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Chapeau !

Publié le par modimodi

EV SQNT

Tout le monde ne peut pas faire partie du cercle restreint des sommités littéraires auréolées. Pourtant, nul regret, nulle frustration !

S'il est un plaisir étonnamment appréciable, d'apparaître aux yeux de ses lecteurs, comme un écrivain "sans queue ni tête", c'est de ne pas avoir à porter le chapeau. Pas de tête, pas de couvre-chef ! Pas de cabèche, pas de chèche !

C'est ainsi que je me comporte. Plus les reproches sont moches, plus je n'en fais moi même, qu'à ma tête de pioche, toute occupée à déterrer les pierres d'achoppement de mon vocabulaire. Si je n'ai plus de mots, je n'ai plus non plus de maux de tête. Non ! Plus rien de moi qu'un raccourcis des pensées de mon ex tête pensante.

Je ne vais donc pas ici, dans un style décoiffant, tirer à mon ultime lecteur, mon chapeau d’hébété étêtè, en train, à tue-tête de lui répéter : " Où avais-je donc la tête? Où avais-je donc la tête ?" Non ! Je suis totalement dénué de bon sens, dans l'incohérence jusqu'au cou. Ne cherchez pas la logique dans cette fantaisie casse-tête. A votre tour, vous y perdriez votre tête d'alouette avec toutes ces pirouettes de mon esprit lui-même, en-tête-à-queue.

Mes épaules sont larges, je peux tout supporter et à visage découvert, je ne crains pas de perdre la face. Non ! Ainsi, je ressemble plutôt à un buste au torse fier, à un mannequin pour tailleur, à un épouvantail coiffé d'un balai brosse en guise de chapeau de paille, à une tête de loup en plein milieu d'un champ de navets.

Sans galurin, la chance ne pourra même pas venir me coiffer sur le poteau. Seul le mauvais poète qui reçoit une volée de bois vert pourrait encore, à titre de lauriers,  être couronné d'un reste de vers durs. Alors, vous pouvez bien vous moquer ou bien me faire la tête, moi, je ne vous tiendrai pas tête, je n'en ai pas le front !

Quand bien même, le cafouilleur de phrases  et d'idées aurait perdu la tête, personne ne s'aviserait de dire de lui qu'il est toqué ni qu'il a la tête près du bonnet... Sauf s'il passait pour un âne au fond de la classe des mauvais scribouillards en compagnie des petites têtes de linotte...

D'ailleurs, vous imaginez bien qu'elles sont libres. Elles s'évadent en rêvant. elles rêvassent à tête reposée. Les entendez-vous ? "Si j'aurais su, j'aurais pas v'nu" dit P'tit Gibus, qui pour éviter les claques, prend aussitôt ses cliques et son claque.  "Oh ! Moi, j’en ai ras la casquette et par dessus la tête." répond en écho son congénère à qui la guerre enfantine avait filé quelques boutons. "Et moi, j'ai le pompon s'exclame ailleurs, dans le Landerneau, un robuste marin breton en tentant de retenir son chapeau rond au premier coup de galerne".

Bien sûr, comme dit la modiste, "il faut rester modeste" et ne pas prendre le melon. D'ailleurs, à moins d'avoir la grosse tête, de faire la forte tête et d'être au sommet de sa forme, pourquoi voudriez-vous porter le haut-de-forme et lancer l'air assez leste du "turlututu chapeau pointu" ? Le plus grand défi pour un auteur est de se montrer à la hauteur tandis que le prix de consolation est assuré aux bas de plafond de ne pas craindre de tomber de haut.

D'ailleurs, sauf à être sûr, après avoir perdu la tête, de posséder un talent fou, pourquoi voudriez-vous travailler du chapeau ? Évidemment que le canotier en panama a bien le droit de se jeter à l'eau pour lui mener sa barque. Dans ses conditions, s'il a le loisir et le plaisir de glisser au fil de l'eau, pourquoi sur un coup de tête et au fil de la plume, pourquoi un plumitif s'estimant empli de panache, ne travaillerait-il pas aussi de la plume au chapeau ?

Le poète épris et sensuel n'a-t-il pas la permission de mettre un capuchon à son stylo fuyard comme d'enfiler jusqu'aux oreilles son chapeau en latex, avant en branlant de la tête de fréquenter la grotte des plaisirs de sa muse ? Le voilà, conquérant et tête couronnée et, des pieds à la tête, prêt à renverser tête bêche, les rimes amoureuses.

A cet instant, de cette élucubration jugée sans queue ni tête, au talent décapité, à la fin de ce texte bas de forme, je suis prêt à manger mon chapeau, si vous ne vous êtes pas déjà enfuis sur les chapeaux de roue. Mais si, indulgents lecteurs, vous êtes demeurés, au sens noble du terme, en tête à tête avec moi, je vous tire mon chapeau sans crainte. Car, ayant depuis longtemps, perdu la tête, entre vous et moi, toute prise de tête est impossible, même à un têtu petit crâneur ! J'aurais d'ailleurs le plus grand mal à m'incliner devant vous, tête basse.

 

 

 

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