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Articles avec #confidences tag

Lettre d'ententes : Pour ou contre

Publié le par modimodi

 CDC 56

Mon bel amour, dans l'existence comme en amour, il n'y a pas que les autres qui nous chagrinent et nous contredisent. Nous pouvons aussi être en opposition avec nous-même, chaque fois que nous hésitons et balançons entre deux thèses, deux arguments, deux élans du cœur !

Quand les mots se font la guerre des sens sous la plume en suspens, ils dessèchent d'encre tarie dans le puits de l'encrier. Quand les idées se battent en duel pour la cause de la juste expression, elles ne produisent que des cliquetis de ferrailleurs. Comment réagir quand notre conscience est mal en point et nos sentiments pas au point ? Quand de la rose, nous n'observons que les épines ou que nous ne percevons plus que la suavité de son parfum évanescent dans l'offrande désespérée d'un mourant baiser.

Pour les autres comme pour nous-mêmes, nous représentons parfois un frein à la résolution d'un problème, un obstacle à sa perception, notamment quand nous manquons de points de vue, clairement établis. Nous nous montrons d'autant plus pointilleux que nos démonstrations ne sont pas vraiment au point. Fakirs de la pensée en pointe, nous nous prenons la tête en nous clouant les deux hémisphères.

Dans l'impasse de nous-mêmes, nous nous trouvons même au point de non-retour quand nous mettons un point d'honneur à nous obstiner, alors que nos déductions ont la dialectique en contrepoint. Comment alors s'étonner que les commentateurs ne soient que de sombres métaphrastes qui ne traduisent qu'avec erreurs !

Nous ralentissons également, voire paralysons notre propre jugement, chaque fois que notre entendement crée ses propres objections, voile les lueurs de l'intuition ou dépose les armes de la déduction. Nous nous disons quelquefois qu'il ne sert à rien de se battre pour quelques fruits talés ou de chétives queues de poire de la discorde mentale, pour au bilan ne récolter que prunes ou nèfles !

Nous affichons encore un bel esprit de contradiction et parfois, nous contrarions les autres en réalisant tout le contraire de leurs attentes. Sans arguments et sans faire le poids, certains, à la légère, font ainsi contrepoids. C'est d'ailleurs un vrai fléau, quand quelques tarés mettent en balance nos pensées et font le poids mort dans la discussion ! Ce sont parfois des gesticulations de cirque ou des cris et mimiques de zoo quand ceux-là nous singent, s'estimant malgré tout, valoir leur pesant de cacahuètes !

Tenons-nous éloignés de ceux qui fraudent avec la raison, de ceux qui voudraient nous faire faire bande à part ou contrebande d'idées, dans le fumeux espoir de faire un tabac ou de nous faire pétuner ! Fuyons ceux qui perdent la mesure de toutes choses, ceux qui se foutent du tiers comme du quart, ceux qui s'en contrefichent mais qui nous contrecarrent pour le plaisir de nous contredire !

Tenons-nous loin de ceux qui nous brossent dans le sens du poil aussi bien que de ceux qui nous prennent à rebrousse-poil. Demeurons très loin de ceux qui nous hérissent ou nous décoiffent en argumentant à contresens, en coupant les cheveux en quatre ! Maudits critiques, passés de contemplateurs à contempteurs, de louangeurs de grand tribun à Trissotins pédants de la diatribe hypocrite !

Il nous revient instamment de cultiver l'optimisme et d'avoir une attitude constante, de ne pas nous laisser désoler par les esprits chagrins des Zoïles réincarnés comme par tous les bilieux qui broient du noir. Nécessairement, il convient de ne pas nous laisser envahir par ceux qui sèment des soucis et du mouron dans les fleurs de nos pensées ! Repousser les prêcheurs de contrevérités, les faux ténors qui se poussent du col et qui se prennent pour de la haute-contre ! Rabaisser ceux qui nous prennent de haut et s'élèvent contre nous. Répondre à coups de plumes à ces maudits oiseaux de mauvais augures, à ces petits serins au chant criard, aux becs jaunes comme leurs rires sarcastiques !

Certes, il n'est pas facile de tenir le haut du pavé, quand on est en contrebas. On ne peut pas toujours accuser Voltaire d'être tombé par terre ou accabler Rousseau d'avoir le nez dans le ruisseau. Il faut savoir tenir son rang et être bien rangé comme les caractères sur le clavier et les pensées dans la tête. Il y a lieu de marcher ou de rouler au pas de la raison sans perdre le bon sens et de ne pas contrevenir au code de bonne conduite. Tout doux ! Sinon, c'est la contredanse assurée et le contre-pied de nez d'un procès verbal garanti par le dernier Aristarque.

D'ailleurs, mon cher et brillant esprit, nous savons toi et moi, que le monde des idées est parfois une épreuve de travaux forcés et l'injuste condamnation de devoir ramer sur une vraie galère. Il n'est pas donné à tout le monde de se tenir à flots, contre vents et marées, de nager à contre-courant de la facilité, en tenant crânement la tête hors de l'eau et fièrement le porte-plume hors de l'encrier ! Il n'est pas aisé de faire partie de la crème littéraire quand on ne compte que pour du beurre !

Il n'est pas évident de briller et d'être en conjonction même lorsqu'on est l'un et l'autre, comme l'eau et le feu, comme le jour et la nuit. Il n'est pas aisé de garder la même ardeur quand, à tour de rôle, chacun souffle le chaud ou le froid !... Mais nous, ma douce, nous avons heureusement pu être bouillants sans finir échaudés. Nous nous tenons en face à face mais pas en volte-face. Ô délicieux plaisirs ! Après chaque envol, nous nous aimons à pile ou face.

