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Articles avec #confidences tag

Bulletins de santé 1/3

Publié le par modimodi

BAL CONF

Petits bobos !

A l'heure des examens, des bulletins trimestriels, qu'il me soit permis d'avoir une pensée particulière pour vous, chers parents, soucieux des progrès et des résultats de votre progéniture, petits écoliers et grands étudiants.

A l'évocation de ma scolarité et de leurs souvenirs, vous allez être rassurés. Ma mémoire infidèle et mon imagination feront le reste ! Oui ! Vous avez raison d'être vigilants mais soyez confiants car c'est sur les bancs de la classe que j'ai fait l'apprentissage du bonheur !

D'ailleurs, s'il est vrai, brave Jean de La Fontaine, qu'il y a des animaux malades de la peste, il est vrai aussi, braves gens, qu'il y a des écoliers malades de l'école. Je n'ai pas fait partie de ce troupeau. Même si, à l'école des arts et lettres et de la vie, j'en suis encore à faire le bébête aujourd'hui !

C'est sans doute la raison pour laquelle, régulièrement, l’Éducation Nationale prescrit aux enseignants quelques ordonnances et leur administre un léger traitement, qui justifie, à lui seul, leur sale air quand ils le reçoivent. Ils font souvent grise mine mais n'est-ce pas normal pour des enseignants dont le talent est Conté ?

Chers parents, ne vous inquiétez pas des maladresses de vos chers collégiens ou lycéens, ils s'en sortiront avec assurance. Oui ! Je dois vous avouer que tout petit déjà, j'accumulais les boulettes qui m'ont donné plus tard, cette mine de papier mâché.

Haut comme trois pommes, ma famille me trouvait trognon mais à ma grande surprise, en me voyant, mes premiers camarades se fendirent la pêche et la poire, sauf par bonheur, ma délicieuse et belle Hélène, si belle à croquer !

J'avais le menton en galoche, seule ma marraine, une brave Lorraine, trouvait ça beau ! Mais qu'importe, même avec la vue basse, j'allais, gonflé d'espoir familial pouvoir m'envoler comme une baudruche vers les hauteurs de la scolarité.

Hélas, je ne pouvais me délester d'une gaucherie atavique. J'étais lourd, empâté et pataud, logique ! Sur mes pages d'écriture, je n'arrivais pas à faire les boucles et mes lettres b avaient bizarrement un coup dans l'aile.

Je m'appliquais fiévreusement mais croyant à de la mauvaise volonté, l'institutrice me prit en grippe. Moi, trop timide, je rougissais à la moindre remontrance. Ma mère poule croyait que je couvais une maladie. Heureusement, une rougeole et une scarlatine m'offrirent le répit de me faire porter pâle.

Bien mieux, avec la varicelle, ma pesteuse d'instit à qui je filais de l'urticaire pouvait aller se gratter. Moi, la mauvaise gale, moi, le microbe qui n'avait pas le virus de l'école, j'allais pouvoir répandre l'épidémie et décimer les troupes.

Ah ! Quelle plaie ! Ma scolarité fut ainsi une longue suite de petits bobos qui n'ont en rien influencé mon actuelle et insolente santé. D'un naturel plutôt casse-cou et acrobate, en gymnastique, je marchais sur la tête et je me jetais tête baissée dans l'espoir d'être le premier. Je fus souvent au tapis. J'avais beau faire des pieds et des mains, je sortais du cours sur les rotules !

Il m'arriva plus d'une fois, de voir trente-six chandelles. On m'encouragea pourtant, sous le prétexte que c'était un progrès prometteur pour quelqu'un qu'on estimait ne pas être une lumière. Mais un jour, en cours de gymnastique, quelqu'un sauta bien plus haut que moi. Je tombai de haut avec une entorse en prime. Je l'aurais volontiers emplâtré !

Nulle crainte, chers papas et mamans ! L'existence poursuit ses leçons et offre l'enseignement et les méthodes pédagogiques les plus efficaces. Comme vous le faites, vous-mêmes avec bienveillance et amour, elle veille sur vos petits potaches et leur apporte les interrogations, les exercices et les corrections nécessaires pour qu'éclosent les réussites.

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Lettre à ma mie printanière : Le parapluie

Publié le par modimodi

BAL CONF

J'ouvre un œil ! Il pleut ! Encore une averse ! Foutu printemps !... Pas très envie de me lever ! Je m'étire. Je rêvasse en paressant au lit. Je n'ai rien de prévu, sauf à penser à toi.

J'écoute les sons métalliques et cadencés de la pluie qui crépite, ruisselle et rebondit sur le zinc des gouttières. Je me souviens soudain de cette obsédante poésie de P. Verlaine, apprise autrefois : "Ô bruit doux de la pluie / Par terre et sur les toits ! / Pour un cœur qui s'ennuie, / Ô le chant de la pluie !"

Mais non ! Mais non ! Pas de chute d'humeur, pas de spleen, ce matin ! Aucune souffrance, aucun chagrin ! Entre nous, pas de profusion d'ennuis aux lourds sanglots de pluie ! Il ne pleure pas "dans mon cœur comme il pleut sur la ville." Je devrais évoquer plutôt C. Trénet et "la pluie qui fredonne sur un rythme joyeux".

Je ne suis pas triste, au contraire ! Je prends ce don du ciel comme un rire de printemps ! Je n'ai pas le désespoir mélancolique et amoureux de Geneviève pour Guy dans "Les parapluies de Cherbourg." Ce n'est pas moi qui vais chantonner en pleurnichant sur le quai de la gare : "Non, je ne pourrai jamais vivre sans toi, je ne pourrai pas. Oh mon amour ne me quitte pas."

