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Articles avec #confidences tag

Lettre d'un philosophe à sa libre amie : Liberté, chérie ! 3

Publié le par modimodi

 CONF 31   Entends-tu chérie, je ne renoncerai jamais à ma liberté chérie !

Heureusement ma fidèle compagne que ma liberté est une liberté éclairée de tout ton éclat ! Tu justifies l'acharnement vital que j'ai à la défendre. Même si je devais y laisser mon libre arbitre, je ne saurais y renoncer, parce qu'elle est, toi et toute entière en toi !

Tu es mon but et ma volonté, ma raison d'exister et la juste cause de ma liberté, à laquelle je me suis donné et même abandonné.

Si c'est mon châtiment, il n'en est de plus doux ! "Ma vie est à partir de toi !", pouvait dire Aragon à Elsa ! Toi, tu es la source de ma liberté, elle s'origine de toi. Je suis passionné, mais pas passionnel, exalté d'amour mais pas borné jusqu'à l'entêtement de mes sentiments. Je n'ai jamais été fanatique ou sectaire en amour !

J'ai toujours eu du mal à être un existentialiste dogmatique et à tout ramener au présent. Si l'amour s'est incarné en toi, l'essence de l'amour précède ton existence et si tu es l'amour de ma vie, tu es l'essence de ma liberté. J'ai accepté ce don de toi, il m'est existentiel. Nous avons aussi, délibérément accepté ensemble ce don d'amour, car il nous est essentiel.

Tu connais, ma passion véritable pour toi et à l'inverse nettement moins, mon engouement pour J P. Sartre. Selon lui, l'Homme condamné à être libre ne peut s'accomplir que par lui-même !

Car c'est vitalement, sa propre liberté créatrice et sans limite, qui fait la synthèse en lui, pour lui dire de faire et d'agir, en l'engageant dans l'action utile, l'effort, la lutte ou le combat. Il devient ainsi libre par lui-même et autonome ! Plus il est confronté aux difficultés et aux obstacles, aux crises majeures, à la restriction ou à l'absence de liberté, plus dans ces circonstances, en décidant d'agir, il devient libre. Car ses propres engagements, ses actes le libèrent. Gloire à l'action des résistants en temps de guerre. Là est la liberté des héros magnifiée jusque dans le sacrifice !

Heureusement, toi et moi, nous nous ingénions avec enthousiasme, à inventer l'amour, non pas dans la chicane ou les contrariétés mais dans un équilibre paisible. Nous pouvons admettre que nous sommes condamnés à la liberté, si celle-ci ne se réalise que dans l'action. En effet, nous œuvrons à l'accomplissement de notre union. Dans l'expression de notre moi tout entier, nous sommes toujours libres d'agir, de réfléchir et même de méditer.

Oui ! Nous sommes d'accord pour dire que la liberté d'aimer, c'est d'aimer.  Nous nous aimons librement, en toute liberté ! Comme le poème fait le poète, l'objet fait le sujet, il en est sa libre expression. L'amour nous rend amoureux et amants, nous devenons des êtres libres en nous le prouvant en aveux et caresses.

Voici ce qui constitue le principe existentiel que nous vivons pleinement et dans lequel, la liberté nous rend responsables de l'autre et nous oblige chacun l'un envers l'autre.

Ma grande et fusionnelle amie, nous aimons cette liberté mais sans complexifier nos situations communes. Nul besoin d'éprouver notre liberté en favorisant les difficultés de la vie. Entre nous, pas d'embrouillements ni de tels raisonnements alambiqués, quand nous nous emmêlons, c'est librement et par amour. Nous acceptons l'inéluctable terme de la vie et la mort qui nous attend. Notre liberté, c'est de vivre pleinement chaque instant et d'agir afin de nous prouver l'un à l'autre, jusqu'à la fin, la douceur et les joies de notre amour.

Bien sûr, dans cette société, au sein de laquelle nous vivons, le contrat moral d'assurance réciproque, la convention juridique, le pacte social ou les promesses interindividuelles affirment la liberté de chacun et garantissent la prise de conscience de ses actes citoyens. Ainsi, toi pour moi et réciproquement, nos vœux et serments échangés ont-ils ce sens et cette valeur ! Nonobstant l'exaltation de la passion et l'aveuglement d'amour !...

Comme le disait ce cher Saint-Augustin : "Aime, et fais ce que tu veux !" Voilà, la responsabilité de chaque homme ! Voilà sa liberté, même si sa foi l'a méchamment condamné au péché originel ! Mais par bonheur, nous avons réussi à distinguer, toi et moi, âme et corps. Nous nous délectons du péché de chair, en nous donnant corps et âmes ! Vive l'amour, en toute liberté mystique !

Ainsi, nous sommes-nous engagés, sur le même chemin d'affection et de tendresse. Ainsi, nous donnons-nous, jour après jour, aimants et amants, l'un à l'autre, dans la liberté des plaisirs. Je ne crois pas que le mot libido s'apparente au mot liberté mais nous les avons faits synonymes.

Quand nous prenons langue, notre seule référence linguistique, c'est l'amour dans toute sa liberté d'expression. Nous sommes de généreux et convaincus artisans de ses arts libéraux. Nous sommes adeptes d'un régime de libéralités, toujours non imposables mais librement consenties. Sans nous économiser, l'amour est notre système, je suis largement libéral et tu es ultra libérale, jusqu'à l'extase !

Notre volonté, nos sentiments, nos croyances, nos valeurs et nos pulsions font partie de nous et nous rendent singuliers, irréductibles à aucun autre. Toi, qui es désintéressée, mon ardente, à moi offerte, tu sais que la loi garantit l'égalité des droits, devant la justice et la liberté pour tous les citoyens.

Nous sommes donc prévenus, nous ne pourrons jamais, ni toi ni moi, nous acquitter du devoir de liberté, car aux droits positifs ou naturels correspondent fondamentalement les mêmes devoirs. Kant nous a convaincus que pour être libres, il faut savoir se donner ses propres lois et affirmer ainsi son autonomie. Autonomes, mon cœur, nous le sommes mais pas autonomistes ou indépendants !

Notre volonté porte sur ses épaules notre liberté, elle n'est donc pas une possibilité mais une exigence ! C'est à ce prix et de notre propre initiative, que nous demeurons libres comme l'air ! Que notre amour nous donne à jamais des ailes et du zèle pour rayonner dans l'univers !

Pour le reste, amour, nous sommes libres de croire ou de ne pas croire, mais nos émotions, notre capital psychique, comme notre constitution physique nous rendent uniques, en tant qu'êtres de chair, d'esprit et de cœur.

Bien sûr, notre amour est immense comme le monde des possibles, dans lequel peut s'exprimer la liberté, sous toutes ses formes. Dans la galaxie des informations contradictoires, les doutes aiguisent notre conscience et orientent nos intentions et nos choix d'action. Ainsi sommes-nous aussi des existentialistes, car en les assumant, tout en étant nous-mêmes, nous affirmons notre liberté. De là, à imaginer que nos faits et gestes sont les reçus libératoires de notre existence, elle-même en libre-service, il y a un grand pas à franchir !

La Boétie nous a dit que pour avoir la liberté, il suffit de la désirer. Mais, choisir de vivre libres ne nous donne pas pour autant toutes les libertés. Tout n'est pas permis ni possible, selon la morale ! Liberté n'est pas désinvolture et relâchement. Affirmer notre liberté et la spontanéité de nos exaltations amoureuses, n'est pas une raison pour tomber dans une libéralisation effrénée de nos mœurs et devenir des libertins !