Nous ne rebroussons pas chemin sur la voie de notre amour. Aucun obstacle majeur ne vient nous barrer la route ! Par grand bonheur, toi, tu es pour la concorde, la paix du cœur et du ménage et moi, je file droit dans la rectitude de notre vie commune ! Nous sommes de tempéraments, compatibles. Nous supportons sans nous agresser la contradiction. Tu as l'esprit incisif, du caractère et du chien ! Je suis mordu de toi et par bonheur, tu n'as pas de dent contre moi.

Fidèle et généreuse, tu emplis jour après jour, ma corne d'abondance de menues et délicates attentions. Tu offres une débauche de sens et de câlins à mes petits mots d'écrivain ! En veux-tu, en voilà ! Toi, tu me combles de beauté et d'intelligence. Aucunes stupides contrariétés. Jamais anti, je suis nanti. Si tu résistes parfois jamais tu ne te refuses ! L'amour est à la fois dons et échanges. Tu es mon plein plaisir des sens, ma volupté à pleines mains ! Si de ma plume coquine, je t'ai frôlé la croupe hier, je te la flatterai aujourd'hui !

Au fond, mon Augustine, mon petit loup des Lupercales, pour nous, c'est un peu chaque jour la Saint Valentin ! Tu es tout pour moi, quand je me tiens contre toi. Nous ne menons pas bacchanale, notre débauche est de volupté et de caresses... Et même, un jour d'épines est un jour de roses ! Pas de contre cœur ou de contre-amour mais d'insensés plaisirs et de jouissifs délices à l'endroit contre moi puis à l'envers aussi ! Contre, tout contre ! Toute en accords, en corps à corps !

Notre amour est à livre ouvert ! Nulle envie de tourner la page !

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Confusion amoureuse : Ordre et désordre des sens

Publié le par modimodi

 CONF 9

Ma tendre amie sait fort bien comment m'émouvoir. Qui vous dira les plaisirs subtils d'être dérangé par l'amour, de perdre la notion du temps, la raison et le souffle ? Ah ! Le divin bonheur des désordres amoureux, de la confusion des idées et des sentiments : l'exaltation, la crainte, la folie et les manques !

Ah ! Comme sont troublantes ces amourettes apparemment sans queue ni tête, qui finissent par vous la faire perdre dans le désordre d'un tête-bêche ! Oui ! Je connais cette impression de ne plus savoir ni qui on est, ni où l'on est, quand la perte totale des repères vous rend illuminé, ébloui, incertain, indécis et hagard ! Quand vous êtes à la fois et la glace et le feu, la pâleur et la fièvre !

La volupté des plaisirs et la perturbation de toutes les sensations exacerbent votre perception. Vous êtes magicien, poète et voyant rimbaldien "par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens." Vous perdez la tête, la passion vous grise, vous échappez comme Baudelaire, au spleen, à la fuite du temps et à la pesanteur du présent. Vous êtes lyrique et symboliste. Une incantation s'élève : "Enivrez-vous, enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise, mais enivrez-vous ! "

Votre cœur est un espace à trois dimensions, vous voyez des étoiles. Vous exaltez vos impressions. Vous pressentez les règles de l'harmonie dans le trouble qui vous envahit. Vous avez tant de plaisir que vous ne cherchez pas à mettre bon ordre à votre désordre intérieur ! Vous murmurez comme Phèdre :

"Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ;

Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue ;

Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ;

Je sentis tout mon corps, et transir et brûler."

Oh ! Mes tendres et belles amoureuses ! Ô toi, mon amour absolu ! Dans les licences de l'abandon, nos corps ont des excitations érotiques. Dans le pêle-mêle de nos ébats, nous goûtons aux bouleversements des plaisirs effrénés. La liberté de nos désirs nous met en débauche d'extases et de frissons. L'enfer des sens nous conduit tout droit comme des amants, au septième ciel des jouissances paradisiaques.

Dans la grâce du temps qui nous est donné mais compté, nous frémissons encore de tout notre être. L'espace d'un éphémère moment d'abandon et d'extase, nous nous prolongeons dans les ondes du temps d'aimer. Notre fidélité n'est qu'un sillage à l'écume des jours. Nous savons qu'il faut renaître bien au-delà de nous-mêmes pour engager en nos cœurs et imprimer en nos chairs, les instants de l'éternité.

En amour, la raison est le purgatoire de la sagesse, la pénitence de la réflexion, la convenance du devoir. Aimer, c'est lâcher prise !  Ainsi avant la contrainte sociale, le premier obstacle est d'abord en nous-mêmes. Nous sommes nos propres tabous. Les sentimentaux amoureux ne deviennent pas tous de bons conjoints aimants. Former un couple n'apporte pas non plus la garantie formelle de ne faire qu'un, surtout si l'attachement fait défaut ou si la versatilité cède au moindre trouble.

L'émotion rosissante est toujours provisoire, l'incertitude est l'écrin écarlate de l'éphémère beauté. Seul l'amour est durée, inépuisable dans le temps comme une promesse infinie. Il nous lie jusque dans la mort, par-delà l'oubli. En attendant, nous survivons dans la finitude et "l'insoutenable liberté de l'être". 

 

 

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Lettre pour nos tendres assauts : En force 3/3

Publié le par modimodi

 CDC 59

Force d'inertie et de frappe

Ma douce amie, où réside donc cette force qui nous porte et nous transporte ?

Même si nous nous donnons corps et âme, je ne parle pas ici, de force d'âme ! Nul courage particulier, nul acharnement comme nul effort de volonté pour affirmer notre vigueur amoureuse ou prouver notre endurance. Nul besoin de nous faire face, il suffit de nos tendres face-à-face !

Il faut bien l'admettre, il n'est qu'une seule force, c'est celle de l'amour. Bien malin qui pourrait en connaître la manière forte avec laquelle, il nous enveloppe de son armure et nous rend sans résistance.

