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Lettre d'ententes : Pour ou contre

Publié le par modimodi

 CDC 56

Mon bel amour, dans l'existence comme en amour, il n'y a pas que les autres qui nous chagrinent et nous contredisent. Nous pouvons aussi être en opposition avec nous-même, chaque fois que nous hésitons et balançons entre deux thèses, deux arguments, deux élans du cœur !

Quand les mots se font la guerre des sens sous la plume en suspens, ils dessèchent d'encre tarie dans le puits de l'encrier. Quand les idées se battent en duel pour la cause de la juste expression, elles ne produisent que des cliquetis de ferrailleurs. Comment réagir quand notre conscience est mal en point et nos sentiments pas au point ? Quand de la rose, nous n'observons que les épines ou que nous ne percevons plus que la suavité de son parfum évanescent dans l'offrande désespérée d'un mourant baiser.

Pour les autres comme pour nous-mêmes, nous représentons parfois un frein à la résolution d'un problème, un obstacle à sa perception, notamment quand nous manquons de points de vue, clairement établis. Nous nous montrons d'autant plus pointilleux que nos démonstrations ne sont pas vraiment au point. Fakirs de la pensée en pointe, nous nous prenons la tête en nous clouant les deux hémisphères.

Dans l'impasse de nous-mêmes, nous nous trouvons même au point de non-retour quand nous mettons un point d'honneur à nous obstiner, alors que nos déductions ont la dialectique en contrepoint. Comment alors s'étonner que les commentateurs ne soient que de sombres métaphrastes qui ne traduisent qu'avec erreurs !

Nous ralentissons également, voire paralysons notre propre jugement, chaque fois que notre entendement crée ses propres objections, voile les lueurs de l'intuition ou dépose les armes de la déduction. Nous nous disons quelquefois qu'il ne sert à rien de se battre pour quelques fruits talés ou de chétives queues de poire de la discorde mentale, pour au bilan ne récolter que prunes ou nèfles !

Nous affichons encore un bel esprit de contradiction et parfois, nous contrarions les autres en réalisant tout le contraire de leurs attentes. Sans arguments et sans faire le poids, certains, à la légère, font ainsi contrepoids. C'est d'ailleurs un vrai fléau, quand quelques tarés mettent en balance nos pensées et font le poids mort dans la discussion ! Ce sont parfois des gesticulations de cirque ou des cris et mimiques de zoo quand ceux-là nous singent, s'estimant malgré tout, valoir leur pesant de cacahuètes !

Tenons-nous éloignés de ceux qui fraudent avec la raison, de ceux qui voudraient nous faire faire bande à part ou contrebande d'idées, dans le fumeux espoir de faire un tabac ou de nous faire pétuner ! Fuyons ceux qui perdent la mesure de toutes choses, ceux qui se foutent du tiers comme du quart, ceux qui s'en contrefichent mais qui nous contrecarrent pour le plaisir de nous contredire !

Tenons-nous loin de ceux qui nous brossent dans le sens du poil aussi bien que de ceux qui nous prennent à rebrousse-poil. Demeurons très loin de ceux qui nous hérissent ou nous décoiffent en argumentant à contresens, en coupant les cheveux en quatre ! Maudits critiques, passés de contemplateurs à contempteurs, de louangeurs de grand tribun à Trissotins pédants de la diatribe hypocrite !

Il nous revient instamment de cultiver l'optimisme et d'avoir une attitude constante, de ne pas nous laisser désoler par les esprits chagrins des Zoïles réincarnés comme par tous les bilieux qui broient du noir. Nécessairement, il convient de ne pas nous laisser envahir par ceux qui sèment des soucis et du mouron dans les fleurs de nos pensées ! Repousser les prêcheurs de contrevérités, les faux ténors qui se poussent du col et qui se prennent pour de la haute-contre ! Rabaisser ceux qui nous prennent de haut et s'élèvent contre nous. Répondre à coups de plumes à ces maudits oiseaux de mauvais augures, à ces petits serins au chant criard, aux becs jaunes comme leurs rires sarcastiques !

Certes, il n'est pas facile de tenir le haut du pavé, quand on est en contrebas. On ne peut pas toujours accuser Voltaire d'être tombé par terre ou accabler Rousseau d'avoir le nez dans le ruisseau. Il faut savoir tenir son rang et être bien rangé comme les caractères sur le clavier et les pensées dans la tête. Il y a lieu de marcher ou de rouler au pas de la raison sans perdre le bon sens et de ne pas contrevenir au code de bonne conduite. Tout doux ! Sinon, c'est la contredanse assurée et le contre-pied de nez d'un procès verbal garanti par le dernier Aristarque.

D'ailleurs, mon cher et brillant esprit, nous savons toi et moi, que le monde des idées est parfois une épreuve de travaux forcés et l'injuste condamnation de devoir ramer sur une vraie galère. Il n'est pas donné à tout le monde de se tenir à flots, contre vents et marées, de nager à contre-courant de la facilité, en tenant crânement la tête hors de l'eau et fièrement le porte-plume hors de l'encrier ! Il n'est pas aisé de faire partie de la crème littéraire quand on ne compte que pour du beurre !

Il n'est pas évident de briller et d'être en conjonction même lorsqu'on est l'un et l'autre, comme l'eau et le feu, comme le jour et la nuit. Il n'est pas aisé de garder la même ardeur quand, à tour de rôle, chacun souffle le chaud ou le froid !... Mais nous, ma douce, nous avons heureusement pu être bouillants sans finir échaudés. Nous nous tenons en face à face mais pas en volte-face. Ô délicieux plaisirs ! Après chaque envol, nous nous aimons à pile ou face.

Nous ne rebroussons pas chemin sur la voie de notre amour. Aucun obstacle majeur ne vient nous barrer la route ! Par grand bonheur, toi, tu es pour la concorde, la paix du cœur et du ménage et moi, je file droit dans la rectitude de notre vie commune ! Nous sommes de tempéraments, compatibles. Nous supportons sans nous agresser la contradiction. Tu as l'esprit incisif, du caractère et du chien ! Je suis mordu de toi et par bonheur, tu n'as pas de dent contre moi.

