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Lettre aux croyants et aux impies : L’âme 3/3

Publié le par modimodi

 AP 4

Le pari

Difficile pour un brave homme comme toi d'appréhender le divin. Dieu, lui-même, s'intéresse-t-il aux autres ? Entends-tu déjà les athées et les agnostiques te dire : s'il existe prouve le ! ... Comment le pourrais-tu ? Puisqu'il est à lui tout seul, comme dit Spinoza, ce philosophe bourré d’Éthique, puisqu'il est, en substance, tout à la fois, la nature et le monde.

Impossible à démontrer !... Il faudrait être Dieu ! Ô divin, tout dit est dit vain ! Tu n'as plus alors qu'à baisser la tête et à errer comme une âme en peine... Tu es ignorant, incrédule, odieux, tu vas à Dieu, aux dieux, adieu ! En ton âme et conscience, s'il le veut et l'exige, rends-lui tout mon frère, ton tablier et ton âme.

Alors, à défaut de connaître, une nuit de fulgurance extatique comme celle de Pascal, le 23 novembre 1654, il ne te reste, que son bon vieux pari. Si en pariant sur l’existence de Dieu, tu gagnes le Paradis et qu'en pariant sur l'inexistence de Dieu, tu brûles en enfer, le choix est simple ! Mais il faut quand même choisir !... Mieux vaut sans doute, une éternité de bonheur qu'une interminable nuit de malheur. Croire pour être sauvé, permet sans doute d'éviter les crises de foi ! Faire un 421 avec les dés de la croyance permet de remporter le 1er lot du voyage pour l'au-delà.

Mais qu'est-ce que l'éternité ? Ohé ! Là-haut ! Eh ! Ho ! ... Silence en écho ! ... Il n'y a pas âme qui vive ! Pas de sésame ! Devant le silence sidéral et glacé des espaces infinis, il faut posséder la force d’âme. D'autant que tu ne sais pas comment se fera le départ pour le grand voyage. Tu ne connais pas l'heure du vol, tu n'as que ton âme pour passeport. Combien de temps, vas-tu devoir rester dans la salle d'embarquement, combien d'attente pour le purgatoire ?

Dans cette situation, appliquer avec morale et vertu, la conduite épicurienne la plus prosaïque est pour un terrestre extra, créé à l'image de Dieu, une solution simpliste mais une réponse tangible. Si tu ne crois ni à Dieu, ni au diable, dans tous les cas, tu retourneras au néant, alors profite des plaisirs terrestres.

Mieux vaut un ange du paradis latin qu'un ange du paradis céleste ! Si tu tombes en pâmoison, inanimé et en extase, tu sauras si les objets inanimés ont pour finir une âme... Belle âme ou big âme, une petite vertu qui se donne corps et âme, donne sûrement plus de moral qu'une grande vertu, fut-elle épicurienne ou stoïque. Mieux vaut savoir bien vivre que savoir bien mourir ! N'en déplaise aux philosophes et au grand dam de quelques cagots bien-pensants !

Mais comme disait Nietzsche, pourquoi inventer un autre monde, pour critiquer et noircir celui-ci, si ce n'est pour mieux le justifier et appeler à l'au-delà ? D'ailleurs ta pensée humaine avec un outillage logique et rationnel et ses points de vue anthropomorphiques a-t-elle capacité à juger Dieu ? Même l'âme chevillée au corps, le fini peut-il concevoir l'infini ?

La théologie qui discourt sur Dieu et l'immortalité de l'âme, n'en est qu'une lointaine approche. L’Être Suprême est au-delà de la raison, irrationnel à ton entendement. Faut-il laisser le pouvoir et le miracle de la vie à l'homme ou les abandonner à Dieu ? La compénétration de l'âme et du corps est-elle possible ? Le libre arbitre n'est-il pas préférable à la prédestination ? Entendra-t-il ta prière : "Toi, ma lueur dans la nuit de mes doutes, Seigneur, comment puis-je croire à la félicité ataraxique du sommeil éternel ?"

De fait, pourquoi chercherais-tu, en ce bas monde, l'âme sœur, si tu es con-damné d'avance, au futur exil céleste ? Avec l'être aimé, tu sais bien que les paradis que tu atteins, ne montent qu'au septième ciel et qu'ils sont artificiels.

Voilà pourquoi sans doute, certains tentent de vendre leur âme au diable. Ceux-là, est-on sûr, qu'ils gagnent, par leur âme damnée, leur enfer sur la terre. L'amour apporte en tout cas, la preuve qu'il est infernal. Il embrase le cœur des amants, tout feu, tout flamme. C'est quand il est amer, qu'il se déverse à flots dans les cœurs et donne le vague à l'âme !

Une fois averti, tu peux donc, sans craindre le glaive de la justice divine, aimer en ton âme et conscience. Tu peux, en romantique héraut, sans oriflamme, te consumer avec ardeur sur le brasier ! Ton salut n'est qu'ici-bas, fût-il dans l'étincelle du feu, naissant du premier mot d'amour ! 

D'ailleurs, bien sûr, un jour ou l'autre, l'âme en peine ou pas, tu devras toi aussi mourir, passer de vie à trépas. Ô désespoir ! Ami, tu aimes tant la vie que tu partiras sûrement la mort dans l’âme ! Oui ! On gagne tous hélas, en parfaite égalité, le même lot, à la loterie de la vie. Ceux qui croient, rendront l'âme, ceux qui ne croient pas, rendront le souffle.

Tu t'endormiras sans volonté, dans la sérénité, je l'espère ! Tu rendras donc ton âme dans tous ses états. Pas dans ses états de grâce, plutôt l'âme en état de lame, celle de la grande faux, spécialisée pour fendre l'âme. Après t'être donné corps et âme et à jamais à couteaux tirés avec le ciel, tu rendras l'âme, en état de lame de fonds que, je te le souhaite, tu toucheras, peut-être avant le Nirvana !

 

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