J'oserais prudemment avancer que sa plus grande force est peut-être son apparente force d'inertie. Car voilà, qu'il nous saisit en douce au moment où nous croyons dur comme fer, que rien ne peut nous arriver ou nous atteindre. Il endort notre vigilance. Peut-être même qu'il s'infiltre en nous dans la léthargie de nos pensées rêveuses, dans l'atonie de notre cœur lent, dans l'indolence de notre volonté quand nos désirs se font poussifs et nos besoins passifs. Il trompe ainsi notre confiance et subitement emballe nos émois, réveille nos appétits, excite nos envies, exalte nos sentiments.

Nous voilà vivaces comme des plantes longuement engourdies, au sortir de l'hiver, comme de la sève impatiente, en promesses de fleurs. Nous nous réalisons alors dans l'éclosion de nos élans, dans l'amplitude de nos intentions et la fougue de nos attentes. L'impatience nous provoque. Nous voilà aiguillonnés, piqués au vif, attirés et attisés. L'amour déploie ses attaques et fait parler sa force de frappe à petits coups de cœur.

L'aveuglement qui nous saisit et que d'aucuns appellent éblouissement est une feinte violence et une tendre agression que nous transfigurons pour l'être aimé en parlant de sa beauté éclatante. Nos sens sont avivés dans une extrême exaltation. Nous nous brûlons les ailes au brasier qui les enflamme. Notre raison chavire quand nous parlons d'aimer à la folie, notre vie s'abandonne quand retentissent les murmures et les cris de mille : "je t'aime à la folie". Et chacun se donne à bouche que veux-tu, et chacun se jette impétueux, à corps perdu.

L'ardeur donne de l'audace. On se griffe, on se mordille, on brûle sur des charbons ardents. Au paradis des divins bonheurs, l'amour a la beauté du diable et même le diable au corps ! Qu'on se le dise et qu'on le proclame ! Lucifer est un ange qui vous fait perdre patience et vous dote de la ruse d'un fieffé diablotin. Sans sauvagerie, il vous contraint à en venir aux extrémités, jamais les pires mais les meilleures ! Le plus réservé se dévoile sous l'emprise de ses pulsions. Dans le miroir des illusions hypnotiques, chacun est fasciné. Les yeux et les corps se révulsent. La passion est d'enfer !

Entre cris et murmures, gémissements et soupirs, la volupté est souveraine. Synonyme de délices, elle nous emporte unis, au plus haut point de fusion. Elle n'est plus qu'acmé dans le paroxysme des ivresses, dans le déluge des caresses, dans la frénésie érotique. Les licences de la chair nous élèvent d'extase sexuelle en apogée sensuelle…"Ô mon céleste amour, ne descendons plus !"

 

 

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Lettre pour nos tendres assauts : En force 2/3

Publié le par modimodi

 CDC 58

Tour de force

Ma douce amie, le proverbe a sans doute raison : "Plus fait douceur que violence." L'inattendu nous a, un jour, saisi le cœur. Mais au-delà de la bouleversante brusquerie de notre rencontre, nous avons ensemble choisi la tempérance et l'aménité. Passé le choc du premier contact, nous vivons, en partage apaisé, les coïncidences de nos bouts de chemin commun. Nous nous prenons par la main pour mieux tenir la route.

Pas besoin de passer en force pour imposer à l'autre, une position. Personne n'a la haute main sur l'autre ! Quand nous cherchons à prendre le dessus, c'est pour camper sur la meilleure des positions, celle du plaisir et demeurer le plus longtemps possible sous son emprise. En confidence, je t'avoue que je ne refuse jamais ton excitante emprise et ta jouissive domination. J'admire même le doigté avec lequel tu maîtrises et domines ton sujet. Ô combien ! J'adore mourir d'amour, écrasé par toi !

Dans ce quotidien apaisé et serein, inutile de faire montre de véhémence pour distiller un avis ou avancer une opinion même divergente. C'est en dehors de toute volonté d'inféoder ou d'aliéner l'autre que nous favorisons le dialogue. Pas de désapprobation imprécatrice, la voie de nos coquines réjouissances se parcourt à pleines voix de jouissances !

Nous dominons nos instincts et nous matons nos révoltes internes lorsque l'agacement nous gagne. Nous gardons ainsi notre vigueur pour mieux nous cabrer dans l'intimité. Notre force d'endurance s'affirme toute entière dans la durée de notre ténacité. Nous résistons aux coups de boutoir des jours et nous rions de l'affolement des tempêtes dans nos verres d'eau et nos tisanes !

A force de vivre, nous n'échappons pas au commun des mortels ! Bien sûr, la routine cherche toujours à nous prendre de subtile force en imposant ses rituels. Mais nous luttons contre ces habitudes du quotidien qui, dans la recherche de sécurité, chloroforment nombre de couples. Nous ne voulons pas à toute force d'un bonheur sans nuages. Par delà les caprices de notre ciel changeant, ses brumes et ses grisailles, ses tourments d'ardoise ou de plomb, nous cherchons sans cesse la lumière.

A l'abri des orages, nous cherchons le plus possible à nous étonner l'un et l'autre de nos différences. Si nous nous affrontons, c'est dans de tendres et délicieux duels. Et, mon Dieu, quel bonheur quand nous tombons à la renverse ! Nul besoin d'être une force de la nature pour laisser parler la force de nos natures !

Nulle sauvagerie où nous chercherions à contraindre l'autre et à le prendre de force. Non ! Par surprise à la rigueur mais toujours sans effraction. Je n'ai jamais eu besoin de le fendre ou de le briser pour que tu m'ouvres spontanément ton noble cœur. Bien au contraire, nous nous donnons libres et consentants, à cœurs ouverts, à corps offerts.

Ma douce amie, nous nous aimons en réinventant les mots et en augmentant les preuves d'amour. Nous cherchons inlassablement à en varier les expressions et les nuances dans toute la force du terme ! C'est même là, notre tour de force : créer de la durée en multipliant, à longueur de temps, de minuscules instants comme autant d'étincelles de petits bonheurs.