Fidèle et généreuse, tu emplis jour après jour, ma corne d'abondance de menues et délicates attentions. Tu offres une débauche de sens et de câlins à mes petits mots d'écrivain ! En veux-tu, en voilà ! Toi, tu me combles de beauté et d'intelligence. Aucunes stupides contrariétés. Jamais anti, je suis nanti. Si tu résistes parfois jamais tu ne te refuses ! L'amour est à la fois dons et échanges. Tu es mon plein plaisir des sens, ma volupté à pleines mains ! Si de ma plume coquine, je t'ai frôlé la croupe hier, je te la flatterai aujourd'hui !

Au fond, mon Augustine, mon petit loup des Lupercales, pour nous, c'est un peu chaque jour la Saint Valentin ! Tu es tout pour moi, quand je me tiens contre toi. Nous ne menons pas bacchanale, notre débauche est de volupté et de caresses... Et même, un jour d'épines est un jour de roses ! Pas de contre cœur ou de contre-amour mais d'insensés plaisirs et de jouissifs délices à l'endroit contre moi puis à l'envers aussi ! Contre, tout contre ! Toute en accords, en corps à corps !

Notre amour est à livre ouvert ! Nulle envie de tourner la page !

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Confusion amoureuse : Ordre et désordre des sens

Publié le par modimodi

 CONF 9

Ma tendre amie sait fort bien comment m'émouvoir. Qui vous dira les plaisirs subtils d'être dérangé par l'amour, de perdre la notion du temps, la raison et le souffle ? Ah ! Le divin bonheur des désordres amoureux, de la confusion des idées et des sentiments : l'exaltation, la crainte, la folie et les manques !

Ah ! Comme sont troublantes ces amourettes apparemment sans queue ni tête, qui finissent par vous la faire perdre dans le désordre d'un tête-bêche ! Oui ! Je connais cette impression de ne plus savoir ni qui on est, ni où l'on est, quand la perte totale des repères vous rend illuminé, ébloui, incertain, indécis et hagard ! Quand vous êtes à la fois et la glace et le feu, la pâleur et la fièvre !

La volupté des plaisirs et la perturbation de toutes les sensations exacerbent votre perception. Vous êtes magicien, poète et voyant rimbaldien "par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens." Vous perdez la tête, la passion vous grise, vous échappez comme Baudelaire, au spleen, à la fuite du temps et à la pesanteur du présent. Vous êtes lyrique et symboliste. Une incantation s'élève : "Enivrez-vous, enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise, mais enivrez-vous ! "

Votre cœur est un espace à trois dimensions, vous voyez des étoiles. Vous exaltez vos impressions. Vous pressentez les règles de l'harmonie dans le trouble qui vous envahit. Vous avez tant de plaisir que vous ne cherchez pas à mettre bon ordre à votre désordre intérieur ! Vous murmurez comme Phèdre :

"Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ;

Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue ;

Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ;

Je sentis tout mon corps, et transir et brûler."

Oh ! Mes tendres et belles amoureuses ! Ô toi, mon amour absolu ! Dans les licences de l'abandon, nos corps ont des excitations érotiques. Dans le pêle-mêle de nos ébats, nous goûtons aux bouleversements des plaisirs effrénés. La liberté de nos désirs nous met en débauche d'extases et de frissons. L'enfer des sens nous conduit tout droit comme des amants, au septième ciel des jouissances paradisiaques.

Dans la grâce du temps qui nous est donné mais compté, nous frémissons encore de tout notre être. L'espace d'un éphémère moment d'abandon et d'extase, nous nous prolongeons dans les ondes du temps d'aimer. Notre fidélité n'est qu'un sillage à l'écume des jours. Nous savons qu'il faut renaître bien au-delà de nous-mêmes pour engager en nos cœurs et imprimer en nos chairs, les instants de l'éternité.

En amour, la raison est le purgatoire de la sagesse, la pénitence de la réflexion, la convenance du devoir. Aimer, c'est lâcher prise !  Ainsi avant la contrainte sociale, le premier obstacle est d'abord en nous-mêmes. Nous sommes nos propres tabous. Les sentimentaux amoureux ne deviennent pas tous de bons conjoints aimants. Former un couple n'apporte pas non plus la garantie formelle de ne faire qu'un, surtout si l'attachement fait défaut ou si la versatilité cède au moindre trouble.

L'émotion rosissante est toujours provisoire, l'incertitude est l'écrin écarlate de l'éphémère beauté. Seul l'amour est durée, inépuisable dans le temps comme une promesse infinie. Il nous lie jusque dans la mort, par-delà l'oubli. En attendant, nous survivons dans la finitude et "l'insoutenable liberté de l'être". 

 

 

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Lettre de jouissance - Volupté 2/2

Publié le par modimodi

 BAL  CDC

Les plaisirs de l'abandon

Volupté ! Ô volupté, tu rends égalitaires les échanges entre partenaires pour qu'à tour de rôle, chacun soit le sexe faible.

Qui n'aime pas l'alternance ? Qui ne prend plaisir à camper sur ses positions : avoir le dessus ou être en dessous... de tout ? "Quand bien sûr, le Tout, c'est toi, c'est l'autre, mon amour !"

Seul parfois l'accouplement renforce la volupté pour la conduire à la jouissance libératoire. Elle parvient alors à déployer ses charmes jusque dans l'exultation. Certains mêmes, en souriant aux anges, laissent croire qu'ils ont trouvé le paradis des jubilations séraphiques dans les jouissances extatiques ! Mais il n'est même pas nécessaire de parvenir à la libération orgasmique du plaisir suprême pour connaître la chaude volupté et son troublant bien être !

D'ailleurs qui peut croire que la volupté ne se trouve que dans l'érotisme ! Non personne ! Même si bien sûr, quiconque conçoit presque d'instinct, qu'elle s'accomplit dans la synthèse alchimique du corps magnifié !

