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Articles avec #confidences tag

Lettre aux amoureux

Publié le par modimodi

 

BAL CONF

Petits écrivains

Petits écrivains amoureux, ne vous embrasez pas ! Des mots et cris d'amour ardent, point trop n'en faut ! Ne chauffez pas votre plume à blanc dans votre cœur haut-fourneau ! Vous feriez rougir la belle, elle pourrait vous laminer.

L'amour vient de vous picoter, l'encre frémit et bouillonne, vous alternez élans et langueurs. Au risque de la décoiffer, n'ébouriffez pas votre plume ! Quand vous vous engagez dans des échanges épistolaires ou des messages en mails ou SMS, assurez-vous que vous êtes compatibles d'expression : de même langage d'époque, de même âge, de même culture urbaine. Sinon, il est inutile de multiplier les envois, vous risquez simplement d'y laisser des plumes, vos plumes noyées de larmes, au fond de l'encrier.

N'accusez pas trop de disparités physiques, ayez un charme équivalent. A part dans les contes de fée, la belle ne tombe pas sous l'enchantement de la bête ! Ne vous faites pas du cinéma. Elle attend le prince charmant pas un charmeur qui rêve de faire "la bête à deux dos". Adonnez-vous plutôt à la philosophie ! L'amour vous distillera ses aphorismes. Pascal vous laisse cet espoir : celui "qui veut faire l'ange fait la bête."

Bien sûr, il y a des exceptions, elles ne font que confirmer la règle. L'amour embellit la réalité. Cendrillon la souillon, en perdant sa chaussure, rencontre le Prince charmant. Mais pas d'emballement ! Nous ignorons toujours s'il était pantouflard.

Alors, mes petits amoureux, il est déjà si difficile de vivre un amour réciproque, ne compliquez vos chances par trop d'hétérogénéité et de discordances. Ne frisez pas le ridicule.

La littérature a donné du tragique aux amours célèbres de Tristan et Yseult, de Roméo et Juliette et mis en garde contre les vénéneux plaisirs "des liaisons dangereuses". Pour autant Victor Hugo pourrait-il vous dire si Quasimodo avait honte devant Esmeralda et comment le ver de terre osait-il être amoureux d'une étoile ?

Ne forcez pas votre nature humaine. Faites-lui la cour mais ne tombez pas dans la basse cour. Ne l'appelez pas ma poulette en prenant un style ampoulé. Se parer des plumes du paon pour une petite dinde à la bouche en cul de poule est vain de séduction. Vous risquez peut-être même de vous faire plumer par la bécasse ou farcir par la cocotte.

En cas de contrastes flagrants, il vous sera très difficile de vous faire entendre ou comprendre. Si vous êtes vieux jeu ou vieux comme Hérode, vous ne ferez pas de vieux os devant la jeunette qui n'a nulle envie de devenir vieille fille pour être en harmonie avec vous. Vous avez beau être fleur bleue et la couvrir de bouquets, elle n'attend qu'un amoureux vaillant, à la fleur de l'âge. Elle vous quittera, peut-être, vous attendrez en vain son retour, vous n'obtiendrez que le retour d'âge.

Parfois, l'espoir tremble dans sa lueur. Malgré toutes ces différences, certains s'exclament : "Et pourtant je l'aime !" No comment, miracle, mirage, illusion, vain espoir, chacun garde une part d'enfance pour croire au Père Noël !... Même si ce n'est que pour les cadeaux !

Assurez-vous de la réciprocité de vos sentiments. Il est douloureux d'aimer sans être aimé. Soyez prêts ! L'amour n'a pas d'âge, pas de saison ni d'époque. Il vous a peut-être saisi à l'improviste, sans que vous vous y attendiez. Quelles que soient l'issue et vos dissemblances, il comblera de bonheur ou fera souffrir les jeunes comme les vieux. On ne détruit pas l'amour, lui seul vous renverse et vous dévaste. On n'exige rien de lui, on ne commande pas au cœur.

Vous pouvez avoir la malchance d'être en concurrence avec un autre que vous ne connaissez pas. Si l'amour risque de vous décoiffer, un merlan plus ou moins frais peut parvenir à vous coiffer sur le poteau !

Les aléas sont dans toutes les aventures. Les chocs et les coups du sort vous atteindront sûrement. Les soubresauts font partie de l'amour. Chacun peut être cabossé et se froisser ses ailes d'ange. Mais gardez le moral, il n'y a pas de crapaud qui ne trouve sa grenouille. Un terre à terre peut trouver le bonheur en se jetant à l'eau et il n'y a pas si loin de la terre aux cieux.

Attention ! Ne révélez pas aux autres vos sentiments, ne donnez pas dans l'indiscrétion. Ne prenez pas non plus de renseignements. Votre douce doit demeurer celle que nul ne connaît. Votre bonheur comme votre respect sont silencieux. Laissez la part belle au mystérieux, à l'imagination, au rêve. A vous de deviner, si son cœur est un désert aride, mais brûlant ou un jardin d’Éden luxuriant, mais au fruit défendu.

Ne soyez pas addict aux réseaux sociaux. L'abonné aux SMS n'a peut-être que des mots maladroits mais sincères pour se manifester. Le langage oral ou écrit est source d’interprétations. L'amoureux plumitif court le risque de se faire envoyer chez Plumeau.

Ne soupirez pas, vous ne feriez que déplacer la poussière. Non ! Pas de soupir ni de silence. Comme en musique, évitez de payer la note par vos dissonances et vos couacs. Mêmes les accords se font plaquer.

Ne soyez pas trop pressants, ne jouez pas au vieil importun. Effleurez-la de vos phrases avant même d'espérer la toucher. Même si elle irradie en vous, ne lui confiez pas que vous l'aimez comme jamais elle ne l'a été, en lumière et puissance... Si elle est fière, elle ne supportera pas que vous fassiez mieux que votre prédécesseur, celui qui l'a quittée après lui avoir tordu le cœur.

Vous avez peut-être tort de considérer les textes que vous lui adressez comme des chansons, des mélodies. Alors qu'elle les perçoit comme des mélos dits. A son entendement, vos mots pêlemêle donnent dans le méli de mélos. Vous êtes accusés de mélo-manie. Flûte alors, votre partition n'est à sa sourde oreille, que du pipeau ! Et malheur, si une sourde oreille confond "j'ouïs" et jouissance. Vous ne vivrez avec elle que des malentendus.

Vos mots que vous vouliez des hymnes célébrant sa beauté et sa jeunesse sont peut-être perçus comme une rengaine sans dégaine, une infinie complainte lassante, une con-plainte barbante. La ballade aura pour effet de vous envoyer balader. 

Apprentis amoureux

Apprentis amoureux, n'invoquez pas les muses, ne les courtisez pas si déjà, vous ne parvenez pas à taquiner la muse, votre muse, celle qui vous inspire. Attention à ne pas vous accorder de licence, fût-elle poétique. 

Exprimez-vous sans ambiguïté. Avant son sommeil, murmurez-lui qu'elle est la merveille qui soutient la voie lactée au cœur de laquelle son astre est le plus brillant des constellations. Au réveil, vous pouvez écrire qu'elle vient d'éteindre les étoiles du ciel, pour de sa main de sable allumer le soleil à l'horizon. Vous ne courez aucun danger à lui conter que vous avez ouvert la fenêtre pour écouter le chant du ciel et la laisser entrer dans la clarté du jour. Qualifiez-la de céleste et de solaire.

Mais ne vous épanchez pas trop, vous risqueriez de la noyer dans des flots de banalité sentimentale. La belle ne veut pas de vos confidences, elle n'attend que des compliments exclusivement personnalisés. Secrètement, au fond d'elle-même sans se l'avouer, elle attend et espère : " Parlez-moi de moi, y'a que ça qui m'intéresse." Ne la chagrinez pas, elle veut secrètement être révérée, même, si elle vous répond les yeux au ciel et les cils agités : " Ah ! Vous exagérez ! "

Masquez votre amertume sans lui adresser de reproches. Dénommez la " petite sirène", si elle ne répond pas à vos messages, comme autant de bouteilles que vous lancez chaque jour à la mer. Car elle n'apprécie peut-être pas ! Sans doute, parce que vous êtes vieillots dans votre expression. Votre langage est dépassé, il vous a submergés. Vous n'êtes pas à flots avec elle, vous n'êtes pas au courant. L'amour clapote, vous êtes au creux de la vague.