Ces lucioles d'éclats de joies et de rires dansent sur nos vies sans faire peser le fardeau de l'âge. Nous restons jeunes, nous pourrions dire, encore et toujours, dans la fleur comme dans la force de l'âge ! Si nous prenons de l'âge ingrat, c'est toujours de l'âge tendre, c'est à jamais de l'âge d'or.

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Lettre pour nos tendres assauts : En force 1/3

Publié le par modimodi

CDC 57

Force majeure

Ma douce amie, au début, je croyais que je n'écrivais que pour moi, pour le plaisir étonnant des mots, pour exprimer la multitude incontrôlée de mes sensations, dénouer mes idées de leurs imprécisions, confier mes sentiments à cette confiante page blanche et donner vie au dialogue interne entre mon esprit et mon cœur.

Je pensais que composer m'apportait une densité et un équilibre, comme le funambule sur le fil de la plume. Tout en grâce et légèreté mais à la force du poignet ! A présent, je sais que j'écris aussi pour toi. Et même si tu me trouves trop sérieux dans cet exercice jugé pontifiant, je veux te prouver ici que je suis bien ton captif dans l'empire de tes sens !

Je vais encore te parler d'amour de ma voix mélodieuse et te faire mes yeux doux. Laisse-toi lentement t'enchanter. Mes doigts qui se nouent aux tiens tissent la tendresse avec la force des fils de soie. Mes mots ont la force d'un vin qui enivre. Nulle dysharmonie, je suis à l'encontre de toi comme l'ombre dans le tableau. Tu peux t'abandonner, les yeux mi-clos, je me glisserai dans le demi-jour.

Ma douce amie, ici-bas, chacun choisit son mode d'approche et cherche à en doser l'intensité. Tu le sais mieux que moi ! La relation que nous portons aux événements ou aux individus dépend bien souvent de nos intentions personnelles. Prendre connaissance d'une situation, aborder quelqu'un, réaliser une tâche, etc., nécessitent en permanence d'ajuster nos actes à la situation. Rien n'est constant, ni figé.

Entre les rubans de tes bras, comment pourrais-je jouer les gros bras ! Non ! Me glisser avec bonheur et en langueur, en puissance contenue comme en finesse délicate sont chez moi quelques différences d'approches chaque fois que je me blottis contre toi. Ma force n'est pas uniquement physique, elle est de caractère, de grandeur d'âme et de noblesse de cœur comme peut-être d'éloquence. Nulle impression d'y être obligé, aucun besoin de me forcer car ta finesse, ta gentillesse et ta grâce sont tes vertus et mes exemples à suivre...Tu m'offres le paradoxe de donner de l'intensité à mon existence par ta simple douceur de vivre.

D'ailleurs, en général, personne n'aime la contrainte. Quand la nécessité s'impose par la force des choses, l'inéluctable est rarement apprécié. L'absence de choix ou de liberté d'action est plutôt vécue comme une atteinte personnelle et un obstacle au droit d'indépendance.

C'est ainsi et tu le sais, dans les cas extrêmes de force majeure, nous n'avons pas la possibilité de faire autrement. Dans ces inévitables situations, si les causes comme les conséquences varient de l'une à l'autre, elles ont pourtant un point commun, celui d'ôter la responsabilité humaine. Un tremblement de terre, un raz-de-marée, un cas imprévisible nous libèrent ainsi de nos obligations. Sauve qui peut !

D'ailleurs au risque de t'interloquer, je m'interroge. L'amour passionné que je te porte n'est-il pas lui-même, un cas de force majeure ? Souviens-t-en ! J'ai frémi à ta vue puis tremblé de peur de te perdre. J'ai été emporté par toi, submergé par l'émotion, noyé dans la houle argentée de ton regard marine. Je n'y étais pas préparé. J'ai sombré, je suis un rescapé.

Ce fut soudain et brutal, semblable à l'expression du coup de tonnerre dans un ciel serein. J'éprouve encore la sensation contrastée de sa douceur ouatée et de l'intensité de la déflagration. Tu es venue à moi, délicate et violente à la fois ! J'ai vibré, j'ai fondu dans l'alliage secret des éclairs et des couleurs de l'arc-en-ciel de tes yeux. Je fais partie de toi comme l'oiseau à la brise avant le vent d'orage. Je suis noué à toi, tu m'as graduellement serré dans les nœuds de l'amour, je suis enrubanné d'une écharpe d'iris.

Évidemment des questions se bousculent. Suis-je seul responsable de cette surprise fortuite ? Est-ce un bienfait du destin ou une catastrophe naturelle ? En cas de dommages futurs entre nous, pourrai-je invoquer la clause accidentelle du cas de force majeure ? Sous le coup de quelle puissance suprême, suis-je tombé ? Fait-elle force de loi ? Si je suis forcément impliqué, suis-je à jamais engagé au point d'aliéner définitivement ma liberté ?

Donne-moi de l'assurance avant notre prochain assaut d'amour !

 

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Lettres au cœur de l'arc-en-ciel 5/5

Publié le par modimodi

 BAL  CONF

Lettre d'espérance - Vert

Ce matin, amour, ma plume se fait solennelle. Elle veut célébrer ta grandeur ! Elle fait ses révérences à ta splendeur et à ton port royal. Alors, seul le « vous » de majesté peut se hisser à la hauteur de la beauté.

Ô mon amour, sur l'écorce de mon cœur, comme un lierre entrelacé, vous vous êtes lentement glissée. Vous l'enserrez avec douceur, en déroulant une guirlande de pensées et des bouquets de mots. Vos feuilles en étoile l'imprègnent de vert tendre. Mon paradis végétal scintille dans les parfums suaves des roses chèvrefeuilles.

A moins de nous arracher, nous sommes inséparables. Nous nous appartenons mutuellement. Nos essences se confondent et nos couleurs fusionnent leurs pigments. Sous les caresses du soleil, chacun se donne à l'autre dans une étreinte osmotique de baisers à la chlorophylle. Nous vibrons dans l'air et voulons ensemble conquérir la lumière.  