Tu es mon exclusive ! Pas de libertinage donc, la seule débauche, c'est celle de notre énergie pour demeurer librement, par choix et en toute confiance, fidèles à nos principes et unis par le cœur ! Nul besoin d'être hyper-protectionnistes comme de nous adonner en libres échangistes, à toutes sortes de libres échanges ! Si chacun peut toujours vouloir conserver sa liberté d'association, il ne doit nullement être séparatiste, mais plutôt demeurer, presque jalousement attaché, l'un à l'autre. L'amour désintéressé n'est pas abandonnique comme la liberté n'est pas une passade pour duettistes !

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Abracadabrantesque ! 2/2

Publié le par modimodi

CDC 72

Tu m'as subjugué et fasciné, je suis ensorcelé par toi. Tu es féerique et magnétique ! Je fais assaut de compliments et de petits cadeaux pour que tu t'intéresses à moi.

Je croise les doigts, invoquant la clémence des astres et je répète des formules magiques. J'implore Hécate, Erictho, Canidia et Pamphile et je blasphème. Mon chat noir sous le bras, mon corbeau sur l'épaule, mâchant la mandragore, avec lutins et farfadets, je m'adonne à d'étranges rites, toutes les nuits de pleine lune et de sabbat : "Abracadabra, tu tomberas dans mes bras !" "Abracadabra, c'est moi, que tu aimeras !"

Pour conjurer sorts et maléfices, je parcours la lande avec les korrigans. J'implore les fées Viviane et Morgane, Alcine, Mélusine et Merlin l'enchanteur pour qu'ils t'imprégnent de leurs pratiques secrètes. Comme cela ne suffit pas, que tu restes hésitante, que ton cœur balbutie des sons à peine audibles, je redouble mes "Abracadabras" et je te lance en alternance de vibrantes incantations : "Sésame, ouvre-toi !"

Tu dois être convaincue que, sans fin, je me ferai medium, devin ou exorciste. Je m'adonnerai à l'alchimie, aux magies noire et blanche. Pour te marabouter, j'écrirai ton prénom en lettres de sang de poulet sur un papier aux étranges vertus occultes. Je le brûlerai en répétant à mi-voix dans le miroir magique, la formule secrète de l'envoûtement. Tu viendras à moi à travers les fumerolles.

Je convoquerai les esprits, interpréterai les signes, élèverai des crapauds, des rats, des araignées et des vipères. Je ferai macérer les herbes dans mes cornues, je boirai les potions de mon chaudron bouillant, scruterai les ténèbres et les ombres, inventerai sans cesse des charmes et des philtres d'amour pour multiplier à l'infini, mes chances !

Inutile de me dire : Du balai ! Ce n'est pas sorcier, je ne renoncerai jamais à toi ! Je suis, que diable, un esprit biscornu ! Alors, "Sésame, ouvre-toi !" "Ouvre-toi enfin !"

Toi, qui te présentes à moi, comme une plante généreuse, en promesse de fleurs. Toi, qui me défies avec l'air de me dire : "prends-en de la graine", ce "Sésame" a toutes les chances de te toucher et de développer ses charmes magiques ! Il va t'ensemencer pour t'émerveiller !

Sais-tu, esprit parfois rebelle, que le sésame est à la fois une plante oléagineuse et une formule mystérieuse ! Comme j'observe d'ailleurs que le sésame a tes faveurs, en boulangerie, en pâtisserie, en hamburger et en nougat chinois, j'ai, je le pense, toutes mes chances. J'ai d'ailleurs subitement une pensée vraiment bizarre. Je me persuade que s'il m'arrivait de te raconter des salades, ton côté écologique trouverait sûrement réconfort, dans la douceur de l'huile de sésame !

Ce sont les fleurs, en forme de doigtier et les fruits capsules, qui produisent les précieuses graines, dont on tire de l'huile. Le dictionnaire des symboles dit, qu'en Chine et dans l'Orient ancien, on attribuait aux graines le pouvoir d'allonger la vie et de fortifier l'esprit. Aujourd'hui, les Indiens en ont fait un symbole d'immortalité !... Puisse notre amour devenir éternel et nous unir à l'infini !

S'il s'agit de donner de la longévité à notre passion, je suis tout disposé à casser la graine avec toi, à en porter en talisman. Je suis même prêt à faire des cures de sésame et à cuisiner à l'huile ! Mais je ne veux pas frire plus longtemps à t'attendre ou finir dans l'huile bouillante de mon impatience énamourée ! Sous prétexte de composer un onguent au sésame, ne m'enfarine pas non plus et ne fais pas de mes aveux et serments, une collante et pâteuse bouillie !

La formule connue des "Mille et une nuits" : "Sésame, ouvre-toi !", ouvre à Ali Baba et aux Quarante Voleurs, la grotte aux trésors. Elle leur donne accès aux richesses. Elle est probablement à mettre en rapport avec la capsule, qu'il faut briser pour obtenir les graines ! Moi, je te la dédicace, car je veux, plus que tout, décadenasser ton cœur, mais pas le fracturer ! Il faut cesser de croire que je suis de la mauvaise graine ! Je germerai en tes pensées, fertiliserai tes désirs, triompherai des entrailles de la terre sous la protection de Déméter.

Que cette formule ouvre donc, toutes les portes fermées : le coffre aux secrets de tes sentiments, la cage à l'oiseau volage des mille et un plaisirs et le palais des délices virginaux. Il n'y a pas d'obstacles au véritable amour ni d'interdits au bonheur ! Que cette formule nous donne les trésors, dignes de ton cœur d'or, brulant dans l'athanor ! Mais à moi, d'ouvrir l’œil sur tous ceux qui t'approchent et te convoitent mais plus encore à moi, de t'ouvrir mes bras et mon cœur, encore et toujours !

Bien sûr, en apprivoisant les mirages, nous apprendrons ensemble, à prononcer : "Sésame, ferme-toi !" Nous tracerons le cercle magique du bonheur, que nous ceinturerons hermétiquement. Nous y enfermerons les doutes et les peurs, nous retiendrons prisonnières les trahisons et les déceptions, nous tiendrons en séquestre, les fantasmagories et les enchantements. Nous nous tiendrons sans danger, dans la béatitude et la félicité.

Notre couple confiant et serein sera pour toujours une envoûtante caverne d'Ali Baba et notre amour, gardera le précieux "Sésame" !...  Nous passerons à nos doigts l'anneau magique qui nous ouvre à l'éternité. Nous resterons amants car nous avons toujours, nos extraordinaires tous premiers grigris ! "Abracadabra !" "Abracadabra !"

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Abracadabrantesque ! 1/2

Publié le par modimodi

CDC 71

Ô toi, que j'ai croisée, toi, qui occupes mes pensées, toi, qui fais battre mon cœur, je voudrais parvenir à t'émouvoir, à mobiliser tes rêves et tes désirs. Je serais prêt à me damner pour y parvenir.

Je sais qu'il existe de vieux grimoires, emplis de puissants secrets, des potions aux effets extraordinaires mais je n'en possède pas. Je ne connais aujourd'hui que deux formules magiques, presque ritualisées : "Sésame, Ouvre-toi !" et "Abracadabra !"

Ma charmante, ma mystérieuse, c'est pour toi que je répète obstinément ces incantations bénéfiques et que je convoque les esprits ! Je veux des sortilèges et des envoûtements ! Je veux te subjuguer, t'affrioler, t'enjôler et t'ensorceler ! Je veux que tu succombes, emportée dans les transes de la passion ! "Abracadabra !" Tu frémiras, palpiteras et t'envoleras tel un ange. L'amour va te donner des ailes ! "Abracadabra ! Abracadabra !" Quand tu seras sur ton petit nuage, je te mènerai, au 7ème ciel !

