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Lettre aux cinéastes et cinéphiles 5/5

Publié le par modimodi

 

  AP 17

Mes amis, cinéastes ! Mes amis des beaux-arts, vous avez l'art et la manière d'enchanter de votre cinéma d'art et d'essai tous mes amis cinéphiles, du 7ème art et des autres. Oui ! Transportés et ravis, nous le sommes tous, mes amis et moi-même dans la recherche inassouvie des arts d'agrément et d'enchantement.

Nous nous en gavons et nous en repaissons jusqu'à plus faim, jusqu'à plus soif ! Oui ! J'aime Sergio Leone un peu moins ses successeurs rugissant de plaisir à la Metro-Goldwyn-Meyer pour me servir des west-ternes de carton-pâte ! ... Des pâtes, des pâtes, oui, mais des spaghettis goûteux quand le pesto était d'Ennio Morricone !

Le cinéma a ses demi-dieux ! Batman cherche à voler la vedette à Spiderman qui tisse son succès sur la toile ! Côté héros, souvent zéro ! Plus de surineurs, rien que des supermans ! La nouvelle Garbo soigne les bobos de Rambo. Dans le péplum moderne, Rocky a joué les Maciste, Schwarzy les Spartacus, Rydley Scott, Russel Crow ressuscitent Gladiator et le choc des Titans. Mais les Zorro sont fatigués ! Billy le Kid ne s'entraîne plus avec les tontons flingueurs, Coplan sauve sa peau et James Bond s’essouffle dans un zéro, zéro septième art gadgétisé.

Monstre sacré, vamp, pire, Musidora vamp des vampires, te payeras-tu une pinte de bon sang sur les spectateurs médusés de tant de scenarii anémiés ? Vampirella, noce feras-tu avec les nécrophages ? Barbarella t'abreuveras-tu avec les marchands d'ecchymoses, les nouveaux grands saigneurs ? Le nouveau méchant petit loup a de grandes dents qui provoquent Fascination, Tentation, Hésitation, Révélation au nouveau Chaperon rouge de Twilight.

A l'époque du cinoche, les grands mioches du si moche et méchant sont alpha-bêtisés en petits Minions. De films de Q en films X, de séries A en séries B, l'émotion vient de DCD, morte en champ et contre-champ, sans honneur, trop souvent laissée en plan, serrée ! Mais d'avatar en Avatar, la voilà qui renaît en 3D, sous les beaux traits de Pandora !

Créatures de rêve aux langueurs félines et sophistiquées, qui damnez les hommes, 20 ans c'est l'âge d'or pour une si reine d'un jour ! Princesses frivoles, frisées comme les caniches de la reine d'Autriche. Si ! Si ! Vous qui avez l'âge, rêvez, espérez !

Vedettes au vent en poupe, à la proue généreuse, jetez-vous à l'eau à la recherche d'une nouvelle vague ! Vous ne risquez que le raz-de-marée auprès d'auteurs anticonformistes ! Vous ne ferez pas déborder l'audimat, juste affoler une dernière fois JP Léaud ou le Beau Serge et nous faire faire les 400 coups pour quelques baisers volés ! Attention ! Pas de nostalgie, je ne suis pas le louche à l'itinéraire d'un enfant gâté, je suis un éternel amoureux, comme un homme et une femme peuvent l'être encore et toujours, main dans la main, sur les planches à Deauville. Chabadabada ! Chabadabada !

Vous, les nouvelles gueules d'amour, Éros héroïnes, vous savez nous cloîtrer, spectateurs faces-ciné, regards hallu-cinés, tous fondus, enchaînés dans l'extase des salles obscures. Vous, les indomptables comme Louise Brooks, vous, les glamoureuses, Audrey, Jean, Katharine, Ava, Greta, Rita, Marlène, Marilyn, Elizabeth, Grace..., vous, les nouvelles Lola Montès, Mam'zelle Nitouche, Julie pot de colle, Madame sans-gêne, Casque d'or ou Grande Sauterelle..., vous les starlettes, Scarlett, Angelina, Nathalie, Meryl, Raquel, Julia, Sharon, Charlize..., si vous avez toujours cette belle et brillante étoffe, pliez-vous aux courts et aux longs métrages. Soignez votre bobine, ne vous désespérez pas de faire un jour, doublure pour des sujets cousus de fil blanc. Brodez-nous des dentelles de songeries voluptueuses pour nos jours de bourdon.

Éphémères, faites-vous légères. Soyez graciles et non faciles. Enchantez-nous d'amours et de passions. Soyez joies et plaisirs, exaltez la poésie. Restituez-nous la fiction et la fascination de l'ombre et de la lumière. Enchantez-nous, rivières, routes et forêts de nos mémoires.

Demain, les belles qui bichent n'iront plus aux abois. Les lauriers sont coupés. De ciel-de-lit en ciel d'azur les plus belles cannes décrochent la palme... Le soir, quand le Lion dort à Venise, les souris dansent à Berlin avec les ours qui se dandinent tandis qu'au firmament, les stars au corps célestes vous promettent le 7ème ciel du 7ème art !

Alors, quand tout come-back, quand tout flash-back, comme dans "Le jour se lève" me seront interdits, quand viendra ma dernière nuit, fasse qu'en un long travelling, les étoiles des toiles, filantes, météores de mystère constellent mes désirs en mes yeux sidérés.

 

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Lettre aux cinéastes et cinéphiles 4/5

Publié le par modimodi

  AP 16

Mes amis du septième art, tout ce qui brille n'est pas or ! Si "nuit d'encre de Chine, nuit câline, nuit d'amour !" devint le tube des cavernes, sans doute est-ce parce que le platonique héros platonicien, enchaîné à ses chimères, se faisait déjà son cinéma en jeux d'ombres chinoises et projetait ses fantasmes mouvants sur les parois de son imagination.

Premiers desseins animés ! Pouvoir de l'illusion, auto-hypnose ou magie de son subconscient éveillé ? ... L'homme cosmique et religieux allait ainsi s'inventer le mystère et la mystification, les rêves et les symboles, les dieux et les idoles. L'exemple était donné.

Cinéma qui vendange grain à grain la lumière ! Cinéma permanent ! Tout un art déjà !  Papa Cyclope, cet effronté n'avait-il pas d'origine, une caméra logée dans l’œil ! Il était donc illusoire de prendre les frères Auguste et Louis pour des lumières, d'autant qu'en cette période muette, chacun sait qu'ils auraient bien fait l'âne pour avoir du son.