Vert, est notre couleur, notre pulsation, magnétique, notre langueur d'onde… de vie et d'espoir. Vert est le vent chargé des souffles du printemps et le vert éclatant de l'arbre de la vie.

Vert, le frais rameau de votre insouciante jeunesse. Verte, sa première branche, irriguée d'ardente sève printanière. Vert, le galet moussu, caressé et frémissant au clair ruisseau de votre tendresse. Vert, le rocher couvert de fougères, luisant de perles jaillissantes du torrent de vos yeux, quand l'amour est saison d'hiver.

Verts, vos rires de diabolo-menthe et votre frimousse en pâte d'amande. Verte, la soie de votre robe tournoyant dans la ronde des jours. Verts, vos cheveux de fée dansant au clair de lune.

Verte, la pierre de chrysoprase, chakra de votre cœur ouvert, couleur de vos espoirs aux teintes du bonheur. Vert, l'anneau magique de topaze, gravé d'un soleil flamboyant, glissé au doigt de votre Chance.

Vert, le bonheur qui danse dans l'imagination naissante de l'artiste. Vert, le vert Véronèse, l'enchantement au clair des yeux du peintre, enluminant sa palette, d'herbe bleue et de ciel vert, moussant d'oiseaux, volant vers vous.

Vert, la bouteille à l'encre renversée, dans les chemins perdus de la forêt de mes pensées écrues. Vert, le bois tendre des rimes embrassées dans lequel, en poète amoureux et ému, je taille mes premiers vers. Verte, l'ondine, la magicienne, la muse, ma muse, l'absinthe de mes mots pour Verlaine attablé avec sa mélancolie, dans le café Procope.

Vert, le U rimbaldien de « l'alchimie du verbe ». Vert, le lointain paradis de Ch. Baudelaire pour vous "ma triste et vagabonde". Verte, la cabriole dans "le vert paradis des amours enfantines" et plein "de souris vertes qui couraient dans l'herbe"…  Vert, ce murmure plaintif : Ô mon rêve sublime, pour vous mon cœur soupire. "Comme vous êtes loin, paradis parfumé !"

Vertes et noires, et blanches et rouges et bleues et violettes, les voyelles d'azur de vos yeux pour me permettre de supporter, loin de vous, "une saison en enfer". Verts, vos regards qui filtrent la lumière à la rosace de mon âme.

Vert, le tapis de la providence sur lequel nous roulons au hasard, l'un vers l'autre. Vert, le brin d'herbe qui frémit quand votre cœur soupire. Verte, la mousse du chemin qui tapisse le nid ou l'oiseau bleu attend l'oiseau du paradis, dans lequel, moi aussi, patient, je vous attends.

Verte, l'amande de vos yeux crachant le charme de leur feu. Vert, votre mystérieux pouvoir alchimique de salamandre qui me fait vivre aux creux des flammes, sans jamais me consumer. 

Vert, le bronze antique drapant de sa patine la gloire des statues. Verts, les lauriers promis à votre front pur de déesse. Verts, le jade et les agates, l'émeraude et les saphirs, les turquoises et les opales, féeriques pierres précieuses taillées pour votre diadème de royauté céleste.

Vert, le fruit de l'amour et de ses vertiges. Verte, la tige qui ouvre sa corolle et vous offre sa rose à peine éclose, comme mon cœur déploie lentement son amour. 

Vert, le fruit mordu ce matin, à vos lèvres. Vert, le vin bourru de nos jeunes ivresses. Verts, le lied et les pièges des lettres et des sons du verbe poétique offert à vos silences.

Verte, ma langue ! Verts, les mots crus de ma vie de barbouilleur de pages blanches. Verts les termes employés, trop souvent écorchés aux éclats de verre de ma grammaire ébréchée et de mon vocabulaire morcelé.  Verdâtre mon talent, exsangue, blême et livide le visage dévasté de ma passion d'écrire.

Bleu-vert, le chant de la mer à l'oreille des vagues. Verts, les chuchotis délicats de l'océan dans l'arc-en-ciel et les alizés d'outremer. Vert, le collier d'algues au cou d'or des sirènes. Vert, l'infini de vos appels du fond des eaux aigues-marines.

Vert le bourgeon du renouveau, de la fleur dans le fruit. Vert, l'alphabet de la nature qui s'effeuille dans un murmure. Verte, l'ombre complice de l'olivier. Vert, son espace pour notre espoir jamais vaincu.

Verts, les soleils cuivrés de l'horizon en flammes aux derniers feux du crépuscule, quand vous m'ouvrez les bras.

Vert, mon rayon vert qui accomplit mon vœu.

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Lettre impatiente 2/2

Publié le par modimodi

 BAL CONF

Le diable au corps

Ma déesse, ma vestale, gardienne du feu au foyer de l'innocence et de l'amour, quel temple fréquentes-tu ? Dans l'enfer de mes sens, quelle chimère enfourches-tu ? L'idéal de ta beauté est-elle une utopie pour me faire divaguer et exalter mon sens romanesque ? La folle du logis chevauche-t-elle ma raison pour la débrider ?

Dans la pyrotechnie de cet amour, tu me retiens sur les tisons pour faire grésiller la mèche de ma lucidité sensible. Ma pensée crépite des feux de tes artifices. Tu dérègles mes sens, j'explose en gerbes et cascades de lumières, je défaille à ta vue. Ô Vesta ! Tu m'as foudroyé et ensorcelé.

Je te rêve et tu m'éveilles. Je te veux à moi dans le tumulte de mes pulsions. Vénus a-t-elle ta splendeur et les grâces de ton harmonie ? Je divague dans les fantasmes de la concupiscence. Tu les fécondes de tes charmes. Tu brilles comme des escarboucles. Je me consume doucement dans la splendeur de leurs scintillants éclats. Tu es somptueusement féerique ! Je te voue un culte solaire.