Je pense plutôt à cet ange qui tomberait du ciel, à cette belle inconnue qui cheminerait sur la grand route et sous l'averse et qui pourrait m'offrir "un petit coin de paradis contre un coin de parapluie." Oui ! Voilà une perspective bien plus réjouissante ! 

En cet instant, je préfère nettement cette toute première ariette matinale à cette autre célèbre romance impressionniste, "monotone comme un sanglot long des violons de l'automne". Elle serait ici incongrue, car elle ne convient ni à la saison ni à ce réveil aussi tonique avec tambour de la pluie battant.

Oui ! J'ai plutôt le moral qui reverdit et les souvenirs qui fredonnent. Je me ragaillardis et c'est C. Nougaro qui vient me trotter dans la tête : "La pluie fait des claquettes sur le trottoir !" Oui ! Mon cœur danse. C'est dans une heure, ma douce, ma mésange, mon bel oiseau de pluie et de soleil, que tu vas me rejoindre. Alors, comme dit J. Brel : "Il peut pleuvoir sur les trottoirs des grands boulevards, moi, je m'en fous, j'ai ma mie auprès de moi."

Qu'importe qu'il pleuve des cordes et des hallebardes ! Il peut bien pleuvoir à torrents, à seaux et à vache qui pisse et obliger même, cette cruche de bergère à rentrer ses blancs moutons. Moi, j'ai la fraîcheur de J. Prévert : "Il pleut, il mouille, c'est la fête à la grenouille... Et la grenouille, c'est mon amie."

Ma petite naïade, quand il pleut sur mon toit, l'averse rime avec renverse et comme souvent, je suis bien à l'abri, lové entre tes bras. L'amour nous a, depuis longtemps, dans nos baisers de pluie, mis son eau à la bouche. Elle coule sous le pont de nos corps immobiles, offerts au temps qui glisse doucement. Nous nous tenons blottis sans craindre les pépins ni les pluies acides ou amères de reproches. La tendresse nous protège des pluies intempestives, des grêlons, ces mauvais coups du sort. Aucun chagrin crachin, aucun crève-cœur nuageux et cendreux, pas de crue d'emportements incontrôlables.

Toi, qui me viens avec tes grands yeux de pluie, de gris bleu argenté, tu es pareille à la fleur du soleil qui jette ses pierreries dans l'ondée et le vent. Tu m'offres l'arc-en-ciel diapré du bonheur des amants. Dans la nuit de mai, caché sous le feuillage mouillé de pluie, le rossignol va chanter en espérant l'aurore.

Si parfois nos regards viennent à s'embuer, c'est toujours d'émotion et de joie. Nos quelques maladresses dues à l'empressement de nos désirs ne nous ont pas fait faire d'impairs. Nous avons apprivoisé les orages sous la peau et nous pourrions ainsi résister au déluge et nous aimer, "quarante jours, quarante nuits".

Qu'il pleuve encore et d'abondance ces cascades de frissons, avalanches de baisers, grains roulant de notre amour. Je bois à la fontaine la plus belle eau claire de ta vie. Il peut tomber du ciel une pluie de météores, j'ai fait pour toi, mon ange, notre lit à la belle étoile.

 

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Appel à Pénélope : Retours.

Publié le par modimodi

 CONF 21

La vie est, selon la sagesse populaire, à la fois, un éternel recommencement et un aller simple, sans billet de retour !

Mes pensées font tapisserie dans ma têt qui vagabonde. Ce jour, je peux dialoguer avec l’au-delà et plonger dans la mythologie. je ferme les yeux. Me voici à Ithaque... Je converse et me confie;

Ô Pénélope,  quelle curieuse évocation affleure en mes pensées pour tisser la toile de mes songeuses espérances ! Entendra-tu mes soupirs dans cette confidence intemporelle ?

Que dois-je et que devons-nous croire à présent, nous, les pauvres mortels ? Nos impressions peut-être, mais elles sont si fugaces !...  " Et rose, elle a vécu ce que vivent les roses, l'espace d'un matin..." Amère consolation !

Ah ! Faut-il donc, croire que nos regrets et les désillusions se ressourcent dans nos souhaits et dans l'espoir ? Avais-tu en toi, Pénélope, cette secrète conviction qui tirait inlassablement le fil de tes pensées intimes ?

Est-ce ainsi que nous-mêmes attendons, quand l'hiver se fait trop long, le réveil de la nature engourdie, le retour des jours cléments, des oiseaux libres du printemps ? Est-ce ainsi que nous aspirons au renouveau, et au regain de la sève et des désirs ? Est-ce ainsi que, dans un long engourdissement puis dans les premiers frissons, le germe et le bourgeon attendent patiemment le retour en force de la vie, frémissante de fièvre.

Trahis maintes fois par nos illusions, nous intériorisons nos déconvenues et nous tentons toujours de nous réenchanter. Au final, n'attendrions-nous rien d'autre que le réveil de notre conscience primitive et le retour aux sources originelles ?

Le retour ne serait-il qu'un mythe primordial, si bien décrit par les philosophes et les poètes nostalgiques ? Un âge d'or ou de raison, une fleur de l'âge ou de retour d'âge, une recherche éperdue d'un absolu et d'une unité perdue ! De la perfection physique jusqu'aux désastres du temps, de l'idéal exalté à la déperdition de la jeunesse et de la beauté, l'homme n'espère-t-il pas, infiniment plus, la renaissance que les recommencements !

