Lettre aux cinéastes et cinéphiles 5/5
AP 17
Mes amis, cinéastes ! Mes amis des beaux-arts, vous avez l'art et la manière d'enchanter de votre cinéma d'art et d'essai tous mes amis cinéphiles, du 7ème art et des autres. Oui ! Transportés et ravis, nous le sommes tous, mes amis et moi-même dans la recherche inassouvie des arts d'agrément et d'enchantement.
Nous nous en gavons et nous en repaissons jusqu'à plus faim, jusqu'à plus soif ! Oui ! J'aime Sergio Leone un peu moins ses successeurs rugissant de plaisir à la Metro-Goldwyn-Meyer pour me servir des west-ternes de carton-pâte ! ... Des pâtes, des pâtes, oui, mais des spaghettis goûteux quand le pesto était d'Ennio Morricone !
Le cinéma a ses demi-dieux ! Batman cherche à voler la vedette à Spiderman qui tisse son succès sur la toile ! Côté héros, souvent zéro ! Plus de surineurs, rien que des supermans ! La nouvelle Garbo soigne les bobos de Rambo. Dans le péplum moderne, Rocky a joué les Maciste, Schwarzy les Spartacus, Rydley Scott, Russel Crow ressuscitent Gladiator et le choc des Titans. Mais les Zorro sont fatigués ! Billy le Kid ne s'entraîne plus avec les tontons flingueurs, Coplan sauve sa peau et James Bond s’essouffle dans un zéro, zéro septième art gadgétisé.
Monstre sacré, vamp, pire, Musidora vamp des vampires, te payeras-tu une pinte de bon sang sur les spectateurs médusés de tant de scenarii anémiés ? Vampirella, noce feras-tu avec les nécrophages ? Barbarella t'abreuveras-tu avec les marchands d'ecchymoses, les nouveaux grands saigneurs ? Le nouveau méchant petit loup a de grandes dents qui provoquent Fascination, Tentation, Hésitation, Révélation au nouveau Chaperon rouge de Twilight.
A l'époque du cinoche, les grands mioches du si moche et méchant sont alpha-bêtisés en petits Minions. De films de Q en films X, de séries A en séries B, l'émotion vient de DCD, morte en champ et contre-champ, sans honneur, trop souvent laissée en plan, serrée ! Mais d'avatar en Avatar, la voilà qui renaît en 3D, sous les beaux traits de Pandora !
Créatures de rêve aux langueurs félines et sophistiquées, qui damnez les hommes, 20 ans c'est l'âge d'or pour une si reine d'un jour ! Princesses frivoles, frisées comme les caniches de la reine d'Autriche. Si ! Si ! Vous qui avez l'âge, rêvez, espérez !
Vedettes au vent en poupe, à la proue généreuse, jetez-vous à l'eau à la recherche d'une nouvelle vague ! Vous ne risquez que le raz-de-marée auprès d'auteurs anticonformistes ! Vous ne ferez pas déborder l'audimat, juste affoler une dernière fois JP Léaud ou le Beau Serge et nous faire faire les 400 coups pour quelques baisers volés ! Attention ! Pas de nostalgie, je ne suis pas le louche à l'itinéraire d'un enfant gâté, je suis un éternel amoureux, comme un homme et une femme peuvent l'être encore et toujours, main dans la main, sur les planches à Deauville. Chabadabada ! Chabadabada !
Vous, les nouvelles gueules d'amour, Éros héroïnes, vous savez nous cloîtrer, spectateurs faces-ciné, regards hallu-cinés, tous fondus, enchaînés dans l'extase des salles obscures. Vous, les indomptables comme Louise Brooks, vous, les glamoureuses, Audrey, Jean, Katharine, Ava, Greta, Rita, Marlène, Marilyn, Elizabeth, Grace..., vous, les nouvelles Lola Montès, Mam'zelle Nitouche, Julie pot de colle, Madame sans-gêne, Casque d'or ou Grande Sauterelle..., vous les starlettes, Scarlett, Angelina, Nathalie, Meryl, Raquel, Julia, Sharon, Charlize..., si vous avez toujours cette belle et brillante étoffe, pliez-vous aux courts et aux longs métrages. Soignez votre bobine, ne vous désespérez pas de faire un jour, doublure pour des sujets cousus de fil blanc. Brodez-nous des dentelles de songeries voluptueuses pour nos jours de bourdon.
Éphémères, faites-vous légères. Soyez graciles et non faciles. Enchantez-nous d'amours et de passions. Soyez joies et plaisirs, exaltez la poésie. Restituez-nous la fiction et la fascination de l'ombre et de la lumière. Enchantez-nous, rivières, routes et forêts de nos mémoires.
Demain, les belles qui bichent n'iront plus aux abois. Les lauriers sont coupés. De ciel-de-lit en ciel d'azur les plus belles cannes décrochent la palme... Le soir, quand le Lion dort à Venise, les souris dansent à Berlin avec les ours qui se dandinent tandis qu'au firmament, les stars au corps célestes vous promettent le 7ème ciel du 7ème art !
Alors, quand tout come-back, quand tout flash-back, comme dans "Le jour se lève" me seront interdits, quand viendra ma dernière nuit, fasse qu'en un long travelling, les étoiles des toiles, filantes, météores de mystère constellent mes désirs en mes yeux sidérés.