Je n'en peux plus de te contempler, de tendre et de t'attendre. Avide de toi, je ne suis plus que la dérisoire convoitise de ma libido surchauffée. Je maîtrise mal physiquement mes accès d’excitation comme mes excès frénétiques. Tu me presses, je m'agite, mes envies me débordent. Mais toi, tu te dérobes en soufflant le chaud et le froid des frissons.

Je me disperse à corps perdu, en sursauts ardents et ridicules. Je me répands en vaines promesses enflammées que tu attises du simple souffle d'un soupir. Mais toi seule est torride et viens brûler mes yeux ! Tu flambes et je me consume à chaque page, en feuilletant tes caprices.

Tu es un livre ouvert mais je ne sais pas lire dans ton jeu. Le trouble sensuel de déchiffrer tes codes charnels m'exalte en incessantes poussées de fièvre. Plus rien ne me retient. Ma vue s'altère et brouille les lignes. Tu es indéchiffrable, je me perds dans tes équivoques. Les lettres du désir dansent la valse endiablée de la tentation. Elles crépitent d'étincelles. Mes envies sont sans mesure et l'incendie qui me dévore est sans limite. Je suis dévasté du feu sacré d'amour. A bout de patience et de résistance, j'explose d'élans et d'émotions !

Tu m'a mis le diable au corps. Je me distends et me disloque en pensées telluriques. Mon encrier est un volcan. La terre aride et craquelée de mon imagination érotique tremble et vomit ses tourments de pensées pâteuses, visqueuses et brûlantes. Des transes d'élans impétueux et impatients hystérisent mes élans de plus en plus furieux.

Dans cette escalade voluptueuse et ce délire inassouvi, mon écriture flamboie. Mes pleins se délient. Je suis intarissable de flots incohérents d'appels et de longs cris d'ivresse. La pointe de ma plume rougeoie au creux des braises et s'insinue dans les sillons des désirs pour y tracer en lettres incandescentes, les tables de la Loi d'amour. Mes mots brûlants de fièvre et de feu viennent se graver en mes pages, en ton cœur, aux feuillets de ton corps. Mon verbe s'est fait chair. Ton buisson est ardent. Je m'embrase.

Mes mains fébriles dessinent sur ton corps des arabesques de caresses. De mon doigt, je t'effleure à peine, page à page. Tu frémis à chaque passage. Tu m'enchantes et me grises. Ta peau chante de plaisirs sa partition en lettres d'or. Nous fusionnons nos voix et nos ardeurs. L'amour est à l'envol et à l'ivresse. Dans une exultation sublime, nous rayonnons fervents !

Nous avons perdu le temps dans l'éternité. Nos émois sont des tourbillons qui nous emportent trépidants dans les ondes de nos désirs. Ils déferlent, nous submergent et me renversent. Je naufrage dans la houle de tes hanches. Tu m'engloutis dans ton triangle des Bermudes et tu te vaporises dans une sensuelle extase. Nous convulsons et jouissons.

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Lettre impatiente 1/2

Publié le par modimodi

 BAL CONF

Chaud bouillant

Ma douce amie, je m'échauffe sûrement la bile ! Mais je n'aime pas les êtres froids comme le marbre au fond des veines, les individus tièdes comme des plats mal réchauffés, les manchots et les banquisards glacés, à l'esprit givré ! Ainsi sont pourtant les austères, les mollasses et les cons gelés qui m'entourent. Même si je tente de les fuir, je ne peux leur échapper !

Vivre avec les autres, c'est être obligé de les côtoyer pour mettre nos cinq sens à l'épreuve permanente du sens commun ! Toi et moi, nous devons vivre ainsi à double-sens et nous accommoder du bon comme du mauvais.

Je cherche à me protéger autant qu'à nous protéger de nos congénères. Car tu le sais, toi qui me connais bien, que je suis tout, sauf froid, tiède ou glacial. J'ai de l'allant et je suis vif. J'aime quand l'activité est intense et trépidante. Il ne faut pas me repasser les plats, sinon je mets les deux pieds dedans.

Au service collectif de mes concitoyens, je progresse vers eux en leur criant : "Chaud devant !" Je me fraye un passage au milieu des hésitants qui piétinent dans leurs décisions et des repus de la vie qui ont les pieds sous la table ! Ils ignorent que l'existence est trop courte pour perdre leur temps dans la tiédeur d'un bouillon d'onze heures qui les refroidira avant qu'ils aient le temps de goûter aux promesses du menu.

C'est ainsi, dis-je à mes amis ! Que vous soyez gourmets ou gourmands des plaisirs faciles, dans l'existence, ça passe ou ça casse, les œufs comme les pattes au canard ! Alors ! Vivez à train d'enfer et soyez tout feu, tout flamme. Ne laissez jamais refroidir la marmite du diable qui fait bouillir pour vous, l'eau des boudins et des nouilles. Mieux vaut vous brûler la langue que de vous la mordre !"

Tant pis si certains nous reprochent de bouillonner d'impatience devant ceux qui coincent la bulle ! Ceux-là mijotent dans le jus de leur médiocrité auto-satisfaite et dans le brouet froid de leur maigre volonté ! Tant mieux, si nous sommes bouillants et craint des durs à cuire ! Mettons-les sur les charbons ardents des opportunités, jetons-les sur le gril des urgences salutaires !

Moi, je suis ma douce aux yeux de braise, intimement à ton service. Je progresse vers ton cœur et ton corps, je m'insinue en ta tête, en criant : "Chaud bouillant !" Oui ! Je suis euphorique et fougueux, sur les brandons rougeoyants de désirs ! Je te donne mille baisers impatients de mes lèvres brûlantes. Je suis physique autant que   cérébral. Dans mon esprit bouillonnant, tous mes neurones sont en surchauffe.