M'entends-tu, ma lointaine et farouche, ma fleur sauvage, la belle rebelle à mes avances ? En ton absence, je marmonne ma mélopée et je la psalmodie  en ravivant ton image enfouie dans mes souvenirs. Je passe probablement aux yeux des autres pour un radoteur bougonnant, un marmottant d'un autre temps.

Oui ! Je récite cet enchantement, pouces et index joints en forme de cœur. Je le répète et le murmure inlassablement en te lançant, lèvres serrées, cœur grand ouvert, à chacun de tes passages : "Abracadabra ! Abracadabra !"

J'épelle à l'endroit et à l'envers, cet oracle au mot étrange et cabalistique. Je l'ai d'ailleurs définitivement associé à ton nom et rangé dans mon portefeuille, afin de toujours, le porter côté cœur !

Je ne mesure sûrement pas toute sa puissance ésotérique mais je suis convaincu que ce talisman d'origine grecque, formé à partir des noms mystiques des dieux Abrasax ou Abraxas, ne peut être qu'efficace pour enchanter tes sens et entrer en ton esprit le enter ! Sa survivance au fil du temps prouve sa force occulte.

"Abracadabra !" La formule a fait ses preuves. Sais-tu qu'on l'utilisait autrefois, comme inscription, sur les papyrus et les amulettes, sous la forme d'un triangle inversé, afin d'éradiquer le mauvais sort et les maladies ! Je m'en sers à mon tour, pour que le destin nous soit commun et favorable. J'attends que mon chant magique chasse les maléfices et combatte tes réticences. "Abracadabra !" Par ce charme mélodieux, tu resteras sous mes charmes et te porteras comme un charme !

Par contre, si l'amour est comme on le dit, une maladie et que nous sommes atteints de la même affection, alors je ne veux pas guérir ! Aux grands maux, les grands remèdes ! Notre amour est un amour sorcier ! Qu'il se transforme aussitôt en danses et antiennes rituéliques. Qu'il éloigne les malédictions et prenne la force d'antidote et de contrepoison pour le fiel des pensées et de tes mots ! Qu'il garantisse la longévité de notre future union et l'éternité de notre bonheur ! Personnellement, j'y crois, dur comme fer !

Par Thor, je dresse mon épée flamboyante ! Vois ! Notre amour rayonne, il est lumière créatrice. Il fertilise tes sentiments et apporte la flamme ardente et lumineuse qui va réchauffer puis incendier ton cœur trop froid !

"Abracadabra ! Abracadabra !" Pour toi, j'ai fait miennes, ces paroles secrètes, attestées par différentes origines orientales. N'aie pas peur ! Elles parlent de détruire les obstacles pour recréer un monde meilleur, de déchaîner la foudre pour brûler et réensemencer. Sur la terre natale de notre amour, laisse s'exprimer les bienfaits de cette bénédiction.

Moi, j'en ai fait la sentence de l'amour ! Oui ! Je veux moi aussi, anéantir tes hésitations et tes craintes pour créer un climat de confiance au royaume de nos émois naissants. Je demande pour toi, le plus grand des coups de foudre et pour nous, les protections tutélaires, porteuses de félicité !

Ne prends pas ma passion à la légère.  Ne reste pas incrédule ! On dit que la formule "Abracadabra" est bien réelle ! Elle a été retrouvée sous forme de sceau. Elle correspond à une formule magique de la Gnose grecque et de la pensée pythagoricienne. C'est un signe symbolique et mystique en rapport avec la totalité céleste et divine ! Que demander de plus ?

Elle se présente parfois sous la forme bizarroïde d'une silhouette humaine, à tête de coq et aux membres inférieurs en forme de serpent. "Cocorico ! Ksss ! Ksss" ! Non ! Ne crains rien ! Tu penses bien, qu'avec cette effigie et ces cris,  j'espère pouvoir efficacement, conjurer le sort, inverser les signes et conserver ma prestance. Je ne passerai, jamais pour un mariole ou un guignol, à tes beaux yeux ensorceleurs. Ksss ! Ksssss ! Je ne rampe pas devant toi en susurrant : "Ayez confiance ! Ayez confiance !

Si par destin contrarié, je devenais un amoureux, au comportement abracadabrant, peut être même, un ridicule abracadabrantesque, j'aurais alors échoué ! Toutefois, si j'étais incapable de conquérir ton cœur sage et trop fier, j'aurais au moins gagné la rive de la poésie ! Car, c'est Arthur Rimbaud, mon frère, qui aux pieds d'Erato, dans trois versions différentes intitulées : "le Cœur volé", "Le cœur supplicié,"  "Le cœur du pitre", a créé en 1871, le vocable : "Ô flots abracadabrantesques // Prenez mon cœur, qu'il soit sauvé ! // Ithyphalliques et pioupiesques // Leurs quolibets l'on dépravé !"

Bien sûr, je me suis, moi-même, jeté à l'eau et à tes pieds mais je n'ai pas mérité aucune des tristes infortunes rimbaldiennes ! Je ne vais pas davantage me noyer dans une goutte d'eau ou glisser en perles salées de ton regard noyé par une vague d'émotion.

Pareil sort me parait d'ailleurs invraisemblable, car j'assure avec prudence, ma réussite, même quand je me jette à l'eau. Je me ferais nageur-sauveteur et serais, pourquoi pas, prêt à m'inscrire à l'école du cirque de la vie pour apprendre tours de magie et de passe-passe ! Tu vois, ton drôle de numéro envisagerait de se mettre aux numéros d’agilité mentale.

Jusqu'à présent, je n'arrive pas encore à t'hypnotiser, mais peut être qu'en te captivant, je te ferais captive, en t'emportant dans un songe étoilé ! Vénus nous attend.

Dans notre monde d'illusions, comiques parfois pour le peuple des naïfs et des incrédules, j'ai compris que la plupart des charlatans ou des prestidigitateurs utilisaient cette formule magique afin d'entrer en contact avec les ondes surnaturelles. Invoquant les esprits du monde paranormal, ils s'exclament et ponctuent leur spectacle d'un solennel "Abracadabra !", pour attirer l'attention du spectateur, au moment de la transformation ou de la disparition de la personne ou de l'objet...

Sans bouger de son fauteuil, on peut, à toute vitesse, tomber de la lune, à la renverse et bouche bée en rester bêtement sur le cul ! La crédulité et l'émerveillement sont alors, vraiment abracadabrantesques.

Je t'avertis donc, ne trouve pas bizarre, si je me présente à toi, avec cape, chapeau et baguette ! Je veux être l'enchanteur de tes jours et le magicien de tes nuits ! Je veux t'émerveiller, te sidérer et je promets de te mettre des étoiles plein les yeux, avec l'adresse d'un illusionniste ! "Abracadabra !" tu ne m'échapperas pas ! "Abracadabra !", d'amour, tu tomberas dans le creux de mes bras !

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Lettre d'un philosophe à sa libre amie : Liberté, chérie ! 2

Publié le par modimodi

CONF 30     Je te l'ai déjà affirmé, mais je voudrais te préciser mon attachement vital à la Liberté.

Entends-tu ma chérie, je ne renoncerai jamais à ma liberté chérie ! Il ne suffit pas de te l'affirmer, il me faut aussi, t'en persuader.

Oui ! Nous devons toujours être conscients de la fragilité de nos acquis. Rien n'est permanent. Pour en garantir le maintien, tout ce que nous aimons doit toujours être l'objet de vigilance, de lutte ou de conquête.

Ô amour, nous avons toi et moi, la chance de pouvoir puiser à la source de la sagesse de la vie : la philosophie. En effet, notre très chère liberté est à appréhender comme à examiner dans toutes ses références comme en ses nombreuses nuances.