Oh ! Mes bons amis, qui nous dira l'ivresse des désirs, la joie des plaisirs délectables, les ravissements de la concupiscence au cœur de la passion, les transports frénétiques de la griserie la plus luxurieuse, le festin physiquement fougueux des exaltations du sexe, la subtilité suave des parfums fleuris de la chair !

Mais quel jouisseur raffiné saura aussi exprimer l'acmé de tous les sens quand ils sont mobilisés pour la création artistique ! Qui saura évoquer la sensualité des pinceaux de Titien, de Botticelli, de Raphaël, la fièvre maîtrisée des ciseaux de Rodin et de Camille Claudel !... Du paroxysme du génie, de la foi ou de l'amour pour Vénus ou Marie, du feu de la couleur au froid du marbre... Volupté, ô volupté !

Qui décrira l’émoustillement le plus léger comme le plaisir intérieur le plus vif d'être reconnu honorable et honoré pour son action et ses succès ! Qui expliquera la fierté intérieure et intense du devoir moral et du dévouement aux nobles causes humanistes ! Par l'onction reçue dans la componction, l'humilité plus que le triomphalisme est la forme sublimée de la volupté, qu'on penserait plus vulgairement sociale...

Qui exprimera la joie profonde et raffinée de la découverte du savoir et des études, l'émotion savourée, les yeux mi-clos, des enchantements et des révélations d'une recherche. Qui vous convaincra du luxe étonnant des idées, du don de fantaisie et de poésie dans l'écriture, donnée à la dégustation distinguée de quelques gourmets littéraires !

Qui vous parlera de la difficulté de formuler sa pensée et de la voluptueuse sensation de l'intuition germinative, quand enfin elle excite votre imagination pour éclairer votre page et transcender l'émotion dans votre plume !... Suprême élégance du cœur et de l'esprit, indicible ressenti d'une indéniable victoire sur vous-même et vos manques. Philosopher, c'est apprendre à mourir à ses illusions tout en vivant dans l'illusion qu'on peut se connaître soi-même !

Plus la souffrance de l'accouchement des pensées et des mots pour les dire est intense, plus la délivrance est intensive dans ce voluptueux rapport entre la douleur stoïcienne et le plaisir épicurien ! Singularité de l'impression qui s'imprime en vous, tout à la fois violente et douce, toujours secrète.

La volupté a toutes les nuances de vos cinq sens et la palette des couleurs de l'existence. Elle peut se révéler dans les plaisirs de la chair comme de la bonne chère. Elle se donne et se partage tout en demeurant exquisement personnelle. Il y a tant de subtile délicatesse dans un émoi ou une pose lascive, qu'il n'est nul besoin de s'adonner à un libertinage effréné, pervers et lubrique pour donner plus d'intensité à la volupté.

La libido n'est pas un péché de polissonnerie permanente qui exigerait de vous mortification, débauche, stupre ou fornication ! Dans la sémantique de l'amour, le plaisir des sens peut se passer des contresens !

La volupté est sans doute le moyen le plus agréable d'apprécier la vie et d'en profiter avec tact et discernement. Le voluptueux est un viveur raffiné qui connaît le sens des mots agrément et délassement. Il ne trouve avantages et satisfaction que dans la grâce des délices... Amis, je ne veux pour vous que cette fascinante capacité à jouir du meilleur que l'autre et la vie vous offrent !

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Lettre de jouissance - Volupté 1/2

Publié le par modimodi

 BAL CDC

Frissons et extase

Volupté ! Ô volupté ! Quel petit mot délicieux ! Rien qu'à prononcer, les yeux mi-clos, ses trois syllabes, déjà nos lèvres se tendent en offrande et notre imagination s'envole en volutes légères et voluptueuses vers un infini de désirs !

Ô vous, qui aimez la vie, la qualité des sens et des plaisirs, je vous offre la délectation de cette page ! Soyez dolents et recueillis, étirez-vous avec grâce et abandonnez-vous, doucement, lentement à vos sensations ! Recevez ces délicats baisers dans votre cou et laissez-vous parcourir de frissons !

Sentez glisser la caresse sur votre peau qui frémit à peine et mordez-vous la lèvre en retenant votre cri pour ce coup d'ongle modulé qui creuse le sillon des ardeurs, jusqu'à vos reins ! Premiers délices de jouissance, vous êtes déjà charnellement en union à l'autre ! Vous résistez et geignez de protestations déjà vaines. Vos refus esquissés sont des invitations à poursuivre le sensuel voyage du divin bonheur !

Vous frissonnez. Chaque seconde égrène en vous l'enchantement présent et distille le ravissement promis. Vous savourez avant même de consommer ! Le paradis sur terre monte l'échelle des divines promesses jusqu'au septième ciel des délits délicieux. Le divin office s'accomplit sur l'autel des plaisirs célestes. Vous séjournez au Saint des saints des anges de vertu. Au firmament de vos yeux éblouis, les étoiles poudroient de vertiges.

Comme vous ne craignez pas l'ivresse ou l'embrasement, vous vous pâmerez d'autant mieux ! Vous pourrez au paroxysme de l'émerveillement, perdre la vue de par la fascination des sentiments qui vous affectent et passer des tressaillements aux élans et des spasmes aux transes.

La volupté se délecte des pertes de conscience, appelées troubles, confusions et faiblesses pour justifier que vous en tombiez à genoux ! La dévotion d'amour est un acte de foi ! Malheur aux infidèles tourmentés par l'aiguillon de la chair et qui croient mériter la rédemption en multipliant les stigmates. Être bon vivant ou mort d'amour, quelle insolente question, quel impossible choix pour votre peau affolée, excitée de désirs !

