’œil. Rien que d'y songer, je vois rouge encore et toujours !

En poésie, je me pris démesurément et souvent, sans rime, ni raison les pieds dans les alexandrins. Mal armé, je courus même les iambes à mon cou alors qu'on tentait de me tirer les vers du nez. Rosse tant soit peu, c'était épique et j'étais tragique. Ma belle Roxane se tirait entre deux tirades. J'avais beau croiser le vers comme un gascon l'épée, je manquais de cape et je versais dans le rejet de stances sans constance. J'étais ce rimailleur de dialecte patoisant, un ch'ti félibre juste bon à garder ses vers à soi !

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