Aujourd’hui, ne vois-tu pas, chère Pénélope, que notre semblable n'en finit pas de regarder autant vers l'avant qu'en arrière ! Il est préoccupé de son présent mais plus encore soucieux, à la lumière ou aux lueurs du passé, d'éclairer son avenir. Il a souvent l’œil humide, dans le rétroviseur de ses émois ! Il s'emploie, il s'active, c'est un rétro actif !

Quand il se fait du cinéma et qu'il se repasse le film, on dit qu'il est en rétrospective. Quand un grand bonheur ou un petit malheur n'arrive jamais seul, on dit que l'histoire se répète et que le temps de vivre ou d'aimer se mire dans ses reflets ! Quand contemplatif du passé, il recule bien plus qu'il n'avance, on le dit rétrograde ! Quand il mouline en sens inverse, on dit qu'il fait du rétropédalage ! Car c'est dans le yaourt ou dans la semoule, qu'il nourrit ses hésitations et sustente sa nostalgie ! Dirais-tu qu'il file un mauvais coton ?

Pendant ce temps qui s'étire, l'humanité entière patiente. Oui ! Comme toi, douce et constante Pénélope, l'épouse vertueuse attend sur le quai désespérément vide, le retour du navire et de son marin, au long cours. La fiancée et la marraine de guerre attendent, en gare, le retour du héros et du bonheur promis ! L'amoureux éconduit attend, à la porte de son château de cartes, en précaire équilibre, un retour d'affection ! L'amer destin a écoulé ses rêves au sablier des jours ! Mais quand le refus catégorique arrive par retour du courrier, l'infortuné qui comptait sur un retour de flamme, se prend un retour de manivelle qui met fin à sa passion comme à ses doux transports !

Que dirais-tu à mes compagnons de route et d'Odyssée, qui vivent leurs existences en incessants allers et retours, à la manière d'un métronome. Ils rythment obstinément leur vie, à la mesure de leur volonté avec toute la puissance de leur énergie physique et mentale. Au canevas de la vie, ils alternent pensées et souvenirs, actions et réflexions en dévidant, pleins d'espérances malgré les obstacles, la bobine du bonheur.

Le tissu de l'existence a parfois des jours mités et ils ont grand-peine à ravauder. Alors, ils tissent à nouveau la toile pour que la joie et les plaisirs filtrent à travers l'étamine. A la grande question du sens existentiel, du fond du temps, l'écho leur répond en retour que c'est eux et eux seuls, qui donnent la solidité à la trame et qu'ils prennent ainsi, en agissant de la sorte, sens dans le tissage !

Avec les idées fixes, ici ou là, des obsessionnels font du larsen, des radoteurs du feed-back, des cœurs de pierre des ricochets, des vieux cabots du come-back, des bonimenteurs du boomerang, des idéalistes du saut à l'élastique, des zozos du yoyo ! Bis repetita, la vie ! Les douleurs et les joies, la ritournelle des doux aveux, les leitmotivs de la discorde et la rengaine de tant de jours et tant de nuits ! ... Et toi, persévérante Pénélope, tu remets patiemment, sur le canevas, tes espoirs à l'endroit et tes peines à l'envers, en attendant le retour de ton bel Ulysse.

Oh ! Je t'admire d'avoir beaucoup brodé et dû pendant vingt ans, en découdre avec le temps et le découragement. Tu aurais pu tomber en quenouille ! Et tandis que lui, loin de toi, insouciant, attendait peut-être le dégel ou le retour d'âge, toi, prisonnière d'un amour fil à fil, avec constance, tu faisais tapisserie !

L'aventurier semblait en tout cas, avoir renoncé à sa ceinture de chasteté, avoir perdu la route du droit chemin et n'avoir plus l'esprit de retour, préférant être de mèche avec quelques sirènes enchanteresses ! Mais peut-être que toi, Pénélope si fidèle, qui avait repoussé cent quatorze prétendants et dont le parfum de tes vertus s’exhalait dans les nuits d'Ithaque, n'avais-tu pas assez pour lui, ce petit goût de "Revenez-y" !

 

 

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Lettre aux électeurs : Impopulaires ! 2/3

Publié le par modimodi

 AP 11

Démocratie et désamour !

Braves citoyens, gentils électeurs, savez-vous que l'élu de la république est beaucoup plus chanceux que la vedette du moment. Il passe bien au-delà du temps de la rengaine et du slogan politicard, il se maintient, peinard ! Il a tout le temps pour sa mission que, dans le temps de la pêche aux voix, il appelait sa chance et aujourd'hui, sa charge !

De la victoire en chantant à la déroute déchantant, elle se répète sur un ton ringard, la ritournelle politique. Elle cherche parfois à couvrir la beuglante qui monte du troupeau des claque-galoches battant le pavé de la déception ! Elle passe ainsi du tube à la scie, de la valse des roses au pot-pourri, hier fredonnée, aujourd'hui sifflée.

Les maîtres-chanteurs ont un vaste répertoire, mais le tube politique est toujours creux ! La chanson gaie et de charme du temps de la campagne électorale devient vite une chanson triste. N'entendez-vous pas la complainte, la goualante des pauvres gens ? Pauvres de nous, ils se réclament tous de l'assistance publique ! A l'aide, État providence ! ... Autres temps, autres mœurs. Après les : "Ah ! Vote, de bon cœur !" voici, venus les : "à votre bon cœur !" De la main sur le cœur à la main tendue !