Holà ! Holà ! Stop ! Pause et panne des sens ! Vous n'êtes et je ne suis pas un sybarite débridé ! Si la frustration ressource le désir, je vais vous combler, amis lecteurs ! Car je ne compte pas poursuivre plus loin ce qui pourrait s'apparenter à une page de roman libertin. L'habit d'Harlequin ne me sied pas, même si celui du moine ne me va guère mieux ! Non ! Ni Colombine ni un ange, seraient-ils du paradis romain ou latin ne peuvent m'inviter à vous transporter dans l'extase de la chair.

La volupté est joie discrète et souvent euphorie maîtrisée. Elle prend discrètement corps dans la jouissance sereine du bien-être physique, moral et même spirituel. La carmélite, Ste Thérèse d'Avila, toute énamourée de ravissement intérieur avait des manifestations physiques hallucinées. Sa poitrine gonflait de désirs quand elle s'offrait mystiquement, en union à Dieu, son époux. Elle nous a laissé des pages d'une sublime beauté poétique. Oui ! La volupté est tout entière jubilation dans les effets enivrants de la sensualité libérée jusqu'au point d'extase.

Nul besoin de licences et de descriptions suggestives pour un hédonisme assumé dans la délectation progressive des petits bonheurs. Toute réjouissance est l'écho le plus intime de vos propres jouissances. Les grâces qui vous sont offertes sont des fleurs de félicité. Laissez votre ravissement s'exalter et s'exhaler dans la confiance et l'abandon.

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Lettre aux exaltés : Troubles 1

Publié le par modimodi

AP  1

Mes amis proches ou lointains, vous êtes tous des êtres sensibles, de chair et de sang ! Vous vibrez comme des diapasons en déchiffrant les partitions d'amour de celui ou celle qui a su faire jouer la corde sensible. Vous êtes pincés, touchés ! Le soliste rêve déjà de devenir virtuose ! Il feint d'ignorer que le désamour puisse un jour lui mettre le la.

Au fond de vous, vous sentez et ressentez ce qui vous convient et vous est profitable. Vous pressentez par intuition ou par un sixième sens, le danger ou un heureux événement. Cette réceptivité extrême, cette vibration, cet écho de votre environnement en vous, sont les ondes sismiques de votre envie d'agir et d'aimer. Elles vous motivent, font naître vos idées ou vos désirs sans pouvoir toujours les objectiver autrement qu'affectivement, comme dans l'amitié entre Montaigne et La Boétie : "Parce que c'était lui, parce que c'était moi."

Du temps perdu au temps retrouvé, êtes-vous comme Swann, aimez-vous les chambres, les églantines et les madeleines, à l'heure du thé ? Êtes-vous toujours à la recherche du baiser perdu et pas seulement de celui de votre mère !... Pauvre Marcel, qui ne put transgresser son désir de tendresse et d'amour maternel que dans l'impuissance et chez qui, la femme aimée qui avait hérité du caractère phallique de la mère, ne put jamais être possédée...

Prudence ! Certains ou certaines abusent ou peuvent abuser de vous. Ils trouvent le chemin de votre cœur dans l'intention de le rebrousser. A vous promettre de vous faire prendre votre pied, celle-là ne pense qu'à vous le tordre dans les ornières des plaisirs faciles. Elle vous met à l'épreuve, vous tombez dans ses bras mais vous tombez "mâle". De la fleur bleue au bleu à l'âme, vous marquez le coup. Vous l'avez dans la peau ! Sa sensualité, sans dessus ni dessous vous met les sens inverses, sens devant derrière. Vous en perdez la tête, vous allez en tous sens, en dépit du bon sens.

L'admiration que vous éprouvez pour un être que vous avez qualifié d'exceptionnel peut vous porter à la dévotion. L'aimer en odeur de sainteté peut vous faire tomber à genoux devant elle. Sa folle piété vous fera peut-être mettre les bras en croix ! De la violence furieuse de sa passion, elle vous fendra le cœur et vous finirez en gibet de potence comme un écorché vif au bois d'amour de son ciel de lit !

Loin de la dialectique du discours amoureux cher à R. Barthes, vous êtes dans la pratique de la maîtresse et de l'esclave. Vous en êtes cinglé et sanglé. Elle vous prend dans ses menottes et vous fouette les sangs avant de vous cravacher. Vous avez pris la voie des plaisirs fétichistes et des sens interdits. Vous traversez l'extase dans des passages cloutés.

Elle vous stimule et vous éperonne. Vous êtes un fringant fringuant, vous piaffez, prêt pour la cavalcade. Vous pensez rester ferme sur les étriers, mais le trot est trop enlevé et au premier obstacle, vous faites le grand saut et mordez la poussière. Votre écuyère avait de l'amour une perspective bien trop cavalière. La belle amazone vous a bridé et vous avez fléchi devant ses dérobades.

Dans l'existence, c'est ce que nous éprouvons qui nous bouleverse. La concupiscence peut affoler votre raison. Une grande joie et une grande douleur peuvent être poignantes ou jouissives au point d'en être exquises. Une intense ardeur est souvent dévorante comme la flamme qui exalte le feu. Combien de destinées, fussent-elles royales, s'en sont trouvé embrasées, renversées et ruinées !

Si vous êtes fougueux et lyriques, vous n'avez pas fini d'être prisonniers de vos émois et de vos emballements. Celle que vous appelez princesse vous fera peut-être don du royaume de sa beauté mais exigera de vous le faste qui sied à son rang. Il va vous falloir avoir le gousset bien garni. Et même en étant bon prince, il va vous falloir sacrément vous en laisser conter pour croire aux vertus féeriques de la citrouille !

 

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Lettre aux exaltés : Confusion 2

Publié le par modimodi

EV

Mes amis, gentils lecteurs ou novices de la plume, vous avez besoin, chaque jour, d'exprimer votre sensibilité et de livrer vos impressions. Vous avez des ressentis perceptibles et des sensations observables. Votre corps parle pour vous. Une rougeur, un rictus, un regard, une ouverture des mains, une fermeture des bras et vous voilà étiquetés et catalogués par les morphopsychologues !

Il y aurait sans doute beaucoup à dire sur ces techniques d'outillage rationnel qui prétendent cataloguer nos manifestations physiques. Mais là, n'est pas l'objet !