N'empêche qu'avec le cinématographe, en cette fin XIXème, le mouvement est lancé et projeté…Et le 7ème art vivra ! Depuis une perpétuelle agitation secoue nos siècles d'effets burlesques, fantasques ou tragiques.

C'est d'ailleurs tout-à-trac que Méliès trouve le truc et le stuc et que depuis, à sa suite, on tracte et on troque tout un méli-mélo de mélodies et mélodrames. Notre époque cynique serait-elle une sinécure et les épiques sinoques ne nous feraient-ils que du cinoche souvent si moche ?

Tu parles, Charles ! Les grandes douleurs ne sont pas restées muettes. Au beuglant, on a poussé la chansonnette, au ciné, on a poussé les décibels pour des si belles ! ... Des nanas, des vamps d'atmosphère. "Atmosphère, atmosphère ! ... Est-ce que j'ai une gueule d’atmosphère ?"

Sapristi, que nenni ! Arletty quel titi, gouailleuse talentueuse, déesse au Parthénon. Hosanna, ose Anna, bella prima donna. Oh ! Là là ! Holà las, les lolos de Gina, les lolos des Lola ! Waouh ! Le who's who d'Hollywood ! In, les lignes de Marylin ! Trop classe, la Gorge profonde, les grâces de Lovelace pâmées sous le strass !

Bonheur d'un soir en accessoires ! Truquage et repiquage... T'as plus d'âge sous ton maquillage... Éternelle jeunesse ! La bête est la belle. Sous les feux de la rampe, Sunlight et Limelight ! Le sourire qui mord en technicolor ! Lesbos fait la noce à la Warner Bros. Guignol est génial chez Universal. Vive le star system de la MGM !

De scoops en scopes, Jean de la Lune s'est éclipsé. Alice cherche son pays des merveilles, l'Ange bleu et les Enfants du paradis courent dans le pré vert après le bonheur in-Carné. Silence, on tourne ! En noir et blanc, voir et revoir, noir et Renoir. La règle du Jeu, c'est toujours la Grande illusion mais, de par Dieu, c'est du god ! Art ! Au clair de la Une, le silence est d'or.

Ici ou ailleurs, autant en emporte le vent de l'histoire du cinéma. Rien de vraiment bien neuf depuis huit et demi et Cléo de 5 à 7. Encore et toujours zéro de conduite ! Depuis que Dieu créa la femme et le diable au corps, les pulpeuses vous invitent au péché de chair pour cueillir et croquer le beau fruit défendu. Mais à trop le goûter, un beau jour, c'est trognon pour les pauvres pommes, pom'girls ! Les pauvres petites poules aux yeux d'or partent faire la cocotte pour la maison Kodak ! Tous ces pauvres boudins, victimes de galants-in, finissent leurs vieux jours, en croûte chez Pathé ! Mais la belle de Jour, après s'être fait conter mille et une nuit, rêve encore et toujours de l'éternité plus un jour !

 

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Lettre aux cinéastes et cinéphiles 3/5

Publié le par modimodi

 

  AP 15

Amis cinéastes et cinéphiles, comme la pousse de l'arbre, le rêve, nos rêves n'ont pas de forme définitive. Ils sculptent le temps, capturent le mouvement, composent les corps avec des grains de lumière.

Chaque image fuit dans un tableau qu'on croirait impressionniste comme Jean Renoir l'a tenté dans "Partie de Campagne" afin de rendre hommage à son père Pierre-Auguste Renoir et comme Jean-Luc Godard l'a fait dans le dernier plan de son film "Pierrot le fou"... La caméra danse sur la mer et le ciel, emmêlés dans les reflets scintillants du soleil. Atmosphère d'une toile de Turner ou de Monet, pour illustrer le cri de Rimbaud : "Elle est retrouvée. Quoi ? - L’Éternité. C'est la mer allée avec le soleil." (L'alchimie du verbe.)

Pour moi, filmer c'est à la manière de Stendhal, écrire un roman, c'est "promener un miroir le long d'un chemin." (Le Rouge et le Noir)

Le cinéma met le mouvement dans l'image mais aussi dans l'esprit. La lanterne magique allume des éclairs de vie dans l'esthétique des formes et des sons, des rythmes et des volumes. Comme dans "La Grande Bellezza", le temps emprisonne la beauté et la vie dans l'éternité de Rome. L'alchimie des espaces, des angles, des contours et des voix crée des trajectoires d'illusions.

Comme en la caverne, la réalité n'est jamais perçue directement. Gloire à Platon, premier cinéaste des apparences à nous enseigner que la lumière doit faire oublier l'éclairage et l'abstrait des idées, le concret des corps !

L'enluminure comme le décor imposent les règles de construction de l'unité et du désordre. Le surnaturel peut atteindre le merveilleux et la grâce quand il est filmé par Cécil B. DeMille dans "Les Dix Commandements ", par Federico Fellini dans "La Strada" ou par Andreï Tarkovski dans "Le Sacrifice".

Avant de procéder à l'analyse des plans et du montage d'un film, je m'intéresse au cadre. Il retient tout : l'image, l'environnement, les personnages, les accessoires. Certaines productions ont malheureusement plus de profondeur de champ que d'idées et autant de transparence que l'intrigue elle-même.

La surimpression est parfois un effet visuel qui donne de l'intensité au vide et la transparence illustre l'inanité du propos comme du scénariste. Quelques fondus-enchaînés de cinéastes affectés qui n'ont pas le génie filmique de Hitchcock dans "La mort aux trousses" m'ont parfois fait fondre les plombs.

Je sors alors de la séance, plus déprimé en entrant qu'en sortant. Rien à retenir du récit, des acteurs, des dialogues, de la photo, de la couleur, de la musique. Rien sinon la niaiserie, la maladresse, la conne prétention et l'ennui ! Comment certains films, d'aussi bêtes nanars, infantilisant, indigents ont-ils pu décrocher des soutiens et des subventions ?

La 3D ne fait que renforcer l'illusion. Elle louche sur un succès grandissant tandis que notre cerveau reçoit une image pour l’œil droit et une image pour l’œil gauche qu'il réinterprète en créant du relief.

Mais le cinéma est un art de la magie et de l'illusion. Il n'a pas besoin de moyens sophistiqués et animés pour effacer la frontière entre l'écran et la réalité. Quand celle-ci est tellement bien filmée, elle en devient un miracle et l'on ne saurait plus déterminer s'il s'agit de l'aurore ou du crépuscule, de la terre ou du ciel. Le temps suspend son vol !