Quand survient le désamour, il flotte une odeur fade et fétide qui ne sent pas toujours la rose ! Autrefois, vent en poupe, celui-là battait pavillon du parti, il était en vogue, au sommet de la vague populaire des joyeux rameurs volontaires. Plus tard, en pleine galère, on a vu un certain capitaine de pédalo tanguer plutôt et, de bâbord à tribord, rouler de gauche et de droite, faute de savoir mener sa barque !

Hier consacré et béni, aujourd'hui sacré c..., pour citoyens béni oui-oui ! Mais qu'importe sa réputation, il a un mandat fixé et une durée garantie ! Il peut prendre un train de sénateur ! Il en profite à fonds perdus du déficit public, car il sait bien que son heure de gloire n'est rien face à l'éternité d'oubli qui l'attend déjà !

Voilà sans doute pourquoi, une fois élu, il ne fait plus d'efforts et que les promesses, une fois faites ne sont plus tenues ! Il croyait se tailler une bonne réputation, il s'est fait tailler un costard ! Mais qu'importe qu'il soit mal aimé ! Il sera alors délaissé et remplacé aussitôt par une autre marionnette, un nouveau beau parleur, un prometteur de beaux jours ! Plus jeune, plus svelte, d'un style faussement nouveau, il séduit par son "vocabulle-d'air" et s'égosille pour convaincre !  

Il a la même technique, les mêmes arguments, maquillés différemment ! Il séduit, le joli cœur, pour être l'élu du cœur. La société civile va rénover la vieille politique ! Les techniques managériales et entrepreneuriales sont au cœur du pacte républicain !

D'ailleurs, faites-lui entière confiance, il vous enverra l'enfoiré, directement au resto du cœur ! Il ne faut pas saliver devant le menu électoral. Parce que la faim justifie les moyens, avant le bourrage des urnes, on pratique le bourrage de crâne pour estomac vide ! Par un symptôme d'homéopathie démagogique, après vous avoir doré la pilule, le jeunisme conduit au jeûne ! Inutile de pleurer dans le gilet, il est jaune !

La démocratie a son encart publicitaire : Élection, piège à c... ! Votez pour moi, pas pour mon programme ! Faites le bon choix ! Le tri sélectif est le nouveau mandat électif ! Les promesses de Monsieur Propre sont toutes recyclables au fond de l'urne comme les bulletins au fond de la poubelle jaune !

Le jeune loup a l'égo démesuré, visible depuis l'espace. Il a limé ses crocs, blanchi ses dents et s'est déguisé en agneau. Il entre dans la bergerie électorale et bêle avec le troupeau des électeurs, braves petits moutons de Panurge, tous bouche béèéèe ! Il faut bien faire croire qu'on est de mèche quand on a jamais eu ou plus la flamme.

Oh oui ! Naïfs électeurs,  vous allez volontairement vous faire embrocher, badigeonner de belles paroles et griller lentement sur les braises du feu sacré !

 

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Lettre aux électeurs : Impopulaires ! 1/3

Publié le par modimodi

 

 AP 10

De l'isolement à l'isoloir !

Sur notre terre, chacun cherche à être aimable, c'est à dire digne d'être aimé afin d'aimer et d'être aimé ! L'humain le désire et le veut, l'homme public s'y emploie. Qu'il soit amoureux, artiste ou politique, il doit séduire et plaire, attirer et convaincre. Alors, l'amour consacre l'un, la notoriété auréole l'autre.

Ensuite tout est question de nombre, d'audience et d'auditoire. L'amoureux transi assume, dans sa solitude, l'abondance de ses désirs. L'amoureux éperdu et déclaré voudrait être unique et convaincant comme mille soupirants. Sur le devant de la scène, l'artiste cabotine pour garder ou conquérir ses fans et l'homme politique promet d'un ton vibrant le bonheur immédiat pour gagner la confiance !

Une même stratégie de quête de victoire : attirer et séduire pour gagner les cœurs ou les voix ! Mais sachons chacun garder du discernement ! Quand vous êtes aveuglé d'amour, attention à ne pas, en plus, rester sans voix devant votre promise ! Si vous êtes encarté à un parti, ne donnez pas naïvement ou aveuglément votre voix au premier candidat venu ! Paroles ! Paroles ! L'objectif est le même pour tous : sortir de l'isolement ou de l'isoloir et être l'élu, de votre cœur, du public ou du peuple, par affinités électives ou par élections ! ...Vox populi, vox dei ! Formule con, sacrée !

Cyrano se hisse en haut de l'échelle pour gagner le balcon de Roxane, la vedette se voit en haut de l'affiche, le postulant veille à ne pas se la faire décoller ! Tous, comme Icare rêvent de se faire une place au soleil et se voient au Zénith avec Phaéton !... Au risque de se brûler les ailes, à chacun, son fantasme ou son ambition !...

Elle est son étoile au firmament du cœur, il la rêve en superstar ! Lui, pour éviter d'être l'astre filant du désastre électoral, tire des feux d'artifices de belles promesses et des plans sur la comète ! Quand l'un se jette à ses jolis pieds légers, l'autre veut le monde ou les électeurs à ses pieds !

Par le charme, la magie, l'envoûtement, les philtres d'amour, les belles déclarations, l'amant, l'idole, l'homme politique veulent plaire et avoir la première place dans le cœur ou l'espace public ! 

Ami citoyen, prenez le temps d'observer l'homme public qui se croit providentiel... L'électorat est large, alors il le ratisse consciencieusement, dans l'espoir de ne pas prendre de râteau ! "Ah vote, bon cœur ! Démocrate-moi où ça démange !" Il brigue avec emphase et culot les suffrages du peuple.