Je t'y prépare un bouillon de culture à déguster grands yeux ouverts. Oui amour ! Je suis passionné de littérature et de toi ! Nous apprenons d'une même langue à épeler les mots, à faire des liaisons, à vocaliser nos joies d'apprendre le vocabulaire érudit de l'amour. Nous partageons le même souffle et le même besoin d'éloquence. Je suis épris de ton style, de ses formes, de la sémantique de ta séduction. Je suis linguiste en paradigmes amoureux. Je suis enlumineur des lettres entrelacées en nos corps déliés.

Nous sommes tous deux, fascinés et plongés dans la variété et les nuances des expressions d'amour. Je voudrais savourer, en lascives langueurs, l'étrange volupté et le mystère de ton intimité. Je suis en divination secrète avec toi. J'en entrevois les jouissances et l'extase. J'entre en pieuse adoration.

 

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Lettre aux croyants et aux impies : L'âme 2/2

Publié le par modimodi

 

  AP 2

 Mot de passe !

Le temps passe, les mythes demeurent, la religion les interprète et l'homme s'y accroche comme le lierre à la muraille des grands mystères.

Dans la conscience universelle, des échos de voix et de prières s'élèvent dans l'espace infini. Les entends-tu ?

Oh ! Toi, le commun des mortels, sain de corps et d'esprit, promis à la vie éternelle, grâce à ton âme, ta belle âme, tu es d'abord un terrestre charnel, migrant entre la vie et la mort... Avant, si l'on en croit la chrétienté, de devenir un lumineux émigré, un extraterrestre !

En ce bas-monde, ton âme est ton viatique pour l'au-delà, c'est l'assurance d'une vie bienheureuse, c'est même l'espoir de la réincarnation. C'est en ton âme et conscience, ta chance d'en réchapper, ton gage d'immortalité, selon notre sainte mère l’Église, catholique, apostolique et romaine. 

C'est, pour un iconoclaste, Pierre ou Vanessa, la clé du Paradis promis !... Il te faut donc accepter et intégrer la céleste conception d'un existentialisme surnaturel et rédempteur. A prendre comme une nouvelle chance pour toi et tes semblables de survivre, après avoir été expédiés, ad patres !"

Un mythe pour les uns, un salut pour les autres ! Voilà admise ou à admettre, la justification du sacrifice divin et la raison pour laquelle Dieu a rendu son âme à son Père Éternel. Il s'est fait homme et est mort sur une croix, pour le rachat de tes péchés, originels. Car toi, pauvre pécheur, tu n'as, dès ta naissance, pas la moindre chance. Au départ, la vie te fait ta première queue de poisson.

D'ailleurs, tu serais avisé et bien en droit de te questionner pour savoir si les âmes sont réservées à tous les pécheurs invétérés, pris en abondance comme des poissons et comme toi, dans la nasse ou le filet ? Rends-toi à la criée et reste toutes ouïes, elles se vendent aux enchères.

Tu as une bonne intuition ! Oui ! Le mot de passe pour l'eau-delà, c'est : ICHTUS ! Ar(r)ête de gamberger ! Ne te torture pas à en trouver la raison. Il s'agit du code secret, du mot de ralliement des premiers chrétiens, en vigueur du I au IV siècle, pour échapper aux persécutions des Romains. C'est une allusion référencée à la pêche miraculeuse de Jésus et Pierre sur le lac de Tibériade.

Il signifie poisson en grec mais, c'est aussi un symbole, celui de l'eau du baptême qui purifie l'âme du pécheur et c'est encore un jeu de mots, un acrostiche grec : I (iota) : Iêsoûs = Jésus, KH (khi) : Khristòs = Christ, TH (thêta) : Theoû = de Dieu, Y, U (upsilon) : Huiòs = Fils, S (sigma) : Sôtér = Sauveur... Jésus-Christ, Fils de Dieu, (notre) Sauveur.

C'est le nom mystique du Sauveur, " vivant au milieu des abîmes de notre mortalité, semblables aux profondeurs de la mer." C'est enfin pour la chrétienté : " l'Eucharistie, le Corps, le Sang, l'Âme et la Divinité de Jésus-Christ."

Tu as raison d'insister et de persévérer dans ta quête. Tu es un rescapé, un pêcheur qui doit garder sa ligne de conduite. Tu possèdes une âme en peine, qu'on t'a chevillée au corps, comme celle de ton âme sœur, à qui tu t'es donné corps et âme....

En poussant des soupirs à fendre l'âme, une criante interrogation demeure en ton cœur et en ta foi... Pourquoi t'avoir mis au monde, si c'est pour te charger de tous les maux ? Serait-ce pour justifier le sacrifice divin de chair et d'amour, que tu es assuré à ton tour de la mort du pécheur ? 

On t'a convaincu que tu es une âme damnée et qu'il te faudra rendre l'âme, qu'au départ, tu n'avais pas demandée ! On a peut-être même tenté de te convaincre que Dieu, le pêcheur d'hommes, est ressuscité pour te permettre de renaître... Tu as cru lire le script d'une nouvelle de science fiction : Le retour du mort vivant !

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Lettre aux croyants et aux impies : L’âme 1/2

Publié le par modimodi

 AP 3

Tout bien pesé

Je viens te parler cœur à cœur en toute confiance. Dans l'air du temps qui passe, il est des mots qui sont évanescents dans leur approche et leurs concepts.

As-tu pauvre mortel, la subtilité légère pour les employer ? Ainsi en est-il de l'âme, mot éthéré, nébuleux, aérien et pourtant pesant.

Au jugement dernier, selon l'Apocalypse johannique, suivant le livre de la Révélation, ton âme sera pesée pour te faire entrer, soit au Paradis, soit jeter en Enfer. Comment ? Mystère ontologique divin ! Pas de dévoilement ! L'allégorie est surnaturelle. L'énigme reste ésotérique et symbolique. Le peuple de Dieu sera délivré mais pas le secret.