Alors dans le dénouement toujours différé de la durée, dans les failles du réel, dans la fragilité du temps et dans l'incertitude de l'éternel, le spectateur découvre l'ivresse des intervalles de visions, le vertige en marge des sens, les hasards des décalages de perceptions et l'extrême innocence des voyages dans l'irréel toujours recommencé de grâces et d'émotions.

 

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Lettre aux cinéastes et cinéphiles 2/5

Publié le par modimodi

 

  AP 14

S'il est un art de la grâce et de l'émotion, c'est bien le septième art !

Sur l'écran noir de mes nuits blanches, je suis comme Claude Nougaro ! "Je me fais mon cinéma !"

Messieurs les cinéastes, talentueux et éclairés, je prends ici un énorme risque en vous adressant cette lettre, bien sûr sans prétention ! Je cours autant votre courroux que la vindicte populaire en vous remettant ce billet d'humeur impudique !

Je vois vos noms défiler au générique. Je ne vous connais pas mais je vous reconnais quand vous me touchez, me faites rire ou sourire, rêver ou désirer. Je retiens votre nom quand j'ai peur, que je suis en haleine, que je m'identifie aux protagonistes de l'action ou quand ma réflexion s'éveille, que je me sens ému, heureux, transporté. J'aime quand la beauté des images, une réplique, une impression demeurent en moi. J'aime quand vous faites de cet art éphémère, un art durable, parce qu'intime.

Je n'ai aucune connaissance particulière, aucune autorité pour revendiquer un quelconque droit à mobiliser votre attention et à vous déranger. Jugez-en vous-mêmes !...

Il est des films qui illustrent bien ma prétention de beauf du noble art !  Un titre comme "Le corniaud", le personnage de "Monsieur Hulot", "le célèbre François Pignon" me vont à ravir ! Je n'ai hélas pas le talent burlesque d'un Keaton ou d'un Chaplin, je suis plutôt un amoureux des mots, comme Groucho Marx ou des dialogues comme M. Audiard. Je fais naturellement l'âne pour avoir du son !

Si vous voulez me situer, disons que le cinéma italien dans ses comédies sociales, néoréalistes, à la farce parfois grotesque permettrait de m'identifier. Je suis incarné dans des rôles de matamore et de bouffon, inscrit dans ma propre satire et mes travers parodiques. Je suis un sérieux client pour Dino Risi, Vittorio de Sica, Luigi Commencini, Ettore Scola, Federico Fellini, mais aussi pour d'autres, très grands comme Luis Bunuel, Woody Allen... Je suis l'archétype ironique du petit bourgeois prétentieux, du fanfaron extravagant, du raté sympathique ! J'ai en plus l'audace et le vice accompli de penser, d'écrire et de parler !

Je célèbre donc sous ma plume mon cinéma, le cinéma, ce septième art ! Septième artifice aux mille feux factices des projecteurs braqués sur les contradictions de notre culture, sur nos mythes éternels, nos pulsions, nos désirs, nos croyances et nos idéaux !

Hauts toujours plus ! Hosanna au fluo des cieux étoilés de starlettes pailletées de haut en bas résille. En vidéo et débats pour vamp, madone et Lolita espiègles, pulpeuses et siliconées, botoxées et sensuelles. Envie des hauts et des bas de soie des blondes Vénus, profils mammaires aux corps de braise jetant le show et l'effroi aux bellâtres attisés dont je fais parfois partie ! Pièges enchanteurs de tant de femmes fatales !

Cinéma physique qui vend la femme plus que l'actrice. Héroïnes, Eros-in d'un jour dont les lignes de fuite de mes perspectives visuelles rencontrent le point de chute des reins et des corps de rêves. Rounds pour tête à clips et à claps, entre bavure et maîtrise, entre sens sûr et censure, sen-surround !

Cinéphiles, je suis comme vous, j'aime le cinéma. Je suis un assidu des films en tout genre, productions hollywoodiennes, films d'auteurs, d'art et d'essai. Avec le temps, mes goûts ont un peu évolué, je ne recherche plus les grands espaces de l'ouest ni les westerns spaghetti de mon adolescence. Je les préférais pourtant aux comédies romantiques où je m'ennuyais ferme, lassé d'attendre vainement l'attaque improbable de la caravane par quelques vieux Cheyennes, profondément sourds ou terriblement en retard...

 

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Lettre aux cinéastes et cinéphiles 1/5

Publié le par modimodi

  AP 13

S'il est un art de la grâce et de l'émotion, c'est bien le septième art !

Sur l'écran noir de mes nuits blanches, je suis comme Claude Nougaro ! "Je me fais mon cinéma !"

Messieurs les cinéastes, talentueux et éclairés, je prends ici un énorme risque en vous adressant cette lettre, bien sûr sans prétention ! Je cours autant votre courroux que la vindicte populaire en vous remettant ce billet d'humeur impudique !

Je vois vos noms défiler au générique. Je ne vous connais pas mais je vous reconnais quand vous me touchez, me faites rire ou sourire, rêver ou désirer. Je retiens votre nom quand j'ai peur, que je suis en haleine, que je m'identifie aux protagonistes de l'action ou quand ma réflexion s'éveille, que je me sens ému, heureux, transporté. J'aime quand la beauté des images, une réplique, une impression demeurent en moi. J'aime quand vous faites de cet art éphémère, un art durable, parce qu'intime.

Je n'ai aucune connaissance particulière, aucune autorité pour revendiquer un quelconque droit à mobiliser votre attention et à vous déranger. Jugez-en vous-mêmes !...

Il est des films qui illustrent bien ma prétention de beauf du noble art !  Un titre comme "Le corniaud", le personnage de "Monsieur Hulot", "le célèbre François Pignon" me vont à ravir ! Je n'ai hélas pas le talent burlesque d'un Keaton ou d'un Chaplin, je suis plutôt un amoureux des mots, comme Groucho Marx ou des dialogues comme M. Audiard. Je fais naturellement l'âne pour avoir du son !

Si vous voulez me situer, disons que le cinéma italien dans ses comédies sociales, néoréalistes, à la farce parfois grotesque permettrait de m'identifier. Je suis incarné dans des rôles de matamore et de bouffon, inscrit dans ma propre satire et mes travers parodiques. Je suis un sérieux client pour Dino Risi, Vittorio de Sica, Luigi Commencini, Ettore Scola, Federico Fellini, mais aussi pour d'autres, très grands comme Luis Bunuel, Woody Allen... Je suis l'archétype ironique du petit bourgeois prétentieux, du fanfaron extravagant, du raté sympathique ! J'ai en plus l'audace et le vice accompli de penser, d'écrire et de parler !