Le gentil prétendant énamouré s'efforce discrètement de ne pas faire peuple. Il lui faut être prévenant et distingué et ne pas donner dans le genre vulgaire ou populaire ! Ce n'est pas la cote de popularité qu'il vise mais plutôt le passage en douce dans la cotte de mailles de sa Jeanne !

Quant aux éphémères people, eux ne dureront que le temps d'un feu de paille et de paillettes d'engouement. A la une, en couverture et en première page pour finir en dernière page avant la trappe aux oubliettes ! Bien en vue, puis mal vus, portés aux nues et maintenant dénués d'intérêt ! Le sex-appeal s'est déchargé trop vite ! Les voilà "Emportés par la foule" des groupies excités, devenus indifférents aux charmes déclinants !

On ne peut pas hélas, jouir éternellement ! La popularité comme le plaisir d'amour ne dure qu'un moment ! Qu'elle vous fasse ou non une belle jambe, elle est plus vite descendue que l'escalier ! Hier, au temps de la claque pour les chapeaux-claque, l'applaudimètre dictait sa loi, aujourd'hui, vive la publimétrie et l'audimat !

Aristo ou populo, tous des gogos et démagos ! Pour la classe ou la populace, quand le pays touche le fond, le sondage s'impose ! Chers amis électeurs, un peu d'indulgence ! Excusez mon relâchement et mon manque d'ouverture ! Vive la raie publique ! Nous voilà, tous percés à jour et entubés profondément pour y prendre la température ! Hier les reporters arpentaient en micros-trottoirs, aujourd'hui, les instituts de sondage ont pignon sur rue !... Vue dégagée jusqu'à la cote ! ... De la cote d'amour à la cote d'alerte !

 

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Lettre à une absente 5/5

Publié le par archibald_06

BAL CONF

Amnésie et éternité

... Amour, amie, amante, à faire sonner les évocations rêveuses d'un autre temps, ne crois pas, qu'on puisse prendre connaissance de tous les secrets de l'univers ! N'imagine pas, qu'il suffit d'écrire ses mémoires ou ses annales, avec des mots incandescents pour fondre en une coulée brûlante, l'espace dans son champ d'étoiles flamboyantes.

Il n'y a pas que la lumière en ce vaste monde. Il n'y pas que les fantômes d'obscurité, dans le cachot de ta réminiscence. Il n'y a pas que le hasard dans le champ pierreux de tes mentalités. Il y a toi, mosaïque de tendances, puits d'interrogations. Il y a toi consciente, impuissante du constat de perte de ton identité spirituelle, contrariée par ta déchéance mémorielle, intriquée dans le désordre des abstractions.

" Ah oui, devenir légendaire,

Au seuil des siècles charlatans !

Mais où sont les lunes d'antan ?

Et que Dieu n'est-il à refaire ? (Je ne suis qu'un viveur lunaire. Jules Laforgue)

Au-delà donc des contemplations et des ivresses sacrées ou profanes de ton imagination, tu cherches inlassablement à déchiffrer les signes comme à interpréter les apparences. Tu as beau te condenser dans l'instant éphémère du souvenir, le vent en toi fait la place au silence.

Tu as le cœur à la fenêtre et tu tâches de trouver en toi, le passage accessible qui conduit aux figures et à leur code explicite. Tu cherches à les rencontrer car elles t'habitent de leurs présences énigmatiques et muettes. Elles dansent et projettent sur les parois de ta caverne leurs ondulantes fantasmagories. Rêve ou réalité ? Tu ne pourras jamais écrire l'imprévu de ton cerveau. Tu ne peux pas te délivrer de l'ombre de toi-même.

"Savez-vous qu'un jour

L'homme est seul au monde ?

Savez-vous qu'un jour

Il revoit l'amour ?

Vous appellerez sans qu'on vous réponde ;

Vous appellerez

Et vous songerez ! ..." (Qu'en avez-vous fait ? Marceline Desbordes Valmore)

... Amour, amie, amante, je veux, tu veux revoir l'amour. Nous voulons retrouver ses vibrations, ressentir ses ineffables palpitations. Bien sûr ! Le voulons-nous ! Bien sûr, la joie nous illumine encore, nous nous éblouissons de déjeuners de soleil. Nous aimons mieux la terre et les vivants, nous effleurons nos âmes ! La vie prend patience dans la pensée, le temps s'accroche à nos paroles, nous sommes silence entre les cris. Mais nous nous effaçons dans le bruit, grelots et cloches de l'amnésie.

Oui, avec l'âge, comme moi, toi aussi, tu te dépouilles de tes arguments, tu abandonnes ta foi. Ta clairvoyance te délaisse. L'opacité et le flou t'envahissent. Tu flèches tes labyrinthes. Tu voudrais lire entre les lignes, saisir à demi-mot. Tu tentes de condenser les arguments, tu désires traverser le no man's land des observations égarées. Tu voudrais vivre à l'infini, sans souffrir des coupures et des liens de tes propos illusoires, de tes mots provisoires. Voilà comment tu imagines, ton jugement dernier.

" Et l'ombre, et les regrets, et l'oubli sont vainqueurs " (Les fleurs d'Ophélie. Laurent Tailhade)

Tu inachèves en permanence, jusqu'au jour, où il te faudra enfin passer le temps et sans pudeur rendre l'âme au hasard, sans avoir su modeler les mots, les corps et les désirs.