Ton corps matériel aura disparu, déversé et jeté à l'âme de la terre, au sein de ses entrailles, mais ton âme, ta belle âme se sera détachée... pour aller se faire peser, tout là-haut, auprès du Très-Haut. Pauvre pécheur, est-ce là, tout ton salut ? Es-tu certain de faire le poids ? Quel heureux présage contient cette vision paradisiaque ?

Devras-tu prendre, la navette spatiale pour aller faire ta cour céleste et bêler avec l'Agneau ? Toi, qui n'es pas un mauvais cheval, quel besoin, aurais-tu de caracoler avec quatre cavaliers aux couleurs prophétiques, blanc pour la conquête, rouge pour la guerre, noir pour la famine, vert pour la mort ? Pour délivrer ton âme, seras-tu obligé d'affronter le dragon diabolique, la bête chimérique, n° 666, d'écouter un septuor de sept trompettes, joué par sept anges et devras-tu subir les sept fléaux ? Quelles plaies !

N'en as-tu pas déjà assez, ici-bas, durant les sept jours de la semaine ? Est-ce cela, le programme du séjour interplanétaire et de la croisière intergalactique ? Est-ce cela le Nouveau Monde ? Es-tu contraint de mettre en balance ton existence terrestre avec ce grand voyage pour la Terre Promise. D'ailleurs, si tu ne sais pas encore combien pèse ton âme, tu sais déjà qu'elle ne pèse pas lourd, ta chance de plaisir !

On peut t'entendre soupirer : "Mânes de mes ancêtres, ombres de mes souvenirs, avez-vous donc une âme ?" Les vois-tu déjà, sur la bascule, eux et toi, en troupeau, serrés comme des bêtes de somme, sorties de la grande léthargie ?

Au fait, si tu n'as qu'un petit pois dans la tête, mieux vaudrait pour mourir, avoir un poids sur la conscience... Car au plus haut des cieux, tes tares feront alors, bon poids ! Tout bien pesé, chacun vaut son pesant d'or. Une vraie seconde chance pour tous les poids morts !

Ton âme que tu croyais plus légère qu'un papillon sur un tableau des Vanités, ton âme immatérielle, par la grâce des anges se retrouve chargée comme la mule papale. Ne te resterait-il, sur cette terre de misère qu'à errer comme une âme en peine ? Esclave ici-bas, promis au royaume des cieux, ad vitam aeternam ! La longévité, à défaut de longe évitée ! Après la vie en noir, la vie en rose, après la vie de bohème ou de patachon, la dolce vita !

Il faut t'en contenter. Tu as en perspective, une bien mince consolation, mais quand même une consolation !...  Oui ! Tu es sensé, être promis à une seconde existence, après la mort... En effet, avant de regagner, avec ton âme sous le bras, tes pénates et de faire du lare au foyer, tu demeures et vis ici-bas !

En tant qu'être vivant, respirant, agissant, tu es la preuve du principe fondamental, immanent et vital. Tu possèdes la vie, par ton corps (Corpus), par ton esprit (Spiritus) et par ton souffle (Animus). Il t'est donné, en plus, l'âme (Anima), principe transcendant et feu principe... Force de volonté, esprit supérieur, d'essence métaphysique, selon la diversité des approches, des croyances ou des religions, l'âme est ou serait ainsi la seule Réalité. Le reste n'est ou ne serait qu'apparence pesante.

A y perdre son latin pour y gagner la vie éternelle ! Hors d'elle, point de futur, hormis la certitude de décliner ! Et le verbe s'est fait cher !... Car pour sauver sa peau, il t'en coûtera la peau et les os. Impossible de tout sauver : les meubles, oui, mais pas les appâts rances !

Scié en deux le paroissien ! Par ce dualisme du corps et de l'esprit, des actes et des pensées, tu as définitivement l'air d'en avoir deux ! Schizophrène par substance, à la recherche de ta synthèse et de ton unité, tu es pour toujours un androgyne, à la ramasse ! Il n'y a probablement que chez Leibniz, que l'harmonie soit préétablie.

De deux choses l'une, tu es un humain de mes deux ! Entre les deux, sur cette terre, ton corps et ton cœur balancent ou s'en balancent, sur le tourbillonnant manège de la matérialité. Ton esprit, volatile dans ses pensées et ton âme fugueuse, eux, jouent la fille de l'air. N'étant que de passage, eux, se transvasent avec Conscience dans l'Idéal.

Ainsi, tes capacités physiques sont indissociables de tes capacités intellectuelles, spirituelles et morales. Tes sensations, tes émotions qui te tapent sur les nerfs font le bonheur des psy ! Impossible de rester sur son Kant à soi !  La joie est aussi légère et inconstante que la fumée du cigare de Freud. Il te scrute jusqu'au fond de ton moi profond et jusqu'au tréfonds de ton âme, l'autrichien !

Tu es un inconscient, ta vie psychique n'est que conflits et tout fait mal à la tête, docteur ! Tes rêves roses sont des névroses et des psychoses qui te donnent, des idées roses de ballets roses ! Érotisé à mort, castré, complexé par papa, maman et refoulé par ton comportement antisocial, tu es bon, par pulsions et impulsions au grand transfert.

Pourtant, tu es plutôt une bonne âme, généreuse et magnanime !... Ton action humaine s'exerce dans sa force vitale, à l'extérieur, dans et sur le monde et ta Vie se fonde sur un monde intérieur, psychique dans ses idées et ses pensées comme intime dans ses croyances. C'est là, ta grandeur d'âme ! C'est là, le même Souffle vital, au sens des philosophes grecs antiques, tout à la fois, humain, divin et immuable.

On ne parle plus, dans ce cas, d'un Dieu unique mais de la déité, des dieux tutélaires et païens du Panthéon et de l'Olympe. Tonnerre et noms de dieux ! Vingt dieux !... Et plus, à ciel ouvert. Dieu, merci ! Ainsi soit-il, ce n'est pas juré !

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