Je célèbre donc sous ma plume mon cinéma, le cinéma, ce septième art ! Septième artifice aux mille feux factices des projecteurs braqués sur les contradictions de notre culture, sur nos mythes éternels, nos pulsions, nos désirs, nos croyances et nos idéaux !

Hauts toujours plus ! Hosanna au fluo des cieux étoilés de starlettes pailletées de haut en bas résille. En vidéo et débats pour vamp, madone et Lolita espiègles, pulpeuses et siliconées, botoxées et sensuelles. Envie des hauts et des bas de soie des blondes Vénus, profils mammaires aux corps de braise jetant le show et l'effroi aux bellâtres attisés dont je fais parfois partie ! Pièges enchanteurs de tant de femmes fatales !

Cinéma physique qui vend la femme plus que l'actrice. Héroïnes, Eros-in d'un jour dont les lignes de fuite de mes perspectives visuelles rencontrent le point de chute des reins et des corps de rêves. Rounds pour tête à clips et à claps, entre bavure et maîtrise, entre sens sûr et censure, sen-surround !

Cinéphiles, je suis comme vous, j'aime le cinéma. Je suis un assidu des films en tout genre, productions hollywoodiennes, films d'auteurs, d'art et d'essai. Avec le temps, mes goûts ont un peu évolué, je ne recherche plus les grands espaces de l'ouest ni les westerns spaghetti de mon adolescence. Je les préférais pourtant aux comédies romantiques où je m'ennuyais ferme, lassé d'attendre vainement l'attaque improbable de la caravane par quelques vieux Cheyennes, profondément sourds ou terriblement en retard...

 

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Lettre à mon plombier - Le tuyau

Publié le par modimodi

BAL SQNT

Cher plombier, tu coules des jours tranquilles. Alors laisse couler ! Ne cherche pas à te racheter une conduite, sauf si ton avenir est bouché ! Tu peux même accepter qu'on te traite de buse car il n'y a rien de plus banal et de plus utile qu'un tuyau. L'eau y circule, le gaz et le pétrole y mènent leur vie de grands ducs !

En cas de grave problème, si tu brûles tes réserves et que tu es sous pression, plutôt que d'exploser, tu peux toujours avoir du pot et espérer en silence, un tuyau d'échappement. Mais alors, attention ne tente pas une percée !

Hier, tu avais des pieds de plomb mais te voilà désormais, branché et raccordé au monde par la bouche et le regard ! Tu tournes peut-être en rond mais tout est logique : qui se ressemble s'assemble ! Tu peux donc te laisser pousser du coude ! D'ailleurs, si ça ne rigole pas toujours, nulle inquiétude !

Où il y a de la gaine, il n'y a pas toujours du plaisir, disait un confrère électricien ! Toi, sans que les fils ne se touchent, tu peux toujours t'euphoriser au narguilé ou à l'humour de Fluide Glacial.

Tu sais l'égout pour les trop-pleins de tes contemporains et les couleurs argentées du liquide ne se discutent pas ! Il te faut être souple et flexible et éviter de te laisser refouler, pomper ou entuber. Le débit, c'est bien mais le crédit, c'est mieux, surtout quand on croit être de bon conseil et qu'on veut donner un bon tuyau !

Certains jours, c'est dur de faire la soudure par les deux bouts ! Il faut être franc, un sacré coup de collier ne suffit pas toujours ! Parfois, la vie te serre même un peu trop la vis. Prends-le comme une chance si celle-ci n'a pas en plus, le vice de foirer ! Il te faut alors inlassablement reprendre le collier.

Ici-bas, tout a les goûts du jour ou de l'air du temps ! Tout finit au collecteur. Tout s'enfuit et s'écoule sans demander son reste ! Mais un siphon, font font les petites marionnettes avant de vider les lieux ! Ceux qui lâchent les vannes et déconnent à pleins tubes peuvent d'ailleurs passer pour des siphonnés. Ceux qui ne maîtrisent pas leur réaction et dont les idées fusent en tous sens, n'y vont d'ailleurs pas avec le dos de la tuyère !

Toi, tu as toute ma sympathie. Tu sais toujours prendre la bonne décision et je te réaffirme mon estime pour ton grand professionnalisme. Mais moi, bizarrement, à cette heure, j'ai l'impression de faire fausse route. J'ai grand besoin de me tuyauter car nom d'une pipe, qu'est-ce qui se passe ? Chercherait-on à m'influencer par le tuyau de l'oreille. Renseigne-moi vite, svp, en PVC.

Vois-tu ! Le propos fumeux d'un esprit alambiqué me suggère que l'homme pourrait bien être l'incarnation vivante du tube, tant sa définition tubulaire lui correspond parfaitement : "un objet creux plus haut que large" ! Je me demande, si je suis alors moi-même souple ou rigide, déjà sous pression, bouché ou mal embouché ?

Les uns cherchent à me convaincre que la biologie n'est souvent que la science des tubes à essai et que les plus beaux bébés sont éprouvettes. Les autres m'affirment avec insistance que la famille tuyau de poêle n'en finit pas de s'emmancher !

Faut-il donc d'abord tout gober et tout avaler avant d'être sous pression et d'évacuer cette question existentielle par les tuyaux d'arrosage ? Ne serait-on qu'un tube digestif avec deux trous aux extrémités : la bouche et l'anus ? Ben mon côlon, même si c'est dur à digérer, l'humanité qui a du bol est, pour finir, c'est recta et rectum, dans la m... (Pardonne ce propos de proctologue, dû au subit relâchement d'une fuite de gaz dans le pipeline !)

D'ailleurs par les Grands dieux et demi-dieux du stade oral ou anal, nous constatons que nous avons tous la mort aux trousses et les fèces aux fesses ! Rabelais, passant du divin savoir au grotesque, nous avait déjà conté et poétisé les surprenants torche-cul de Grangousier et les petites misères "du boyau culier" dans l'incroyable et énorme chapitre 13 de Gargantua...

Allons, laisse s'envoler ces paroles de faces de pets. N'en rougis pas, continue à croire en ta vie d'ange ! N'en fais pas non plus des caisses ! Aère ton esprit et ventile ton local !

Oui ! L'homme n'est sûrement pas à tirer par le bas. Il est un joyeux drille de nature, un héros de Carnaval, toujours prêt pour la fête populaire ! C'est à qui poussera la chansonnette et fera vibrer les tuyaux d'orgue de barbarie !