" Et si pour aujourd'hui vos beautés si parfaites

Ne sont comme autrefois, je n'en suis moins ravi,

Car je n'ai pas égard à cela que vous êtes,

Mais au doux souvenir des beautés que je vis " (Sonnet à Sinope. P de Ronsard)

... La mort seule conserve peut-être, à l'infini du vide, nos peurs et nos aventures. Nous ne gardons dans le présent que leurs sosies. Dans la lumière bleue du vitrail de notre dernière nuit, nos désirs retenus perpétuent le mystère. Si le désert est libre, l'amnésie est une rose de sable que la vie offre, par amour à la mort. Le temps est en jachère dans les lisières du jour ! Qu'importe que nous passions ! Mon cœur te garde en son amour pour l'éternité, sans mémoire.

 

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Lettre à une absente 4/5

Publié le par modimodi

BAL CONF

Les chimères et les oublis

... Amour, amie amante, chacun porte le néant à l'intérieur de soi et ne veut pas s'y abîmer, dans la brisure des illusions. Il suffit de déjà suffoquer dans le carcan des certitudes.

Il faudrait pouvoir tout se remémorer pour revivre ou survivre, sans références, dans un clair-obscur, entre transparence et énigmes. Comme le passé indéfini nous revient toujours défini, nous passons en ombres chinoises, derrière la toile du destin. Alors évocations riment avec migrations, restitution avec improvisation.

" Elle est retrouvée !

Quoi ? l'éternité.

C'est la mer allée

Avec le soleil " (L'éternité. Arthur Rimbaud)

Arlequin joue en nous. Les chimères poussent leurs dominos blancs des impasses, noirs des oublis. Conscience lacunaire ! Comme une porcelaine translucide, nos savoirs se laissent prendre aux lumières démasquées de rêves inattendus. Nous trahissons en attentes et prétextes nos fortuites reconnaissances. Nos perceptions entrées en collusion s'éclatent en autant de signes.

Nos souvenirs dévoilés ou imaginés roulent comme des graviers dans les doigts des enfants.

" Comme vous êtes loin, paradis parfumé " (Maesta et Errabunda. Charles Baudelaire)

Au secret du parcours de tes commémorations, toi, tu te sais intègre et homogène. Mais au dehors, tu es Kaléidoscope pour le cinéma permanent de l'existence. Tes systèmes sont des idées fixes qui tournent sur elles-mêmes. Elles donnent aux curieux, le spectacle d'un temps écoulé et imaginaire. Elles leur permettent de vivre ta vie, dans un rêve fantasmé et sans consistance, fait d'envies ou d'utopies.

Les dogmes que tu conserves n'ont plus ni réserve, ni distance. Ils sombrent dans l'irréversible du non-dit. Les chemins de ta mémoire sont comme les routes tracées en ma mémoire, souvent ils ne mènent nulle part. Tu prends place comme moi, comme nous, en ses méandres et tu t'effaces en ses croyances. Prends garde à la fugitive raison qui sculpte des déductions dans l'espace de tes voix intérieures.

" Brûle soigneusement les actions passées, et écrase les cendres ;

Car le phénix qui en renaîtrait serait le même.

Ne t'étonne de rien par la comparaison du souvenir ;

Étonne-toi de tout par la nouveauté de l'ignorance,

Sois oublieux de toutes choses.

Avec un poinçon acéré, tu t'occuperas à tuer patiemment tes souvenirs

Comme l'empereur tuait les mouches.

Ne te souviens pas et ne prévois pas ;

Ne te préoccupe point de ta liberté :

Oublie-toi, toi-même. (Le livre de Monelle. Marcel Schwob)

Alors, bien sûr, ta mémoire te poursuit. Elle garde pour toi le secret, l'ambiguïté de l'authentique. Tu t'envoies des lettres ouvertes, tu tentes des couleurs mais tes rêves d'immortalité sont comme tes intuitions millimétrées. Tes témoignages sont déformés et interprétés. Tu as perdu les points des références absolues. Ton itinéraire fléché au milieu des confidences de tes amours anciennes n'est qu'une errance. Tu es nomade dans les chemins creux du hasard, tu arpentes les terrains vagues de tes réminiscences, tu t'aventures trop tard dans le no mans' land de ton cœur.

" Plus ne suis ce que j'ai été

Et ne le saurais jamais être.

Mon beau printemps et mon été

Ont fait le saut par la fenêtre.

Amour, tu as été mon maître,

Je t'ai servi sur tous les Dieux.

Ah ! si je pouvais deux fois naître

Comme je te servirais mieux ! " (De soi-même. Clément Marot)

 

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Lettre à une absente 3/5

Publié le par modimodi

BAL CONF

Ô ma mémoire !

... Toi, mon amour, amie, amante, tu voudrais dans la distance, raviver les souffles. Mais perpétuer ce que tu as vu ou entendu n'aboutit qu'à entremêler les images. Tes généralités et tes principes sont des verbiages et des mensonges que tu répètes devant le miroir infidèle de ta mémoire. Tu t'y confies mais ta réflexion s'est encore évadée. Tes jugements, leurs mobiles, tes mœurs, leurs aphorismes sont des tarots avec lesquels tu fais tes dernières réussites.

" Souviens-toi que le temps est un joueur avide

Qui gagne sans tricher, à tout coup, c'est la loi. " (Horloge. C Baudelaire)

Nouée au fil de la parole, tu penses encore au passé qui survit dans le présent. Sitôt que tu te rappelles tes anecdotes, que tu évoques les péripéties de ton odyssée du cœur, tu es contrainte au choix du souvenir. Suivant tes humeurs, elles sont tribulations ou glorieuse épopée ! Tu es comme Don Quichotte, chevalier à la lance ! Tu veux piquer ton rêve envolé sur l'aile d'un moulin à vent ! Tu prends les ombres de tes pensées pour des géants ! Volage est ta destinée, infidèle la chimère de ta mémoire... Ô Dulcinea !