Soyez dans votre époque ! La trivialité du quotidien s'expose pour rompre la monotonie de l'existence. Finie l'ère des visages en signes de ponctuation, ou des lol à chaque blague, aujourd'hui, il vous faut de l'émotion exprimée en smileys, emoji, des ok, okay, md...rrr , des tkt, dsl, jpp pour "t'inquiète, désolé ou j'en peux plus". 

Pour vous initier ou vous entraîner afin d'écrire comme un jeun's, je vous laisse vous accoutumer, oklm "au calme", aux familiers emplois de : askip, blc, jdcjdr, msk, wsh et wlh … Sachez que suivant votre expression, vous marquez votre milieu et votre âge ! Yolo ! Yessss !

Dans cette époque speedée, vous devez encore savoir abréger vos mots.  " TOQP ? - "TT ou l'1di ?" - "T'a HT le Kdo à GG ? - Tu Vi1 2m1 ? - T knon, jt'M ! - @+ … 

 

 Poètes par amour

A chacun sa manière d'aimer et de séduire !

Si vous êtes amoureux fou, modérez vos ardeurs. Vous avez le droit d'affirmer que ses pensées sont des feux d'artifices qui pétillent en vous d'espoirs et de joies. Confiez-lui que si votre cœur bat la cadence, c'est le sien qui lui donne sa fréquence.

Elle vous habite, vous frémissez. Votre cœur éclate. Vous pensez que vos ondes se rejoignent. Vous espérez qu'une même vibration vous traverse. Vous croyez en une pulsation commune, une incroyable énergie fusionnelle.  Bien sûr, par intermittences, l'incertitude vous effleure. Vous doutez de vos sensations.

Mais vous vous rassurez en réalisant que vous êtes tous deux en alchimie, en osmose électromagnétique. Vous seriez prêt à certifier que ses pensées illuminent l'horizon et le dépassent. Vous vous dites que cette impalpable émotion est le signe et l'infinie présence de l'amour… Mais vous n'en aurez jamais la certitude... Le voile du mystère demeure en la passion.

Avec elle, montrez-vous disponible. Partagez sa fatigue et ses difficultés. Proposez votre aide et vos services. Soyez léger pas une surcharge. Tentez de la distraire. Offrez-lui tout votre savoir-faire d'écrivain. Demandez-lui le défi d'un seul mot à partir duquel vous lui écrirez un poème.

Certifiez qu'elle est votre respiration, le souffle, la Muse, l'inspiration et l'appel de la création. Déjà vos textes portent son éclat, ses joies, sa jeunesse. Elle coule en vous l'or du verbe et taille les pierres précieuses de l'amour.

Attention ! Ne vous laissez pas aller à la facilité, votre intelligente amie est perfectionniste. Elle attend mieux et toujours plus de vous. Mais pas d'exacerbation pour autant ! Ne lui parlez pas de passion et d'exaltation charnelle. L'amour qu'elle incarne, doit demeurer désincarné. De désirs, trop expressifs, ne mettez pas votre plume en tension.

La belle peut jouer avec vous. La petite Sainte Nitouche peut vous laisser croire qu'elle ne demande qu'à être louangée avec des mots pudiques et inoffensifs. Elle désire écarter de votre relation, toute considération physique. La vestale n'a pas de corps, elle garde le feu sacré de l'amour. Vous n'avez droit qu'à vous enflammer pour mieux vous consumer.

Ne parlez pas des éclats de ses yeux et de leurs variations chatoyantes : tantôt noirs d'obsidienne, aux reflets brûlés des écorces d'outre noir de Soulages, tantôt verts saphir, onyx et jade de son regard de louve… Vous avez l'incroyable chance d'avoir trouvé le rayon vert. Mystérieusement, sa lumière pénètre en vous pour y accomplir votre vœu. Vous traversez la nuit de rêves intergalactiques. Vous gardez son cœur, il est dans le vôtre.

Admirez-la. Parlez-lui de sa grâce, de son talent d'artiste, de sa distinction, de sa délicatesse, de son raffinement, de la fascination qu'elle exerce. Demeurez dans l'enchantement de sa beauté. Restez sur la rive, comme au bord de la rivière mais ne la traversez pas. Laissez glisser vos messages comme un bateau de papier, balloté au gré de ses humeurs. 

Vous avez la chance qu'elle se manifeste. Prenez ses réponses comme des cadeaux. Si par exemple, un soir, elle vous honore en s. m. s. de l'image d'un ange avec une mention : "l'ange de la nuit ". Vos quelques mots exclamatifs : "Génial ! Vous êtes délicate, subtile, inspirée, je pense vous avoir reconnue..." seront bien trop faibles pour exprimer votre profond bouleversement.

Si un autre jour, elle vous envoie en post, un enfant endormi, est-ce qu'elle se personnifie dans l'abandon des bras de Morphée ? Est-ce pour que vous lui ouvriez les vôtres ?

Si par un signe indien, elle vous gratifie d'un autre message d'Amma : "La vie et l'amour ne sont pas deux, ils sont UN. Aimer signifie voir et ressentir la vie EN TOUT. " Appréciez cette annonce car vous venez de recevoir de quoi éclairer spirituellement, vos futures et longues nuits d'insomnie !

Mais comment unir et unifier l'amour et la vie ? Dans l'éventualité d'un cas si merveilleux, conserverez-vous encore la faculté de l'aimer, Elle l'unique, celle qui est plus que votre vie ? Faut-il atteindre les deux dimensions physique et métaphysique pour vivre cette unicité ?

Devant elle, ne convient-il pas de vous faire tout petit ? … Vous sentez bien qu'Elle est à la fois, ici et maintenant dans un au-delà inaccessible des mystères de la vie et de l'amour. Vous atteignez vos limites. Jamais vous ne serez capable de vivre cet amour absolu. Vous ne parviendrez pas à lui exprimer l'intimité et la profondeur de vos pensées et de vos sentiments.

Vous avez juste le droit d'élever vos propos, de la suivre dans le scintillement des comètes et de l'appeler "mon ange". Vous pouvez lui confier que vous écrivez avec une de ses plumes. Vous pouvez l'adorer au plus haut des cieux et appeler Céleste, celle qui vous transporte en plein ciel, au cœur des étoiles.

Le piège des mots

Ne la jugez pas. Quelles que soient ses réactions, elle est sûrement sincère. Elle peut sans le vouloir vous avoir envahi d'amour et sorti de votre banalité quotidienne, comme celle que vivent les gens heureux. Elle peut avoir éveillé et empli votre cœur assoupi. Elle peut être flattée d'être l'objet de vos ardeurs mais freinée par vos différences d'âge, d'ingratitudes physiques, d'histoires de vie. Avez-vous suffisamment d'affinités pour que vos atomes crochus s'accrochent aux siens ?

N'ayez pas d'illusions. Ne croyez pas que vous êtes comme les anciens légumes : chou rave, rutabaga, topinambour, susceptibles de sortir de l'oubli et de revenir au goût du jour. Vous êtes définitivement dans l'épais potage du temps qui passe.

Ne la hérissez pas. L'amour aveugle ne perçoit pas toujours les clins d'œil... Si vous ne mettez pas le même sens aux mots, vous avez un lourd handicap. Vous vous exprimez en poète, mais elle vous lit et vous entend prosaïquement dans autre registre.

Vous l'idéalisez, elle vous prend simplement au mot. Vous l'avez placée dans une vision surréelle mais elle vous perçoit au premier degré. Le réel et la poésie s'affrontent dans les différences de sens. Ils s'opposent en elle. Elle le pressent, elle en vient à redouter vos messages, elle se fige. Elle vous chasse de ses pensées et ne tarde pas à ne plus répondre à vos appels. 

Mais elle est également capable de prendre peur de ses propres sentiments, ayant perçu un trouble dans le fond de son cœur. Dans ce cas, la raison l'emporte parfois. La raison se fait plus forte que l'amour.

Elle cherchera encore à feindre l'incompréhension et l'innocence. Elle est à même de simuler la peur et de déformer vos propos… Ne lui dites pas qu'elle est la musique des anges, elle croira que vous parlez de sexe. Ne lui confiez pas le soir, que dans vos rêves, vous lui tenez la main pour traverser la nuit, elle se croira prisonnière. Ne lui écrivez pas qu'elle est votre voie du ciel, elle imaginera que vous voulez vous envoyer en l'air.