"Comme à Ostende et comme partout / Quand sur la ville tombe la pluie ... Mais voilà que tout au bout d'la rue / Est arrivé un limonaire / Avec un vieil air du tonnerre / A vous faire chialer tant et plus..." Jean-Roger Caussimon me le fredonne dans le tuyau de l'oreille d'une douce nostalgie.

Oh ! La vie ou la gloire ne sont ni faciles ni garanties, même quand on force sa conduite. Mais à notre époque, c'est à qui veut être chébran ! Certains dépriment de patienter depuis trop longtemps. Seul Jérémie est parvenu à devenir célèbre avec ses Lamentations, son livre et son mur. Toi, tu l'es heureusement, de réputation par le tuyau cuivré et retentissant des trompettes de ta renommée. Ton nom éclate sur le bottin professionnel des entreprises de plomberie et robinetterie.

Aujourd’hui, à Jérusalem, New-York ou ici, il y a plein de cons primés dans les tubes du hit-parade mais les rengaines de leurs chansons scient rapidement leur succès. Des radios-crochets du bal des lampions aux néons des tubes cathodiques, chacun se voit déjà vedette, mis en lumière, en paillettes et fluo ! Et tout est permis ! De tourner sur les platines, d'être dans les tuyaux ou de passer sur Canal+, chacun peut rêver à plein tube ! La meilleure chance est... pour les buses !

Moi, je rêve simplement d'être primé au concours des belles lettres mais personne n'a voulu me tuyauter ! Tu as peut-être un débouché et une idée ? 

 

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Monologue avec Diogène : Impossible amour 3/3

Publié le par modimodi

 CDC 40

Eternel soupirant

Oh ! Diogène, je me persuade que nous nous croisons souvent dans notre quête commune ! 

Tu cherches un homme comme mes semblables et moi, cherchons l'amour incarné ! Mais tu ne l'avais peut-être pas prévu !

Toi "le chien", toi, qui te réunissais avec tes adeptes au lieu-dit, "le chien agile", je vais te surprendre. Aujourd'hui, comme si nous faisions partie du règne animal, la vie, tu sais, nous met des cornes et de gros sabots. D'abord, l'amour vache é meuh puis rumine vengeances et souvenirs d'antan. A nos rixes et périls en la demeure ! Alors, nous nous gardons, si possible, des peaux de vache et de leurs coups de pieds ! Quand il y a moins de chants d'amour, les beuglements répondent aux mugissements. Après le bal de musette et la bourrée, dans les beuglants, le cœur, autrefois violon, met parfois le holà. Oui ! Le haut la et le haut ton de la discorde.

À l'étable de la loi d'amour, la mangeoire des désirs se vide quand le râtelier des plaisirs a trop fait de foin. Au banquet des moissons, après avoir glané les derniers épis de tendresse, la table d'amour est vite desservie.

Rapidement, à la vacherie, l'autre compte déjà pour du beurre et rancit. Ailleurs, à couteaux tirés, le cordon bleu a le torchon qui brûle et le cœur d'artichaut en touchant le fond, tourne au vinaigre. D'ailleurs, à chasser plusieurs lièvres à la fois, de lâchages en lapins, l'amour n'est plus du râble, même pour un collet monté ! Il vaut mieux détaler.

C'est ainsi hélas ! Après avoir fait la cour, le galant est devenu galeux et l'amour princier n'a plus cours... même aux frais de la princesse. Après avoir conté fleurettes, joli cœur troubadour se fait envoyer sur les roses. Dans le ciel de lit, le bel astre est un désastre. Le trophée est trop fait. L'an nuit. L'abord d'âge est dit : fait rance d'âge ! Et... l'on s'aperçoit un peu tard qu’Éros rimait avec... et rosse !

L'amour au lasso, l'amour, oh l'assaut ! L'amour à l'essai n'est plus qu'à laisser. Alors, mon bon Diogène, tu aurais dû nous inspirer davantage. Sans lanterner, tu te devais de nous éclairer un peu mieux pour nous dire qu'un homme averti en vaut deux ! Car en enfants de marris, nous découvrons comme deux et deux font quatre, mais vois-tu, un peu tard, qu'un possible et puissant amour est souvent impossible et qu'à l'impossible nul n'est tenu !...

Ô Diogène !

L'homme n'est pas qu'un meuglant, digne de l'amour vache, c'est un ruminant, un éternel soupirant. Comme il ne peut atteindre aucun de ses rêves, il finit par se rendre, expirant au désir, dans un dernier silence ! Es-tu prêt à lui ouvrir les bras pour le recevoir, quand il tombe ?

Il te faudrait alors, être comme ton frère, le grand Racine afin de percevoir pour comprendre : "Caché près de ces lieux, je vous verrai, Madame. / Renfermez votre amour dans le fond de votre âme : / Vous n'aurez point pour moi de langages secrets ; / J'entendrais des regards que vous croirez muets." (Britannicus - Acte II, Scène III)

L'homme amoureux pousse ainsi des soupirs qui s'éternisent dans un infini abandon ! Dans les couloirs du temps, les entends-tu ? Les mots du cœur cachent ce qu'ils disent dans les murmures, les plaintes ou le silence. Toi, tu cherches un homme mais crois-tu être en capacité d'écouter gémir ton semblable ?... Tu sais, ses pensées d'amour ne sont pas immobiles, elles languissent sans bruit sur le chemin qui mène du cœur jusqu'à l'esprit.

Le pressentais-tu, Diogène ?

L'amour est la musique mathématique du silence. L'homme cherche son double pour l'appeler sa moitié alors que la partition musicale de l'amour est beaucoup plus subtile. Elle signifie ses silences comme des notes, en demi-soupirs et quarts de soupirs !

Mais à toi comme à moi, on n'a pas appris à déchiffrer. Comme le dit Roland Barthes, nous sommes comme " l'esclave qui a la langue coupée, qui ne peut parler que par airs, expressions, mines. " (Fragments d'un discours amoureux).

Le vent lui-même n'est que la musique du temps et la pluie, les larmes de sa perte irréparable. Nous sommes fils et filles du vent et des songes d'azur. C'est là, que nous nous retrouverons.

Notre différence, c'est que moi, j'en suis convaincu tandis que toi, tu l'ignorais peut-être : "Les amants séparés trouvent une foule de moyens mystérieux de correspondre. Ils s'envoient le chant des oiseaux, le parfum des fleurs, le rire des enfants, la lumière du soleil, les soupirs du vent, les rayons des étoiles, toute la création. Et pourquoi non ?" (Victor Hugo, Les Misérables)

 

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Monologue avec Diogène : Impossible amour 2/3

Publié le par modimodi

 CDC 39

Momo et le chevalier

Ô Diogène ! 