Un renflement, une turgescence ne vous rendent pas forcément virils ! ... Parfois, vos sens sont remués, vos pensées se mélangent. Votre cœur s'emballe, votre tête s'affole. Vous voilà troublés, dominés par vos sensations. Votre conscience passe au second plan. Comme tous les êtres affectifs, vous êtes vulnérables.

Souvent sous le choc ou le stress quotidien, vous vous sentez mal. Vous avez l'impression de prendre un coup sur la tête, Vous commotionnez. Alternant agitation et désarroi, vous êtes émus, nerveux ou abattus. Les flegmatiques, impassibles vous reprochent d'être hypersensibles, impressionnables, de vous laisser piéger par vos sensations exacerbées que vous confondez avec vos sentiments.

Qui serait assez prétentieux pour prétendre distinguer de manière formelle l'ordre du cœur, de la raison. Comme si nous n’accomplissions pas en nous-mêmes la mystérieuse synthèse alchimique du cœur et de l'esprit ! Comme si nous n'avions pas perçu par nous-mêmes la difficulté d'être pleinement conscients de la complexité des mécanismes de notre personnalité et des opérations de l'esprit.

Ainsi, quand vous baignez votre plume, comment ne pas confondre les termes, lorsque ceux-ci révèlent des réalités proches et finement sensibles ? Comment exprimer la gamme étendue de vos sentiments, c'est à dire votre affectivité et rendre compte de la variété de toutes vos sensations, c'est à dire votre sensibilité ?

Confondre et embrouiller les termes est ignorance bien plus qu'erreur ou que méprise, est faiblesse bien plus que défaut de méthode et de clarté. Ne soyez pas gênés, il n'y a pas à en rougir. L'homme peut placer sa honte érubescente à un plus haut niveau quand il est question de morale et de passion. Réservez plutôt votre empourprement à la modestie ou à l'amour naissant.

Votre peau frémit, votre cœur est touché. Votre existence prend ou laisse des empreintes en permanence. Eh bien, tant mieux ! Vive la sensibilité qui vous permet d'avoir la sensation de bien-être au point d'en devenir euphoriques, voire exaltés. Vive l'affectivité qui permet à vos passions de se dévoiler dans leur violence et leur profondeur !

Personne ne pense à prendre ses jambes à son cou, quand il prend son pied ! Personne ne prend la clef des champs, s'il tient celle du paradis. Oui, vous n'agissez pas uniquement avec raison et réflexion mais aussi par élans et coups de cœur ! Oui, vous pouvez aimer la confusion des sensations et le dérèglement rimbaldien de tous les sens ! Même si aimer à en perdre tête et raison est une troublante confusion mentale, parfois poétique, parfois traumatisante.

Deux morales coexistent. Celle des principes et du devoir et celle des émotions et des sentiments. La première, comme pour tout être humain, vous range dans les caractéristiques sociales des individus. Elle est universelle. Elle pourrait même, au hasard de votre fidélité de lecteur ou de spectateur, déclencher sans quiproquo votre estime ou votre admiration pour l'auteur et l'artiste.

La seconde vous donne votre originalité, marque votre caractère d'une personnalité unique. Elle vous permet d'obtenir amitié et amour. Elle n'appartient qu'à vous-mêmes, elle vous est spécifique et privée. Elle s'affirme dans votre unicité, votre intériorité et votre liberté. A vous de le confier à votre plume.

Pourquoi voudriez-vous que votre propre passion d'aimer ou d'écrire vous aliène ? Dans l'exercice de style de la poésie romantique, vous êtes obligatoirement conduits à décrire le trouble envahissant et la violence de vos désirs. Pourquoi vous apitoieriez vous, sans cesse sur votre perte de conscience et vous diriez vous victimes de la tyrannie d'amour ?

Parfois la fusion avec l'autre n'est plus que confusion au point de vouloir ne plus faire qu'un... "Aimer jusqu'à la déchirure, même trop, même mal"... Disparaître dans l'infini du sentiment d'aimer. Oui, les tourments d'amour inspirent des pages bouleversantes et somptueuses de la chanson pour de romantiques don Quichotte ou d’œuvres de littérature pour les douleurs violentes des poètes. Vous pourriez le devenir.

Oui ! L'amour passe l'oubli et le temps. Car l'amour n'est pas aliénation et soumission, l'amour est la seule réalisation de chacun dans sa pleine et entière liberté, hic et nunc et parfois, in saecula saeculorum, ad vitam aeternam ! Les grands croyants et petits pratiquants peuvent même, les yeux révulsés, murmurer dévotement, en exaltation extatique... Amen !

 

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Lettre aux juillettistes : Torpeur (hello!)

Publié le par modimodi

CDC 1

Amis, je ne sais pas si vous aimez les sensations fortes, la grande roue ou le grand huit ! Mais la vie vous place sur le manège : le carrousel de l'enfance, la chenille des jours, des mois et des années et le train fantôme à prendre sans trop réfléchir, pour passer le dernier tunnel !

Dans l'existence, tout est sensation, pourtant bien peu d'entre vous ne sont sensationnels, au point de déclencher l'admiration. Cependant, vous éprouvez en permanence de multiples perceptions d'intensité variable ! Vous passez du chaud au froid, du plaisir à la douleur, vous ressentez la faim ou la soif, la plénitude ou le manque. Certains vous donnent des suées, d'autres vous glacent. L'existence qui doit avoir l'esprit mal tourné prend un plaisir sado-maso à vous faire parfois souffrir comme à vous meurtrir au point, avec excès de vous donner l'impression de subir tant de coups durs que vous croyez avec angoisse devoir endurer mille morts. L'existence n'est que contrastes et états contradictoires, elle vous donne la pépie ou les crocs. Vous la croquez, elle vous comble puis vous laisse sur la fin. Les impressions en noir, en blanc ou en couleurs se marquent en vous comme sur un film d'images ! Le cinéma de vos vies est permanent.