Taisez votre exaltation charnelle. Envoyez-lui encore de chastes baisers mais pas de baisers en corps ! Ne célébrez pas sa taille et ses reins saillants, les caresses supposées de ses mains et ses doigts ni la liane de ses courbes ondulantes devant votre corps en tension. N'évoquez pas sa poitrine dressée et les oiseaux au nid de ses petits seins palpitants. N'ayez pas la folie de vous faire oiseleur.

Si votre belle est ancrée dans le réel des mots, elle prendra votre exaltation au sens strict, sans recul pour en apprécier la profondeur poétique. Si elle n'a pas rencontré la poésie baudelairienne des vénéneuses "Fleurs du mal.", vous heurterez sa sensibilité. Elle s'en offusquera et vous prendra pour un satyre graveleux et libidineux…

Ah ! Quel gâchis pour une malencontreuse interprétation ! Vous en serez tous deux profondément vexés et déçus. Malheur aux poètes ! Si le fond est prisonnier de la forme, les prudes et les Tartuffe ne sauraient vous voir vous épancher dans le sein d'une amie.

Dans une relation amoureuse, veillez toujours aux perceptions sémantiques. Les significations diffèrent de l'un à l'autre, entre compréhension sensible et intelligible. Les référents culturels sont primordiaux, si vous ne voulez pas croire que vous vous êtes trompés d'histoire d'amour.

Pour rester sur un sourire plutôt que sur un rictus, disons qu'il peut être délicat de déclarer sa flamme à "la petite marchande d'allumettes !"

Hier, elle était votre Vénus, aujourd'hui, elle est votre mère Fouettard ! Vous aviez eu le coup de foudre, vous la pensiez du tonnerre, elle l'est ! Après ce message jugé déplacé, elle vous envoie ses foudres. Vous aviez perçu son rayonnement, les éclats de lumière originelle de ses yeux taillant leurs silex. Vous n'aviez pas imaginé que son aura n'était que des éclairs qui allaient vous foudroyer.

Quelles que soient la puissance de vos sentiments et l'impétuosité de vos élans, modérez votre expression. Soyez constant… Même si la belle est toute, sauf une effarouchée, même si elle perçoit votre sincérité, elle vous demandera peut-être de cesser de la vénérer, de la sublimer, de l'adorer.

Lassée de vous, désarçonnée par votre style, sous la pression de trop d'envois, éventuellement mal conseillée et influencée par les jugements dépréciatifs de son entourage, vous serez alors sèchement congédié. Bloquée, à son tour, c'est elle qui vous bloquera. Vous n'aurez plus de signes, ni le droit de vous exprimer. Elle se dira peinée et dans une attitude victimaire, fera comme si elle était la seule à souffrir.

Inutile de la supplier. L'amour est fier, l'amour est digne. Un genou en terre et la main sur le cœur pour lui rendre hommage, cette attitude est chevaleresque. Mais il ne convient pas d'être en dépendance et de se vautrer en implorations. "Les enfants qui s'aiment s'embrassent. Debout contre les portes de la nuit…. Les enfants qui s'aiment ne sont là pour personne. Ils sont ailleurs bien plus haut que la nuit, bien plus haut que le jour, dans l'éblouissante clarté de leur premier amour." 

Vous l'aimez infiniment, vous l'aimerez toujours d'un amour pur. A vos premiers émois, vous aviez perdu le sommeil. A présent, vous veillerez de longues heures, d'interminables nuits noires et vous chercherez son phare étrange dans l'obscurité. Réduit au silence, vous ne retrouverez sa présence invisible, qu'au cœur de vos nuits blanches et vous devrez taire que vous avez rêvé d'elle, que vous en gardez l'empreinte douce de ses bras noués autour de votre cou.

Vous devez désormais vous tenir en coulisse. Vos chants d'Orphée traverseront peut-être les ténèbres pour la ramener à la lumière… Petit amoureux éconduit, souffrez en silence et ne vous découragez pas. Elle vous envoie promener. Soit ! Retournez à vos écrits amoureux et échevelés. Après tout, elle s'y promenait déjà, elle continuera donc à vous rendre visite. Peut-être même conserverez-vous en vos cœurs éloignés, des liens incorporels, cette part éthérée, vibratoire, magnétique, ondulatoire et frémissante de vos mois profonds ? 

Ce n'était pas qu'une impulsion. Vous ne vous êtes pas trompé. Elle est bien l'objet de l'amour qui hier vous comblait, aujourd'hui vous fait souffrir. Vous l'aimiez sous l'orage de vos désirs, persévérez sous l'arc-en-ciel de votre cœur apaisé.

Elle restera votre rêve inachevé, le manque d'un amour absolu. Laissez-la croire qu'elle parviendra sans vous au triomphe de l'amour et de la vie.

 

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Que vois-je ?

Publié le par modimodi

CONF 39

Ô muse, ma sœur de plume !

Que vois-je ?

 

Un homme, une ombre, un inconnu

Longtemps parti puis revenu ?

Un poète ou un philosophe

Un des trois frères Karamazov ?

Que viendrait-il faire, c'est absurde

On a tué le dernier Kurde !

 

Personne ne vient plus chez nous, on a brûlé toutes les cartes, désaiguillé toutes les boussoles, effacé le moindre chemin, soufflé du vent sur les nuages. 

 

Tous les oiseaux se sont perdus

Le printemps n'a pas survécu.

Que fait en approche, cette barque

Est-ce le grand retour de Bismarck ?

Grand-père, m'a pourtant dit, c'est moche

Qu'on avait tué l'dernier Boche !

 

Aucun ami, aucun ennemi ! Aucun mot, aucune nouvelle, aucun murmure fraternel ! Mes souvenirs emportent le froufrou frissonnant des étoiles rimbaldiennes, seules voix muettes en ma mémoire.

 

Mes yeux, paupières clouées

Sont fatigués d'avoir veiller.

Je voulais juste m'accrocher

Au fantôme d'un égaré.

Mais impossible, je le savais

On a tué les étrangers !

 

Il n'y a plus rien au fond de l'eau, plus de chimère, plus de sirène, même plus d'étoile de mer. Il n'y a plus rien dans le ciel, plus rien sur terre, dans les sillons ou les abîmes.

Plus rien à voir ou peut-être à apercevoir que mon reflet dans le miroir. Est-ce lui, ce dernier étranger, auquel je peux m'accrocher?

Je m'abandonne à tes silences. Peut-être, est ce moi, suis-je devenu ton étranger ?

 Escapade de poète

 

Ô Muse,

 A quoi bon partir en voyage?

J'ai enfermé tous les mirages

Dans un collier de coquillages.

J'ai fait prisonnier la lumière

Pour amalgamer au désert

Rose de sable et cœur de pierre.

 

Le ciel est assoiffé de signes. Le sable a englouti les traces de la dernière caravane. Elle va l'amble aux sillages d'or des galaxies scintillantes. Je marche moi aussi, me mouvant lentement au rythme pesant des pas d'un forçat errant. La nuit a bu le lait cru de la lune, si blanc qu'on dirait de la neige sur ses nuages bistres de suie.

Je frissonne, j'ai froid. Il reste un feu oublié dans la grotte, au pied de la montagne. Je dois le retrouver, affronter le danger. Je suis à la merci d'un volcan de dune vomissant ses laves. Je rampe, elles vont me dévorer. Je vais me minéraliser, mon cœur de pierre roule, glisse et s'enfonce dans les sables des songes.

Doucement chamelier, retiens ton pas, je dors transfiguré dans cette rose de sable. Laisse-moi reposer, mêler mes chants d'amour aux douces voix des djinns. 

Oh ! Aime-moi enfin, ô Muse migratrice, toi, la justification finale de ma course à l'étoile. Je t'offre à mon tour, ma rose de papier.

 

 

*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-

 

Nocturne

 

 Ô Muse ! Seule la nuit est à venir avec son feu noir et d'oubli.

Elle viendra la nuit avec ses vides blancs du passé en absence, avec ses ombres déchirées au silence de nos adieux.

Seule la nuit est à venir avec ses temps contractés dans le marbre froid de l'éternité.

Elle viendra la nuit avec les échos inutiles des victoires claironnées par tous ces pauvres cœurs, insignifiants d'amour. Moi aussi, j'aurais honte de mes élégies, de mes émois tremblants et des paroles que je n'ai jamais dites.

Seule la nuit est à venir avec quelques plumes arrachées à l'oiseau de la Liberté.

Je l'attends ! Qu'elle vienne déposer en ma page blanche, gonflée comme une voile, des mots de feu, des mots de joie, des cris de vie hissés jusqu'au ciel de ma poésie, en gerbes de fleurs décloses et d'étoiles filantes lancées vers l'infini !