Sans être archaïques dans notre relation, nous ne pouvons l'apprécier indépendamment des conceptions philosophiques antiques. Chaque fois que nous agissons volontairement, en sachant ce que l'on fait ou dit, sais-tu mon amoureuse, que nous exerçons la vertu, le premier degré de la liberté, si chère à Aristote ? Chaque action quotidienne qui s'accomplit en s'affranchissant des contraintes est la mise en application du principe de vertu aristotélicienne.

Inutile de nous parer de toutes les vertus, celle-là seule suffit ! Mais il faut que nous pratiquions des actions justes et que nous fassions le bien. Nos efforts doivent être réguliers et constants... Ainsi, le courage, la tempérance, la sagesse, la sagacité et la piété s'acquièrent par la volonté.

Il ne s'agit plus, ma délicieuse sensuelle, de vouloir s'adonner au voluptueux lâcher prise de nos habituels abandons d'amour. Nous sommes dans une exigence morale de résistance à nos élans et penchants. Il nous faut savoir commander à nous-mêmes. Nous devons être un exemple pour les autres avant de vouloir les diriger ou les commander.

Nous n'avons eu aucune difficulté à comprendre que : "où y'a de la gêne, y'a pas de plaisir" mais aussi, pas de liberté ! Nous avons donc composé afin de trouver le juste milieu entre nos défauts et nos qualités, nos plaisirs et nos contraintes.

Tu vois, ma douce amie, la répartition librement consentie entre nous des tâches ménagères en est l'illustration parfaite. Nous donnons sens au binôme : liberté et égalité. Nous en avons fait un principe de partage, une constante égalitaire dans notre couple et ainsi fait de nécessité, vertu. A toi, les torchons, à moi, les serviettes ! Ou l'inverse ! Nous avons l'embarras du choix... Et nous pouvons laver notre linge sale en famille !

Pour garantir l'équilibre entre nous, nos rapports domestiques ont placé librement l'égalité dans le rapport de forces entre droits et devoirs. Nous nous imposons des règles que nous appliquons de bon cœur, surtout le devoir conjugal. Sans doute, faillissons-nous parfois mais uniquement, à préserver l'égalité d'humeur.

Cette loi morale de notre union est également, pour nous, une loi sociale, dans l'exercice responsable de notre citoyenneté. Lui obéir, c'est être libre ! Regrettons-nous souvent avec V. Hugo que "La République affirme le droit et impose le devoir."

Mais la pensée socratique est là aussi, ma chère et tendre, pour nous rappeler que nous ne faisons pas pour autant, ce que nous voulons. Chaque fois que nos actes sont guidés par nos désirs et qu'ils se réalisent pour atteindre un but précis, notre liberté s'exprime dans une puissance, une capacité d'agir toute relative.

Son efficacité reste limitée, parce qu'elle laisse à désirer. Reconnaissons alors, que nous sommes surtout intéressés au résultat, soit pour trouver un mieux à une situation embarrassante, soit pour obtenir ce qui nous manque ! Quand nous prenons un médicament, ce n'est pas parce que nous voulons, expressément droguer mais nous le prenons parce que nous voulons nous soigner, pour pouvoir guérir ou être en bonne santé...

Ainsi, prends-tu, ma chère et solide compagne, mon bras pour ne pas tomber et ma main pour lier notre tendresse. Qu'importe alors la rigueur de la notion platonicienne de la liberté, quand nous avons tant de plaisir à succomber à nos désirs. C'est même, de manière métaphysique que l'amour s'est incarné en toi, ma belle âme et mon ange !

Bien sûr, ce qui prouve notre liberté, ce sont nos faits et gestes mais ce qui l'exprime le mieux, ce sont nos pensées. Les extrémistes, les dictateurs et les liberticides peuvent nous contraindre à répéter leurs slogans et nous emprisonner mais ils ne peuvent jamais emprisonner nos jugements et nous empêcher d'exercer le pouvoir de notre raison.

La liberté Kantienne emprunte toujours l'étroit sentier de la raison. L'Homme reste maître de ses pensées car, c'est ainsi qu'agit en toutes circonstances, le sage stoïcien... J'ai avec toi, ma raison d'être, perdu la tête mais pas la raison !

Voilà pourquoi, même dans les chaînes du mariage, chacun reste libre de ses avis et réflexions sans chercher à les imposer à l'autre. Nous ne sommes pas non plus, esclaves en amour. Nous savons, en corps, magnifier notre liberté d'expression.

Par contre, malgré nos efforts, nous avons trouvé nos limites à l'attitude stoïcienne, que nous avons jugée, trop abstraite. Nous n'avons pas su concrètement résister à nos sentiments et nous nous consumons encore aujourd'hui de la même passion. Et ce qu'importe ! Même si à petits feux, il doit constamment nous en cuire, quand nous brûlons d'amour ! Oui, ma charnelle amie, troublez-moi encore et toujours de votre tremblante flamme !

Nous vivons, en homme et en femme libres, notre destin d'amour, indépendamment de l'intervention de la Providence ou de Dieu. Mais pour être manifestement libres, dans nos cœurs et nos têtes, il importe que nous ayons toujours notre mot à dire, surtout des petits mots d'amour. Il faudrait que notre destin dépende surtout de nous.

Nous ne pouvons vivre dans l'aléatoire permanent, sinon nous ne serions plus responsables de nos actes, ni même de nous deux car plus capables de projets concrets, seulement de rêves. Bien sûr, nous sommes, toi ou moi, parfois ambivalents, quand nous consultons les astres, que nous nous mettons à croire en notre bonne étoile ou que nous croisons les doigts. Mais toi seule, me fais croire à la lune sous notre ciel de lit !

Nous avons admis comme principe, et ce, pour toute notre vie, que notre rencontre et notre amour partagé dans le bonheur, seraient notre unique fatalité, notre bienheureuse superstition. C'est grâce à elle et à partir d'elle, sur un coup de dé du hasard, que nous sommes devenus libres et que nous avons donc, librement exercé notre volonté et laissé libre cours à nos désirs.

Mais nous n'avons pas renoncé, pour autant, à la réflexion et à la délibération. Nos prises de décisions sont parfois aussi des prises de têtes et nos conciliations et réconciliations souvent des prises de tailles, en libres corps à corps. En touchants affrontements, l'amour vient nous livrer bataille.

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Lettres d'a.m.o.u.r. Etonnamment ! 3

Publié le par modimodi

BAL CONF
Étonnamment

Mon amour, j’ai perdu mon temps et j'ai tordu mon cœur à vous tutoyer. Notre proximité n'était qu'un mirage, une illusion d'optique amoureuse !

Ô vous ma muse, ma mie, savez-vous que l'amour donné un jour, est donné pour toujours.

Pour vous, je ne cesse de m'activer. J'herborise et je botanise, je cueille des pensées et je choisis des mots de bonne famille, de noble composition et de fortes racines... A pleines dents, je les mâche, je les broie, les déchire sans en démordre et les rumine sans chiqué !...

J'en prends empreinte, à perdre haleine, je les prononce dignes de bouche et de langue, dignes des cris et des mots, dignes d'écrits et de maux... Pour vous, rien que pour vous, je fais profession d'écrits vains, d'écrits et chuchotements, motus de bouche cousue, au fil noir de mes nuits blanches !

"Souffrez, souffrez, ma Dame que ma Muse m'amuse," clame le frêle poète, en mâle inspiration ! Alors qu'il devrait dire : "Riez, riez, ma Dame de ce que ma Muse m'use !" Mais vous me transpercez à grands coups d'arquebuse, estimant que j'abuse de vocalises intruses. Et comme, je n'ai pas la poésie infuse, je recherche, ma Muse, une rime qui fuse, au son de ma corne-Muse !