Dans les trous de ta mémoire, dans les creux de la houle de tes récits mouvants, laisse-toi embarquer vers des soleils radieux à jamais convoqués. Qu'importe le naufrage et les rêves brisés ! Plonge jusqu'au firmament des étoiles de mer et bois le bleu, le vert des constellations marines.

" Mon beau navire, ô ma mémoire

Avons-nous assez navigué

Dans une onde mauvaise à boire

Avons-nous assez divagué

De la belle aube au triste soir " (La chanson du mal aimé. Guillaume Apollinaire)

Ta tête est un bateau aux cales pleines d'entrevues étranges et passionnées, d'urgences et de complicités. Tu as tant bourlingué, tant couru de folles aventures ! Aujourd'hui tu passes dans les ressacs et les remous d'un temps immémorial. Tu n'as pas naufragé, tu as ramené des balles d'images cotonneuses et du chanvre pour les lier. Ton cœur est assez grand pour y mettre dedans tes patiences et tes nuits, tes absences déchirées aux ronces du temps et tes sanglots brisés aux rochers découverts, d'écume frissonnant.

" Au cœur, les souvenirs pleurent confusément" (Nocturne. Henri Régnier)

Tu ne voudrais pas disparaître comme la côte dans la brume. Tu ne voudrais pas te perdre dans les formules embrouillées d'autrefois. Tes anciennes allégations sont des trésors que tu enfermes, dans les malles de ton histoire, à double tour, pour échapper au temps. Tes représentations sont des coffres pleins et cadenassés. Tu leur as donné des combinaisons secrètes. Tes bagages gardent, dans la poussière, les épisodes de ta vie. Il ne faudrait pas perdre la clé des songes endormis.

"Les souvenirs, ce sont des chambres sans serrure

Des chambres vides où l'on n'ose plus entrer...

Parce qu'on est si vieux... on ne se souvient guère...

Pourtant je sens en moi se fermer des paupières ; " (Les souvenirs. Henri Bataille)

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Lettre à une absente 2/5

Publié le par modimodi

BAL CONF

Ô souvenirs !

Sous la férule, j'ai su sur le bout des doigts, les sous-préfectures, les empereurs romains mais peu à peu, tout s'enfuit et tout s'efface, au bout de mon âge.

Pouce, je passe ! Ma voix hésite : " Arma Virumque Cano " J'ai appris ces innombrables vers de l'Enéide et j'aime encore la musique poétique et le souffle de Virgile !

Mais sitôt arrivés, les souvenirs s'enfuient à nouveau, dans des sillages oublieux, des bribes de mots musicaux ! Du chœur à mon cœur, résonne un plain-chant de voix éteintes.

De roulades en roulades, mon cerveau aubade ou rémoulade et ma tête tourne boule. Foucades et toquades ! Mes idées retrouvent la fantaisie pour aussi vite en leurs caprices, perdre le Nord :

" Je ne sais plus quand, je ne sais plus où,

Maître Yvon soufflait dans son biniou. " (Victor Hugo, Choses du soir. La Lune)

Ma logique déraille, sa boussole est folle, mes pensées s'effeuillent. Automne et hiver marchandent les saisons de mes amourettes scolaires. Toi, moi, Paul Géraldy : Toi et moi...

" Je songe à nos mauvais adieux.

Nos souvenirs sont dans tes yeux

Que la fraîcheur du jour étonne...

Ah ! les violettes d'automne ! " (Violettes d'automne. René Vivien)

Et tous ces mots écrits sur les pages de nos cahiers et de nos carnets. Mémo, tous mes mots, mes maux dits : m'aime, ô dis... Mais maudis tous mes amours et mes maudits mots d'amour, tous ces mots que je t'ai dits ! Toi, le poète ! Aux oubliettes !

" Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine

Qui vous mangera de baisers,

Que j'ai gardé la forme et l'essence divine

De mes amours décomposés ! " (Une Charogne. Charles Baudelaire)

Maîtresses d'école et mémoires d'un âne... amoureuse muette au troisième rang et mémoires d'une fille toujours trop bien rangée.... ô raison funèbre et mémoires d'outre-tombe... nos morts, no more... mes morts, memor et mémorial !

" Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir,

Du passé lumineux recueille tout vestige !

Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige...

Ton souvenir en moi, luit comme un ostensoir ! " (Harmonie du soir. C Baudelaire)

...Toi aussi, amour, amie, amante, tu es comme Mnémosyne ! Tu ressuscites des cris, des idées, des actes, mais es-tu sûre de les avoir vécus ? Ta mémoire fidèle est sans doute trop capricieuse pour restituer l'exactitude de tes conduites. Pourquoi t'épuiser à les renouer ? Est-ce pour te réconcilier dans leurs liaisons ou t'enchaîner à tes habitudes ? Dans les silences de la réminiscence, il n'y a pas de désaccord parfait...

" Mais où sont les neiges d'antan ? " (Ballade des dames du temps jadis. François Villon.)

L'enfance que tu as préservée, te laisse en éveil. Elle murmure en toi, enchante tes lointains. Elle chante dans ta langue mais les jadis et les naguère la fragmentent d'oublis. Tes opinons d'antan sont un puzzle assemblé d'émotions. Pour les fixer à jamais, il faudrait être hermétique et froid, mais le cœur souffle sur les cendres.

