Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Enfance : La cafetière et le moulin à café 1/2

Publié le par modimodi

 CONF 3

Mes gens, je me fais vieux !

Vous souvenez-vous de cet air populaire en vogue ? "Quand quelque chose nous désole/ C'est du café qui nous console. Vive le café ! Vive la casserole !"

P'têt ben qu'oui, p'têt ben qu'non !... Nous vivons aujourd'hui le progrès automatisé dans le confort instantané. L'électricité a révolutionné l'industrie et simplifié nos usages domestiques. Grâce à son énergie, il suffit simplement de brancher la cafetière électrique et d'appuyer sur le bouton pour que la magie de la fée électricité opère.

Vous qui avalez au petit-déjeuner votre café encore brûlant pour ne pas être en retard, vous qui le dégustez en famille, entre amis, à la fin d'un bon repas, vous qui le savourez en terrasse face à la mer, avez-vous connu l'époque des moulins à café mécaniques ?

Si oui, vous n'avez pas pu oublier l'arôme du café frais moulu, obtenu en broyant les grains. Vous vous rappelez sûrement de l'objet indispensable à chaque foyer : le moulin à café ! Vos grands-parents en avaient forcément un qui vous attend dans la poussière du grenier endormi...

La mode est au vintage et votre découverte est aujourd'hui un objet de collection à retrouver chez les antiquaires ou simplement, à même le sol des trottoirs, lors des vide-greniers dominicaux. Il suffit de chiner ! L'un d'entre eux vous attend ! La fabrique de "Peugeot frères" en a commercialisé 56 modèles différents déclinés en 280 versions variant les essences de bois, les tailles, le matériau des calottes, les couleurs et les décors. A chaque moulin, son style ! A chaque cuisine, sa fantaisie !

Son histoire est passionnante. Elle remonte au XVIème siècle et s'inspire, en coïncidence avec l'arrivée du café en Europe et des moulins à poivre. De nombreux musées spécialisés en exposent encore différents modèles de périodes et de pays différents. D'ailleurs, chaque musée rural qui met en scène la vie paysanne ou villageoise au siècle dernier et qui cherche à en recréer l'atmosphère, présente l'objet en situation vivante. Le moulin est sur la table autour de laquelle a pris place la famille nombreuse tandis que la cafetière est sur le poêle rougeoyant.

Moi, j'entends encore la voisine inviter ma grand-mère à boire une tasse, "une jatte d'jus !". Cette courtoisie d'après-midi était réciproque, tantôt chez l'une, tantôt chez l'autre. Temps de pause où l'on tricotait, échangeait les potins et les confidences, faisait des essayages de robe fabriquée maison, à partir d'un patron choisi sur un modèle de "modes et travaux".

Avez-vous connu ce temps du rituel quotidien qui précédait la dégustation d'un café ? Rappelez-vous le moulin familial : un cube rectangulaire de bois marron, surmonté d'un bol métallique à semi-ouverture dans lequel on déversait précautionneusement le café, qu'on moulait à l'aide d'une manivelle en acier, à poignée en bois. N'oubliez pas, de bien fermer à sa base, à l'aide d'une vis fragile, le précieux tiroir qui recueillera le bon café moulu. Sinon, vous êtes préposé au balayage du précieux sable marron noir.

Entendez-vous le bruit craquant des grains que le mécanisme en acier, à arbre horizontal écrase méthodiquement dans un bruit de mitrailleuse ? Je sais pour m'y être essayé que le tir n'est pas automatique et que le démarrage du concassage exige des coups de poignets énergiques. Pour en ébranler la masse, il convient de ne pas trop charger l'opercule. Pour ne pas en renverser, une mini pelle chargée de grains marron foncé, luisants et cirés l'emplit délicatement. Alors, par bouffées, leur odeur forte et envoûtante, à l'état brut de café torréfié, s'exhale puissamment.

Bien sûr, la famille entière veillait au grain ! L'or noir était précieusement conservé dans une boite hermétique décorée, qu'on posait sur l'étagère à côté des bocaux marqués : "farine, sel, sucre". L'ayant photographiée du regard, j'ai su très tôt écrire le mot café. J'ai pu ainsi éviter à mes résultats scolaires de boire d'emblée la tasse.

Je me revois encore poser fermement ma main sur celle de maman pour participer tendrement à l'opération rythmée du broyage. L'époque où je parvins en autonomie à soulager les mains arthrosiques de ma grand-mère, correspond au début de mon adolescence. Mon frère cadet, qui voulait m'imiter, avait pris l'habitude en tournant la manivelle de chantonner à contre-emploi : "Meunier, tu dors, ton moulin va trop vite ! Meunier, tu dors, ton moulin va trop fort !" Nous nous en amusions !

C'est sûr ! Vous n'avez-pas pu oublier l'odeur délicieuse du café frais moulu, sitôt qu'on ouvrait le tiroir. Le parfum vous prenait les narines, excitait vos papilles bien avant d'en retrouver les arômes en bouche. La maison embaumait le café et il n'était pas rare d'entendre quelqu'un sortant d'une autre pièce, s'écrier : "Hummm ! Ça sent bon le café !" 

Commenter cet article