Ah cruelle, vous abusez ! Vous riez de mes impromptus, vous détournez mes élégies, vous affectez mon style, me mettez à la page, à l'index, en renvoi. J'ai des langueurs et des longueurs. Je rabâche, me dessèche, ma cadence est hachée. Mes figures se boursouflent et mes pensées se fanent, dans la banalité de quelques saumâtres platitudes. Le pathos m'envahit. Je m'épate et m'empâte comme un pataud logique !

Ô Muse, ma félonne, regardez ma douleur de la difficulté d'amour et d'écriture. Au corps des mots, le verbe s'est fait chair, à cors et à cris, en corps à corps et toujours et encore, en accords, cherchés en vain. Oh ! Si, ma foi, l'amour n'est pas une profession, vous écrire en vers et contre toutes rimes et raisons, n'est sûrement pas un métier. Entre la belle et la carrière, la première doit être embrassée et la seconde exploitée ! Et non l'inverse, quelle que soit votre bonne mine !

Bien sûr, il me faut trouver pour vous, le bon filon et avoir de la veine littéraire pour éviter les éboulis. Gare à ma chute ! Je suis déjà éreinté à ramasser des cailloux dans mon jardin des lettres et malheureux comme les pierres, qu'elles ne soient pas de touche pour mieux vous émouvoir !

Mais inutile de marquer d'une nouvelle pierre blanche d'insomnie mes rêves nocturnes. Je sais que vous avez un cœur de pierre et que vous en ririez aux éclats. D'y penser, je me pétrifie.

D'ailleurs, vous prenez un malin plaisir tout autant que votre pied, du moindre de mes scrupules. Vous m'avez traité de boiteux pantouflard ! Mon style, même lapidaire et paléolithique doit, je le sais, éviter le ton rocailleux !... D'autant que vous ne seriez pas un cas rare, bien que de marbre et, sans doute la première, à me jeter la pierre afin de m'en faire paver ! J'ai déjà bien assez de l'enfer de mes maudits mots dits. Et pourtant, vous vous obstinez à me solliciter.

Ma contre escarpe, mon amour, ma Muse pour toujours, vous m'avez déjà demandé une lettre d'A.M.O.U.R. Que choisir à nouveau ? Quelle lettre vous donner, qui fasse bonne impression à ce fichu caractère ?

Ah ! Étonnamment vous avez ri du A ! Vous vous êtes gaussé de mes Ah, le fat, le bêta sur toute la gamme A des aléas et des alinéas, des errata de mon cœur aux abois et des cahin-caha jusqu'à l'anonymat !

Je vous ai offert une couronne, un diadème tout en M.M.M.M.M.M.M, tout en Emiatej ! Je vous ai crié, jusqu'à l'extrême, aimez-moi, comme moi je vous aime ! Je vous ai offert un bath M... Je suis devenu, fort en t'M et vous en ana-t'M et même en strata-j'M !

Oh ! Ne prenez outrage, si j'évoque, à nouveau, le Ô, tout en haut de vos bas et l'eau qui y ruisselle, bientôt, sitôt, trop tôt, ô mon amour, qu'on vous presse d'aimer. Je me voue à vous, ô Aquarius, mon doux Verseau et je me noie en votre amour étoilé et limpide. Ô capriccioso, délicioso méli-mêle-eau !

Nos corps entrelacés, pris au pied de la lettre et pleins de déliés, pouvaient à l'Unisson, joindre l'Utile à l'Ultime afin, selon l'usage, d'offrir en Usufruit, l'Unique space hymen, en nue-propriété. Mais vous m'avez traité d’hurluberlu, d'Ubu à la berlue !... On me hue, me conspue, je me sens abattu, mis au rebut, déçu ! L'amour fou est foutu !

Attitude erronée ! A ma barbe, à mon nez, vous vous donnez de l'aiR. Comme pour m'éreinter et me faire prendre l'hèRe, vous prenez vos grands airs, dédaignant l'érotisme. Ne vous étonnez pas que sans en avoir l'R, l'amour vous fasse la moue et que j'en sois tout mou !

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Lettre à ma libre amie : Liberté, chérie ! 1

Publié le par modimodi

 

CONF 29   

Reçois amour, cette longue lettre mûrement réfléchie et grande ouverte comme mon cœur !

Chantée par Paul Eluard, revendiquée sur le blog "écrits en liberté", je te chante à mon tour, Liberté ! En tête de la devise républicaine de la France, tu es gravée au fronton des édifices officiels. Tu as tes tableaux, tes statues, tes effigies, tes égéries, tu es vénérée comme une madone ! Le monde a fait de toi, un de ses plus grands principes philosophiques. Tu es représentée par des symboles et définie par des lois. Enjeu et principe de paix et de bonheur, on te conquiert, te défend et te fête !

Ô Liberté chérie ! Ta privation est un drame. Les victimes de dictature sont au désespoir. Ils subissent les entraves de l'arbitraire, les excès d'autorité et l'injustice des inégalités. En toute conscience, je choisis la liberté.

Sais-tu, toi, qui partages mon existence que j'y tiens, comme on tient à la vie. Toi, ma Muse en liberté, je suis ton Poète ! Laisse-moi donner libre cours à ma fantaisie d'écriture car je chéris les vers coquins et les vers libres. Depuis toujours, en amour comme en pensées, je préfère l'union libre ! Entends-tu ma chérie, je ne renoncerai jamais, à ma liberté chérie !

Toi, que je contemple et admire, tu l'incarnes fièrement comme sur le tableau d'Eugène Delacroix : "La Liberté guidant le peuple". Tu dresses victorieusement ta flamme, comme la Statue de la Liberté éclairant le monde, d'Auguste Bartholdi, sur l'île de Liberty Island, à New York. Poitrine au vent, regard de braise, tu es mon souffle et ma lumière !

Nous voulons toi et moi, rester libres et heureux ! Il nous est donc indispensable d'aller et venir, penser et agir, librement ! Notre condition d'humain est libre et nous luttons pour conserver notre indépendance.

La nature nous autorise à utiliser nos facultés et aptitudes comme bon nous semble, c'est l'expression de notre liberté naturelle. Elle est et serait idéale, pour nous vivre en Robinson ou pour survivre sur une île déserte. Mais nous habitons en société.

La liberté doit surtout nous permettre de demeurer parmi les autres. Nous aimons donc la compagnie de nos semblables. Ainsi notre liberté civile de citoyen nous garantit-elle, le vivre ensemble. Liberté de pensée, d'opinion, de mouvement ou d'action conditionnent de manière régulée, le bien-être et le bien-vivre de chacun ! A la condition de respecter la célèbre formulation de John Stuart Mill : "La liberté des uns s'arrête là, où commence celle des autres."

Dans nos études philosophiques, t'en souviens-tu, Baruch Spinoza nous a parlé de nécessité absolue et de déterminisme ? Contre l'opinion de Pascal, certains jansénistes disaient même qu'elle n'était qu'illusion ! Selon ce principe fataliste, nous sommes censés être déterminés à la naissance et nous ignorons les causes de notre destinée.

Aujourd'hui encore, nous nous interrogeons, amour ! Car si nos choix sont influencés génétiquement, culturellement, politiquement, sommes-nous, toi et moi, faussement libres, en liberté surveillée et conditionnelle ? Nous le craignons mais repoussons cette idée. En effet, n'est-ce pas pour finir délicieux, quand emprisonné dans ton regard, quand serrée dans mes bras, nous nous retenons l'un en l'autre ?