" Mon cœur a plus de feu que vous n'avez de cendre !

Mon cœur a plus d'amour que vous n'avez d'oubli !"

(Puisque j'ai mis ma lèvre à ta coupe encore pleine. V Hugo)

" Et, comme un tas de cendre éteinte et refroidie,

L'amas des souvenirs se disperse à tout vent. " (Tristesse d'Olympio. V Hugo)

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Lettre à une absente 1/5

Publié le par modimodi

BAL CONF

Nevermore

" Souvenir, souvenir, que me veux-tu... ? " dit, Paul Verlaine dans Nevermore.

Comment retenir le temps qui passe et ne rien perdre, à l'automne de sa vie ou de ses amours ? Ma chère et tendre, peut-on tout conserver, nos expériences, nos pensées et nos illusions, jusqu'à croire que nous pouvons tout imprimer sur le disque dur de notre mémoire et tout stocker dans notre énigmatique boîte noire ?

Faute d'esprit capable d'une telle prouesse, nous nous en tenons à la lettre. Quelque note à benêt, prise au pied de la lettre, renvoie ainsi l'homme à son origine. De pense-bête en aide-mémoire, il est défini homo sapiens, animal pensant ou donnant, laissant à penser. Mais il a beau s'en préoccuper, il ne sait pas absorber toute l'information. Il a déchiffré toute sa carte du génome, mais pas encore sa fourmillante carte neuronale.

Il pourrait lancer, comme le poète à La Petite Jehanne De France,

" A quoi bon me documenter

Je m'abandonne

Aux sursauts de ma mémoire. " (Prose du transsibérien. Blaise Cendrars)

Mais il ne veut pas renoncer, il veut connaître le grand big bang et pas le grand big bug ! Alors, il passe allègrement de l'ordinaire à l'ordinateur. A la table des matières, le programme affiche aux méninges, son menu. Tous ses souvenirs sont sur la carte : mémoire ! Ne lui cherchez plus des poux dans la tête puisqu'il cherche des puces à l'oreille ou dans sa mémoire.

Oubliés les jeux antiques, aujourd'hui, le discobole lance le disque dur. Robotique, télématique, informatique sont les faits de l'histoire en tiques. La nouvelle religion a son cantique du Quantique.

Pas d'oublis ni d'omissions ! Rien ne se perd, tout se crée et reste secret. Il n'y a plus de mémoire courte. Elle s'affiche à l'écran. Le monde est son mémento. Chacun est un code d'accès, prototype de l'espèce numen. La carte du tendre est perforée, l'amour y a fait son trou. L'homme peut encore perdre ses dents et des occasions de se taire mais il ne peut plus perdre ses souvenirs !

S'adapter pour la forme ou prendre le temps de mourir ! Sur la touche, escape ! Répéter ou être effacé, sans recommencer, répliquer ou dupliquer et pouvoir faire une dernière « reset » à la vie ! Et ce, sans trêve, sans espace et sans pause, voilà notre humaine condition ! ...

" Et pourtant, j'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans. "

J'ai souvent l'humeur du Spleen, de Charles Baudelaire. Et la vie me surprend souvent, pensif, flottant dans le nuage ouaté de la mélancolie. Parfois pourtant, au hasard des circonstances et des rencontres, chez le poète et moi :

" Un vieux souvenir sonne à plein souffle du cor ! " (Le cygne.)

...Amie, amour, amante ! Hasard ou bazar !... Quand je veux t'évoquer, voilà que ma mémoire sonne l'hallali... Dans un sursaut de vie, un son, un cri, un souffle éveillent en moi, ta présence aux abois ! Alors, je n'ai plus peur de t'oublier. Tu as laissé ta trace. Tu t'es imprimée dans mes mots et mes textes avec tous les errants, croisés en mes parcours de vie et de chances d'aimer. Ô vous, phrases jetées, vous, visages entrevus, pourquoi m'êtes-vous rendus ?

" Les souvenirs sont cors de chasse

Dont meurt le bruit parmi le vent " (Alcools) G Apollinaire.

Fourbus et traqués, pourquoi m'êtes-vous revenus ? Faut-il marcher, piétiner ou courir après les heures à jamais envolées ? Il me souvient, t’en souviens-tu ?...

" Le temps s'en va, ma Dame, las le temps ! non, mais nous nous en allons. "

Fuite du temps, des "Amours de Marie", je suis à toi, comme ce tendre Ronsard !

Oublieux depuis tout petit, ma tête est un promenoir, pour idées en balade. Je déambule sans cesse, parmi les ombres en désordre, pantins désarticulés, agités, sautillants et pressés. Prévert m'a reconnu, je suis "le cancre", l'oublieux aux mille rappels à l'ordre :

" Répétez, dit le maître "

A l'école, il m'a fallu apprendre et réciter par cœur. Aujourd'hui, l'infarctus me guette, je ne retiens plus que par mon cœur ! Holà, esprit es-tu las ? Te tiens-tu près du ruisseau ou de sa source ? Reposeras-tu comme A de Lamartine, dans ce "Vallon", dernier asile de "lumière et d'ombrage" ?

" J'ai trop vu, trop senti, trop aimé dans ma vie ;

Je viens chercher vivant le calme du Léthé.

Beaux lieux, soyez pour moi ces bords où l'on oublie :

L'oubli seul désormais est ma félicité "

Sûrement le privilège et le caprice du poète ! Mais peut-on vraiment être et avoir Léthé !

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