Ne soyez pas surpris de vos réactions ! Les événements et les êtres provoquent en vous, des réactions en bien comme en mal et affectent votre conduite, élans et emballements, colère ou joie, réticences ou rejets, etc. Vos peaux et vos cœurs sont comme des caméléons, en technicolor. En général, la tendresse vous émeut, le désir vous excite, l'amour vous laisse sous le choc. Vous êtes troublés par la gentillesse, peinés par la malchance. Impossible de rester indifférents.

Constamment, vous avez des manifestations physiques marquées dans vos attitudes corporelles ou nos mimiques. Vous affirmez votre personnalité, vos forces comme vos faiblesses. Vous faites preuve de caractère. Certains traits distinctifs comme vos comportements vous cataloguent dans un portrait psychologique ou une figure morale. La société est un immense musée Grévin ouvert au grand public.Vous êtes royalement de brillantes et tristes cires.

Ainsi, êtes-vous timides ou craintifs, renfermés ou entiers, francs ou dissimulés, adaptés ou asociaux, vertueux ou malfaisants, rétractés ou sanguins d’Hippocrate... Autant de types de caractères que d'yeux dans le bouillon de culture, que d'étoiles dans la soupe cosmique, que d'herbes dans le bouillon de sorcière !

Vos tempéraments sont le résultat de votre patrimoine génétique, social ou culturel. C'est ainsi que l'âne est un âne parce qu'il a de grandes oreilles ! ... " Et mmmoi, dit l'autre, jjeje vous l'répépète à perpète, jjeje suis bèèègue, parce que jj'héjj'hésite à vous ppappaparler! ...

C'est même congénital ! Celui-là a hérité de toutes les tares familiales, des névroses maternelles, des psychoses paternelles, des phobies de grand-mère et des obsessions de grand-père ! C'est ça l'esprit de famille ! Et pour tout arranger, quand le papa a été licencié, comme il n'y avait plus de quoi vivre, le petit s'est mis à voler ! Voilà qu'il passe pour un délinquant, alors qu'il ne voulait être qu'un bon fils, un gentil débrouillard !

On l'a montré du doigt et on a dit en plus qu'il avait un fichu et sale caractère. Que voulez-vous ? Les gens ont toujours besoin de parler de tout et de rien ou de commenter les faits divers. Sinon, qu'est-ce qu'ils pourraient bien dire d'intéressant au voisin occasionnel, au pilier de bistrot et à son anonyme compagnon de biture ? Moi, je vous le dis, ne vous étonnez pas que les mouettes soient rieuses et les singes hurleurs !

Alors, on l'a traité de tous les noms : de vaurien et de son synonyme bon à rien, de graine d'assassin et même de gibier de potence. C'est peut-être pour ne pas décevoir, qu'il n'a pas manqué d'être à la hauteur de sa réputation. Il a un jour, tout bonnement tué père et mère !

Ah ! Bien sûr qu'on n'a pas fait de sentiment avec lui, mais alors simplement appliqué la loi et fait tomber le jugement. C'est également ainsi que passant de parricide à matricide, il s'est retrouvé orphelin !

Oui !  Je le reconnais. vous pouvez avoir l'impression que le narrateur abuse un peu des faits et de l'indulgence de son lecteur en se moquant des naufragés de la vie, de ceux qui restent accrochés au comptoir vermoulu de la société. Comme ne pas mentionner les rescapés de la noyade fiscale, amers de tant d'obligations, de dettes, de saignées à blanc, secs d'une seule traite ! Eux, de toutes façons, c'est toujours, cul sec qu'ils doivent  boire le calice d'amertume.

Mais excusez-le ! En la torpeur de cet été brûlant, l'anecdotier pourrait tout aussi bien railler les ultraviolés solaires, les beaux paradeurs bronzés et déjà bien fondus, toutes ces braves victimes consentantes de l'abrutissement estival, de ses mièvreries et dérisoires futilités. Assurément ! Il a le droit de se gausser de ces minauderies extasiées pour réaliser les dernières prises de vue des vacances... Les mêmes, bien sûr, déjà photographiées, l'an dernier et l'année précédente...

Alors, à vous, hypothétiques et ultimes lecteurs fantômes de ce trop bel été, à vous les errants sableux aux deux derniers neurones en surchauffe, résistants épargnés par la canicule, je veux bien avouer feindre, ironiquement d'embrouiller les notions légales et morales, habituellement admises... Oui ! Dans cette fantaisie, où se mélangent allègrement les idées et les significations, il joue avec la confusion des situations et la polysémie du verbe "sentir".

Allez ! Vous sentez bien vous-mêmes qu'il force le trait en abusant de ce mauvais humour pour en exagérer l'effet. Forcément, que la justice ne va pas laisser passer un tel méfait. Le malheureux jeune homme va le sentir passer. Pauvre garçon coupable d'un acte insensé ! Sa sensibilité viendra lui offrir de multiples sensations. Il ne peut ,comme on le dit familièrement, que se sentir mal. Oui ! Pour lui, ça sent mauvais, le roussi et le brûlé. Il va pressentir la sanction, avant de déguster. Imaginons même qu'il aura des remords et se sentira fautif.

A votre tour, vous aussi, vous mélangez allègrement les notions quand il s'agit d'exprimer vos sensations et de faire preuve de sensibilité. C'est ainsi ! Nous manquons de vocabulaire précis pour laisser parler nos sentiments et nos cinq sens... En un sens, nous confondons sens, sensations et sentiments, sensualité, jouissance et concupiscence. Nous avons parfois le bon sens de la mesure mais le plus souvent celui du ridicule sens commun ! Nous hésitons sur les significations en jouant entre sens propre et sens figuré et nous nous retrouvons à contresens. Trop polysémiques pour être au net !

Mais pourquoi vous prendre la tête ? Pourquoi tourner en rond au sens giratoire ?   C'est l'été et la torpeur accablante de fin juillet ! Ce récit surchauffé vous invite à vous mettre à l'ombre et à vous protéger des coups de soleil. Allez ! Laissez-vous aller ! La sieste vous attend !