Je veux traverser les ténèbres. Je veux happer la lumière figée dans le sang des astres roses. Je veux enflammer les silences des pensées qui se dérobent.

Je veux au matin, courtiser le hasard, l'appeler Inspiration, baiser sa chair, prendre sa langue et tordre sa bouche menteuse. Je veux désarmer la beauté, peindre des lys sur l'armure et m'affronter à l'absolu.

Que les oiseaux viennent bruire et lancer leurs trilles aux musiques célestes ! Que la grâce ruisselle de la clématite de mes chants ! Que le printemps donne sa vigueur à mon langage, noueux cassant comme un bois sec ! Que le feu éclate ses sonorités dans les brindilles de mes rimes et ranime les cendres au sein de mes ratures !

La nuit peut venir, je l'attends avec ses promesses chuchotées. Le futur est son clandestin échappé des barbelés du temps. Il va me rendre visite, faire tourner sur ses gonds la lourde porte de mes poncifs uniformes, aux vernis craquelés. Je pousserai les verrous pour le laisser entrer. 

Je peux fermer les yeux et m'endormir. Aux croisées d'ogives des étoiles, je croque l'hostie noire de la nuit. La poésie est un art sacré.

 

 

 

 

 

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Prêcheur du désert

Publié le par modimodi

EV 6

Ma douce amie, nous nous aimons dans la délicatesse et la tendresse. Nous avons le bonheur de vivre dans ce bien être et dans cette harmonie. Autour de nous, tout s'agite. L'espace est en mouvement. Le dynamisme est dans chaque déplacement. Un pas, un envol, une ondulation, une course sont autant de trajectoires pour l'élan vital universel !

Pour se maintenir et s'accomplir, la vie a besoin d'énergie ! Le principe d'une force en action anime la nature. La vigueur d'un individu, la sève d'une plante, le souffle intuitif de l'esprit donnent la vitalité à l'existence.

Nous ne pourrions vivre sans nous manifester. Nous avons tous besoin de la capacité d'expression pour prendre place dans le monde, pour y être acteurs ou participants. En effet, nous sommes à la fois, sujet dans un : "Je pense, donc, je suis." et intervenant dans un : "J'agis, donc, je suis."

De l'intériorité de la conscience à l'extériorité de l'activité, tout homme marque ainsi sa présence. Exister, c'est, au sens étymologique, se poser hors de soi-même pour entrer dans l'environnement et Être, avec ou parmi les autres. C'est la coupure d'avec soi qui permet de se matérialiser pour intervenir et poser des gestes qui marquent notre présence au monde.

Toi, tu me dis souvent que j'écris et que je prêche dans le désert ! Par St Jean Baptiste ! Sans doute, cherches-tu à me faire comprendre que je n'affirme pas assez ma présence au monde... Oui !  Mes écrits ne sont que du vent, réduits au néant. Mes vocables ne sont que des souffles de zéphyr trop doux pour la brutalité des courants d'opinion. Point de chaudes rafales de simoun ou de violentes bourrasques de sirocco qui soient assez impétueuses pour agiter les têtes qui se laissent emporter au vent du large.

Mon style gonflant le sable des illusions dessèche toujours davantage les imaginations arides. Je parle dans le vide des mirages littéraires à des esprits à vide. Ceux qui escaladent les dunes de mes expressions imagées n'atteignent pas l'oasis fraîche, d'eau à la bouche, propice à leurs lectures méditatives. Dans cette immensité abandonnée et inculte, je ne trouve qu'un unique avantage, celui de n'avoir pas à faire le vide autour de moi !

Secrètement peut-être, espères-tu dans l'intimité, que je me décide à faire la pause. Voudrais-tu que je sèche ma plume plutôt que de m'adonner à mes travaux forcés quotidiens ! Rassure-toi, je ne subis pourtant aucune pression, aucune violence. Je n'entre pas en résistance avec toi ou d'autres importuns. Je ne suis pas un forçat de la littérature, obligé de traîner mon boulet de mots. Je ne me suis pas enchaîné non plus à quelques plumitifs forcenés qui ont trempé dans quelques louches encriers. Non ! Je cherche en toute liberté à affirmer ma présence au monde.

Je laisse la contestation s'exprimer. Les quelques opposants à mon style ébouriffé, à ma sémantique rebelle, à mes tournures audacieuses pour leur compréhension arthrosique, ne feront pas fléchir ma détermination. J'écris sur tous les thèmes qui me conviennent. Mes humeurs mutines n'ont qu'à faire des mutins ! Je n'ai nul besoin de leur jeter la pierre. Sois en sûre, mon amour, les réfractaires n'ont jamais fait que des fours !

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A fleur de peau 1/2

Publié le par modimodi

 EV 13

Mes amis, vous le savez, inutile de me tanner, je peaufine mes textes ! J'ai l'application besogneuse du rond-de-cuir !

Certes, je ne suis pas brillant, je ne le suis qu'en lustrant mes manchettes ! A mon bureau, je ne fais ni cocottes en papier, ni confettis. Non ! Sur ma tablette, je suis au Net et bien trop poli pour gaspiller et torchonner !

Mais dommage pour vous, exigeants lecteurs ! J'y discute le bout de gras dès que je me mets à la tâche ! J'enmaile alors mes idées qui poissent et s'embrouillent dans mes emmanchures graisseuses !

Je suis un consciencieux besogneux. Je découpe au scalpel ma prose... mais pas trop !  Je ne veux pas risquer de réduire en peau de chagrin mon imagination ni rimailler pour vous faire verser des larmes de crocodile ! Je m'applique inlassablement.

Voyez ! Je n'ai pas la moindre poudre de perlimpinpin ! Je talque peu à peu ma poésie car je la veux plus sensible. Hélas ! Comme mon talent est brut, mes vers restent le plus souvent rugueux comme un papier de verre, secs, fissurés et froids comme une peau de lézard ! 

Il me faudrait accomplir ma mue littéraire pour faire peau neuve. Mais je reste brut de dépeçage, un plumitif sauvage en peau de bête. Comme " Caïn s'enfuyant de devant Jéhovah", je cours sans cesse après la chance et je cours encore  ! Vous me direz ce n'est qu'un cas courant de "Conscience" légendaire !... Mon œil, cher Victor !...

Lassé d'attendre des lecteurs et des spectateurs, la tête saoule de tourner, sans un rond, dans ma cage, je crains d'avoir vendu trop tôt la peau de l'ours ou bien de n'avoir pas su la sauver. Car je n'ai plus qu'une peau de mouton qui frise le ridicule. Autant dire peau de balle !

Mais il convient de s'améliorer, toujours s'améliorer ! Devant les exigences d'une bonne littérature, ma peau, de tant d'hérésies, pèle. Je gratte mais tout aussitôt crevasse et fendille comme une vieille peau. Je tente bien d'assouplir le grain de mes expressions et j’écale attentivement les peaux mortes de mes phrases surchargées. Mais à force de rayer, d'empâter mes ratures, mes pages sont en peau de zèbre. Certains ne peuvent même plus me voir en peinture !

A force de desquamer mon style, mes phrases en croûte de cuir tendue s'assouplissent péniblement. Il faudrait mettre de l'huile de coude et de la crème pour faire partie de la fine fleur littéraire, mais je suis dans le cirage et à côté de mes pompes !

J'ai vraiment la peau dure comme une antilope et la plume tenace comme un croupionnant cuir d'autruche ! J'excorie, j'exfolie, je m'entame et m'irrite. Je m'écharne tout en m'acharnant. Je suis à vif, je suis fini ! Plus malingre que malin, bientôt il ne me restera que la peau sur les os de mes cadavres exquis.

A tant risquer ma peau, j'ai d'ailleurs la mauvaise tendance à affirmer que mon art est pleine peau. Pour essuyer les revers de fortune littéraire, je l'aurais bien voulu en peau de chamois. Mais je suis apprécié comme un cuir de baudet pleine fleur, je passe auprès de mes princesses, pour un âne conteur ! Pourtant, je ne saurais pas donner le moindre écu d'or, même si je suis plus têtu que la mule du pape.

Un jour, j'y laisserais sûrement ma peau de saucisson d'âne. Mon inspiration est en effet si mince qu'on la réserve au parchemin et que je fais partie des auteurs fragiles qu'on enlumine et enguirlande ! Ah ! La carne ! Ah ! La vache ! C'est Io qui se gausse en me voyant me mettre en boule de suif et sécher sur mon maroquin !