Au quotidien, nous exerçons, en toute conscience, notre liberté par notre volonté, par notre libre-arbitre et par notre raison. En êtres raisonnables, nous nous devons au mieux, de suivre ce principe cher à Kant, en tant que volonté pure d'obéissance à la loi morale.

Encore faut-il que nous ayons réussi à nous débarrasser des influences de la sensibilité, de nos ressentis, de nos croyances. Dans notre vie de citoyens, en étant engagés dans la cité, nous y parvenons partiellement. Nos jugements indépendants et notre discernement nous permettent de choisir entre des options contraires et de réaliser pleinement, en toute clarté, le choix que nous avons retenu, face aux enjeux du moment. Le vote moderne illustre parfaitement cette condition d'exercice de notre liberté, dans un régime démocratique, comme celui du beau pays dans lequel nous vivons.

C'est ainsi que, pour moi, tu es devenue l'élue de mon cœur, dans un choix délibéré ! Je ne parlerai pas d'options, ni de choix multiples, j'ai exercé ma liberté sans papillonner ! Bien sûr, je n'ai pu faire abstraction de mes sentiments. D'ailleurs, je ne l'aurais pas voulu ! Mon cœur a dicté sa raison. Mais, je suis libre car je n'ai pas obéi, j'ai adhéré à la loi d'amour, de notre amour, ma seule loi morale, car juste et édifiante pour mon esprit et mon cœur !

Spinoza nous a aussi rappelé qu'être libres, ce n'est pas pouvoir faire, c'est faire. Oui ! La liberté se définit par rapport à la puissance, à la capacité d'agir. Nous œuvrons donc, toi et moi, à l'amélioration de notre condition et quand parfois, nous le pouvons, nous participons au progrès de l'humanité.

Farouchement épris de liberté, nous avons pris de libres décisions car mêmes nos professions sont des professions libérales ! Mais plus encore, de la puissance à l'acte, nous sommes des amants libres et nous le prouvons en faisant l'amour, c'est à dire en réinventant l'amour ! Nous y prenons sens et force.

Encore, faut-il, pour être et vivre libre, selon Karl Marx, pouvoir agir en ayant bien sûr, les moyens de l'action et choisir alors, l'intérêt général plutôt que la domination du plus fort sur le plus faible. Halte à la soumission, sinon, c'est la lutte finale ! Oh chérie, mon amour, tu es ma liberté !

Aucun de nous n'exerce une emprise sur l'autre ni physiquement, ni moralement. Notre couple s'en préserve ! Nous ne cherchons qu'une seule maîtrise, celle de parvenir à nous dominer personnellement ! Par contre, les jeux d'amour nous permettent librement d'alterner des positions dominantes mais c'est alors, pour donner corps à la suprématie des plaisirs.

Ma douce amie, tu es comme mon frère en humanité ! Charles Baudelaire l'avait prophétisé, il savait que malgré les éléments contraires, déchaînés et indomptables, en "Homme libre, toujours tu chériras la mer !" De ma fenêtre, à mon bureau, je la contemple et je trempe ma plume dans son encrier bleu.

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Lettres d'a.m.o.u.r. 2 Télégramme

Publié le par modimodi

BAL CONF

Télégramme 

Mon absente, te souviens-tu de ma dernière lettre d'amour, composée aux lettres d'A.M.O.U.R. ? C'était, t'en souviens-tu, ma toute première déclaration, les prémices de notre amour. Nous nous vouvoyions alors.

Je l'avais écrite amoureusement comme je t'aime encore aujourd'hui, d'un authentique élan du cœur, d'un envol de la plume. Je n'en ai plus désormais, qu'une douceur amère.

J'attends impatiemment une réponse, au réveil de chaque jour, au lever de chaque nuit. Sanglots de pluie, voiles de nuages, feux du soleil ou des étoiles, mon cœur patiente au froid d'oubli. J'ai enrubanné chaque lettre mais je reste en poste restante.

N'étais-je pas assez adroit, ai-je manqué d'adresse pour aller jusqu'à toi, lointaine, dispersée et perdue. Où te tiens-tu, mon cœur dans cet azur crépitant d'étincelles, au cœur des cendres et des souvenirs ? Que te reste-t-il à explorer ? Suis-je le destinataire de mon destin à terre ?

Belle aéropostale, où t'es-tu envolée, pour quel voyage, quelle croisière au long cours de notre amour ? Quelle trajectoire trace ton chemin ?

Saurai-je, où tu vas pour te retrouver ? Saurai-je, où tu es pour m'y réfugier ? Que vais-je te télégraphier ? Quelles lettres en morse pourront bien sortir de mon cœur banquise ?

Libres, comme toi, mes mots et mon cœur n'ont pas de boussole. Qu'importe leur dérive ou leur vagabondage, puisque mon unique but, c'est toi !

Qu'importe l'hémisphère où tu te tiens ! Je suis empli de toi et je tourne en rond dans ma tête. Ton amour m'enveloppe. Je suis prêt à te porter mes lettres, en porte à porte, en cœur à cœur ou en dépêche comme nos désirs.

Sans en avoir fait le tri, je te distribue nos cinq lettres, code postal de notre A.m.o.u.r. Oh ! Mon tendre cœur auto-stop, parti sans laisser d'adresse, je te câble, ce télégramme officiel, en correspondance privée.

A comme absence sans alibi, A comme attente sans acheminement, A comme arrivée sans escale, A comme aveu sans franchise, A comme aventure sans passeport, A comme amarres sans port d'attache, A comme ange, messager sans ailes, trop loin d'elle, A comme appel sans allô, ni abonné, A comme arrêt du train postal sans crier gare, A comme affranchi, mais pas de toi.

M comme migration, sans la moindre carte postale, M comme missive, sans mise en pli, M comme malle-poste, sans relais de poste. M comme mémoire à guichets fermés, M comme mer, sans vague ni marée, M comme mensonges, sans mandat-lettre de crédit, M comme message, inconnu à cette adresse.

O comme offre, sans distribution, O comme on-dit, anonyme, O comme optique, sans vision focale, O comme ombres enfuies, O comme odyssée, sans bagages, O comme occident, sans soleil couchant ni perles d'orient, O comme oubli, sans oblitération.

U comme unité, sans union, U comme ultimatum, sans déclaration, U comme ultime atome sans accroche, U comme unanimité, sans accord, U comme unisson, sans parole, U comme univers, sans lieux-dits, U comme urgence, en chrono-post.

R comme racine, sans terre ferme, R comme raison, en mode timbrée, R comme réponse même téléphonée, R comme désespérant renvoi à l'expéditeur, R comme recommandé, sans distribution, R comme retour de mon courrier, franc de port.

Si l'A.M.O.U.R. est un globe-trotteur, tous mes messages d'amour, toutes mes lettres d'Amour jetées, pêle-mêle comme des mélis-mélos dits, auraient dû fortissimo, s'imprimer en toi. Elles auraient pu prestissimo, fuser vers toi et colissimo, s'y déposer.

Tout mon espoir tient dans ta réponse. Je t'attends au pied de la lettre M, ma préférée, le bonheur de toute ma vie. Je lirai et relirai chaque mot de ta missive, je suis certain que chacun aura ton parfum, que j'entendrai ta voix.

Mais pourquoi, ce silence ? Préférerais-tu les S. M. S. ? Ton cœur est peut-être un pèse-lettre et je n'étais pas assez léger ! Mon amour s'est donc fait taxer. A ce tarif-là, il n'est plus recommandable.

