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Enfance : Le cheval à bascule 1/2

Publié le par modimodi

 CONF 5

Je viens de retrouver dans le grenier de la maison de mes parents, mon cheval à bascule. Une bouffée d'émotion m'envahit, des souvenirs de bonheur affluent à ma mémoire, je suis bouleversé en profondeur, mon cœur se serre, envahi de douceur. Maman, papa, que de joies vous m'avez offertes. Vous aviez tout compris !

Sans avoir fait de grandes études, vous aviez d'entrée de jeu, naturellement admis que les jouets font partie du monde enchanté de l'enfance. Sans doute, vous-mêmes, tout petits, aviez-vous pu découvrir les plaisirs immédiats du jeu ?

L’insouciance de mes premières années a favorisé ce besoin d'occuper mes temps libres par de multiples distractions. D'ailleurs, j'ai la certitude que ma pratique individuelle, tantôt bruyante ou silencieuse, assis ou à quatre pattes dans mon parc en bois, vous a bien soulagés. Je vous ai laissés la possibilité de vaquer à vos occupations.

Je sais aujourd'hui que le jeu est bénéfique à tous. D'où l'invention incessante de nouveaux produits mis en vente, l'importance économique grandissante du secteur et son colossal chiffre d'affaires. Les bourses aux jouets et les brocantes sont même l'occasion de leur donner une seconde vie ! On peut y trouver d'innombrables jouets mécaniques, en plastique ou en bois qui ont déjà une histoire secrète et même ma préférence, des chevaux à bascule !

En effet, l'intérêt des petits pour les joujoux les plus divers ne s'est jamais démenti ! Il devient même parfois impérieux et tempétueux chez de jeunes insatisfaits, avides de nouveautés au point de faire naître bruyamment bouderies et colères.

La jeunesse comme le jeu est sans doute éternelle ! Cet enthousiasme poursuit encore pendant bien longtemps les adultes, dans la passion par exemple, d'un train électrique, dans des jeux d'esprit ou dans les rituels des jeux de hasard... Au fond, nous sommes tous de grands enfants ! Tant qu'on ne court pas la folle aventure de jouer de malchance avec le feu des addictions ou encore plus bêtement de courir le risque suprême de jouer avec sa vie, le jeu n'est pas dangereux.

Heureusement, chaque fête ou anniversaire, chaque récompense donnent l'occasion d'offrir ou de recevoir des cadeaux. Une fois l'attente comblée, nous l'avons tous, un jour constaté, les visages qui s'illuminent ne mentent pas. A cet instant, la vérité retrouve sa pureté. Quelle joie dans les yeux, quelle innocence dans le bonheur ! Il ne faudrait jamais grandir !

Le jeu n'a pas d'âge ! L'origine des jouets remonte sans doute à la préhistoire. Des poupées personnifiant des enfants, des bisons ou chevaux stylisés, diverses figurines représentant des soldats ainsi que des outils ayant servi à les fabriquer ont été retrouvés lors de fouilles archéologiques. Chance immémoriale ! Je peux, en fermant les yeux dans mon rocking-chair me mettre en synchronie avec un lointain ancêtre et me bercer d'illusions immémorielles !

Oh ! Le cheval à bascule ne remonte sûrement pas au déluge. On sait qu'il était en vogue en Angleterre, dès le 17ème siècle. Probablement influencé par les berceaux à bascule, il a pris la forme d'un cheval de bois, réputé alors comme le jouet préféré des enfants. Au 18ème, il est assez fréquent mais généralement monté sur roues et recouvert de peau de vachette brune ou de tissu. En 1872, Claude Monet a peint son fils Jean, sur son cheval à bascule. 

De tout temps, l'important, c'est le pouvoir du rêve, la force qu'a l'esprit de l'enfant pour transformer le moindre objet en une autre matérialité. Encore aujourd'hui, un rien, un bout de bois ramassé, un objet quelconque trouvé peut devenir un trésor ou un jouet que l'imagination transforme aussitôt en avion, en camion, en château, en licorne, en dinosaure... Dialogue intérieur d'histoires fantastiques que j'aimais inventer! 

D'ailleurs, pour le développement de l'intelligence et la différence progressive à faire entre le réel et l'imaginaire puis le virtuel, ces libres jeux de construction fictive sont très importants. Avec le cheval à bascule de mes cinq premières années, ils m'ont, sans m'en rendre compte, construit en me permettant de donner sens à l'univers et de prendre place dans le monde.

Il est d'ailleurs communément admis que la variété des jouets récréatifs ou éducatifs ainsi que la relation de jeu établie avec un animal permettent de développer la socialisation. Surtout, lorsqu'elles sont partagées entre copains ou au sein de la famille... Qui d'entre vous n'a pas joué à cache-cache, au Monopoly, au jeu des sept familles, au Scrabble, aux cartes ou à la console ? Qui n'a pas pris plaisir à faire courir et aboyer le chien dans un échange de passe-passe ballon ? Qui n'a pas rugi comme un lion, grogné comme un ours, en battant des pattes, craché du feu comme un dragon, galopé comme Tornado, cheval noir de Zorro et retrouvé, sans le savoir, son cheval à bascule en hennissant comme un Centaure ?

Qui n'a pas posé de devinettes ou eu, le soir, la chance de lire un livre, de raconter une histoire pour peupler de rêves magiques la nuit des enfants ? Mes chers parents, soyez à jamais bénis de m'avoir offert ce fin et intime bonheur. J'entends encore vos voix qui s'envolent dans le ciel piqué d'étoiles et qui rejoignent la mienne, quant à mon tour, je perpétue la tradition pour Charles et Lucie.

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