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Virtuel 3/3

Publié le par modimodi

LEV  24

Le monde est-il réel ou virtuel ? Moi, qui sors de tes bras, je sais que notre amour ne l'est pas !

Mais on l'a lu et entendu : " La vie sur le net, n'est qu'illusion ! " Alors, ce que je regarde, ce que l'on nous donne à voir, est-il réel ? Le virtuel n'implique-t-il pas l'attitude salutaire du doute ? Google me conduirait-il à la phénoménologie où la prudence philosophique recommande de distinguer voire d'opposer la notion de "pure signification" à celle "d'existence".

Ici, tout est vrai et factice, à la fois. Même les photos sont retouchées pour produire plus d'effets. Les publications sont animées, les commentaires et les dédicaces sont empruntées ou exacerbées. Dans ces multiples structures et formes de la communication en réseaux, on influence parfois, on déçoit le plus souvent. Voire même, on est déçu.

Sans doute, le sommes-nous, parce que la virtualité brouille la réalité, à la vitesse supersonique de l'information. Lacan affirmait déjà que le réel est le trauma, un accident de la représentation ! Aujourd'hui, ce qu'un architecte créatif peut diffuser sur le net, grâce à des logiciels d'anticipation, donne une vision futuriste à notre espace privé. La peopolisation le rend même, à notre insu, pâture publique. Elle peut supprimer du même coup, notre sphère de l'intimité, en la soufflant à l'extérieur de nous, comme une bulle de savon. Le temps du buzz. Certains en sont victimes, d'autres en ont ostensiblement besoin.

Ainsi, le monde virtuel des réseaux offre à certains, le moyen sûr, parce qu'anonyme de jouer ! Jouer avec tout pour se parer de multiples identités, pour avancer comme le concombre masqué au milieu des salades de posts, pour piaffer entre deux relais comme des chevaux de posts ou pour pavaner comme un paon dans la cour des grands thuriféraires de l'amitié.

Mais tout est virtuel ! Votre ami, mi-ami de Miami, l'Autre, est toujours sans voix, son corps est réel ou pas! Les accrocs, à leurs tablettes, rêvent peut-être d'abdos de bodybuildés ! Le virtuel n'a pas de frontières, ni de limites.

Tout en restant des sédentaires, nous sommes tous devenus des errants, des nomades, à la rencontre d'avatars, dans un monde de mirages. Ici, tout devient possible : un rêve éveillé, une réponse au désir de l'altérité, une impatience maîtrisée dans l'immédiateté !

Moi, qui suis un extraverti, extériorisé grâce à mon blog, moi, le forcené de la plume, je peux vous en parler ! La mode est à l'image et à la vitesse ! Mes textes édités sur le blog, m'a t'on dit, sont trop longs, ils ne sont pas lus mais zappés comme des SMS ! Quel gâchis ! Moi, je vous le dis : une lecture souvent ne suffit pas, pour en apprécier le rythme, la musicalité, la polysémie des mots et des phrases ! L'espoir d'être lu est lui même virtuel !

Quand on vous fait l'aumône d'un clic, d'un pouce levé, d'un coeur saignant, d'un " j'aime "et l'honneur d'un compliment, comment mesurer la sincérité de celui qui revendique le titre d'ami ! Y aurait-il comme pour l'humour, des amitiés au premier degré et au second degré. Ah ! Nul doute que certains sont sincères et donnent de la force affective et émotionnelle à leurs commentaires écrits ! Ceux-là ressentent des élans d'amitié et peuvent aussi bien vous aimer, vous jalouser et vous détester, s'attacher et même souffrir.

Il vous faut faire le tri entre l'émotion de faible intensité et la passion, le merci poli et l'admiration. Il faut soi-même, si possible, éviter de juger et se débarrasser du plaisir narcissique d'apprécier par trop l'écrit ou le sentiment miroir qui flatte l'ego ! C'est là, le fruit vénéneux mais délicieux de la complexité humaine.

Mais d'autres s'adonnent aussi au systématisme et affadissent les termes et les sentiments par des remarques quasi-automatiques ! Telle est ma situation ! Jugez-en ! Vous avez écrit et ciselé, pendant plusieurs heures, un texte. Mais votre pseudo-lecteur, pressé ne prend pas le temps d'un salut argumenté, dans le ton, le style de votre composition ! Non, il vous dédaigne et vous inonde de ces nombreuses publications identiques, souvent ! Pas de temps pour une note un peu spirituelle ou complice, tout occupé, qu'il est égoïstement, lui-même à envoyer des rafales de photos de son dernier périple, de sa dernière balade, de son obsédante marotte ou en train de s'agacer à trouver une publication originale !

Il vous ignore ! C'est un voyeur ou un spectateur, pas un lecteur ! Alors, je vous le dis, celui-là n'est pas mon ami, mais un simple curieux, un abonné, plus ou moins intéressé et plus ou moins intéressant ! Je n'ai rien à faire des zappeurs de l'amitié et je n'ai à leur offrir qu'un texte et mon dépit.

Car rien ne les touche et rien ne les atteint. Ils sont dans l'illusion ! Comiques ! Molière avait raison : " Autant parler à son bonnet ! " Car eux sont des toqués ! Par dédicaces et métaphores filées, Bonnet blanc parle avec blanc Bonnet ! Dans l'urgence ! Car il ne faut pas se faire coiffer par le poteau ! Amicalement vôtre !

C'est à qui mieux mieux ! Pour la plus belle plante et la plus belle ruine ! C'est à qui miam ! miam ! Pour le plus beau plat de nouilles et c'est à qui mieuuh ! mieuuh ! Pour la plus belle vache ! Car ces bonnets d'âne sont des bonnets de nuit qui m'ont mis la tête près du bonnet ! Moi, le brave à trois poils, le grognon grognard, je suis de bien mauvais poil, au point que mon petit bonnet à poils se dresse sur mon caillou.

Mais, je me dis par consolation, que si je suis tempétueux, je suis au moins créatif !  Car le slogan et l'occupation première de mes faux amis sont le plus souvent :"Je pique et je repique !" Les jardiniers qui marchent sur les plates-bandes de leurs chers amis, déplantent, plantent et replantent leurs posts. Dans la garden-party quotidienne des réseaux sociaux, quelques empotés le font même sur un ton bêcheur !

Si je n'y prenais garde, ils arriveraient même, à me mettre les nerfs à fleurs de posts, de pots cassés et de peau froissée ! Leurs posts ne seraient plus de sécurité mais d'incendie et je peux vous dire qu'alors, ce jour-là, ce ne serait pas que virtuel !

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Virtuel 2/3

Publié le par modimodi

LEV 23

 Le monde est-il réel ou virtuel ?

Sur tous les réseaux sociaux, sur la toile, le réel s'habille en virtuel ! Tout est toujours possible mais rien n'est assuré. Ce que l'on croit réel va peut être se réaliser, dans la réalité filtrée de qui va le recevoir et le percevoir. Son humeur, son temps mobilisable, son éducation, sa culture, ses expériences, la disponibilité et l'harmonie plus ou moins grande entre son cœur et son esprit vont donner force à votre envoi et lui donner une autre réalité, une seconde vie !

Le virtuel est un fruit de la virtualité. Il donne ainsi, tour à tour pouvoir à celui qui émet et à celui qui répond. Il permet de passer de l'intention à sa réalisation et vice versa ! Les accros de la console des jeux vidéo et souvent les commentateurs des réseaux sociaux sont sous cette influence. Leur activité varie en fonction de leur plus ou moins grande addiction. Certains, d'instinct envoient des rafales de "j'aime", de +1 ou des emojis expressifs ! Les nerfs à vif, tout en réflexes conditionnés, convulsifs et pavloviens ! Clic ! Clac ! La raison a pris ses cliques et ses claques.

D'autres en ont fait un passe-temps, une respiration du quotidien professionnel ou familial.  Quelques photos, des images, une réflexion, une pensée, une citation leur servent d'affirmation de leur présence au monde. Ils publient la moindre peccadille comme moi, je le fais pour mes textes. A quoi bon écrire ! Horreur ou déception, sur les réseaux sociaux, les deux se valent !

Cette habitude est pour eux, un rituel, un rendez-vous de l'amitié, virtuelle et factice, avec des " amis". Oui, des amis ! Dénommés ainsi au sortir de leur anonymat, grâce à une photo, un pseudo et quelques énigmatiques adresses ou descriptions de vie !