Mutisme obstiné, attente exaspérément vaine ! Aucun accusé de réception ! Désespérance affligée, soupirs épuisés ! Rien ! Quand, un jour, à l'extrême de mon impatience, enfin une réponse : un affligeant retour à l’expéditeur !

Tu m'as envoyé un paquet, non pas de lettres mais de silence. Mon bel amour, je mesure là ton éloquence !

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Lettres d'a.m.o.u.r. 1 Ardemment B

Publié le par modimodi

BAL CONF

Ardemment

Vous me demandez Madame, une lettre d'amour, d'écriture manuscrite.

Où puis-je la déposer ? En-tête ou dans le cœur ?

Quelles lettres vous donner, qui aient du caractère ?

Saurez-vous déchiffrer leur vol calligraphié par mon cœur porte-plume ?

Prendrez-vous à la lettre, cette lettre d'amour ?

Voudriez-vous le A ? A, prime, reine de l'alphabet ! Ah ! Le fat, le bêta, trop indigne de vous ! ...Pourtant, lettre d'amour.

Choisiriez-vous le M ? Et n'en diriez-vous qu'une, M, aime, émoi, aimez-moi comme moi, je vous aime.

Prendriez-vous le O ? L'eau qui vient à la bouche, si tôt, oh ! Oui, trop tôt, qu'on vous parle d'amour.

Chercheriez-vous le U ? Pour joindre à l'Uni-son, l'U-tile à l'A-gréable dans ce chant des voyelles, hirondelles de plein ciel ?

Laisserez-vous ouvert, pour un U-ltime envoi, votre cœur, boîte aux lettres, boîte aux lettres d'amour, d'un bel amour, amor !

Prendrez-vous l'accolade et vous laisserez-vous faire ?... Si, sans en avoir l'R, l'amour vous fait la moue, dans cet épistolaire ?

Garderez-vous en plein, nos déliés aux corps et aux jambages, nos liaisons et nos correspondances ?

Ou en resterez-vous aux idées de l'amour, à ses idéogrammes ?

Vous laisserez vous graver et imprimer ces signes azurés à l'encre de vos yeux ? Enlumineront-ils la page blanche de votre corps parcheminé ?

Vous embraserez-vous à ces lettres de feu ?

Serai-je assez lettré ? Aimerai-je avant la lettre ? Serai-je digne d'épreuve ? Resterai-je lettre morte ?

Serai-je trop littéral, pas assez explicite, un peu trop laconique ou mêlerai-je les lettres d'un amour en désordre ?

Ou préférerez-vous, les cinq sens aux cinq lettres et la lettre à l'esprit ? Ou le vent aux nuages et la raison au cœur ?

Enfin, sans m'A B C, de l'amour à la lettre, à la lettre d'amour, initiale, majuscule, capitale, géminée, me laisserez-vous ardemment épeler votre nom, épris de liberté, éperdu de lumière, mon Âme, mon A.m.o.u.r.

 

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Lettre à mon frère - Le canif

Publié le par modimodi

BAL CONF

T'en souviens-tu, frérot, du temps insouciant, heureux et lumineux de notre enfance ? Nos visages rayonnaient comme nous étions alors : un, deux, trois soleils ! Notre sœur Marie était l'aînée et entendait bien le rester. J'étais le cadet, remuant et espiègle, tu étais mon bien aimé petit frère, l'objet de toutes mes affectueuses facéties.

Comme tous les garçons, j'étais fasciné par l'épée d'Ivanhoé et les couteaux en tout genre ! Surtout celui que gardait papa, un petit canif au manche en corne blanche, gravé d'une étoile rouge. Toujours en poche, il lui réservait d'innombrables usages qui, ce matin, affluent en ma mémoire.

Je le revois déplier la lame pour couper une cordelette, une ficelle de taffetas, pour nous éplucher une pomme, découper ses quartiers. Fin jardinier réputé par ses voisins de potagers mitoyens, je me rappelle de sa fierté à leur exhiber le plus lourd navet, le plus fort poireau, la plus grosse carotte qualifiée de "mahousse" répétée et exclamée à la ronde !

Je l'aperçois au pied de la ligne tracée dans la terre noire et grasse du sol minier. Je l'observe gratter la terre collée sur le plantoir de bois pour mieux planter, chaque traditionnel 22 mars, jour de la Saint Joseph, ses pommes de terre. Je distingue sa silhouette qui s'en va détacher d'un coup sec, de sa tige élancée, un chou palmier. Je lui souris, quand il cueille au milieu de la rangée, la plus belle des salades qu'il sectionne net au pied et je cours avec lui, la porter, plein de fierté à maman.

J'ai des bruits et des odeurs qui me reviennent. J'entends le bruit saccadé de la lame humide sur la planche de bois. Je revois papa en train de ciseler l'ail et le persil pour les incorporer au hachis rosé du sacro-saint pâté de lapin. Ô délices parfumés de la grande spécialité paternelle, qu'une fois cuit, je pourrai déguster en tranches grasses avec des frites soufflées et craquantes et de la laitue, assaisonnée d'une vinaigrette à l'estragon !

Je le retrouve encore dans les images fugitives de mon enfance, resurgie à la simple évocation du mot couteau. Il est là près de moi, voulant m'ouvrir une bogue pour me détacher une châtaigne ou occupé à m'équeuter une tomate cœur-de-bœuf, (la première me disait-il) fraîche et juteuse, rouge et sucrée comme les joues de ma cousine Léa. J'y mordais à belles dents, tandis qu'il essuyait sur son pantalon de velours marron côtelé, la lame luisante de suc sanguin.

Je reconnaîtrais entre mille le cliquetis du canif qu'on referme, quand le plat du couteau se replie pour retrouver son logement. J'aimais son aspect luisant et tranchant entretenu par des aiguisages réguliers. Je revois le mouvement du pouce frottant la lame d'acier et testant de sa pulpe la qualité de l'affûtage. Le danger m'excitait. Mais bien que nous en ayons une terrible envie, il était interdit aux enfants de toucher la pierre à aiguiser que papa prenait soin d'humecter avant emploi. Je rêvais de devenir un jour, apprenti rémouleur.

Mais ce que j'aimais par-dessus tout, c'était de voir notre père, dès le matin, en maillot de corps bleu marine. La peau luisante de sueur, éclatant de vigueur, il s'activait au milieu de notre petit champ de patates, qu'il arrachait à la bêche et jetait d'un geste sûr et puissant sur le côté. Avec une cadence de ballet, elles retombaient en pluie, bondissaient et s'étalaient en grappes.

Je me rappelle ces moments que nous partagions, où l'après-midi, après un court temps de séchage, nous revenait l'importante et amusante tâche de ramasser les tubercules. Nous devions débarrasser délicatement leur peau de la terre séchée et friable et les poser dans un seau en plastique que nous déversions doucement dans un sac de jute.

C'était au bois de Luyot, traditionnellement vers le 14 juillet, en plein cœur de l'été. Mais au milieu de la récolte, j'attendais surtout le moment béni où notre père sortirait son couteau pour nous détacher de son pain d'alouette, une tranche luisante d'un épais fromage blanc, savamment salé et poivré par notre grand-mère Virginie !

Ô mon bien aimé frère, nous voilà rajeunis ! Goûtes-tu comme moi cette nostalgie heureuse de nos premières saisons d'enfance vive ? En gardes-tu ses histoires, ses plaisirs promis et ses secrets ? Nous n'avons pu la retenir ni accomplir toutes ses promesses. Moi, j'en ai gardé cette petite flamme qui réchauffe mon cœur et te contient.

Aujourd'hui, le temps a passé sans émousser mes souvenirs et troublé mon regard. Il nous a donné notre lot de joies et de peines emportées avec nos larmes dans le vent bleu du ciel, où nos parents et notre enfance ne nous quittent pas.

