Fleurs de l'âge !
FA
Pour vivre notre plein bonheur,
J'aurais dû apprendre par cœur,
J'aurais dû savoir, par le cœur,
Le langage odorant des fleurs.
Il me fallait être au parfum,
Ne pas se fier à ce beau teint
Et confondre touffe de thym
Avec ces fleurs de baratin !
Prenez-moi, voyez, je vous donne
Pour faire ma cour, ma mignonne,
Un petit bouquet d'anémones
Et quatre baisers pour aumône !
Pour que vous me teniez la main,
Partageant le même chemin,
Pour aujourd'hui et pour demain,
Je vous offre mille jasmins.
Que les plaisirs soient nos délices,
Que nous buvions à pleins calices
Dans la blancheur fraîche des lys,
L'ivresse des amaryllis !
Effeuillez-vous vite ! Vite !
Comme font les marguerites.
Oui ! Je vous aime à la folie,
Ma belle de jour et de nuit !
Mon amante du sans souci,
Mes libations de l'ambroisie,
Vous m'offrez la fleur et le fruit
De votre beauté chaque nuit.
Je défaille et tourne de l’œil,
Dans la grâce des chèvrefeuilles.
Je meurs au creux de vos bras,
Dans le parfum du réséda.
Ma solaire, mon immortelle,
Ma rose, mon asphodèle,
Nous ne craignions ni vent ni grêle
Pour notre amour perpétuel.
Nous n’étions pas en radotage !
Dans nos tisanes de tussilage,
Rien n'annonçait l'amer naufrage
De nos fragiles fleurs de l'âge.
Le bonheur était floraison.
Nous avions quatre saisons
Pour vivre enlacés, mon liseron,
Sans jamais le moindre mouron.
Nous nous aimions, ma capucine,
Dans la ouatine et la mousseline.
Nous avions ôté les épines
Aux aubépines, à l'églantine.
Oui ! Nous ignorions que l'art-roses
Était fleur d'ostéoporose,
Et qu’la ménopause se ramène
Avec la fin des cycles. Amen !
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