Bien sûr, au fil du temps, en suivant la personne dans ses posts et ses aimables commentaires, nous sommes gagnés à notre tour par sa gentillesse et avons l’impression de connaître ses goûts, ses préférences littéraires, architecturales, régionales, culinaires, artistiques… intimes mêmes !... Mais, nous l'apprécions par nos inclinations, nos valeurs morales et nos usages sociaux. Confondant souvent mobiles et motifs, nous nous plaisons à croire à tous ses mots élogieux ou convenus. Piégés que nous sommes tous par le virtuel, vécu dans la matérialité de l'instant, entre deux posts, en deux temps, trois mouvements !

Illusion des sens et des sentiments ! Ce ne sont que ses mots, des mots sincères ou conventionnels ! Ce peut-être un bonheur rare pour vous, si le commentaire est personnalisé et surtout original, tout autre que le traditionnel : " Merci " avec votre prénom ou vos initiales. Car sur les réseaux, on n'est pas tenu d'apporter son esprit et son intelligence ! Il suffit d'être présent et à tu et à toi ! C'est l'illustration philosophiquement édulcorée du " Dasein, le fait d'être là.", si chère à Heidegger.

L'activité des réseautés est, selon une idée répandue, un rendez -vous d'amitié, où chacun apporte un peu son cœur et le transporte parfois à l'autre bout du monde pour quelques correspondants éloignés. Désir de rompre la solitude, de paraître, d'exister pour quelqu'un, besoin de se mettre en scène, de briller, de se vanter, de susciter le compliment ou l'admiration, d'oser être impudique sous le voile pudique de l'incognito, d'émietter sa timidité en se racontant ou envie simplement d'offrir !

Cadeau pour l'autre, dans un sentiment humaniste, altruiste et fraternel ! Offrande de ce qu'on aime, passion ou coup de cœur éphémère et attitude rousseauiste pour la nature ! Public postage incessant pour l'inconnu ou l'habitué de passage ! Besoin de partager avec ou sans cri d'amour ou d'humour ! Ou, comme je le pense, un peu tout cela à la fois !

Voilà la nouvelle charité, ciblée pour quelques privilégiés ou jetée comme des cailloux dans la mare des curieux, en cercles concentriques ! Celle-ci n'est toutefois, jamais complètement désintéressée ? Car vous espérez de l'hypothétique curieux, un signe, un écho. Vous voudriez même parfois abonner votre lecteur de texte ou d'image et lui attribuer une carte de fidélité. Mais il est toujours de passage !

" Je t'aimais inconstant ; qu'aurais-je fait fidèle ? " Mais voilà, votre Pyrhus est un jour présent, trois jours absent ! Puis coucou, le revoilou ! Il n'était pas parti !  Votre cher ami postait, frénétiquement, il n'a pas daigné vous saluer ! Mais il revient triomphant avec de l'amitié plein la bouche ! Comme Andromaque, vous avez pris Racine, pour rien. Ellipse et éclipse ! Paroles ! Paroles ! Images sans paroles !

Mais l'autre ne vous parle toujours pas ! C'est vous qui le croyez, car ce qu'il a émis vous parle ! Son image crée une autre image, en vous ! Vous projetez, vous vous projetez et vous y croyez.

Ainsi pouvez-vous aimer, par votre représentation, à travers des mots et des photos, quelqu'un, un inconnu imaginé, alors que vous n'aimez que vous même. L'autre vous a permis simplement et personnellement de vous rencontrer ! Il vous a donné rendez-vous avec vous-même !

Si le post se tient hors de vous, ce que vous éprouvez est bien en vous. Vous n'en avez peut être pas conscience mais vous êtes seul responsable, selon le principe du transfert psychanalytique. L'image n'est qu'un médiateur, un révélateur. Le trouble vous appartient, c'est un effet de votre conduite intérieure, comme votre pensée est, comme le disait Platon, " votre parole intérieure " !

Vous pouvez tout, par l'imagination et les élans de votre cœur ! Vous pouvez vous enthousiasmer, aimer jusqu'à l'adoration, détester jusqu'au dégoût, ressentir la compassion, la pitié ou souffrir ! Vous n'avez pas acquis des connaissances sur le monde mais sur vous-même ! C'est sans le savoir, de la méthode kantienne.

Vous êtes, dirons-nous dans le réel de vous-même, si vous avez fait vôtres, vos propres ressentis émotionnels ! Et tout cela avec du virtuel ou du réel, perçu tout autant que reçu. Car l'autre garde son énigme. Il peut lui aussi être en transfert, à travers une image, une phrase, être dans le virtuel ou dans le réel. Il peut réaliser ce qu'il veut, sans que vous le sachiez. Vous pouvez accomplir ce que vous voulez sans qu'il puisse le savoir. Il peut au présent, jouer du passé, l'heure n'est que leurre ! Pas besoin de preuve !

Douce illusion d'un monde idéalisé et meilleur ! Acte gratuit et militant pour une noble cause pour qui ose s'engager et lancer des bouteilles à la mer, dans un océan d'indifférence pour quelques rescapés du cœur, sensibles et sincères ! Désirs secrets et inavoués, besoins de relations, toutes les motivations existent…

Rares sont ceux qui se connaissent vraiment et tissent de vrais liens. La communauté est presque toujours virtuelle. Le serial lover qui déclame si bien l'amour est peut être un serial killer qui comme une araignée tisse sa toile sur le net. L'écologiste est peut être un pollueur, le gentil papa, un père abandonnique, la bonne mère, une marâtre, la belle de face, une mocheté de profil, le beau sportif, un perclus de rhumatismes, celui qui se dit votre ami, un sauvage solitaire, le doux, un violent et l'éloquent, un bègue ! Appâts rances des apparences !

Le virtuel est un écran total protecteur ! Le masque de Persona, dans la tragédie grecque est devenu aujourd'hui le symbole de l'action incarnée dans la désincarnation. Soyons convaincus que l'on agit d'abord, pour soi, avant d'agir pour l'autre et ce, grâce au moyen idéal de la diffusion tout azimut du message en mode public.

Triomphe de l'individualisme dans un système collectif ! Autisme moderne où l'on peut faire mieux que parler à son bonnet, en parlant à quelques bonnets de nuit, bonnets d’âne ou blancs bonnets ! 

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Virtuel 1/3

Publié le par modimodi

 LEV 22

 Le monde est-il réel ou virtuel ? Est-ce que cette vraie question existentielle, existe en ciel ? Elle est pourtant posée partout, sur les réseaux sociaux. Elle nous interroge, au cœur de l'image, au cœur des écrits, dans tous nos échanges, en creux dans nos émotions, au piège de notre compréhension. Notre sensation, nos ressentis, notre sensibilité ne sont-ils pas autant de mots déjà proches et trompeurs ? Nos interprétations visuelles ou langagières sont-elles, en réalité, ce que nous en vivons et expérimentons ?

Bien évidemment, les mots sont pour tous ceux qui baignent dans la même langue maternelle parlée, des conventions admises, vérifiables au dictionnaire. Ils désignent des réalités dont ils ont des références partagées, des connivences communes, des points de vue ou de signification de mêmes repères ! Il n'en est déjà pas de même, pour des photos ou des tableaux, ressentis différemment selon le bagage culturel ou expérientiel de chacun, selon son humeur et sa disposition d'esprit.

Par ailleurs , je te confie qu'il est difficile d'être adapté à son époque. Moi, je me considère plutôt comme un écrivain classique dont la plume gratte le papier. Quand j'ai voulu être moderne, le constat fut amer !...

En effet, la question me taraude. Peut-on être un écrivain sur blog ? Oui ! Sans doute aucun me disent de jeunes talents du clavier ! S'ils disent vrai, je me dois de reconnaître que je suis sûrement un vain écrivain ! 

Comme beaucoup de plumitifs primitifs, j'envoie mes manuscrits aux éditeurs mais ils dédaignent mes écrits qui ne sont pas dans leur ligne éditoriale. Alors, comme je ne désire pas rester autiste et n'écrire que pour moi-même, j'ai fait paraître mes textes sur les réseaux sociaux, espérant fidéliser quelques lecteurs !

Je compose tous mes récits dans le respect des nuances. Ainsi, quand sur mon blog, je parle d'amour, il faut décoder la situation, l'ambiance et les protagonistes pour en comprendre la juste signification… S'agit-il de l'amour sacré de la patrie, de l'amour filial, des amours tarifés, d'un amour de chiot ou de chaton, de l'amour de soi, de l'amour de Dieu ou du prochain, voire de la prochaine ! Parle-t-on de l'amour chaste et platonique, de l'amour passion si ardent, de l'amour spirituel, chevaleresque, charnel, passager, durable ou éternel, etc. ?

