Nuit blanche 2/7
EMI
Mystérieuse et infinie,
Inaccessible et souveraine,
Toi!
Ô éphémères instants
Du tout premier regard,
Brume bleutée et irisée!
Arc-en-ciel du destin,
Pont silencieux, tendu
Entre toi, entre moi
Où déjà sous les arches
S'étire l'indicible...
Passerelle de nos mains
Aux doigts entrecroisés...
Premier frisson,
Première peur,
Premiers liens,
Brûlures!
Flammes tourbillonnantes
De l'enfer de tes yeux.
Premier fer d'esclavage!
Enchaîné, asservi,
Galérien par tendresse!
Mais, le pont s'est brisé
Et nos doigts ont glissé
Jusqu'à se séparer...
Première rupture ou trahison,
Première brèche...
Le désir est à gué,
Nous voilà, eaux dormantes...
Ta chambre s'est remplie
Des froissements de soie,
Du tambour de nos pas,
Des éclats de nos voix.
Les oiseaux sur le mur
Ont repris leur envol,
Tournant autour de nous
Nous effleurant de l'aile.
Et l'île s'est noyée
Dans les creux de la nuit.
Le phare seul lance au ciel
Sa peur de naufrager.
Murmures de la marée,
Bruits de filins rouillés,
Aux ancres attachées.
Plaintes aux souvenirs
D'antiques traversées.
Il pleure des embruns
Des amarres échouées...
Et ton corps désarmé,
Chavire lentement
Dans les sillages creux
De ce fauteuil satin.
Le temps a jeté l'ancre
Au sein de cette chambre...
Commenter cet article