Bulletins de santé 1/3
BAL CONF
Petits bobos !
A l'heure des examens, des bulletins trimestriels, qu'il me soit permis d'avoir une pensée particulière pour vous, chers parents, soucieux des progrès et des résultats de votre progéniture, petits écoliers et grands étudiants.
A l'évocation de ma scolarité et de leurs souvenirs, vous allez être rassurés. Ma mémoire infidèle et mon imagination feront le reste ! Oui ! Vous avez raison d'être vigilants mais soyez confiants car c'est sur les bancs de la classe que j'ai fait l'apprentissage du bonheur !
D'ailleurs, s'il est vrai, brave Jean de La Fontaine, qu'il y a des animaux malades de la peste, il est vrai aussi, braves gens, qu'il y a des écoliers malades de l'école. Je n'ai pas fait partie de ce troupeau. Même si, à l'école des arts et lettres et de la vie, j'en suis encore à faire le bébête aujourd'hui !
C'est sans doute la raison pour laquelle, régulièrement, l’Éducation Nationale prescrit aux enseignants quelques ordonnances et leur administre un léger traitement, qui justifie, à lui seul, leur sale air quand ils le reçoivent. Ils font souvent grise mine mais n'est-ce pas normal pour des enseignants dont le talent est Conté ?
Chers parents, ne vous inquiétez pas des maladresses de vos chers collégiens ou lycéens, ils s'en sortiront avec assurance. Oui ! Je dois vous avouer que tout petit déjà, j'accumulais les boulettes qui m'ont donné plus tard, cette mine de papier mâché.
Haut comme trois pommes, ma famille me trouvait trognon mais à ma grande surprise, en me voyant, mes premiers camarades se fendirent la pêche et la poire, sauf par bonheur, ma délicieuse et belle Hélène, si belle à croquer !
J'avais le menton en galoche, seule ma marraine, une brave Lorraine, trouvait ça beau ! Mais qu'importe, même avec la vue basse, j'allais, gonflé d'espoir familial pouvoir m'envoler comme une baudruche vers les hauteurs de la scolarité.
Hélas, je ne pouvais me délester d'une gaucherie atavique. J'étais lourd, empâté et pataud, logique ! Sur mes pages d'écriture, je n'arrivais pas à faire les boucles et mes lettres b avaient bizarrement un coup dans l'aile.
Je m'appliquais fiévreusement mais croyant à de la mauvaise volonté, l'institutrice me prit en grippe. Moi, trop timide, je rougissais à la moindre remontrance. Ma mère poule croyait que je couvais une maladie. Heureusement, une rougeole et une scarlatine m'offrirent le répit de me faire porter pâle.
Bien mieux, avec la varicelle, ma pesteuse d'instit à qui je filais de l'urticaire pouvait aller se gratter. Moi, la mauvaise gale, moi, le microbe qui n'avait pas le virus de l'école, j'allais pouvoir répandre l'épidémie et décimer les troupes.
Ah ! Quelle plaie ! Ma scolarité fut ainsi une longue suite de petits bobos qui n'ont en rien influencé mon actuelle et insolente santé. D'un naturel plutôt casse-cou et acrobate, en gymnastique, je marchais sur la tête et je me jetais tête baissée dans l'espoir d'être le premier. Je fus souvent au tapis. J'avais beau faire des pieds et des mains, je sortais du cours sur les rotules !
Il m'arriva plus d'une fois, de voir trente-six chandelles. On m'encouragea pourtant, sous le prétexte que c'était un progrès prometteur pour quelqu'un qu'on estimait ne pas être une lumière. Mais un jour, en cours de gymnastique, quelqu'un sauta bien plus haut que moi. Je tombai de haut avec une entorse en prime. Je l'aurais volontiers emplâtré !
Nulle crainte, chers papas et mamans ! L'existence poursuit ses leçons et offre l'enseignement et les méthodes pédagogiques les plus efficaces. Comme vous le faites, vous-mêmes avec bienveillance et amour, elle veille sur vos petits potaches et leur apporte les interrogations, les exercices et les corrections nécessaires pour qu'éclosent les réussites.