Mais le sens qu'on croit percevoir est peut-être illusoire, à tout le moins incertain. Toi même mon cher amour, quand je te dis : "je t'aime !", moi même, quand tu me dis : "je t'aime !", sommes-nous certains du réel de nos mots ? Sans remettre en cause la sincérité qui nous lie en confiance, donnons-nous la même définition aux termes ? Pouvons nous mesurer la force et l'intensité de nos sentiments ?  Qui et qu'aimons-nous vraiment ?

Les mots ne suffisent jamais. Il faut a minima, le contexte et le contact visuel ! Par exemple, si nous lisons ces quelques mots : "Je vais vous étonner !". Cette phrase banale est différente de sens et d'expression, si nous sommes occupés à  parcourir le texte d'un auteur quelconque ou si nous l'entendons prononcer subitement par un ami, surgi tout à coup devant nous, attifé comme un clown, habillé de couleurs criardes, lui, habituellement si réservé et si classique !

Il y a bien longtemps que Descartes nous a démontré que le concept, c'est à dire l'idée symbolisée par un mot est plus puissant et suggère plus que l'image ! Ainsi sur les réseaux où je publie, certaines photos postées par des internautes, avec commentaires à l'appui influencent le lecteur.

Prenons une photographie de ciel bleu profond et attardons-nous sur sa dédicace exclamée :  "Voilà, l'infini !"

Moi, je peux en la visionnant, éprouver bien différemment l'image et le post et recevoir une impression différente. Je peux revivre ici, simplement un souvenir d'été, celui d'un ciel bleu lumineux comme le sont les ciels de Provence et même retrouver de manière fugitive, sur l'instant, le bruit des cigales et les odeurs de lavande. Rares sont sûrement ceux qui comme mon homologue ont saisi la main de leur amie en murmurant : Ah! Que le bonheur de cet instant soit éternel !

Les émotions vécues ont des intensités différentes. La mienne était bien ancrée sur du réel vécu et ressenti ! Par contre, le commentaire de mon correspondant me place simplement dans ses propres sentiments. Ce n'est plus l'image qui domine, c'est son interprétation. Ce n'est pas ma lecture d'image qu'on sollicite, ce n'est pas mon imagination à laquelle on fait appel mais c'est à ma pensée abstraite. Je dois ici penser l'infini mais je ne peux pas me l'imaginer, sauf à supposer que j'en aie l'intuition et à admettre que ce ciel azuré en soit la représentation.

Sur les réseaux sociaux, que de posts pour rien, pour rien d'autre que l'affirmation de soi, affichée en série et en rafales ou en hors-séries, sélectivement, au fil de promenades, randonnées ou voyages ! Que d'exposition personnelle, que d'impudeur à dire : Vous voyez, j'y étais ! Je vous offre ma poire ou ma queue de poire.  N'est-elle pas la plus belle ?

Telle est l'attitude amicale ou risible, du fidèle aux posts ! C'est à vous de choisir chers passants sur réseaux, chères bonnes poires du jour, c'est à vous de deviner, si l'autre se paye votre poire ou simplement, s'il se met en valeur à faire le poirier, en s'exclamant : Ah! J'en ai la tête toute retournée ! …

Par milliers, chaque jour, des cadeaux-photos aux commentaires exaltés et extasiés : "Mes amis, quelle merveille ! Oh! regardez comme l'herbe est verte ! Quel bonheur, d'être vache !" Certains croiraient que j'exagère ce mauvais humour de peau de vache ! Hélas, non! Tentez l'expérience ! Virtuel, avez-vous dit ? Souvent ici, la réalité dépasse l'affliction !

Voyez comment le réel peut être détourné par l'idée quand on sait encore, comment les mots sont eux mêmes, un piège pour le lecteur ! Entre les phrases : "les poules couvent au couvent." et "Regarde, la bonne bonne, une belle oie blanche qui plume une belle oie blanche." ou bien le mot "souris", tout à la fois, animal, verbe, jolie donzelle, mulot d'ordinateur et typex,... il y a place pour tous les écarts de langage et de compréhension ou les plaisirs de l'humour !

Tout ne serait donc, qu'apparence et lecture personnelle ! La Gestalt Théorie nous a bien convaincus de ne pas confondre dans nos perceptions, les formes et les images qui prennent sens en nous, sous forme de compréhension. Les albums d'Escher nous entraînent dans leurs labyrinthes. La symphonie elle-même, est plus qu'une succession de notes et le rythme musical plus que des calculs algorithmiques ! "Le tout est supérieur à la somme des parties et l'ensemble prime sur les éléments qui le composent."

Quand, les yeux mi-clos, vous tombez sous le charme des " Variations Goldberg BWW 988 de Bach, vous ne percevez ni la structure musicale en contrepoints, ni la combinaison des 30 séquences de quinze variations, de sol en ré et de ré en sol ! Vous restez suspendu entre l'aria initial et sa réexposition finale !

Nous sommes donc, ma douce amie, mes frères humains, comme le dit Protagoras, la mesure de toutes les choses que nous ressentons ! Ce que nous exprimons par contre ne nous appartient plus ! Il est à qui le reçoit, le vit, se l'approprie et le transforme ! Il lui donne la couleur de ses sentiments. La permanence est ainsi dans l'impermanence comme l'instant dans le Temps !

Mais dans la vie, tout n'est pas passage incessant et aléatoire du réel au virtuel ! Quand nous ressentons le phénomène de la douleur, il s'agit bien des phénomènes physiques ou psychiques d'une pénible réalité en nous ! La cause en est à rechercher. Hormis, les grands hypocondriaques, malades imaginaires ou les grands mystiques dont la spiritualité permet de vivre les symptômes ou stigmates de la passion du Christ, nos maux ont apparemment une réalité existentielle ! La douleur serait-elle virtuelle ?...

Mis à part, l’instantané photographique d'une caméra au champ fixe, plantée et fixée afin d'éviter la subjectivité du cadrage comme le choix de l'angle et de la lumière, rien n'est vraiment objectif ! Le peintre qui s'adonne au réalisme et qui croit reproduire exactement le réel, ne fait qu'imiter la nature ! L'art abstrait et figuratif s'abolit de cette contrainte ! Le virtuel naît ainsi du réel et de l'imaginaire !

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Bons sentiments

Publié le par modimodi

 CDC 50

L'été, c'est le temps venu des bonnes résolutions pour la rentrée prochaine mais c'est aussi le temps des châteaux et des promesses bâties sur le sable.

C'est souvent en hiver, qu'on prend le temps de remuer les souvenirs et d'exprimer ses élans et ses bons sentiments. Qu'importe la distance ! Le cœur n'a pas besoin de contacts directs, d'épiderme accolé à l'autre pour vibrer, car l'amour est toujours à vol d'oiseau bleu du bonheur !

Ainsi, il me revient que mon père aimait dire : "Quand, on s'est marié, j'avais les cheveux bruns, ta mère m'aimait pour le sentiment. Aujourd'hui, je suis poivre et sel, elle m'aime pour l'assaisonnement."

Gentil papa, je ne sais pas si tu parlais du sentiment d'amour ou plus crûment d'un effluve cambronnesque, comme aurait pu l'écrire, en dégustant son pain perdu, un mauvais homonyme de M Proust, dans un de ses jours, sans Madeleine. Moi-même, empli de bonnes dispositions d'amour familial, je reniflai alors, le calembour, goûtant, avec malice, cet odorant jeu de mots devant mon bol de café au lait.

Depuis, l'école de la République m'ayant débouché les narines et l'esprit, m'a mis au parfum des fleurs de la rhétorique et du langage fleuri. Je sens bien l'énigme linguistique avec tout son petit pois de senteur.

En effet, la notion de sentiment est réservée à l'affectivité, à la sensibilité et par association à l'affection, à la sympathie, à l'attachement amoureux ou passionnel. Mais le mot s'attache aussi, à la manière de penser et de donner son sentiment ou son ressentiment. Ce n'est donc pas seulement aimer mais également donner, son opinion, son avis ou jugement.

Apprécier le parfum des vertus qui s'exhalent, parce qu'on est fleur bleue, c'est être sentimental. Toi petit estivant, qui cet été, t'aveugleras peut-être, aux charmes débordants des belles en maillot, tu ne sauras pas voir plus loin que le bout de ton nez et de leurs bonnets ! "Mais, ça n'empêche pas les sentiments," diras-tu, d'un ton affecté !

