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Lettre avant de dormir - Secrets aveux

Publié le par modimodi

 BAL CONF

Reçois ma douce, ces confidences écrites dans la pénombre.

Dans les derniers reflets du jour, nous nous tenons face à face, mains liées à nos serments, doigts noués et délacés aux rythmes lents de nos frissons. Sans le moindre bruit de ressac, chaque vague dénoue la mer en ondes ourlées de tendresses.

Nous nous désirons comme des statues de pierre dans la crispation du temps. Nous nous tendons comme la corde sous la menace de l'archet. Nous voudrions nous enlacer avant que le sommeil vienne nous prendre et nous renverser sur le lit de la nuit.

A travers les rideaux du soir, les silhouettes tremblantes de nos corps portent nos attentes et nos rêves. L'amour est là, mêlé aux flammes du crépuscule, dans les ondes de la lumière, filant comme un ruisseau vers des lisières inconnues.

Dans notre maison d'algues et de fougères, les battements du temps se glissent à pas de lune dans la durée et ses sanglots. Demain est déjà là, sur la pointe de ses pieds nus. Le loup d'hiver hurle aux nuages noirs de tenir allumée la lampe jusqu'à l'aube. La nuit béante qui s'en vient sera longue.

Dans la course sombre du jour, les rapides des instants enfuis tourbillonnent en rafales dans les gifles du vent et les griffes des branches cognant contre les vitres. Les feuilles s'y collent comme des papillons affolés au halo des réverbères de la ville. Au loin, la lumière crue des néons ensanglante les ombres du ciel. Tu en es sa rose rouge.

Les voiles dans la chambre s'agitent en bruissant. Près de moi, tu t'allonges. J’effleure ton épaule, j'entre dans la nuit, les mains nues. Nos peaux en serpentant, se glissent et se frôlent dans le froissement du satin. Nos lèvres et nos voix se font douces, nous murmurons dans le silence, des mots d'amour qui montent en gerbes moissonner le champ des étoiles. Nous sommes lisses de délices.

Nous frémissons et glanons des émois nocturnes dans nos mains agitées de poignées de caresses. Des frissons impatients palpitent dans le feuillage de nos soupirs tremblants et s'agitent comme des ailes d'oiseaux dans l'arceau de nos bras. Nos secrets n'ont plus de piège.

Sur le champ de bataille de la nuit, nos corps sont des glaives qui s'aiguisent aux pierres tranchantes de nos désirs. Nous roulons jusqu'à l'abîme avant de déposer les armes dans l'ultime étreinte d'un mourant baiser. Nous happons le vide de l'espace dans une plainte d'abandon.

Je me coordonne à ton souffle. Tu soupires dans le silence, je te contemple assoupie. Sur ta blanche nudité, un feu dansant de flammes chatoyantes s'est allumé aux rayons de la lune d'argent. Tu as déployé la corolle scintillante des astres d'or et laissé flotter l'écharpe aux cheveux d'ange des comètes. Tu t'éthères lentement dans l'envol de l'amour et dans l'oubli du temps.

Tu montes dans la barque de Nyx pour toi rejoindre le sommeil. Tu te donnes en offrande au ciel gris bleu de cette nuit de plomb. Tu as aboli l'horizon et ses limites, repoussé. Tu plonges dans l'azur invisible des songes étoilés... Aux voûtes de tes paupières, tes yeux d'ardoise jettent aux noctuelles des ténèbres, des lueurs moirées. Ta beauté flamboie dans les gémissements de la nuit.

Dans l'obscurité, je te distingue à peine mon ottomane, ma libre odalisque endormie. Je pose ma tête contre ton cœur, je te rejoins dans l'infini.

 

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