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Ce n'était pas mon jour !

Publié le par modimodi

 SQNT  

J'ai réussi tous mes concours, surtout ceux de circonstances ! J'ai tout raté, sauf le rendez-vous avec la malchance et les chats noirs. Ah vraiment ! Ce n'était pas mon jour !

Comme ce jour d'examen où la voiture ne démarre pas, comme ce jour d'entretien d'embauche, où mon train a du retard. Depuis, je suis ce voyageur sans bagages qui attend sur le quai de l'emploi et de la bonne fortune.

Je suis né un vendredi 31 mais, l'officier de l'état civil était dyscalculique, il a reporté 13 sur le registre. Décidément, ce n'était pas mon jour ! Devais-je donc devenir ou être superstitieux ?

Depuis, dans l'arène surchauffée du cirque de mes activités, mon existence est une corrida. Je ne compte plus les coups de boutoir du destin. De l'aurore au crépuscule, j'esquive ou m'encorne contre le mur des lamentables accès du sort.

Jusqu'à plus soif, je bois la tasse d'amertume, je broie du noir. Je manque de bol, je manque de pot mais pas de pot de peinture blanche que je renverse, transformant en tableau impressionniste le canapé rouge du salon. J'aurais mieux fait de remettre à plus tard, ce que je faisais le jour-même.

J'ai une pluie de pépins ! Si j'ouvre un parapluie, à coup sûr, il se retourne sur la belle qui me croise en coup de vent sans me claquer la bise. Si j'ouvre une porte, la poignée me reste dans la main ou la clé casse dans la serrure. La tuile me tombe dessus comme sur Eschyle, la mélasse comme la fiente du pigeon sur mon chapeau et le guano sur ma voiture fraîchement lavée ! 

Je veux prendre mon vélo, il a le pneu crevé. Ce jour-là, dans un accès d'optimisme, je me dis que j'ai sans doute évité que ta robe se prenne dans les rayons et qu'un chien nous coure après. Si j'ouvre ma portière, elle se fait arracher, victime de l'angle mort. Si je cours après la chance, je mets le pied dans les flaques ou dans le ciment frais. J'ai la mouise qui me colle aux semelles. A la guerre à la scoumoune, mon fusil s'enraye à tout coup et je prends une balle perdue. Je suis le Tartarin de la chasse au bonheur, mes aventures sont mésaventures. Aucun jour n'est le bon jour !

J'ai l'appétit de la vie mais j'accumule les boulettes. J'ai du hachis et du gâchis d'occasions manquées de faire bonne chère avec la vie. Je suis béni et baptisé à toutes les sauces, par ce serveur maladroit. J'ai la cerise sur le gâteau de mon existence. J'avale une huître, c'est épatant et hépatite. Je mange une banane mûre, je me casse les dents qui tombent dans la compote. Je m'enivre à l'amour et au vin de Bohème mais la coupe des libations est ébréchée et l'ambroisie est un philtre à la ciguë. Ce n'est toujours pas le bon jour !

Je pars en croisière mais mes vacances se transforment en galère. Un brouillard pendant huit jours, pas de vue mais des bévues. Je prends une malheureuse photo en même temps qu'un paquet de mer. Je voudrais bien fuir la poisse et la purée de pois, me sortir de la m..., mais le rouleau de papier vient de glisser sous la porte et la brosse casse dans la cuvette. J'essuie donc tous les revers. Ce n'était pas mon jour !

Je fais la lutte à l'infortune, mais je perds mon ticket de loto. Pas de chance au jeu, chance en amour, dit-on, parfois... à condition de trouver le bon numéro ! Avec toi, mon élue, la roue tourne mais c'est pour me foutre les boules. Il n'y a pas pire malheur que de ne pas être aimé, mais il y a grande misère, de ne point aimer ou mal aimer. Je ne savais pas que nous étions comme le jour et la nuit, indispensables mais sans parvenir à nous rencontrer à la croisée des jours.

Pourtant, toi, tu étais belle comme le jour, alors je m'étais dit confiant : c'est le bon jour, vive les beaux jours ! Je t'ai déclaré mes feux, j'ignorais que c'était des feux de détresse. Ce n'était pas encore le bon jour, celui du rendez-vous avec le destin, c'était le jour triomphal de la malédiction.

Sur la piste des jours lancés, le hasard avait pipé ses dés. J'avais perdu ma patte de lapin qui avait dû brouter tous les trèfles. Sur le mur de la maison du bonheur, le fer à cheval avait rouillé et au jardin mouillé, l'araignée du soir était en retard. 

Mes espoirs étaient d'avance ruinés. Au lieu de m'adresser sa flèche, Cupidon avait perdu son arc, en ciel et m'avait mis dans la dèche ! Si le pire n'est jamais sûr, j'attends encore des jours meilleurs !

Car toi, ma belle comme le jour, tu exiges, tu me commandes, tu es mon ordre du jour. C'est trop souvent un mauvais jour empli d'ennuis futiles et d'inconvénients répétés. Je me tracasse journellement, au point de penser que pour éviter le pire, il vaut mieux ne pas remettre au lendemain ce qu'on peut faire le jour même !

Nous sommes aujourd'hui, à couteaux tirés et croisés. La malchance et la maladresse se sont invitées et tiennent table ouverte sur la nappe aux faux jours... Ai-je trop attendu que les alouettes tombent toutes rôties ? Ai-je dû, sans m'en rendre compte, briser le miroir aux alouettes ? Pourquoi, de jour en jour, cherches-tu à me plumer la tête, à donner du bec et de l'aile ou à me mettre la bride au cou ?

Tu es du signe du Scorpion, mais ce n'était pas la peine de me piquer au talon. J'étais pourtant toqué, mordu, complètement entiché de toi, mais je n'ai eu que de la déveine. L'aiguille de la chance s'est cassée dans ma veine.  Ah bon sang !

J'ai probablement une bonne étoile, mais filante car je n'ai aperçu que la queue de la comète. Avec toi, mon astre, j'ai malheureusement piqué une mauvaise étoile à mon ciel de lit. Des astres, oh oui ! Désastre !

Victime du mauvais sort, notre amour astrologique est devenu astronomique. Nous ne sommes plus en conjonction, mais en opposition. Je suis vraiment du signe du Taureau, dominé par Vénus. Tu m'as pris par les cornes et j'ai abondance de coups plantés dans le cœur. Je me tiens à contre jour, à contre amour.

Dois-je encore t'accorder un concours de circonstances atténuantes ? Dois-je obstinément croire aux jours meilleurs ? Dois-je me consoler et dire qu'avec tant de contretemps, je n'ai guère le temps de m'ennuyer ! Oui ! De contrariétés en adversités, j'ai la guigne qui court après la débine. Sans doute, qu'à chaque jour suffit sa peine mais les jours se suivent et se ressemblent. Parviendrai-je à atteindre mes vieux jours avant d'être définitivement ajourné ?

Avec toi, on peut tirer l'échelle mais il vaut mieux ne pas passer dessous. Je voudrais bien crier mon désespoir mais j'ai une extinction de voix. Je vous l'avais bien dit : Non ! Ce n'est pas mon jour !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

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