Tu n'as pas connu les moutons de Panurge ! Toi, qui élevais ton falot à hauteur de chaque visage, tu ne cherchais qu'un homme vrai, vertueux et authentique. Autant dire l'impossible, le vrai mouton à cinq pattes !

Car vois-tu, à l'heure du berger, après s'être fait doux comme un agneau, le bélier bêle toujours devant sa belle qui le fera tourner chèvre.

Ici-bas, tout va beaucoup trop vite, mon cher philosophe ! Bien sûr ! Je te donne raison d'avoir été cynique et d'avoir malmené de ton bâton, tous ces curieux railleurs qui t'approchaient de trop près ! Mais sans doute avais-tu quand même tort de négliger la propreté sous la saleté de ton manteau  ! L’héroïsme et le détachement chez un stoïque ne devraient pas l'inciter à employer toute sa volonté afin d'intriguer le premier venu, en faisant fi de l'hygiène la plus élémentaire.

Oh oui ! Aujourd'hui, pour sauver les apparences, les mœurs ont évolué... Autrefois, dans ses plus beaux atours, le damoiseau poète, aspirant à être son chevalier, soupirait, languissait d'amour, taillait, lissait sa plume pour une dame oiselle. Tandis qu'aujourd'hui, pauvre pêcheur, Momo se tape une parano à lancer l'hameçon pour gauler l’âme sœur et ramener une vieille godasse ou une pantouflarde, dans l'ultime espoir de prendre son pied.

Si le cheval est la plus belle conquête de l'homme, l'homme est celle de la femme indomptée, indomptable. Chacun cherche en l'autre son refuge ou sa propre image et naufrage comme un bateau ivre, en l'amour. Le matelot cherche le port et ne réveille que celui qui, homophoniquement sommeille en lui. Truisme de l'amour qui se veut altruiste.

Tu ne vas pas me contredire, Diogène le Cynique, toi, l'ascète sévère jusqu'au dénuement ! Ton écuelle, ta besace et ta jarre ne font pas de toi, un nanti de l'existence. Mais m'approuveras-tu vraiment, ô toi, à la personnalité complexe et si multiple ! J'en doute !

On ne prête, paraît-il, qu'aux riches ! Sais-tu qu'on te présente parfois comme un philosophe hédoniste, irréligieux et même débauché ! Bigre ! Quel talent !... Dis-moi ! Avec ta lanterne, cherchais-tu un homme ou une femme ? Voulais-tu les faire se rencontrer ou se confronter, se rassembler ou se diviser ?

Ici-bas, l'offre et la demande du plaisir alternent toujours avec guerre et amour. A chacun sa stratégie ! Le chevalier servant fait le siège de la citadelle interdite tandis que les canons de la beauté dressés tirent les premiers boulets.

Vogue donc la galère des amours ! A l'abordage ! Mais " rame, rame, rameurs ramez ! " Chaque amant galérien mis au banc, finit un jour enchaîné aux charmes de la belle. Il meurt d'amour embrasé par le feu grégeois de sa tendre ennemie qui a déjà mis les voiles.

Ô Diogène !

Toi, qui invectivais les passants et qui rejetais les conventions sociales, as-tu induit ces égarements ?... Tous les amoureux ont, il est vrai, le choix des armes. La toquade du matador matamore se fait estocade devant la reine. Au bal, entre deux tirades enflammées au style pompier, le mauvais cavalier, à l'amour discourtois se conduit en hussard. L'artificier du dimanche, allumé, éméché, fait bonne mine dans l'espoir d'en faire voir de toutes les couleurs et d'obtenir le bouquet final.

Ici, avec tous ses sentiments en révolution, petit bourreau des cœurs vient de perdre la tête et là, badin badine avant de marcher à la baguette. Tu dois copieusement t'en moquer car tu avais vraiment la dent dure ! Pour tous tes contemporains, y compris les grands hommes ou les autres philosophes, jusqu'à Platon lui-même, tu as ouvertement la critique facile et mordante.

Aussi t'en amuses-tu sûrement, parce qu'à force de chercher son double, l'amoureux voit double ou s'aveugle en braillant son amour ! Sosie est esclave des ressemblances et l'apparence est souvent trompeuse. Evidemment, il ne pouvait que l'ignorer mais Amphitryon chez Plaute et plus tard chez Molière, incarne pathétiquement déjà le mari trompé, doublement exténué ! Le risque était-il à courir ? Illusion des déclarations, confessions pour concessions, séductions, confusion et surfusion. Je t'aime, moi non plus ! Conflits de soi, plaisirs de soie...

La volupté à travers le voile, pas à pas tentée, par appâts tentants, trouble les apparences et masque les appâts rances. Oh ! Peuchère que la chair est tendre ! Or, le cher et tendre ne veut que chère étendre et ne pense qu'à chair et tendre.

La concupiscence est conçue puissance, le prétendant est prêt, tendu. Mais et lasse aussi, la chère est faible et parfois si peu chair ! Oh Dallas ! Tout salace s'enlace, délace, lasse, passe et casse.

L'amour at home à d'ultimes atomes crochus. Attaques et contre-attaques, ruses et captures, duos, duels, lices et délices des corps à corps et chauds fourrés. Le soupirant est vite expirant, blessé d'amour car la morsure de l'amour est la mort sûre. Ah ! L'amor sûr ! Ci-gît le cœur... Tous ces lits, bas-terre se rapprochent et se collent pour que tout célibataire se lie et se marie de l'amour éphémère à l'amour effet-mère.

Mais l'amour n'est pas toujours bonne mère nourricière. A son désert aride, chacun poursuit des mirages. Pour le traverser, le chevalier se fait chamelier et le prince charmant, charmeur de serpents à sornettes. Le complimenteur est accompli menteur et tous auront, un jour à subir les épreuves de la vie et de l'amour entre le possible et l'impossible !...

Qu'on se le dise, ô Diogène, le grand amour comme les amourettes sont pour finir, du même tonneau ! Tu peux y rester pour encore méditer.

 

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Monologue avec Diogène : Impossible amour 1/3

Publié le par modimodi

 CDC 38

Je cherche un homme !

Oh Diogène ! Du fond de cet au-delà mystérieux, entendras-tu mes interrogations et ma révolte ?

J'aurai bien voulu t'envoyer bien cette réflexion de mon esprit parcheminé. Je l'aurais volontiers confier au vent du passé et au zéphyr de la philosophie pour qu'il te l'apporte dans un tourbillon du temps !