Dans le matin de ma mémoire, l'opinel de mes jeunes années est toujours là, tranchant les certitudes de la maturité mais jamais mes racines. Il me met parfois son couteau sous la gorge et je suis souvent un peu trop sur le fil du rasoir. Mais de cette époque, j'ai conservé le goût prononcé des canifs. J'en ai toujours un en poche et je peux t'assurer, frérot, que personne n'oserait venir me couper les ailes.

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Ce n'était pas mon jour !

Publié le par modimodi

 SQNT  

J'ai réussi tous mes concours, surtout ceux de circonstances ! J'ai tout raté, sauf le rendez-vous avec la malchance et les chats noirs. Ah vraiment ! Ce n'était pas mon jour !

Comme ce jour d'examen où la voiture ne démarre pas, comme ce jour d'entretien d'embauche, où mon train a du retard. Depuis, je suis ce voyageur sans bagages qui attend sur le quai de l'emploi et de la bonne fortune.

Je suis né un vendredi 31 mais, l'officier de l'état civil était dyscalculique, il a reporté 13 sur le registre. Décidément, ce n'était pas mon jour ! Devais-je donc devenir ou être superstitieux ?

Depuis, dans l'arène surchauffée du cirque de mes activités, mon existence est une corrida. Je ne compte plus les coups de boutoir du destin. De l'aurore au crépuscule, j'esquive ou m'encorne contre le mur des lamentables accès du sort.

Jusqu'à plus soif, je bois la tasse d'amertume, je broie du noir. Je manque de bol, je manque de pot mais pas de pot de peinture blanche que je renverse, transformant en tableau impressionniste le canapé rouge du salon. J'aurais mieux fait de remettre à plus tard, ce que je faisais le jour-même.

J'ai une pluie de pépins ! Si j'ouvre un parapluie, à coup sûr, il se retourne sur la belle qui me croise en coup de vent sans me claquer la bise. Si j'ouvre une porte, la poignée me reste dans la main ou la clé casse dans la serrure. La tuile me tombe dessus comme sur Eschyle, la mélasse comme la fiente du pigeon sur mon chapeau et le guano sur ma voiture fraîchement lavée ! 

Je veux prendre mon vélo, il a le pneu crevé. Ce jour-là, dans un accès d'optimisme, je me dis que j'ai sans doute évité que ta robe se prenne dans les rayons et qu'un chien nous coure après. Si j'ouvre ma portière, elle se fait arracher, victime de l'angle mort. Si je cours après la chance, je mets le pied dans les flaques ou dans le ciment frais. J'ai la mouise qui me colle aux semelles. A la guerre à la scoumoune, mon fusil s'enraye à tout coup et je prends une balle perdue. Je suis le Tartarin de la chasse au bonheur, mes aventures sont mésaventures. Aucun jour n'est le bon jour !

J'ai l'appétit de la vie mais j'accumule les boulettes. J'ai du hachis et du gâchis d'occasions manquées de faire bonne chère avec la vie. Je suis béni et baptisé à toutes les sauces, par ce serveur maladroit. J'ai la cerise sur le gâteau de mon existence. J'avale une huître, c'est épatant et hépatite. Je mange une banane mûre, je me casse les dents qui tombent dans la compote. Je m'enivre à l'amour et au vin de Bohème mais la coupe des libations est ébréchée et l'ambroisie est un philtre à la ciguë. Ce n'est toujours pas le bon jour !

Je pars en croisière mais mes vacances se transforment en galère. Un brouillard pendant huit jours, pas de vue mais des bévues. Je prends une malheureuse photo en même temps qu'un paquet de mer. Je voudrais bien fuir la poisse et la purée de pois, me sortir de la m..., mais le rouleau de papier vient de glisser sous la porte et la brosse casse dans la cuvette. J'essuie donc tous les revers. Ce n'était pas mon jour !

Je fais la lutte à l'infortune, mais je perds mon ticket de loto. Pas de chance au jeu, chance en amour, dit-on, parfois... à condition de trouver le bon numéro ! Avec toi, mon élue, la roue tourne mais c'est pour me foutre les boules. Il n'y a pas pire malheur que de ne pas être aimé, mais il y a grande misère, de ne point aimer ou mal aimer. Je ne savais pas que nous étions comme le jour et la nuit, indispensables mais sans parvenir à nous rencontrer à la croisée des jours.

Pourtant, toi, tu étais belle comme le jour, alors je m'étais dit confiant : c'est le bon jour, vive les beaux jours ! Je t'ai déclaré mes feux, j'ignorais que c'était des feux de détresse. Ce n'était pas encore le bon jour, celui du rendez-vous avec le destin, c'était le jour triomphal de la malédiction.

Sur la piste des jours lancés, le hasard avait pipé ses dés. J'avais perdu ma patte de lapin qui avait dû brouter tous les trèfles. Sur le mur de la maison du bonheur, le fer à cheval avait rouillé et au jardin mouillé, l'araignée du soir était en retard. 

Mes espoirs étaient d'avance ruinés. Au lieu de m'adresser sa flèche, Cupidon avait perdu son arc, en ciel et m'avait mis dans la dèche ! Si le pire n'est jamais sûr, j'attends encore des jours meilleurs !

Car toi, ma belle comme le jour, tu exiges, tu me commandes, tu es mon ordre du jour. C'est trop souvent un mauvais jour empli d'ennuis futiles et d'inconvénients répétés. Je me tracasse journellement, au point de penser que pour éviter le pire, il vaut mieux ne pas remettre au lendemain ce qu'on peut faire le jour même !

Nous sommes aujourd'hui, à couteaux tirés et croisés. La malchance et la maladresse se sont invitées et tiennent table ouverte sur la nappe aux faux jours... Ai-je trop attendu que les alouettes tombent toutes rôties ? Ai-je dû, sans m'en rendre compte, briser le miroir aux alouettes ? Pourquoi, de jour en jour, cherches-tu à me plumer la tête, à donner du bec et de l'aile ou à me mettre la bride au cou ?

Tu es du signe du Scorpion, mais ce n'était pas la peine de me piquer au talon. J'étais pourtant toqué, mordu, complètement entiché de toi, mais je n'ai eu que de la déveine. L'aiguille de la chance s'est cassée dans ma veine.  Ah bon sang !

J'ai probablement une bonne étoile, mais filante car je n'ai aperçu que la queue de la comète. Avec toi, mon astre, j'ai malheureusement piqué une mauvaise étoile à mon ciel de lit. Des astres, oh oui ! Désastre !

Victime du mauvais sort, notre amour astrologique est devenu astronomique. Nous ne sommes plus en conjonction, mais en opposition. Je suis vraiment du signe du Taureau, dominé par Vénus. Tu m'as pris par les cornes et j'ai abondance de coups plantés dans le cœur. Je me tiens à contre jour, à contre amour.

Dois-je encore t'accorder un concours de circonstances atténuantes ? Dois-je obstinément croire aux jours meilleurs ? Dois-je me consoler et dire qu'avec tant de contretemps, je n'ai guère le temps de m'ennuyer ! Oui ! De contrariétés en adversités, j'ai la guigne qui court après la débine. Sans doute, qu'à chaque jour suffit sa peine mais les jours se suivent et se ressemblent. Parviendrai-je à atteindre mes vieux jours avant d'être définitivement ajourné ?

Avec toi, on peut tirer l'échelle mais il vaut mieux ne pas passer dessous. Je voudrais bien crier mon désespoir mais j'ai une extinction de voix. Je vous l'avais bien dit : Non ! Ce n'est pas mon jour !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

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