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Lettre aux coeurs de cristal - Dur, dur !

Publié le par modimodi

BAL  CDC

Ah ! L'amour ! Oui ! L'amour est un des mots, les plus doux et les plus prometteurs de la langue française ! Le prononcer, c'est déjà recevoir une caresse. Quand il vous choisit, vous recevez dans l'harmonie de la voix qui le prononce, toute sa délicatesse. Il vous transforme, vous devenez léger, délicieux et aimable. Vous êtes aimant et digne d'être aimé ! Vous pouvez vous montrer assidu et servant, un cœur noble et chevaleresque !

Tout vous est promis : le grand bonheur du grand amour ! Vous prodiguez alors, attentions, douceurs et tendresses. Vous vous effleurez ! Vous murmurez mezzo voce vos émois ! Vous gardez votre réserve et contenez vos emportements. La passion est à gué. Vous vous pressez avec une délicate ferveur. Vous vous donnez des marques d'amitié avec des langueurs enamourées dans les velours, le satin ou la soie. Avec le tact infini de votre pudeur, vous nuancez les sobres élans de vos corps à corps, sages de retenues, sous les lueurs tamisées des pâles opalines.

Le charme opère jusqu'au plus profond du moindre de vos frissons dans les mille contacts maladroits, hésitants de vos peaux et vos mains qui se frôlent. Le temps s'étire langoureusement dans la cadence nonchalante de vos soupirs et de vos languissants désirs. Vos odeurs se confondent dans la moiteur et les parfums suaves de vos premiers abandons. L'extase retient la violence de ses cris. La jouissance patiente et se dilue lentement dans l'eau de jouvence de l'amour naissant.

Pourquoi faut-il qu'imperceptiblement, jour après jour, l'amour finisse par s'affadir ? Quelle mauvaise alchimie le corrompt ainsi ? Pour quelle raison, la douceur se fait douceâtre et affecte les doucereux ? Dans l'estompe du quotidien, les cœurs s'émoussent, l'indifférence voile les yeux doux et tendres, le bois de lit garde les traces d'ongles laissées par les jouissances dans les craquelures du vernis.

Le plaisir devient impérieux et se prend peu à peu sans ménagement. Les câlins deviennent des assauts ! La passion rend fiévreux. Les gentils amoureux sont à présent des amants empressés. Les excès s'intensifient même parfois dans la démesure des propos et des gestes. La température et le ton montent. Les relations s'avivent. Les agacements s'accentuent. Les humeurs s'attisent. L'exaspération est éruptive. Chacun se prend à déverser la fielleuse bile, âpre amertume et vains reproches.

"Et la tendresse, bordel !" est un cri plus qu'un slogan ! Fini de se la couler douce ! La tension entre les aigris est palpable. Le climat maussade n'est plus à l'entente cordiale. Nous ne sommes plus très loin des plaies et bosses. Les duos sont devenus des duels aux affrontements criards. Les deux protagonistes excédés se refusent à la tendre guerre. L'insulte distillée insidieusement envenime les échanges. Tout événement est un prétexte pour aggraver la situation. De désaccords en désaccords, tout se dégrade et se désunit !

Plus de douce heure, que de la raide heure et du plein malheur, d'heurts en heurts ! L'amour qu'on croyait bâti sur le roc, ne se vit plus qu'à la dure et trébuche sur les pierres d'achoppement des mesquineries quotidiennes. Quand les têtes deviennent elles-mêmes dures comme du bois, les cœurs durs comme de la pierre et les corps froids comme du marbre, peut-on encore parler d'amour ?

L'intense volupté n'était qu'un cristal fragile pour les amants au cœur bohème !... Le cœur se fend dans une imperceptible fêlure à chaque fois que les sensations s'exacerbent et se hérissent. Chacun se crispe et se dresse. Les adversaires s'opposent, se braquent et les serments craquent. Tout se déchire. Quand les frôlements et les effleurements prennent des éraflures, la tendresse s'entaille et se taille. Les corps lisses se plissent et la passion se délie. Hélas ! Hélas ! L'amour se délite aux corps et aux cris des flagrants délits. Les délices gémissent dans les effluves épandues des putrides lys !

Brusquement, les limites se brisent. La voix s'est faite cassante. Les fougueux opposants ont désormais des mots rugueux ! Les griefs sont durs comme du granit et les paroles tranchantes comme des silex. Les propos glaçants refroidissent le ton des réquisitoires implacables. La rudesse est désormais quotidienne et méchante d'intransigeances excessives.

Il faut être dur d'oreille ou sans cœur pour pouvoir tout supporter ! A ce point, il ne sert plus à rien d'endurer pour durer ! Amants, il faut filer en douce ! Exit par la petite porte étroite des coeurs étriqués.

 

 

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Lettre pour nos tendres assauts : En force 3/3

Publié le par modimodi

 CDC 59

Force d'inertie et de frappe

Ma douce amie, où réside donc cette force qui nous porte et nous transporte ?

Même si nous nous donnons corps et âme, je ne parle pas ici, de force d'âme ! Nul courage particulier, nul acharnement comme nul effort de volonté pour affirmer notre vigueur amoureuse ou prouver notre endurance. Nul besoin de nous faire face, il suffit de nos tendres face-à-face !

Il faut bien l'admettre, il n'est qu'une seule force, c'est celle de l'amour. Bien malin qui pourrait en connaître la manière forte avec laquelle, il nous enveloppe de son armure et nous rend sans résistance.

J'oserais prudemment avancer que sa plus grande force est peut-être son apparente force d'inertie. Car voilà, qu'il nous saisit en douce au moment où nous croyons dur comme fer, que rien ne peut nous arriver ou nous atteindre. Il endort notre vigilance. Peut-être même qu'il s'infiltre en nous dans la léthargie de nos pensées rêveuses, dans l'atonie de notre cœur lent, dans l'indolence de notre volonté quand nos désirs se font poussifs et nos besoins passifs. Il trompe ainsi notre confiance et subitement emballe nos émois, réveille nos appétits, excite nos envies, exalte nos sentiments.