Cher Diogène ! Allez ! Suis-moi d'un seul élan dans les bonds et rebonds de l'histoire, traverse le temps et franchis les époques !

Ce matin, une publicité a été déposée dans ma boite aux lettres, pour m'inciter à diffuser des petites annonces Surprise ! Elle avait pris pour slogan, la célèbre formule devenue proverbiale de Sophocle : "Qui cherche trouve !"

N'es-tu pas étonné, que le premier individu venu cherche ainsi facilement et sans vergogne à t'imiter, toi, Diogène de Sinope, toi, l'infatigable chercheur ? Alors que moi, au contraire, je dois faire un intense effort d'imagination pour t'imaginer et te distinguer avec le plus de netteté possible...

Oh ! Voilà ! Je te vois sur une page de mon livre d'images ! A une époque ou presse et radio n'existaient pas encore, en plein jour, sorti ivre d'absolu de ton tonneau, toi, Diogène, le hirsute au manteau de laine crasseux, à l'hygiène plus que douteuse, toi, la lanterne à la main et l’œil allumé comme un enfer, tu bats le pavé et cours dans les ruelles, en plein midi, en criant à la face de ceux que tu croises : "Je cherche un homme !" "Un vrai, un homme honnête !"

Eurêka ! Mon vieux Diogène, self- made-man du principe d'archi-made, j'ai peut-être pris moi aussi, ma vessie pour une lanterne mais je crois que j'ai fini par trouver ce que tu cherches ! Je viens de dénicher un homme ! Ah ! Certes, il n'est guère brillant, il semble plutôt, être à bout de course. C'est le dernier de tous, c'est la lanterne rouge du peloton des humains ! Je ne sais pas s'il est honnête...

J'ai trouvé un homme exténué de courir après... le temps, l'argent et l'amour ! La trilogie affirmée de la vie terrestre ! Ne seraient-ce pas des leurres et une obsédante utopie ? Car il me semble que toi qui as connu l'esclavage et l'affranchissement, tu savais sûrement bien avant moi, qu'il est inutile de courir après les illusions évanescentes et éphémères. Tempus fugit ! Tout est passager, provisoire et d'avance, peine perdue ! 

Car oui ! Courir après le temps, c'est doublement perdre son temps : le temps présent à prendre comme il vient et le temps passé qui a déjà fait son temps. C'est également ruiner son existence et ses espoirs. C'est même tout bonnement se ruiner puisque le temps, c'est de l'argent ! Je le croyais car j'ignorais que tu avais dit que " l'espérance est la dernière chose qui meurt dans l'homme. "

Oui ! Diogène ! J'ai fini par trouver un homme exténué, qui court encore et toujours après l'amour ! J'hésite à lui dire que depuis la nuit des temps, le mammouth cherche sa mammouth pour s'emmêler les défenses et que chaque mâle animal est en quête d'une gentille femelle ! Et réciproquement d'ailleurs, car les belles sont souvent plus discrètes mais non moins efficaces !

Ah ! Le bel excité ne sait sans doute pas encore qu'il est plus facile de trouver le sexe que l'amour !... Dois-je lui rappeler qu’Ève, la femme serpent a procuré à sa bonne poire d'Adam les pépins de sa belle pomme d'amour et que celle-ci devint de discorde, lors de la copulation biblique.

Toi, tu es plus radical, tu affirmes que le désir et le plaisir sexuel sont instinctifs et aussi naturels que la faim et la soif. Tu ne t'encombres pas d'interdits moraux, tu te masturbes sur la place publique. Bien qu'humain, tu adoptes la condition animale, au point qu'on t'a surnommé le chien. A propos de ce sobriquet, tu aurais affirmé : " Je suis en effet un chien, mais je fais partie des chiens de race, de ceux qui veillent sur leurs amis. "

Cet humain rencontré, qu'a-t-il vraiment appris de la vie et de ses sentiments ? De quelles connaissances dispose-t-il ? A-t-il seulement pu aborder la mythologie et la fabuleuse histoire des dieux et des héros ? Sait-il au moins qu’Éros, le dieu référent invoqué en matière d'amour n'est qu'un incroyable mutant ?

Entre la Théogonie d'Hésiode au VIII ème siècle av. J.-C. et la version d'Apulée au II ème siècle apr. J.-C., il a changé six ou sept fois de forme. Tantôt, il se présente comme le plus puissant des dieux : " le désiré au dos étincelant d'ailes d'or, semblable aux rapides tourbillons du vent ", tantôt, c'est un dieu de second ordre, issu des Ténèbres, un inoffensif joufflu aux petites ailes.

Je suis intrigué. Comment procède donc ce célèbre petit mignon, ce petit fessu, joufflu couronné de petites roses, avec son carquois et ses flèches, pour piquer les cœurs, d'amourettes souvent inodores et insensées? Comment s'y prend-il pour leur faire perdre la raison avec trois épines de la passion ?

Toi, bien sûr tu le sais, Diogène ! Mais en grand cynique, tu parcours les rues d'Athènes, en " morigénant, insultant, rageant, te proclamant citoyen du monde. " Tu livres ouvertement tes opinions et donnes tes conseils en choquant ton entourage, en l'apostrophant et en le molestant de ton bâton. Toi, le philosophe barbu que Platon nommait " le Socrate devenu fou", tu te plais à vivre dans le dénuement, en marge et en autarcie. Ton existence est " un tissu d'anecdotes scandaleuses, excentriques et provocatrices ". On en a heureusement retenu la philosophie de ta "République", la causticité de tes bons mots et l'affirmation de la liberté absolue de tout individu. Tu es un esprit libre !

Alors dis-moi, faut-il informer mon homme qui est à la recherche de modèle identificateur ? Faut-il lui conter, qu'à la fleur de l'âge, le magnifique Narcisse s'est épris d'un reflet qui lui ressemble, aperçu dans le miroir d'une source. Faut-il le désespérer en lui précisant son éventuelle future infortune ? Dois-je lui apprendre, qu'amoureux de son image qu'il ne peut saisir, Narcisse est mort peu à peu de cette folle adoration, qu'il ne pouvait assouvir. Faut-il lui dire qu'en croyant saisir la proie d'amour, lui-même n'en saisira que l'ombre ?

