Lettre fondamentale - Les cinq éléments vitaux 3/5
BAL CDC
LE FEU
A se brûler les ailes
S'il est un phénomène qui terrifie et qui fascine l'homme, c'est bien le feu ! Le feu sous toutes ses formes, dans tous ses Etna ! Chaud devant !
Mon frère, mon ami, il me faut t'en faire en aparté la confidence. Sans m'attirer tes foudres, sans m'embraser, il me faut être tout feu tout flamme, éviter le style pompier et le feu, du rasoir ou bien, il m'en cuira !
A travers les époques, le feu est omniprésent :
Yahvé lui-même, tombé des nuées dans son buisson ardent, dicte sa loi à Moïse.
Tonnerre de Zeus ! Prométhée vole le feu olympique pour le donner aux hommes, les futurs dieux du stade.
Icare, ce triste sire, prend un coup dans l'aile en voulant prendre un coup de soleil.
Aux feux jamais éteints de l'actualité, un coup de feu assassin devient fatal à une personnalité, que la mort, de son propre chef, a pris le temps de cuisiner.
A Rome, les chastes Vestales, gardent le feu sacré pour que le pyromane Néron puisse faire un feu de joie et mettre à feu et à sang, la Ville Éternelle.
Vulcain, n'est pas toujours à prendre avec des pincettes. Comme il passe son temps, entre le marteau et l'enclume pour faire un feu d'enfer, il a sûrement inventé le proverbe métallo : "c'est en forgeant, qu'on devient forgeron".
Didon, victime d'un feu de paille, se consume à feu doux d'amour pour son Énée.
Pégase fait feu des quatre fers.
A la Pentecôte, le Saint-Esprit enflamme la tête des apôtres réunis, autour du veau braisé.
Le feu brûle dans l’athanor des alchimistes, réalisant l’œuvre au rouge, symbole incandescent des noces chimiques, spirituelles et mystiques du Grand Œuvre.
Landru aime la femme au foyer. Au coin du feu, il joue le bellâtre, à la barbe bleue et fait mijoter, à petit feu, une poularde demi deuil.
A Rouen, Jeanne d'arc qui fait feu de tout bois n'en finit pas de bûcher !
Le feu est partout en action, sous la glace, sous la peau, au lac. Follet, il va, il vient, il circule, passe du vert au rouge, il est partout et nulle part, il est sans feu ni lieu. Il lèche ou il dévore, il enflamme les esprits, il incendie les peaux, il embrase les cœurs, les fesses et les culs, il titille, il démange, ce sont les feux de l'amour !
Il brûle les sorcières, les savants accusés d'hérésie. Du feu de Dieu ! Il est inquisitoire et destructeur, purificateur et autodafé pour les corps et les âmes, les livres sulfureux, toutes les vanités.
Il attire les intrépides qui pètent le feu avant de se jeter à l'eau, les réfractaires qui ne craignent pas de mettre leur main au feu ou encore les naïfs qui n'y voient que du feu !
L'homme l'a domestiqué. Il en a fait son flambant foyer au centre du logis, sa lampe pour éclairer la route de ses jours, sa veilleuse de rêves au cœur de chaque de nuit, son phare dans la tempête de sa vie tourmentée.
Brandissant les brandons de la contestation, il allume parfois le brasier des colères, prend feu pour des idées, rarement lumineuses et met le feu aux poudres. Hélas, la Liberté se brûle alors les ailes ! Les feux de la révolte sont des feux de détresse.
Au bal des Ardents, Pétrouchka mène La Danse du Feu sur une jambe de bois. Le pompier de sécurité qui fait feu de tout bois, brûle d'amour pour elle et n'a plus qu'un seul rêve : lui déclarer sa flamme... L'Amour n'est pas si Sorcier !
S'il faut être Phénix pour renaître de ses cendres, je n'ai donc aucune chance ! Et toi, mon ami, en as-tu au moins un signe ? A quel espoir t'accroches-tu ?... Moi, je n'en ai guère ! Tout juste, me restera-t-il, à condition d'éviter la géhenne, qui fait fuir le plaisir et sous réserve d'échapper à l'enfer, les dernières flammes du purgatoire !...
Oh ! Mais déjà, je m'élève dans une gerbe de feu ! Enflamme-toi aussi ! Soyons frères de feu !