Être au parfum, c'est autre chose ! C'est pressentir, subodorer ou avoir de l'intuition pour flairer par exemple, l'odeur nauséabonde d'un dossier faisandé. C'est être comme un chien de chasse, un détective renifleur à la Sherlock Holmes...

Comme tu penses, avec raison que l'amour est une énigme, toi, petit soupirant, tendre amoureux naïf, tu as même pressenti son émoi. Tu as cru que son cœur soulevait sa poitrine, que les grands sentiments avaient la symétrie de ses seins généreux. Émotif et troublé, tu lui as intensément et passionnément donné tous tes élans sensuels. Te voilà, à présent battant la chamade car tu as été sensiblement mystifié ! Tu pensais prendre ton pied, c'était un pied-de-nez ! Amoureux assidu et par trop casse-pied, tu t'es cassé le nez, elle t'a pris pour une truffe !

Qu'il ait le nez fin ou le nez creux, il est bien difficile, pour un critique gastronomique de s'y retrouver quand le voilà, tenu de donner son appréciation et que le fumet du civet se mélange au bouquet du vin. Qui plus est comment décrire l'assemblage de l'odeur de sainteté au soufre satanique, de l'odeur du propre à la puanteur de la crasse, du fauve à la cocotte ! Mieux vaut sans doute, être au parfum, c'est à dire au courant, surtout quand ça sent le brûlé ou à l'extrême, déjà le sapin ou l'encens.

Mais toi, petit piou-piou des aventures de midinettes, tu as fait sensation ! Et c'est même, la fleur au fusil que tu lui as conté fleurettes. Tu as largement fait du sentiment et tout tenté pour effeuiller les rosières, à la tendre fleur de l'âge. Mais le bouquet, c'est qu'elles étaient pour la plupart, insensibles à ton indéfinissable feeling et que pour conclure, tes amourettes étaient toutes parfumées, à l'eau de roses !

C'est ainsi ! Les bons et les mauvais sentiments peuvent se mêler aux bonnes ou aux mauvaises odeurs : les roses de l'amour aux relents des dissensions et de la haine et le sentiment patriotique à l'odeur de la poudre. Si toi, tu peux tout sentir et tout ressentir : la désapprobation et l'hostilité sans puer la défaite, dis-toi que certains péteux ne peuvent plus se sentir, se blairer ou se piffer et que même, certains mégalos ayant sensiblement égaré leur raison, ne se sentent plus du tout, eux-mêmes. Dans ce vent de folie, voulant péter plus haut, qu'ils n'ont le c..., quand le besoin se fait sentir, ils ne sentent même pas partir le petit boulet de leur canon de recul. L'archer d’Éros, son petit bouc-émissaire ne sent pas toujours la rose... C'est ainsi qu'à leur dernière heure, ils ne s'étonneront pas non plus, de ne pas se sentir partir, goûter les pissenlits par la racine.

La vie est un bouquet parfumé de nos mots et de nos sentiments. Hypersensible et nostalgique, pris par surprise, en cet instant, dans les fidèles sentiments de mon amour filial, je sens bien qu'il me faut dire, comme Sacha Guitry : "Mon père avait raison."

 

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A en perdre la tête !

Publié le par modimodi

CV 26

Ô Muse, amie, amour, viens à mon secours !

L'existence, ne serait-elle qu'un court passage sur terre, qu'un temps d'agitation dans un piètre espace temporel ? L'humain, au sentiment désabusé pourrait-il désespérément penser qu'elle est sans queue, ni tête ? Non ! Dis-moi que la vie est heureusement fantaisie et poésie.

La preuve ? Le vers licencieux qui renonce à se faire la paire, se fait l'impair, quand ça ne rime à rien. Et si la muse venait à perdre la tête, ce serait la cata-strophes ! Mais pas la fin du monde… Adieu la prosodie, place à la prose, ô dis !

A force de faire des vers au mètre, le maître des vers, bouleversé et controversé n'est plus le maître des mètres. Le roi du sonnet est sonné ! Le vers-libriste a perdu pieds. Sa poésie bancale verse dans l'Enfer poétique, Cerbère, le tricéphale lui tient tête. Il a beau se donner un mal de chien, lui résister devient dantesque. Son style manque de mordant.

Aux jeux floraux, le poète enragé et épuisé est Niké, il ne crie plus Victoire, comme à Samothrace ! Il bat de l'aile avec zèle ! Et ses mots qui n'en font qu'à leur tête, font des pieds et des rimes, pour tracer les vers en cadence et leur donner puissance, force et ardeur. Le barde dans un élan lyrique, clame qu'il a le Fighting Spirit et le Spirit of Ecstasy et que le chant poétique peut à nouveau prendre son envol, à tire d'ailes.

Hélas ! Les vocables sont plombés, les huitains aux pieds échauffés, ont l'esprit de cor et font de l'ardeur incarnée. Poétiser, devient du sport avec élans ! Les pieds ailés sont fourchus et les poèmes sont sur le pied de guerre. Pour croiser le vers, ils se chaussent en Nike et riment en strike ! Au bowling des mots qui roulent comme sur la mousse, Calliope chamboule tout. Tout est inversé et renversant. Erato elle-même, ne tient plus sur ses quilles.

Sur leur socle, les Muses s'amusent en corps. Gravées dans le marbre, elles ont gagné leur immortalité et statufié les arts. Sur leur piédestal, elles commémorent l'espoir du talent impérissable et perpétuel. Leurs attributs évoluent afin de demeurer vivants. Le stylet devenu stylo est maintenant sur la touche, la tablette livre ses secrets et le succès promis agite toujours sa couronne de lauriers.

Oui ! Le poète peut, aujourd'hui encore, sculpter et buriner ses mots, tailler et couper avec rigueur les césures à l'hémistiche… Que sa poésie ait du relief mais pas du bas-relief ! Apollon en a déjà fait son futur lauréat, s'il ne gâte pas la sauce poétique ni ne plume l'oiseau-lyre.

Le poète, s'il n'est avisé est donc, au moins averti. Il sait combien le temps est assassin et décapite le talent. Les Vénus versatiles qui ont perdu des moments précieux à converser, en ont perdu la tête. Leurs bras en sont tombés. Alors pas question de tergiverser et de finir sur l'île de la déchéance comme à Milo ! Pas question de finir tête en bas, cœur de pierre crucifié pour des rimes inversées.

Inutile encore de verser et de versifier dans la facilité ou le faux bon goût ! Les apprentis troubadours, les cultureux de la nouvelle poésie, les esthètes de la versification ne sont que des bobos rimailleurs. Ils se sont adonnés au culte de Baubô et à sa bouche fécondante et offerte. Ils se sont aveuglés, sans savoir à quel sein tari, se vouer. Il leur a manqué le don ou le génie miraculeux de Déméter, son élan productif et sa puissance naturelle et créatrice.

Sans tambour ni trompettes de la renommée, les obscénités grasses des priapées et les quolibets douteux des macaronées, ont peu de chance de devenir des mots pour rire. Ils ne risquent pas d'éclater pour délivrer leur énergie prolifique et jaillissante. Ventre bleu, Vénus sur son mont garde, à plaisir, ses mystères comme à Eleusis !

Heureusement qu'il y a toujours, en secours, la déesse Hygie pour garder la tête sur les épaules. Elle préserve le vrai poète de tous ces avatars et le rassure, en s'affirmant comme une déesse. En femme de tête, pleine de vie et de santé, elle l'aide à remettre de l'ordre dans les rejets et enjambements. Il obtient grâce à elle, la Panacée universelle de la langue poétique. Ses acrostiches font des accroche-cœurs et lui rendent son amour propre pour qu'à nouveau, il puisse célébrer et chanter l'amour, à cœur et à ciel ouvert !

Par la grâce d'Hygie, le poète drogué et maudit, est piqué dans la veine poétique. Il retrouve alors, vigueur et vaillance, souffle et inspiration, cadence et métrique. La rime se fait câline et féminine. Les muses élégiaques déversent leurs grâces bucoliques et offrent au poète, leurs têtes, leurs bras, leurs iambes. Le Parnasse est en fête !

Les vers ne grignotent plus les cadavres exquis, couverts de gerbes de Fleurs Du Mal mais chantent, en rimes embrassées, la vie et l'amour… Au cœur de la nuit, sa muse lui murmure : "Poète, prends ton luth, et me donne un baiser !" Alfred de Musset. (La Nuit de Mai)

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