Cette ombre qui enveloppe les plus grands qui pensent briller de tout leur éclat. Car toi, le mendiant, qui étais en train de te chauffer au soleil, tu as osé dire à Alexandre le Grand qui t'avait salué : - " Demande-moi ce que tu veux, je te le donnerai.", - " Ôte-toi de mon soleil ! "

Devrais-je donc, décourager mon homme par le récit d'amour érotomaniaque de Narcisse et le démoraliser par l'exemple de cet éperdu de lui-même, qui en tombant à l'eau s'est profondément perdu, noyant à jamais dans l'éternité, son impossible rêve ? Dois-je l'inciter à se libérer de ses propres images, de ses tendances nombrilistes et lui montrer le chemin de l'indépendance et de la liberté sans faille ?

Ne crains-tu pas, sage Diogène, que tout cela ne console pas suffisamment notre homme de sa condition ou qu'il ne l'accable davantage ? Le poussant comme toi à choisir une vie simple, proche de la nature, dans une indigence choisie ? Car tu as préféré te réfugier dans la solitude tout en intriguant par tes attitudes, tes apophtegmes et ton apparence générale ? Es-tu devenu ainsi, à ton insu, la star incontestée des antisociaux ?

Ta lanterne nous jettera-t-elle un éclat, une lueur pour la nuit de notre ignorance ? Instruis-moi ! Dis ! Sais-tu au moins, pourquoi l'impossible amour de soi en soi ou en l'autre, contraint tout être humain à s'inoculer la maladie d'amour : en frissons, fièvre et soupirs, en langueurs et pâmoisons, en exaltation en désirs d'élévation, en transports d'ascensions, jusqu'au septième ciel ou au sommet du mont de Vénus, frôlé dans le plaisir ou dans l'extase d'abandon ?

De transes d'ivresses de Dionysos en chants élégiaques et danses de Terpsichore, de toi à moi, comme du je au nous, tous les cœurs jouent un jeu pour tomber à genoux. En chœur ou en duo, les voilà prêts à se promettre de ne faire qu'un pour assouvir leurs besoins et faire exulter leur libido ! C'est la loi de la nature : plus l'autre est du tonnerre, plus fort est le coup de foudre ! ....

Ô rage, voilà l'orage ! Rentre vite dans ta jarre à grains, dans ce qui te sert de tonneau, cher Diogène !

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Lettre aux lecteurs de presse et aux journalistes 2/2

Publié le par modimodi

 

 AP 18  double

Oyez et voyez le journaliste !

Rubrique nécro en black-board, infos nature, écolo-chic dans le vent des éoliennes, transition énergétique avec frein sur le réchauffement, nouvelles politiques hard, brutes de pommes de discordes, carnet mondain, petits potins rusés, indiscrétions ou astuces de gros malins, propos coquins ou bêtes comme chou, le mérinos audiovisuel bêle, bêle, bêle en ménageant la chèvre et le press-book.

Chaque mouton de Panurge de la communication, broute et transhume d'ondes en fréquences, de chaîne en chaîne ou de magazine en hebdo pour avoir la meilleure analyse, la plus belle photo, l'info choc, le dernier buzz ! Flash-man, Web rédacteur, journaliste sportif ou culturel, tous sont attendus, à chaque coin de kiosque, d'affiche publicitaire, de reportages et de spectacles.

Pour entrer dans le chou et ne pas se faire trop voler dans les plumes, il faut avoir de la patte et du talent. Le pamphlétaire, les "écriveux" des villes, les "poéteux" des champs ne doivent pas être piqués des vers et faire des choux farcis de hachis d'opinions et de gâchis de réputation. Tous les choux doivent être comestibles car de feuilles en feuilletons, pâte à papier est pâte à choux !

Avec x et périls, le chroniqueur doit sauvegarder ses vieux bijoux ! Pour sauver ses petits bouts de choux, ses petits joujoux, il devra éviter vieux hiboux, vilains poux et autres lanceurs de cailloux qui le mettraient sur les genoux. Un lanceur de pavés peut facilement tomber dans la mare aux scandales.

Si par malheur le gratte-papier a fait chou blanc, s'il a trop pédalé dans la choucroute ou si, comble de la panade, ayant voulu éplucher et se faire la peau de quelques grosses légumes, son journal vient à boire le bouillon, il ne lui reste qu'à tremper avec le populaire sa première soupe aux choux. Il a tout gagné, il est à jamais de la revue ! Il ne lui reste plus qu'à accommoder des restes d'informations pour tenter de tirer la couverture à lui !

Alors famélique d'idées et groggy d'un dernier coup de manchette, loin des choux gras qui firent ses délices, il peut aller planter ses choux au jardin des désillusions. En effet, il sait bien que l'écrit est soumis à l'épreuve du terre à terre, du con qui teste à terre et que le paradis est réservé aux pommes qui aiment se prendre des tartes !

Il faut donc à notre homme, avec les choux se garder des pâtés comme des navets, s'il ne veut pas que son canard en fasse spécialité. Au risque d'ailleurs, pour lui de danser illico, un dernier french cancan à se casser trois pattes sur la mare aux canards.

A Sarcelles ou à Pilet les oies, les chers canetons dans les cours de récréation barbotent et cancanent sous le regard bienveillant de quelques vieux ou futurs palmés. Mais c'est trognon et chou à la crème car tous, sont déjà sensibilisés aux BD et albums illustrés ou à colorier : "Pomme d'Api, Okapi ou Astrapi" ont toujours la cote. Là, "Babar" rencontre "Petit ours brun" en compagnie de "Bambi". "Les P'tites Princesses" et les "P'tites Sorcières" font la "Pirouette" avec les "P'tites Filles à la vanille".

On leur apprend à lire en fixant très tôt leur imaginaire avec "Les belles histoires" ou "Le Journal des enfants" et "Mon Petit Quotidien". On les éduque bien sûr déjà, aux charges de futur citoyen avec "Picsou Magazine" et "Super Picsou Géant". On éveille leur vocation de bricoleur ou leur intérêt avec "Comment ça marche" ou "Cosinus" et les nouvelles publications au goût du jour comme les tablettes numériques répondent à l'éclectisme de leurs centres d'intérêt.

Le journaliste sait tout faire : écrire pour les enfants, les ados, les adultes ! D'ailleurs, la première rédaction de l'écolier fait ou fera peut-être la vocation du futur rédacteur de journaux ou de tracts. Elle lui donnera la possible envie de devenir publiciste, bonimenteur, lanceur de poudre aux œufs et aux yeux. Tant pis pour les gobeurs !

PS : Moi, je fais partie de la grande famille des petits journalistes. J'ai un journal de bord sous la forme d'écrits, un quotidien que j'ose faire paraître et dans lequel je déblogue... Mais j'ai aussi un journal intime, tenu secret... Parce que je sais bien qu'il ferait inévitablement partie des invendus.

 

 

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