Nous voilà vivaces comme des plantes longuement engourdies, au sortir de l'hiver, comme de la sève impatiente, en promesses de fleurs. Nous nous réalisons alors dans l'éclosion de nos élans, dans l'amplitude de nos intentions et la fougue de nos attentes. L'impatience nous provoque. Nous voilà aiguillonnés, piqués au vif, attirés et attisés. L'amour déploie ses attaques et fait parler sa force de frappe à petits coups de cœur.

L'aveuglement qui nous saisit et que d'aucuns appellent éblouissement est une feinte violence et une tendre agression que nous transfigurons pour l'être aimé en parlant de sa beauté éclatante. Nos sens sont avivés dans une extrême exaltation. Nous nous brûlons les ailes au brasier qui les enflamme. Notre raison chavire quand nous parlons d'aimer à la folie, notre vie s'abandonne quand retentissent les murmures et les cris de mille : "je t'aime à la folie". Et chacun se donne à bouche que veux-tu, et chacun se jette impétueux, à corps perdu.

L'ardeur donne de l'audace. On se griffe, on se mordille, on brûle sur des charbons ardents. Au paradis des divins bonheurs, l'amour a la beauté du diable et même le diable au corps ! Qu'on se le dise et qu'on le proclame ! Lucifer est un ange qui vous fait perdre patience et vous dote de la ruse d'un fieffé diablotin. Sans sauvagerie, il vous contraint à en venir aux extrémités, jamais les pires mais les meilleures ! Le plus réservé se dévoile sous l'emprise de ses pulsions. Dans le miroir des illusions hypnotiques, chacun est fasciné. Les yeux et les corps se révulsent. La passion est d'enfer !

Entre cris et murmures, gémissements et soupirs, la volupté est souveraine. Synonyme de délices, elle nous emporte unis, au plus haut point de fusion. Elle n'est plus qu'acmé dans le paroxysme des ivresses, dans le déluge des caresses, dans la frénésie érotique. Les licences de la chair nous élèvent d'extase sexuelle en apogée sensuelle…"Ô mon céleste amour, ne descendons plus !"

 

 

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Lettre pour nos tendres assauts : En force 2/3

Publié le par modimodi

 CDC 58

Tour de force

Ma douce amie, le proverbe a sans doute raison : "Plus fait douceur que violence." L'inattendu nous a, un jour, saisi le cœur. Mais au-delà de la bouleversante brusquerie de notre rencontre, nous avons ensemble choisi la tempérance et l'aménité. Passé le choc du premier contact, nous vivons, en partage apaisé, les coïncidences de nos bouts de chemin commun. Nous nous prenons par la main pour mieux tenir la route.

Pas besoin de passer en force pour imposer à l'autre, une position. Personne n'a la haute main sur l'autre ! Quand nous cherchons à prendre le dessus, c'est pour camper sur la meilleure des positions, celle du plaisir et demeurer le plus longtemps possible sous son emprise. En confidence, je t'avoue que je ne refuse jamais ton excitante emprise et ta jouissive domination. J'admire même le doigté avec lequel tu maîtrises et domines ton sujet. Ô combien ! J'adore mourir d'amour, écrasé par toi !

Dans ce quotidien apaisé et serein, inutile de faire montre de véhémence pour distiller un avis ou avancer une opinion même divergente. C'est en dehors de toute volonté d'inféoder ou d'aliéner l'autre que nous favorisons le dialogue. Pas de désapprobation imprécatrice, la voie de nos coquines réjouissances se parcourt à pleines voix de jouissances !

Nous dominons nos instincts et nous matons nos révoltes internes lorsque l'agacement nous gagne. Nous gardons ainsi notre vigueur pour mieux nous cabrer dans l'intimité. Notre force d'endurance s'affirme toute entière dans la durée de notre ténacité. Nous résistons aux coups de boutoir des jours et nous rions de l'affolement des tempêtes dans nos verres d'eau et nos tisanes !

A force de vivre, nous n'échappons pas au commun des mortels ! Bien sûr, la routine cherche toujours à nous prendre de subtile force en imposant ses rituels. Mais nous luttons contre ces habitudes du quotidien qui, dans la recherche de sécurité, chloroforment nombre de couples. Nous ne voulons pas à toute force d'un bonheur sans nuages. Par delà les caprices de notre ciel changeant, ses brumes et ses grisailles, ses tourments d'ardoise ou de plomb, nous cherchons sans cesse la lumière.

A l'abri des orages, nous cherchons le plus possible à nous étonner l'un et l'autre de nos différences. Si nous nous affrontons, c'est dans de tendres et délicieux duels. Et, mon Dieu, quel bonheur quand nous tombons à la renverse ! Nul besoin d'être une force de la nature pour laisser parler la force de nos natures !

Nulle sauvagerie où nous chercherions à contraindre l'autre et à le prendre de force. Non ! Par surprise à la rigueur mais toujours sans effraction. Je n'ai jamais eu besoin de le fendre ou de le briser pour que tu m'ouvres spontanément ton noble cœur. Bien au contraire, nous nous donnons libres et consentants, à cœurs ouverts, à corps offerts.

Ma douce amie, nous nous aimons en réinventant les mots et en augmentant les preuves d'amour. Nous cherchons inlassablement à en varier les expressions et les nuances dans toute la force du terme ! C'est même là, notre tour de force : créer de la durée en multipliant, à longueur de temps, de minuscules instants comme autant d'étincelles de petits bonheurs.

Ces lucioles d'éclats de joies et de rires dansent sur nos vies sans faire peser le fardeau de l'âge. Nous restons jeunes, nous pourrions dire, encore et toujours, dans la fleur comme dans la force de l'âge ! Si nous prenons de l'âge ingrat, c'est toujours de l'âge tendre, c'est à jamais de l'âge d'or.

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